1 à 2 ans de retard sur le chantier de l'EPR à Flamanville


Le chantier de construction du nouveau réacteur nucléaire EPR à la centrale de Flamanville en janvier 2008.

 


L'accélération du chantier de l'EPR fait grincer des dents

22/12/2009 - Passage aux 3/8 et semaines de 48 heures: le retard du chantier du réacteur nucléaire EPR à Flamanville se traduit par une intensification du travail, dans des conditions critiquées par la CGT même si le maître d'oeuvre EDF assure que le droit est respecté. "On demande de plus en plus de travail aux ouvriers du génie civil à des horaires qui changent souvent, sans les payer plus, avec des semaines de 48 heures le plus souvent, le tout dans des conditions climatiques difficiles", dénonce Jack Tord, délégué CGT (majoritaire) chez EDF.

La direction se refuse à parler des délais mais la CGT estime le retard à un an minimum. Pour le génie civil, un "petit coup d'accélérateur" a été nécessaire, reconnait le directeur du chantier Philippe Leigné. Aussi, EDF a finalisé à la fin de l'été un avenant au contrat passé avec Bouygues, pour un passage aux trois huit 6 jours sur 7, avec 200 des 2.500 employés du chantier concernés. Ce rythme est rare, selon les syndicats. Mais pour M. Leigné, le chantier ne présente "pas d'écart avec la législation du travail".

Sur place, les ouvriers parlent sous couvert d'anonymat. Passer du rythme 05H/13H pendant une semaine, à 13H/21H00 l'autre puis 21H00/05H00, c'est fatigant, même si on a une semaine de repos après trois semaines. En plus pour le travail de nuit, on ne perçoit qu'un forfait de 15 euros par nuit", racontent deux ouvriers à l'entrée du chantier. Ils viennent de Rouen et "rentrent moins souvent" chez eux. Comme eux, environ la moitié de la main d'oeuvre est "déplacée", la plupart vit hébergée dans des mobilhomes, selon la direction.

Les travaux physiques sont "plus difficiles la nuit", affirme un ferrailleur de Besançon. "Ici c'est boulot dodo pour 10,50 euros de l'heure. Les 3/8 c'est du volontariat mais en fait vu la crise on n'a pas le choix", dit-il. "C'est tellement grand, il y a beaucoup de bruit, même si on a tout le matériel de protection qu'il faut, c'est un chantier très dur", ajoute un maçon Manchois qui a participé à plusieurs chantiers de centrales. Le taux d'accident du travail par rapport au nombre d'heures travaillées est deux fois supérieur à l'objectif fixé par la direction d'EDF, avec un niveau toutefois plus ambitieux qu'habituellement dans le bâtiment.

Plusieurs ouvriers sont pourtant satisfaits. "Moi qui tourne sur les chantiers depuis 10 ans, je ne me plains pas. Je n'ai pas eu à chercher de logement. Ici on est logé pour 8,5 euros par jour", raconte un Calaisien divorcé à la porte de son mobile home. D'autres soulignent que, vu la durée des travaux, les chances de voir son contrat renouvelé sont plus grandes. Ils s'estiment un peu mieux payés que sur d'autres chantiers. Mais la CGT d'EDF accuse Bouygues d'imposer une "loi du silence". Ainsi, le syndicat dit n'avoir plus de nouvelles de Kevin Renaud, jeune délégué CGT de Quille, un sous-traitant de Bouygues.

Début novembre, le représentant syndical avait dénoncé dans les médias locaux "des semaines pouvant aller jusqu'à 48 heures de travail, sans paiement d'heures sup et même avec perte de RTT". Interrogé sur les revendications de certains sur le chantier, Bernard Soulez, secrétaire général FO de Bouygues (majoritaire) dit "n'avoir rien à dire". Mais la CGT d'EDF a demandé une table ronde avec Bouygues sur les conditions de travail.

 


ASN, 26/5/2009: 

L'ASN refuse une pièce destinée au réacteur EPR de Flamanville

La détection d'un écart dans la réalisation de pièces forgées destinées au pressuriseur du réacteur EPR avait amené l'ASN à demander le 24 octobre 2008 à AREVA NP d'apporter la démonstration de la qualité des pièces sans recourir au système de management de la qualité du sous-traitant concerné.

L'ASN a estimé que les éléments fournis par AREVA NP permettaient que la fabrication soit poursuivie pour une des pièces mais a jugé la démonstration insuffisante pour une autre pièce. Celle-ci a donc été refusée par l'ASN.

Dans le cadre du contrôle qu'elle réalise sur les équipements sous pression nucléaires destinés au réacteur EPR de Flamanville (Manche), l'ASN a constaté un écart dans le respect des procédures de réalisation de trois pièces forgées sous-traitées par AREVA NP et destinées au pressuriseur. Le pressuriseur est un gros composant forgé qui mesure 14 m de haut et pèse plus de 140 tonnes à vide. Il sert à réguler la pression du circuit primaire du réacteur nucléaire.

Usine AREVA de Chalon St Marcel (France), pressuriseur 900 MWe pour la centrale nucléaire de Ling Ao1 (Chine).

Des essais mécaniques permettent de vérifier la qualité des pièces fabriquées. L'écart, qui a consisté à employer du matériel non conforme aux normes pour la réalisation des essais, a montré une carence du système qualité du sous-traitant. Par conséquent, le 24 octobre 2008, l'ASN a demandé à AREVA NP d'apporter la démonstration de la conformité des pièces produites jusqu'ici par son prestataire.

L'une des trois pièces forgées a été écartée par AREVA NP, la réalisation de nouveaux essais n'étant matériellement plus possible. L'ASN a estimé que les éléments fournis par AREVA NP permettaient que la fabrication soit poursuivie pour la deuxième pièce sous certaines conditions mais a jugé la démonstration insuffisante pour la troisième. Celle-ci a donc, en l'état, été refusée par l'ASN.

AREVA NP prévoit de lancer de nouvelles fabrications chez le même prestataire pour remplacer les deux viroles refusées. L'ASN a demandé à AREVA NP de s'assurer de la remise à niveau du système qualité de ce sous-traitant et a exigé un suivi particulier de ces fabrications.

 


Le Télégramme, 23/4/2009: 

Des malfaçons sur le chantier de l'EPR

«Doutes» sur des soudures, «écarts» de la part d'EDF et de sous-traitants: les antinucléaires alertent sur la qualité du chantier de l'EPR à Flamanville. L'Autorité de sûreté nucléaire relativise.

Le chantier du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche) est de nouveau pointé du doigt par les antinucléaires. En cause: des malfaçons que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a reconnues. Dans quatre rapports mis en ligne sur son site, elle explique avoir eu un «doute», en décembre dernier, sur la qualité finale des soudures réalisées sur le liner, une peau métallique de 6mm d'épaisseur qui englobera le futur réacteur et sera une des barrières à la radioactivité. Selon Thomas Houdré, chef de la division de Caen de l'ASN, qui réalise ces inspections, cette question est aujourd'hui «réglée». EDF a, depuis, rectifié la qualité des soudures en cause et pris des mesures pour que cela ne se reproduise pas. Thomas Houdré ajoute que «sur un chantier de telle ampleur qu'il y ait des écarts, est quelque chose d'inévitable». «Un écart» par rapport au mode de construction initialement prévu «ne signifie par forcément doute sur la sûreté finale» de la construction.

Mise en service prévue en 2012. Il n'en fallait pas moins pour faire réagir le réseau Sortir du nucléaire. L'association a dénoncé de «nombreuses malfaçons» sur le chantier de Flamanville, des «écarts» de la part d'EDF et de ses sous-traitants. «Les erreurs et les malfaçons font que ce réacteur, s'il entre un jour en service, sera encore plus dangereux que l'on pouvait craindre», interpelle Sortir du nucléaire. Le chantier de Flamanville est le deuxième EPR en construction dans le monde après celui de Finlande qui a accumulé beaucoup de retard, et c'est le seul pour l'instant en France. Les deux doivent, officiellement, être mis en service en 2012. Le réacteur pressurisé européen (EPR, European pressurized reactor) est un projet de réacteur nucléaire [dit] de troisième génération, conçu et développé par Areva.

 


Le Conseil d'Etat rejette le recours contre l'EPR de Flamanville

23/4/2009 - Le Conseil d'État a rejeté le recours de plusieurs associations contre le décret autorisant la création d'une nouvelle installation nucléaire comportant un réacteur de type EPR sur le site de Flamanville (Manche), a-t-il annoncé jeudi dans un communiqué. Les risques environnementaux et sanitaires, notamment l'impact des rejets supplémentaires de tritium et les mesures visant à réduire cet impact, ainsi que les questions relatives à la gestion des déchets produits par la nouvelle installation, ont été suffisamment étudiés, indique le communiqué. Le Conseil d'État a par ailleurs estimé que les dispositions de l'article 29 de la loi du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire avaient été respectées.

 


La Manche Libre, 7/4/2009: 

Argent de l'EPR: Cherbourg et La Glacerie sur la liste

D'ici à 2011, 58 projets d'équipement général seront financés dans le Cotentin et accompagnés dans le cadre du Grand Chantier EPR de Flamanville. Au total, 109 millions d'euros seront investis. EDF met sur la table trente millions, l'Etat et l'Europe vingt-et-un, le reste proviendra des recettes fiscales engendrées par la mise en service du futur réacteur nucléaire.

26 millions pour l'agglomération. Si la Communauté de Communes des Pieux se taille la part du lion en décrochant 42 des 58 projets d'équipements soit près de 50 millions d'euros d'investissement à elle seule, l'agglomération cherbourgeoise n'est pas oubliée. Avec huit projets retenus, les investissements dans l'agglomération s'élèvent à plus de 26 millions d'euros. Seules les villes de Cherbourg et de La Glacerie ont décroché un financement.

A la sortie de la réunion préfectorale où était dévoilé le plan d'équipements, lundi 30 mars à Flamanville, le maire de La Glacerie, Christian Lemarchand, affichait la satisfaction des jours fastes. "La Glacerie voit quatre de ses projets financés et est la seule commune avec Cherbourg à avoir été retenue. Bernard Cazeneuve et moi nous nous sommes battus pour cela," expliquait-il en souriant. Et il y a de quoi sourire en effet. Les investissement sur la commune s'élèvent à 2,2 millions d'euros. Une bonne partie sera directement financée avec l'argent apporté par EDF.

Une somme qui va permettre de participer à la création du parc de la Vallée de Crève-Coeur (1,3 million), de construire une salle de gymnastique pour les groupes scolaires (485 000 euros), d'étendre la crèche des Rouges-Terres (196 000 euros) et enfin de construire un nouvel équipement pour le stade de la Saillanderie (40 000 euros).

A Cherbourg, 7,6 millions d'euros d'investissements sont assurés pour financer le réaménagement de ses rues piétonnes (5 millions d'euros) et étendre son golf (2,6 millions). La encore, EDF apportera sa contribution à hauteur de 2 millions d'euros. Il convient d'ajouter 3,9 millions d'euros pour l'aménagement de zones d'activités de la Communauté Urbaine de Cherbourg.

Seule ombre au tableau, l'avenir de la taxe professionnelle. Si elle devait disparaître, la totalité des investissements pourrait elle toujours être financée?? "Nous ne savons pas exactement ce que deviendra la taxe professionnelle mais nous avons pris des engagements et nous trouverons des solutions pour les tenir", a expliqué Jean-Pierre Laflaquière, préfet de la Manche. Pour le moment, seuls les 30 millions d'euros apportés par EDF sont assurés.

 


Finance plus, 4/12/2008: 

EDF chute lourdement !

EDF rechute de nouveau de 6,73% à 41,36 euros dans un marché actif de 2 MT traités sur la séance. Dans le cadre de la journée investisseurs organisée ce jeudi consacrée à la stratégie et aux questions financières relatives aux actitités nucléaires du groupe, EDF a confirmé le calendrier de mise en service des futurs EPR, mais aussi la facture plus lourde que prévue à Flamanville. Le coût actualisé de l'EPR en construction à Flamanville ressort ainsi à 4 MdsE en 2008, soit +20% par rapport à l'estimation précédente de 3,3 Milliards en Euros 2005. Cette actualisation prend en compte la hausse des prix et les effets liés à certaines indexations contractuelles en raison de l'augmentation des matières premières et l'impact d'évolutions techniques et réglementaires. Le nouveau coût complet de l'électricité produite s'élève donc à 54E/MWh en Euros 2008.


La facture du premier réacteur EPR français plus salée que prévu

3/12/2008 - Le premier réacteur français de troisième génération construit par EDF à Flamanville devrait être plus coûteux que prévu, un nouveau coup dur pour ce projet phare de la filière nucléaire hexagonale qui rencontre déjà des difficultés sur un chantier similaire en Finlande. La facture de l'EPR de Flamanville (Manche) devrait atteindre 4 milliards d'euros contre 3,3 milliards prévus en 2005, soit un surcoût de plus de 20%, ont indiqué mercredi à l'AFP des sources proches du dossier, confirmant des informations de presse.

Un surcoût dû pour près de moitié à l'inflation, notamment à la hausse des matières premières utilisées, d'après la même source. S'y ajoutent des "ajustements de coûts techniques et réglementaires" et des "provisions pour aléas", notamment le retard pris dans le creusement du tunnel d'évacuation des eaux de refroidissement du réacteur.

Le réseau associatif Sortir du nucléaire a immédiatement accusé EDF d'avoir "menti" pour remporter le chantier. Au vu du surcoût, "la décision de construire l'EPR peut encore être annulée", a-t-il fait valoir. L'EPR est destiné à prendre le relais de certains des 58 réacteurs français mis en service pour l'essentiel dans les années 1980. EDF, qui n'était pas joignable dans l'immédiat, devrait communiquer officiellement jeudi lors d'une réunion avec des investisseurs à Londres. Le groupe avait déjà indiqué début novembre qu'il aborderait d'ici la fin 2008 la question des "surcoûts du nucléaire".

De fait, le chantier de Flamanville connaît depuis plusieurs mois une série de déboires: outre le retard pris dans le creusement du tunnel, EDF a vu ses travaux suspendus pendant trois semaines par l'Autorité de sûreté nucléaire, qui avait repéré des anomalies au niveau de certaines armatures de fer et des "fissures" dans le béton. EDf pourrait toutefois tirer argument de ce surcoût pour éviter une baisse de ses tarifs, voire demander à l'Etat une hausse, relève une autre source proche du dossier, alors que le reflux actuel du prix des matières premières plaide plutôt pour l'inverse.

L'électricien pourrait ainsi "sensibiliser l'Etat" au poids des investissements nécessaires pour le nucléaire, avance également Patrice Lambert de Diesbach, de la maison de courtage CM-CIC Securities. Reste que le chantier présente "incontestablement des problèmes de dérives de coûts", note-t-il.

Le prix de l'autre EPR actuellement en chantier dans le monde, celui d'Olkiluoto en Finlande, construit par le groupe français Areva qui se dispute le marché avec EDF, pourrait lui aussi s'envoler: il atteindrait 4,5 milliards, au lieu des 3 milliards initialement prévus, affirmait récemment Les Echos. Problèmes de qualité du béton et des conduits de refroidissement, multiplication des documents à fournir aux contrôleurs: les difficultés sont telles que sa mise en service, prévue intialement pour mi-2009, n'interviendra pas avant 2012.

Dans ce contexte, le démarrage du réacteur de Flamanville, fixé à 2012, est l'objet de rumeurs récurrentes: Le Canard Enchaîné évoquait fin août "au moins neuf mois de retard", et Les Echos, en octobre, "plus d'un an". Chez Areva, on répète régulièrement que la construction des premiers réacteurs EPR s'accompagnent nécessairement, comme tout projet de cette envergure, de nombre d'aléas. Le chef du chantier d'Olkiluoto, Jouni Silvennoinen, le comparait récemment à l'Airbus A380: "on sait qu'il vole, mais il est difficile à construire".

 


Les Echos, 3/12/2008: 

Nucléaire: EDF relève de près de 20 % la facture de son EPR

L'électricien tricolore, qui réunit demain les investisseurs, devrait dévoiler une hausse de l'ordre de 20 % du coût de production de l'EPR, son futur réacteur de troisième génération, de Flamanville. Il devrait être légèrement inférieur à 55 euros le mégawattheure, contre 46 euros annoncés en 2006. Le coût de l'investissement pourrait atteindre plus de 4 milliards d'euros, contre 3,3 milliards prévu.

Opération vérité pour EDF. L'électricien français s'apprête à dévoiler, demain à Londres, lors d'une réunion avec les investisseurs, une hausse de près de 20 % du coût de l'EPR. Un conseil d'administration s'est tenu hier soir sur le sujet. Selon des sources bien informées, le coût de production de l'électricité à partir de la tête de série du réacteur nucléaire de troisième génération serait maintenant estimé à près de 55 euros le mégawattheure (MWh). Lors du lancement du projet de Flamanville (Manche), en mai 2006, le groupe tablait sur un coût de 46 euros le MWh.

Le premier EPR construit en France devrait représenter un coût d'investissement de plus de 4 milliards d'euros, à comparer aux 3,3 milliards d'euros initialement prévus. Cette augmentation reste inférieure au dérapage subi par Areva à Olkiluoto, en Finlande, où le groupe nucléaire construit un réacteur pour son client TVO. La facture finlandaise approcherait désormais les 4,5 milliards d'euros, contre 3 milliards annoncés lors du lancement du projet en 2005.

Un avantage qui s'éroderait
EDF comme Areva sont notamment confrontés à des contraintes de sûreté qui se sont avérées plus dures que prévu. Ils ont aussi dû faire face à des aléas, comme le creusement compliqué d'un tunnel pour le puits d'évacuation à Flamanville. Pour tenir son délai de mise en service en 2012, l'électricien a ainsi dû recourir à une technologie plus chère.

À près de 55 euros le MWh, l'avantage économique du nucléaire s'érode. En retenant l'hypothèse d'un prix du pétrole à 40 dollars-60 dollars par baril et d'une pénalisation des émissions de CO2 entre 10 euros et 20 euros par tonne, EDF estime le coût de production d'électricité de base à partir de gaz ou de charbon entre 50 euros et 60 euros par MWh. En termes de compétitivité économique pure, le nucléaire voit ainsi son avantage diminuer par rapport aux autres filières. Ses partisans continuent toutefois à mettre en avant un atout clef : sa faible émission de CO2. La facture finale pourrait à nouveau glisser. Le patron du géant allemand de l'énergie E.ON table sur un investissement de 5 milliards à 6 milliards d'euros pour un EPR. Toutefois, le coût des réacteurs devrait diminuer avec l'effet de série. Il variera aussi en fonction des pays. « Avec des commandes standardisées, les coûts et les délais, donc les prix, baissent à partir de la troisième tranche », note un expert. C'est d'ailleurs le pari d'EDF en Grande-Bretagne, qui veut y construire 4 EPR.

Actuellement, l'électricien tricolore vend son électricité entre 39 euros et 50 euros par MWh selon les tarifs (particuliers, entreprises...). Il parvient à assurer ces prix grâce au coût de production de son parc existant, qui est estimé autour de 37 euros le MWh. Mais, pour prolonger la durée de vie de ses 58 réacteurs, l'électricien sera amené à investir lourdement, ce qui pourrait avoir un impact sur l'équation économique du parc nucléaire français.

Dans ce contexte, le premier EPR risque de peser sur la rentabilité d'EDF. À moins que le gouvernement n'accepte d'augmenter très sensiblement les prix de l'électricité en France. C'est d'ailleurs le combat que mène le groupe en coulisses. L'Etat actionnaire profiterait d'une telle hausse. Mais un tel scénario paraît extrêmement difficile en cette période de crise. D'autant que le contrat de service public limite la hausse du tarif à l'inflation.

 


EDF devrait annoncer une hausse de 20% du coût de l'EPR français

2/12/2008 - Le groupe électrique français EDF devrait annoncer mercredi "une hausse de près de 20% du coût" de son réacteur nucléaire de troisième génération EPR actuellement en construction à Flamanville (Manche), affirme le journal Les Echos dans son édition à paraître mercredi. "Selon plusieurs sources, le coût de production de l'électricité" à Flamanville "est maintenant estimé à près de 55 euros le mégawattheure, au lieu des 46 euros annoncés lors du lancement du projet en mai 2006", indique le quotidien économique. "EDF est confronté à des contraintes de sûreté plus dures que prévu et à des aléas comme le creusement compliqué d'un tunnel pour le puits d'évacuation", ajoute-t-il. EDF n'était pas joignable dans l'immédiat pour confirmer cette information. Le groupe français avait fait part le 6 novembre de sa décision d'adopter une méthode plus coûteuse que prévue pour creuser le tunnel d'évacuation en mer des eaux de refroidissement du réacteur pour accélérer le chantier. Un porte-parole du chantier avait indiqué le même jour que le patron d'EDF Pierre Gadonneix communiquerait "d'ici à la fin de l'année" sur "les surcoûts du nucléaire". Le coût officiel du réacteur EPR, établi en 2005, est de 3,3 milliards d'euros, avait-il précisé.

 



EDF annonce un surcoût pour aller "plus vite" sur le chantier de l'EPR

6/11/2008 - EDF a décidé d'adopter une méthode plus coûteuse que prévue pour creuser le tunnel d'évacuation en mer des eaux de refroidissement du futur réacteur EPR de Flamanville, afin de "retourner à l'échéance prévue" qui vise une mise en service en 2012, a-t-il annoncé jeudi. "On n'a absolument pas atteint le rythme de creusement qu'on avait imaginé" a déclaré le directeur du chantier Philippe Leigné, lors d'une commission locale d'information (CLI) sur la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), dans les locaux de la communauté de communes des Pieux. Aussi EDF a-t-il décidé de recourir "à un tunnelier" plutôt qu'au creusement avec la dynamite, a-t-il indiqué. "On avait prévu de creuser deux fois plus vite qu'on ne l'a fait", a-t-il ajouté en marge de la réunion. Interrogé sur le coût de ce changement, M. Leigné a répondu: "cette option, ce n'est pas gratuit, quel que soit son coût, c'est EDF qui l'assume. Des discussions sont en cours avec Vinci qui s'est engagé sur un rythme de creusement". Le contrat initial pour le tunnel s'élève à 47 millions d'euros. Selon un porte-parole du chantier, le patron d'EDF Pierre Gadonneix communiquera "d'ici à la fin de l'année" sur "les surcoûts du nucléaire". Le coût officiel du réacteur EPR, établi en 2005, est de 3,3 milliards d'euros, a-t-il précisé.

 


EPR: Areva ne surveille pas assez ses sous-traitants, selon l'ASN

28/10/2008 - Le groupe Areva doit mieux surveiller ses sous-traitants, estime l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) suite à un contrôle de l'entreprise italienne Società delle Fucine, qui fabrique certaines parties du pressuriseur destiné au réacteur EPR de Flamanville (Manche).

Le contrôle de l'ASN "a mis en évidence un écart dans la conformité de la réalisation d'essais mécaniques permettant de vérifier la qualité des pièces fabriquées", selon une note d'information postée par l'ASN sur son site internet, et dont le quotidien Les Echos fait état dans son édition de mardi.

"Cet écart, qui a consisté à employer du matériel non conforme pour la réalisation des essais, montre une carence du système qualité du sous-traitant", poursuit l'ASN. L'autorité de contrôle rappelle que "la réglementation prévoit que le fabricant, ici Areva NP, est responsable de la conformité des pièces, y compris lorsqu'il sous-traite une partie de leur réalisation". "Plus globalement, l'ASN considère qu'Areva NP doit assurer une surveillance plus efficace de ses sous-traitants", souligne la note.

Le 8 juillet, un rejet d'effluents contenant de l'uranium s'était produit à la Socatri, une filiale d'Areva chargée du traitement des déchets sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme). Début août, l'ASN épinglait de nouveau la Socatri pour des rejets de carbone 14 trop importants dans l'environnement. Concernant le chantier de Flamanville, l'Autorité donne deux mois à Areva NP pour "apporter la démonstration de la qualité des pièces du pressuriseur", fautes de quoi ces pièces "ne pourront être acceptées".

Le pressuriseur est un très gros composant forgé mesurant 14 mètres de haut et pesant plus de 140 tonnes à vide. Un porte-parole d'Areva a déclaré mardi que les défaillances constatées concernaient "un essai qui n'a pas été réalisé conformément à nos exigences". Le groupe affirme avoir "renforcé la surveillance du système de qualité de ce fournisseur sans attendre" l'avis de l'ASN, en réalisant "un audit de son système qualité" et prévu des "essais complémentaires" pour contrôler la conformité des pièces en cause.

Les "défaillances" relevées par l'ASN "concernent une procédure d'essai et pas la qualité intrinsèque du composant en question", souligne Areva. L'incident n'aura pas de conséquence sur le calendrier de construction de l'EPR, "qui sera respecté pour la partie qui nous incombe", a-t-il poursuivi. Le journal Les Echos a rapporté dans son édition de lundi que le bétonnage du plancher du réacteur, assuré par le groupe de BTP Bouygues, avait pris pris "plusieurs mois" de retard.

Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", qui rappelle dans un communiqué le retard de deux ans et demi pris par le chantier de l'EPR finlandais, dont Areva est maître d'oeuvre, "les Français ne savent plus construire de réacteurs nucléaires". "C'est en soi une très bonne nouvelle mais, par contre, les conséquences financières s'annoncent graves pour les finances publiques françaises", selon les antinucléaires qui demandent l'arrêt de "l'ensemble du programme EPR".

 


Le Monde, 29/8/2008: 

Un réacteur nucléaire pas très "béton"

Vitrine de l'industrie nucléaire française, le programme EPR (European Pressurized Water Reactor) connaît un nouveau raté. Après le retard de deux ans sur le chantier finlandais de ce premier réacteur de troisième génération supervisé par Areva, c'est la construction par EDF de l'EPR de Flamanville (Manche) qui risque d'être plus longue que prévu, compromettant son raccordement au réseau en 2012. Ce retard serait bénin si de nombreux acheteurs potentiels du réacteur développé par Areva et EDF ne scrutaient la construction de ce que les spécialistes appellent des "têtes de série".

Sans nier les difficultés rencontrées sur le site de Flamanville, où Bouygues assure les travaux de génie civil, la direction d'EDF les minimise. "En dépit des aléas d'un chantier de cette ampleur, nous confirmons qu'à ce jour, l'objectif de démarrage de l'EPR en 2012 est maintenu", se borne à dire un porte-parole du groupe. Les dirigeants d'EDF se refusent à expliquer plus avant.

Ces "aléas" ont d'abord été le béton du socle du réacteur, dont les travaux de coulage ont été suspendus quelques semaines entre mai et juin. Ce sont désormais les soudures sur le "liner" (protection d'acier renforçant le béton dans le bâtiment du réacteur) qui s'avèrent très difficiles. Ces erreurs ne remettent pas en cause la sûreté de l'installation, mais l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a reconnu qu'elles illustrent "un manque de rigueur inacceptable" qui doit inciter EDF à "renforcer la culture de sûreté sur le chantier".

Pour Yannick Rousselet, responsable de la campagne énergie de Greenpeace France, l'affaire est entendue : "Ils ne savent pas construire un EPR dans les délais et le budget annoncés. Ce retard va entraîner un dépassement budgétaire : qui va payer la facture ? Combien va coûter cet EPR aux Français ? On n'en sait rien. Et on s'entête à le construire. Nicolas Sarkozy ose même annoncer qu'on va en faire un deuxième !"

COMPÉTITION

Le silence d'EDF s'explique par l'enjeu du programme EPR, qui doit devenir un produit d'exportation phare (3 milliards d'euros pièce). M. Sarkozy en fait la promotion active de par le monde. Avec le réacteur, Areva compte fournir combustibles et services associés (retraitement-recyclage) et des équipements de transmission-distribution d'électricité. EDF peut développer à l'étranger son savoir-faire dans l'exploitation des centrales, Alstom vendre ses turbines

Si la France a déjà vendu deux EPR à la Chine et s'apprête à en fournir quatre aux Etats-Unis, d'autres grands pays frappent à la porte, comme l'Afrique du Sud, l'Inde et la Grande-Bretagne. L'Association mondiale du nucléaire (WNA), le lobby des industriels, n'hésite pas à prédire un doublement du parc de réacteurs d'ici à 2030, qui passerait de 430 à plus de 800.

[Rappel: Calculs avec les chiffres donnés dans le mémento du CEA
- réserves d'uranium dans le monde fin 1996 (ressources connues + ressources estimées: 4.299.000 t
- consommation mondiale actuelle annuelle: 56.250 t,
- durée de la vie de la production d'énergie nucléaire: 76 ans.
Si on double la production mondiale de l'électricité nucléaire actuelle - pour lutter contre l'effet de serre - alors, la durée de la vie des réserves se réduit à 38 ans !!!
Sources: (L'énergie en France, édition 2000, ministre de l'économie des finances et de l'industrie) et dans "Mémento sur l'énergie", 1999]

La présidente d'Areva veut décrocher un tiers du marché. Dans la compétition féroce l'opposant à Toshiba-Westinghouse, Anne Lauvergeon rappelle que l'AP 1000 du concurrent américano-japonais n'est qu'un "réacteur papier" dont aucun modèle n'est en construction, alors que l'EPR devient réalité. Il ne faudrait pas que les "bugs" du réacteur français fragilisent cet argument.

 



Chantier EPR en France: "au moins 9 mois de retard", selon le Canard

26/8/2008 - Les travaux du chantier du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville (Manche) "affichent déjà au moins neuf mois de retard" par rapport à sa mise en service prévue pour la mi-2012, affirme le Canard Enchaîné à paraître mercredi. Pour l'hebdomadaire satirique, ce retard aurait deux causes: la suspension pendant "près de deux mois" des opérations de coulage de béton et les difficultés rencontrées pour la "fabrication du +liner+, le revêtement en acier qui double le béton de la cloche de protection du réacteur". "Non seulement Bouygues ne peut pas respecter le calendrier prévu, mais EDF n'arrive même pas à en obtenir un nouveau, malgré une succession de réunions à haut niveau", affirme le Canard Enchainé. Interrogés mardi soir par l'AFP, EDF et Bouygues n'ont fait aucun commentaire. Les opérations de coulage de béton, suspendues le 21 mai, ont pu reprendre car EDF s'était engagée à renforcer ses contrôles, avait annoncé le 19 juin l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L'Autorité avait suspendu les opérations de construction en raison d'anomalies - selon elle sans conséquence directe en matière de sûreté - concernant notamment la disposition de certaines armatures de fer non-conformes aux plans. Elle avait également constaté "des fissures à la suite de la coulée d'un bloc de béton composant la plate forme de l'îlot nucléaire de l'EPR". L'EPR de Flamanville est le deuxième réacteur à eau sous pression (European Pressurised water Reactor) en construction dans le monde, après celui de Finlande. Sa construction a démarré en décembre 2007 et il doit être mis en service en 2012. Le nouveau réacteur, dit de 3e génération de 1.630 MW, est construit face à la mer, en contrebas d'une falaise de granit, dans l'alignement des deux autres unités de 1.300 MW de la centrale située sur la côte ouest du Cotentin. Le premier chantier EPR, en Finlande, a subi d'importants retards et son exploitation ne devrait pas intervenir avant 2011, au lieu de 2009 comme prévu à l'origine.

 


La Finlande examine les procédures de sécurité sur le chantier de l'EPR

13/8/2008 - L'autorité finlandaise de sécurité nucléaire (STUK) a indiqué mercredi qu'une enquête était en cours pour déterminer si les procédures de sécurité étaient respectées sur le chantier de construction du réacteur nucléaire EPR du groupe français Areva en Finlande. STUK affirme qu'il n'y a pas de risques sur le site de construction, soulignant que ses investigations portent exclusivement sur les procédures. Mais Greenpeace fait état de son côté de problèmes de sécurité "inquiétants" affirmant détenir des documents confidentiels tendant à le prouver. "Nous examinons les directives relatives au travail de soudure et nous vérifions si les directives ont été approuvées avant le début des travaux. Nous devons également vérifier les qualifications des coordinateurs soudeurs", a expliqué le directeur adjoint de STUK Petteri Tiippana. L'organisation écologiste Greenpeace avait appelé plus tôt mercredi à l'arrêt immédiat de la construction du réacteur nucléaire. "Des documents techniques (...) montrent que le constructeur français a autorisé pendant plus d'un an que le travail de soudure soit réalisé sans que les procédures ne soient approuvées", affirme l'organisation de défense de l'environnement dans un communiqué. "La qualité des soudures n'a pas été vérifiée et (...) il y avait et il y a toujours des personnels non qualifiés pour superviser les travaux de soudure", ajoute Greenpeace, estimant que ce manque de normes est "plus qu'alarmant". L'organisation appelle à la "fin immédiate de la construction sur le réacteur". "Alors que l'énergie nucléaire est par nature dangereuse, la culture de sécurité douteuse du constructeur français Areva et de ses sous-traitants menacent d'augmenter considérablement les risques de cette centrale nucléaire", dit-elle. Le principal sous-traitant d'Areva est le groupe de BTP français Bouygues. M. Tiippana a reconnu que des problèmes de soudure avaient été détectés l'an passé mais assure qu'ils ont été résolus. Un porte-parole d'Areva, interrogé à Paris, a indiqué de son côté que les "dispositions nécessaires" avaient depuis été prises pour se conformer aux exigences de STUK concernant les soudures de la construction du réacteur nucléaire EPR. "Le consortium (en charge de la construction, ndlr) a pris en compte les remarques faites" par le STUK "au sujet des soudures. Il les a répercutées au sous-traitant concerné, Bouygues." Ce-dernier a "pris les dispositions nécessaires pour se conformer aux exigences de l'autorité de sûreté finlandaise", a affirmé Areva. Bouygues n'a pas fait de commentaires. Petteri Tiippana a par ailleurs ajouté que STUK avait rédigé un rapport pour le ministre finlandais du Travail sur les directives de sécurité, rapport qui doit être publié la semaine prochaine. La construction du réacteur nucléaire a déjà été retardée par un problème de qualité de béton. La mise en service de cet EPR est désormais prévue pour 2011, au lieu de 2009.



Blocage des carrières de l'EPR par Greenpeace: intervention des gendarmes

26/6/2008 - Les gendarmes ont évacué jeudi matin dans le calme six militants de Greenpeace qui bloquaient depuis mardi une carrière de sable et graviers alimentant le chantier de l'EPR à Flamanville (Manche). Aucune poursuite n'a été engagée contre les militants, qui s'étaient attachés à des fûts pour bloquer l'accès de la carrière de Lieusaint et protester ainsi contre la reprise des opérations de coulage de béton décidée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le chantier du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR, suspendu le 21 mai en raison d'anomalies constatées par l'ASN, a pu reprendre vendredi après l'engagement d'EDF de renforcer ses contrôles. Selon l'ASN, ces anomalies sont "sans conséquence directe en matière de sûreté". Le blocage depuis mardi par des militants de Greenpeace de deux autres carrières, à Montebourg et La Haye-du-Puits, qui alimentent le chantier de l'EPR, se poursuivait cependant jeudi matin, a précisé l'association écologiste. Par ailleurs, le patron de la carrière de La Haye-du-Puits a déposé une requête en référé auprès du tribunal de grande instance de Coutances pour réclamer une astreinte de 75.000 euros par personne et par infraction, à l'encontre des sept militants de Greenpeace qui bloquent l'accès du site. Greenpeace, en tant que personne morale, a été convoqué jeudi matin au tribunal qui doit rendre sa décision dans l'après-midi. Selon la direction d'EDF, les actions de Greenpeace "n'entravent absolument pas le déroulement du chantier" de l'EPR, l'entreprise disposant de "stocks suffisants" de sable et graviers, utilisés dans la fabrication du béton.

 


Deuxième jour de blocage des carrières de l'EPR par Greenpeace

25/6/2008 - Une vingtaine de militants de Greenpeace ont bloqué mercredi pour le deuxième jour consécutif l'accès de trois carrières situées dans la Manche dont le sable et les graviers alimentent le chantier de l'EPR de Flamanville, a indiqué un porte-parole de l'association écologiste. Les militants, cadenassés à des fûts, bloquent depuis mardi matin l'accès des carrières de Montebourg, Lieusaint et Haye-du-Puits pour protester contre la reprise des opérations de coulage de béton décidée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Les militants, qui s'apprêtaient mercredi soir à passer leur deuxième nuit sur place, demandent à l'ASN de revenir sur cette décision. Les opérations de coulage de béton du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR, suspendues le 21 mai, ont pu reprendre car EDF s'est engagée à renforcer ses contrôles, selon l'ASN. "On a redémarré un chantier uniquement sur des déclarations de bonnes intentions d'EDF mais pas sur des remises en conformité de tout ce qui ne va pas", estime cependant Yannick Rousselet, chargé de la campagne Energie à Greenpeace. L'ASN avait suspendu les opérations de construction en raison d'anomalies - selon elle sans conséquence directe en matière de sûreté - concernant notamment la disposition de certaines armatures de fer non-conformes aux plans. L'EPR de Flamanville est le deuxième réacteur à eau sous pression (European Pressurised water Reactor) en construction dans le monde, après celui de Finlande. Sa construction a commencé en décembre pour une mise en service prévue en 2012.

 


Des militants de Greenpeace bloquent l'accès à des carrières de l'EPR

24/6/2008 - Une vingtaine de militants de l'association Greenpeace bloquent depuis mardi matin l'accès de trois carrières situées dans la Manche dont le sable et les graviers alimentent le chantier de l'EPR de Flamanville, a indiqué une porte-parole de l'association écologiste. Les gendarmes n'ont pu confirmer dans l'immédiat cette information, "en cours de vérification". La "vingtaine" de militants bloquent depuis 05H00 mardi l'accès de trois sites (Montebourg, Lieusaint, Haye-du-Puits) "avec des futs lestés de trois cents kilos auquel ils se sont cadenassés" pour protester contre la reprise des opérations de coulage de béton décidée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). "Nous demandons à l'ASN de revenir sur sa décision, car aucun des problèmes n'a été réglé sur le fond. Il se passe le même scénario qu'en Finlande", où le chantier du premier EPR a subi des retards, selon la porte-parole Adelaïde Colin. Les opérations de coulage de béton du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville, suspendues le 21 mai, peuvent reprendre car EDF s'est engagée à renforcer ses contrôles, avait annoncé l'ASN le 19 juin. L'Autorité avait suspendu les opérations de construction en raison d'anomalies - selon elle sans conséquence directe en matière de sûreté - concernant notamment la disposition de certaines armatures de fer non-conformes aux plans. Elle avait également constaté "des fissures à la suite de la coulée d'un bloc de béton composant la plate forme de l'îlot nucléaire de l'EPR".

 



Sud-Ouest, 12/6/2008: 

Le pavé EPR dans la mare nucléaire

ENQUETE.

En sommant EDF de stopper le bétonnage à Flamanville, l'Autorité de sûreté a adressé un message à toute la filière

Le béton ne coule plus sur le chantier de Flamanville (Manche), où EDF est en train de construire le prototype du réacteur atomique EPR [dit] de troisième génération (1). Par courrier du 21 mai, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a sommé l'électricien national « de ne pas engager de nouvelles opérations de bétonnage dans l'attente d'améliorer la rigueur des contrôles internes ».

Dans le monde feutré du nucléaire, la décision a fait l'effet d'une petite bombe. « À chantier exceptionnel, mesure exceptionnelle », répond benoîtement Thomas Houdré. Pour le responsable des inspections de l'ASN en Normandie, le défaut constaté sur le béton de l'îlot nucléaire de l'EPR est « l'écart de trop ».

Un mois plus tôt, l'ASN avait déjà mis EDF en demeure de remédier d'urgence à un défaut de ferraillage sur le radier, l'énorme semelle qui supportera la cuve et tous les ouvrages importants pour la sûreté d'un réacteur en qui la filière nucléaire française a mis ses espoirs.

Cette fois, l'ASN a marqué le coup. Car, explique Thomas Houdré, « l'incident a beau ne pas avoir de conséquence directe sur la sûreté, il met à nouveau en relief un manque de rigueur dans l'organisation du chantier ». Venant d'une instance certes indépendante mais peu portée sur les excès de langage, la critique et la décision sont sévères. Elles visent le maître d'ouvrage EDF, mais aussi - et peut-être surtout - l'entreprise Bouygues qui s'est vu confier la grosse part du génie civil.

« Erreur signalée ». À Flamanville, le directeur du chantier relativise : « EDF avait spontanément stoppé le bétonnage pour rajouter les "épingles" (NDLR : les fers à béton) manquantes. Nous avons signalé l'erreur à l'ASN, qui n'a fait que confirmer ce que nous avions demandé nous-mêmes au sous-traitant », explique Philippe Leigné, qui tâche aussi de disculper le bétonneur : « Bouygues avait vu l'écart mais la chaîne de contrôle qualité n'a pas bien fonctionné. »

L'écart constaté à Flamanville est-il minime ? La direction du site veut le croire : « Nous avons autant que l'ASN la préoccupation du "zéro défaut" et nous n'en sommes pas très éloignés », assure Philippe Leigné, qui précise qu'EDF va se mettre en conformité rapidement, et que le retard, « moins important que celui qu'occasionnerait une grosse tempête, n'est pas de nature à remettre en cause le planning général », lequel prévoit le raccordement au réseau en 2012.

Pour la CGT, pourtant peu suspecte de penchants antinucléaires, l'arrêt temporaire du bétonnage de l'EPR est une bonne chose. « Nous sommes pour la construction d'un réacteur de nouvelle génération, mais c'est le deuxième incident sérieux, et nous contestons la priorité donnée au calendrier du chantier », explique Jack Tord. Le chargé de mission du syndicat sur le chantier de l'EPR en fait le reproche à la fois à Bouygues et à EDF.

« Syndrome finlandais ». « Il est certain qu'EDF veut aller vite, car les enjeux financiers et commerciaux sont très importants », renchérit Didier Anger. L'administrateur du réseau Sortir du nucléaire, qui vit à côté de la centrale de Flamanville, parle même, tout comme Jack Tord, de « syndrome finlandais ».

Car, en Finlande, l'autre chantier phare de l'EPR est en retard. Ce n'est pas la faute d'EDF, puisque le maître d'ouvrage du réacteur d'Okiluoto est Areva. Mais à qui le leader mondial du nucléaire a-t-il confié les bétons de Finlande ? À Bouygues justement, par ailleurs candidat (avec Alstom) à l'entrée dans le capital d'Areva, fleuron de l'industrie nucléaire tricolore.

Seulement voilà : l'opposition de sa patronne Anne Lauvergeon à la privatisation de l'entreprise publique, héritière de la Cogema, projet pourtant soutenu par l'Élysée, est un secret de Polichinelle. Et les mauvaises langues insinuent que les mécomptes de Bouygues à Flamanville - après Okiluoto - ne sont peut-être pas entièrement fortuits.

Microfissures en 1998. Il serait pourtant abusif de réduire le coup d'arrêt donné à l'EPR à des manoeuvres de coulisse. Car c'est bien la question de la sécurité nucléaire qui est reposée. À Flamanville, où deux tranches de 900 mégawatts fonctionnent depuis 1986, la question n'est pas théorique : « En 1998, des microfissures avaient été détectées sur l'enceinte de confinement des réacteurs », se souvient Didier Anger, qui siège à la commission locale d'information (CLI) de la centrale du Cotentin. Pour lui, « couler du béton en plein hiver sur un littoral battu par les vents n'est pas chose anodine ». Et la qualité du travail est d'autant plus essentielle « que l'EPR, avec ses 1 650 mégawatts, est un réacteur très lourd ».

[ Lire:
-
Fissures fatales ?
- Embrouilles dans les centrales
- Un cauchemar de plomberie (Pdf 432 Ko)
-
Difficultés techniques (Pdf 1,2 Mo)
-
Les centrales nucléaires françaises en crise (août 1982, Science & Vie n°779, en Pdf 128 Ko) ]

Culture dégradée. Pourtant, ce nouvel incident à Flamanville pardonne mal dans un domaine aussi surveillé et sensible que l'atome. Surtout à l'heure où le doute s'installe sur le maintien de la « culture de sûreté », qui a fait la réputation du programme nucléaire français. « L'affaire de l'EPR illustre la dégradation de cette culture », veut croire Éric Ouzounian, qui vient de publier le témoignage alarmiste d'un responsable d'EDF (2).

[ Lire, sur la sûreté des réacteurs:
-
Des principes à la réalité
-
Le rapport Tanguy (synthèse sur la sûreté nucléaire à EDF en 1989)
-
Extrait 1, extrait 2 et extrait 3 (en Realaudio 33 Kb) de "L'erreur humaine" sur Radio Lucrèce (Roger Belbéoch 3/3/90)
-
La saga des fissures sur le palier N4 ]

Selon lui, « si la sécurité des bâtiments réacteurs est encore assurée », la filière souffre de plus en plus de la logique financière à l'oeuvre, aussi bien chez EDF que chez ses (trop ?) nombreux sous-traitants. « Pour des raisons de rentabilité et de concurrence, EDF réalise des économies sur les coûts et durées de maintenance, en ne respectant pas systématiquement les procédures de sécurité, en augmentant la charge de travail des personnels internes et intérimaires », énumère l'auteur.

[ Lire:
-
Intermittents, les esclaves du nucléaire
-
Santé du travail dans l'industrie nucléaire:
-
Rationalité instrumentale et santé au travail dans l'industrie nucléaire
-
Rapport d'enquète de psychopathologie du travail au Centre de Production Nucléaire de Chinon
-
Les résultats du nouveau management dans le nucléaire (information de la section syndicale FO)
-
Nucléaire: sans foi, ni loi! (information de la section syndicale FO) ]

Arrêts de tranches raccourcis, à peu près dans les procédures et la sécurité, non-respect de consignes sécurité, épidémie de suicides chez des salariés stressés : le document décrit le mal insidieux qui ronge un secteur jusqu'ici sanctuarisé par l'esprit de corps des ingénieurs du CEA et d'EDF, mais où la peur salutaire de l'accident recule et où l'on constate « une nette augmentation des incidents dans les centrales ».

« AZF nucléaire ». Cette augmentation est lisible - souvent entre les lignes - dans les rapports annuels, nationaux et régionaux, de l'ASN. Et si l'évocation d'un nouveau Tchernobyl peut sembler excessive, compte tenu de la redondance des dispositifs de sécurité visant à prévenir un accident majeur [non, lire: Les circuits de secours ne fonctionneront pas en cas de rupture du circuit primaire], la survenue d'un « AZF nucléaire » - pour reprendre le mot d'un salarié de la centrale de Bugey (Ain), cité par Éric Ouzounian - semble plus réaliste mais pas moins angoissante.

La semaine dernière, une fuite dans les circuits d'une centrale en Slovénie, certes bénigne, mais qui a fait grand bruit en Europe, a rappelé que le moindre défaut de vigilance pouvait se payer cash. Et la France, si confiante jusqu'ici dans la sûreté de ses installations, n'est plus à l'abri.

(1) « Sud Ouest » du 13 février dernier.
(2) « Vers un Tchernobyl français » (Éditions Nouveau Monde).

 


Communiqués de presse du "Réseau Sortir du Nucléaire"

Double flop pour le réacteur EPR en France et en Finlande:
le crash de l'industrie nucléaire française

27/5/2008 - Après le flop du chantier en cours du réacteur nucléaire en Finlande (deux ans de retard, deux milliards d'euros de pertes financières... pour le moment), on apprend aujourd'hui que de graves malfaçons ont eu lieu aussi sur le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche).
Il est grand temps que les citoyens français prennent conscience que la supposée "expertise" française en matière de nucléaire n'est qu'une légende construite à grand renfort de publicités d'EDF et d'Areva, et de déclarations des Présidents et gouvernements qui se sont succédés depuis 40 ans.
La réalité est bien différente : 54 des 58 réacteurs "français" sont en réalité sous licence américaine Westinghouse, et les seules réalisations purement françaises sont des désastres :
- le premier programme nucléaire français, basé sur les réacteurs graphite-gaz, a été abandonné au début des années 70 au profit des réacteurs Westinghouse
- le surgénérateur Superphénix a été fermé en 1997 après 15 ans d'avaries
- dès sa mise en service, le réacteur "N4" (*) a connu un accident grave le 12 mai 1998 à Civaux (Vienne)
- le réacteur EPR se révèle être lui aussi un désastre avant même d'entrer en service, tant sur le chantier finlandais que sur celui de Flamanville (Manche)
La seule décision sensée est d'arrêter immédiatement les investissements dans le nucléaire et de les reporter sur les plans d'économie d'énergie et de développement des énergies renouvelables.

(*) Le réacteur dit "N4" est le modèle des 4 seuls réacteurs actuels véritablement français, situés à Chooz (Ardennes) et à Civaux (Vienne)

 


Le coulage du béton de l'EPR de Flamanville suspendu après des "anomalies"

27/5/2008 - Les opérations de coulage de béton du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville (Manche) ont été suspendues le 21 mai après que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a relevé des "anomalies", a annoncé l'ASN mardi. "L'ASN a constaté un certain nombre d'anomalies sur le chantier EPR de Flamanville", a indiqué Thomas Houdré, chef de la division de Caen de l'ASN, au cours d'une conférence de presse. "Techniquement, ces anomalies ne posent pas de problème en matière de sûreté, mais elles illustrent toutefois un manque de rigueur au niveau du chantier qui est inacceptable", a-t-il ajouté. L'ASN a ainsi demandé courant mai à EDF de ne pas engager de "nouvelles opérations de bétonnage dans l'attente d'améliorer la rigueur des contrôles internes", a précisé Hubert Simon, adjoint au chef de la division de Caen. Les anomalies constatées concernent notamment la disposition de certaines armatures de fer non-conformes aux plans constatés par l'ASN lors d'une inspection réalisée le 5 mars 2008, un problème qui s'est reproduit le 21 mai. "EDF doit poursuivre ses efforts afin de renforcer sa maîtrise d'oeuvre, d'améliorer sa rigueur documentaire et de développer la culture sûreté de l'ensemble des acteurs du chantier", écrit l'ASN dans un bilan du chantier.

 


Les Echos, 9/4/2008: 

L'Autorité de sûreté nucléaire déplore des « insuffisances » sur le chantier de l'EPR

A la suite d'une inspection effectuée en mars à Flamanville, l'Autorité de sûreté nucléaire reproche à Bouygues d'avoir mal préparé une opération de « bétonnage », et demande à EDF de surveiller plus étroitement la conduite des travaux. Après les déboires de l'EPR finlandais, le chantier du futur réacteur français connaît lui aussi des ratés. A la suite d'une inspection de routine effectuée début mars à Flamanville, l'Autorité de sûreté nucléaire a récemment écrit à EDF pour déplorer un certain nombre d'« insuffisances » et de « non-conformités » sur le chantier du futur réacteur EPR. La visite en question concernait « la préparation du bétonnage du radier de l'îlot nucléaire ». Autrement dit le socle sur lequel sera érigé le bâtiment abritant le réacteur. Au vu de cet examen, les émissaires de l'ASN ont estimé que « l'organisation définie et mise en oeuvre sur le site pour la préparation de cette opération de bétonnage » avait été « insuffisante ». Des « non-conformités » ont notamment été détectées au niveau du ferraillage, la structure métallique dont l'installation précède toujours le coulage du béton. Pour l'Autorité de sûreté, ces observations révèlent « des insuffisances dans le contrôle technique exercé par le groupement d'entreprises » en charge des opérations de génie civil, à commencer par Bouygues, principal maître d'oeuvre en la matière. Mais EDF est aussi visé par ces réprimandes : « Je vous demande de prendre les mesures nécessaires pour améliorer de manière significative et durable la qualité de votre surveillance des prestations (...) sur le chantier », lui écrit l'ASN. Message reçu, semble-t-il, par l'électricien français. Tout en soulignant que les « écarts » constatés étaient « sans impact sur la sûreté et la qualité du réacteur », l'opérateur historique assure avoir immédiatement corrigé le tir et « renforcé la surveillance des travaux » à Flamanville. Sans réelle gravité, cet épisode illustre en tout cas le contrôle strict exercé par l'Autorité de sûreté nucléaire depuis le début de la construction de l'EPR. Dans son dernier rapport annuel, rendu public hier, l'ASN précise avoir réalisé 9 inspections sur le chantier en 2007. Bien d'autres suivront jusqu'à l'achèvement des travaux, programmé en 2012. A ce stade et malgré les critiques récemment formulées, l'ASN considère que « la qualité de la réalisation des travaux préparatoires et des premiers travaux de construction (...) est globalement satisfaisante ». Mais l'Autorité de sûreté adresse une mise en garde importante : au regard des contrôles réalisés en 2007, elle estime qu'EDF se doit en premier lieu de garantir « la qualité ». Ces derniers mois, à ses yeux, le groupe a peut-être eu le tort de se focaliser un peu trop sur le respect du planning.

 

 

Ouest-France, 2/4/2008: 

Malaises sur le chantier du réacteur EPR


Le chantier de construction du nouveau réacteur nucléaire EPR à la centrale de Flamanville en janvier 2008.

La construction du nouveau réacteur de la centrale de Flamanville est moins idyllique qu'annoncé. L'autorité de sûreté nucléaire pointe, notamment, des soucis importants dans le coulage du béton.

CHERBOURG. - « Depuis le mois de décembre, nous avons coulé 40 000 m3 de béton. Mille personnes travaillent sur le chantier aux côtés de soixante-dix employés EDF », indique le service communication d'EDF. Quant aux opérations de formation et d'embauches locales, elles se déroulent « au mieux. En BTP, nous avons atteint tous nos objectifs et réussi à recruter 50 % de locaux », souligne Jehan Eric Winckler, coordonnateur du grand chantier. Par ailleurs, « la nouvelle route d'accès au sud et la future cale de déchargement des colis lourds sont en bonne voie ».

L'accueil des salariés extérieurs ne poserait pas davantage de problèmes. « Je suis même surpris par les capacités d'accueil des infras-tructures du Cotentin », déclare Jehan Eric Winckler. Même satisfaction à la Chambre de commerce de Cherbourg, où le président, Jean-Claude Camus, se félicite de l'efficacité du site Internet interentreprises. 80 millions d'euros ont été injectés localement en 2007. En résumé, tout va bien...

Cette version positive mérite quelques bémols. Le zèle à couler du béton en vitesse n'est pas du goût de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Lors de son inspection du 5 mars sur la construction du radier de l'îlot nucléaire, l'ASN a découvert que « la qualité du ferraillage n'était pas satisfaisante ». L'Autorité de sûreté pointe également « des insuffisances dans le contrôle technique exercé par le groupement 'Bouygues, Quille et Baudin-Châteauneuf' et dans la surveillance des activités exercées par EDF. »
Le rappel à l'ordre est sévère : « Je demande à EDF de m'indiquer pourquoi la phase de bétonnage a pu être lancée avec un ferraillage partiellement non conforme », explique Thomas Houdré, chef de la division nucléaire de Normandie. « Notre intervention a permis de corriger le défaut avant bétonnage, mais il est anormal qu'EDF n'ait pas constaté, elle-même, ce défaut. »

« La sécurité est à cran »

Greenpeace ne manque pas de relever ces dérives. « Rappelons qu'il s'agit du béton qui doit assurer directement la sûreté du réacteur et du stockage des combustibles irradiés », déclare son porte-parole, Yannik Rousselet. Le rythme soutenu pose aussi question à la CGT, exclue de toute les réunions de chantier. « Il existe un réel climat de tension sociale », constate Jacques Tord, délégué cégétiste. « Le recours à l'intérim est beaucoup trop élevé et l'esprit sécuritaire prend le pas sur le dialogue social. »

« On est à cran », confirme, sous le couvert d'anonymat, un des membres du service de gardiennage. « Nos conditions de travail sont déplorables : équipements défaillants, horaires élastiques, disparités salariales avec la centrale nucléaire, tenues inadaptées aux mauvaises conditions météorologiques... » Sur les 27 agents chargés de surveiller le chantier nucléaire, onze sont employés en CDD. « Certains craquent et font de la dépression ».

Pour la CGT, « EDF est victime du syndrome de l'EPR finlandais. » Lancée en 2005, la construction de ce premier réacteur EPR connaît bien des déboires. Le chantier a deux ans de retard et affiche un surcoût de 1,3 milliard qui portera la facture à 4,5 milliards d'euros. Pour Flamanville, Pierre Gadonneix, le PDG d'EDF, ne cache pas qu'il faut aussi s'attendre à un dépassement, sans toutefois en préciser le montant.

Jean-Pierre BUISSON.

 

 

Ouest-France, 2/4/2008: 

Un réacteur et une ligne 400 000 volts contestés

« En 2020, quatorze des plus anciens réacteurs français auront 40 ans ou plus. En 2025, ce sera le cas de 34 autres. » Le parc nucléaire actuel, en France, compte 58 réacteurs. L'EPR avec ses 1 650 Mégawatts, constituerait donc, selon ses promoteurs Aréva et EDF, la meilleure réponse pour leur remplacement. Il permettrait aussi, d'après eux, de répondre à la croissance de la demande d'électricité.
[Il y a déjà 12 à 15 réacteurs de trop!):
Les 58 réacteurs en exploitation sont des PWR (ou REP en français) à eau sous pression, 34 réacteurs ont une capacité de 900 MWe, 20 ont une capacité de 1 300 MWe et quatre une capacité de 1 450 MWe.
Les 9 réacteurs de la filière dite "UNGG" (uranium naturel-graphite-gaz) ont été mis à l'arrêt et sont "en cours" de
démantèlement, voir le tableau récapitulatif.]

Annoncé comme techniquement plus sûr, plus puissant et produisant moins de déchets, l'EPR fait toutefois l'objet d'une contestation au sein même de la communauté nucléaire. Certains physiciens estiment cette étape technologiquement inutile.

Pour les antinucléaires, « l'EPR est une hérésie ». Didier Anger, coordonnateur du collectif normand « EPR non merci » dénonce « l'aspect coûteux. Avec les 3,3 milliards d'euros, on pourrait créer 15 fois plus d'emplois dans le Grand Ouest en développant les économies d'énergies et les énergies renouvelables ». Les écologistes dénoncent les rejets qu'il va contribuer à augmenter à Flamanville. Notamment le tritium (hydrogène radioactif), rejeté à la mer en grandes quantités par les centrales nucléaires.

« En Grande-Bretagne, le très officiel Advisory Group on Ionising Radiation (AGIR) propose de multiplier par deux le facteur de risque pour cet élément. D'autres études tendent à montrer que, contrairement à ce qui est admis, le tritium rejeté dans l'environnement s'accumule dans la chaîne alimentaire. Ainsi, des poissons plats de la baie de Cardiff sont 1 000 à 10 000 fois plus contaminés que l'eau de mer analysée sur le même site », souligne l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest.

La contestation s'amplifie aussi dans les campagnes de la Manche, de la Mayenne et d'Ille-et-Vilaine autour du tracé de la ligne électrique 400 000 volts (150 km, 300 pylônes) qui doit relier le Cotentin au Maine. Les opposants ont décidé d'engager leur propre étude scientifique sur les effets des courants électromagnétiques sur la santé des populations vivant à proximité des couloirs de lignes. À Chèvreville, dans le Sud-Manche, les électeurs sont allés jusqu'à bouder les urnes des dernières municipales pour protester contre le passage des pylônes.

J.P.B.

 

 

Ouest-France, 6/2/2008: 

Les Pieux: le canton du futur réacteur EPR
[ou le nucléaire et l'emploi... et l'achat des consciences par les subventions...]

Carnet de campagne. Sur la côte ouest du Nord-Cotentin, le canton des Pieux vit depuis la fin des années 1980 au rythme de la centrale nucléaire de Flamanville.

Le cadre. Le canton des Pieux, c'est, depuis la fin des années 1980, le lieu d'implantation de la centrale nucléaire de Flamanville. Une industrie lourde et un grand chantier en cours dans ce canton entre terre et mer, terre traditionnelle d'élevage. Ses 12 000 habitants pour 15 communes disposent aussi d'un littoral étendu, avec ses grandes plages et ses vagues qui font le bonheur des surfers.

Les forces. Avec ses 670 agents EDF, la centrale nucléaire pèse lourd sur l'emploi et les finances locaux. Les deux réacteurs rapportent 13 millions d'euros à la communauté de communes des Pieux et à la commune de Flamanville. Une manne financière qui a permis de mener des projets d'équipement, dont une école de musique aux Pieux avec un auditorium pour 300 élèves.

Le chef-lieu, situé à 20 minutes de la centrale et une demi-heure de l'agglomération cherbourgeoise, profite également de l'exode des populations urbaines et voit ses lotissements se multiplier. Le canton cherche également à développer les activités touristiques avec ses chemins de randonnée et ses longues plages très fréquentée par les surfers.

Les faiblesses. La communauté de communes a eu des difficultés à gérer la manne financière du nucléaire. Exemple dans les années 1990 : les serres. Elles devaient créer de l'emploi et diversifier les activités du canton. Des dizaines de millions de francs ont été engloutis pour un résultat nul. L'argent du nucléaire a aussi servi à construire Port Diélette. A renfort de béton, un port de plaisance a été aménagé. Mal pensé, son accès est difficile dans certaines conditions météorologiques.

Aujourd'hui le Département, qui en assure la gestion, tente de développer les liaisons avec les îles anglo-normandes. Il désire y installer des shipchandlers et un chantier naval. Un projet de grand hangar abritant les deux activités fait d'ailleurs polémique auprès des habitants de Port Diélette. EDF veut aussi l'aménager pour débarquer ses colis lourds pour son réacteur EPR.

Les perspectives. Le chantier EPR (mise en service en 2012) est le grand défi du canton. Au plus fort de l'activité, à l'été 2010, 2 000 personnes y travailleront. La commune des Pieux vient de rouvrir son terrain d'accueil (avec bungalows). Certains campings réclament des extensions provisoires. A la mise en exploitation du réacteur EPR, l'effectif de la centrale nucléaire sera d'un millier de salariés.

[Mais la perspective d'une bonne grosse catastrophe comme Tchernobyl créerait infiniment plus d'emploi : de 600 000 à 1 million d'emplois précaires de liquidateurs, puis des dizaines de milliers d'emplois pour la liquidation et la surveillance pendant des dizaines d'années (voir des centaines d'années), pour ce qui est de la création d'emploi le nucléaire c'est bien l'avenir !!!]

Les résultats de mars 2001. Quatre candidats se présentaient devant les électeurs au premier tour : le sortant Jean-Michel Gras (RPR), François Rousseau (Divers gauche), Paulette Anger (Verts) et Eric Hugelmann (PCF). Au second tour, François Rousseau l'emportait face à Jean-Michel Gras, réunissant 55,73 % (3 142 voix).

 


La construction de l'EPR à Flamanville a démarré

4/12/2007 - La construction du réacteur EPR de Flamanville (Manche), le deuxième projet de ce type dans le monde, a démarré lundi soir, a-t-on appris mardi auprès d'EDF. Le premier béton a été coulé lundi soir, marquant le "début de la construction de cette unité de production dont la mise en service est prévue en 2012 après 54 mois de travaux", explique dans un communiqué Philippe Leigné, directeur de l'aménagement du futur réacteur. L'EPR (European Pressurised water Reactor) de Flamanville est le deuxième réacteur de ce type à être construit dans le monde. Le premier chantier, en Finlande, a subi d'importants retards et son exploitation ne devrait pas intervenir avant 2011. La régularité du permis de construire de ce réacteur est toutefois contestée par le Réseau Sortir du nucléaire. "La construction de l'EPR peut être annulée en 2008 par la cour administrative d'appel de Nantes", a rappelé mardi le Réseau dans un communiqué. EDF se félicite d'avoir "bien évidemment tenu le planning". Des travaux préparatoires, consistant à mettre en place les fondations de l'ouvrage, avaient débuté à l'été 2006. Le coulage du premier béton consiste à réaliser un cylindre de 55,60 m de diamètre sur 1,75 m de hauteur. Pour cela, 10.000 tonnes de béton sont coulées en continu pendant une trentaine d'heures, sur un assemblage de près de 4.000 tonnes de ferraillages pré-assemblés. Le nouveau réacteur dit de 3e génération de 1.630 MW est construit face à la mer, en contrebas d'une falaise de granit, dans l'alignement des deux autres unités de 1.300 MW de la centrale située sur la côte ouest du Cotentin. En mars 2008 doit débuter le creusement de la galerie en mer et en juin de la même année le montage de la charpente métallique de la salle des machines. Le dôme du bâtiment réacteur sera mis en place en juillet 2009, tandis que la cuve doit être livrée en janvier 2010.

 

Le Figaro, 3/12/2007: 

EPR - Le réacteur de troisième génération sort de terre
EDF aborde une étape décisive du plus important chantier lancé depuis vingt ans.

À Flamanville, sur les bords de la Manche, le premier « béton nucléaire » selon l'expression employée par les ingénieurs d'EDF est imminent. Concrètement, la construction du bâtiment qui abrite le réacteur de l'EPR commence. Quelque 4 500 mètres cubes de béton vont être coulés en 36 heures non-stop, après qu'une structure métallique est été assemblée pendant des semaines. Les travaux de terrassement et d'aménagement du site qui ont démarré il y a plus d'un an sont presque achevés.

Le temps est loin où seuls les engins de travaux publics s'affairaient dans un gigantesque trou. Après les mouvements de terrain (pas moins de 700 000 m© déblayés et concassés), des galeries et des conduites, enterrées, ont été réalisées, avant qu'un puits de rejets à terre soit creusé. Le timing est donc respecté à la lettre, puisque, à l'automne 2006, EDF annonçait fin 2007 pour le démarrage de la construction de l'EPR. Le décret d'autorisation du gouvernement est tombé au printemps dernier, synonyme de feu vert officiel pour le prototype.

Tenir le calendrier ­ administratif puis industriel maintenant ­ est l'une des obsessions constantes des ingénieurs d'EDF. Toute la difficulté est de savoir anticiper, car les obstacles inhérents à tout chantier de cette ampleur imposent à l'entreprise d'avoir sans arrêt un temps d'avance. « La construction de l'EPR est prévue sur cinquante-quatre mois, un planning ambitieux mais que nous considérons comme réaliste et soutenable », expose Bernard Salha, directeur de la division ingénierie nucléaire d'EDF. À titre de comparaison, la centrale de Ling Ao, en Chine, dont EDF a été l'architecte-ensemblier, a exigé soixante mois.

« D'ores et déjà, 40 % des études ont été réalisées. Il faut savoir qu'un tel chantier représente 100 000 documents de produits », ajoute Philippe Leigné, directeur de l'Aménagement de Flamanville 3 (le nom de la future centrale EPR). Le site abrite déjà les centrales Flamanville 1 et 2, achevées il y a tout juste vingt ans. Elles produisent près de 4 % de l'électricité du parc nucléaire d'EDF.

Une année complète d'essais. L'EPR de Flamanville, doté d'une puissance de 1 650 MW, est prévu pour être opérationnel en 2012, après une année complète d'essais. Le montant total de l'investissement est évalué à 3,3 milliards d'euros. « Il n'y a pas ou peu de risque de dépassement budgétaire car tous les grands contrats ont déjà été finalisés », souligne Bernard Salha. Ils ont été attribués voici plus d'un an.

Bouygues conduit les travaux de génie civil qui s'élèvent à plus de 300 millions d'euros. Alstom fournira le groupe turbo-alternateur et Areva la partie nucléaire du futur réacteur. Les deux tiers des contrats concernent la partie proprement nucléaire de l'installation. Les vingt plus gros représentent plus de 80 % du budget. « L'ensemble des équipements a donné lieu à une mise en concurrence, à l'exception de la chaudière confiée à Areva NP », précise Philippe Leigné.

Avec l'EPR, c'est la première fois depuis plus de vingt ans qu'EDF lance un chantier industriel aussi important. Ce défi suscite une certaine excitation dans l'entreprise tout en mettant le personnel sous pression. Flamanville 3 est prévu pour alimenter 1,5 million d'habitants. Du moins en théorie car l'électricité produite par Flamanville 3 (la centrale EPR) sera acheminée dans toute la France.

Quatre pays cibles. La vocation de l'EPR n'est pas seulement d'augmenter significativement la production d'EDF. Flamanville 3 est aussi et surtout destinée à être la tête de série de la nouvelle génération de réacteurs qui prendra le relais des centrales actuelles. À titre indicatif, la première d'entre elles, Fessenheim, aura 40 ans en 2019. Quarante ans, c'est l'espérance de vie assignée, pour le moment, aux centrales d'EDF.

L'EPR doit également permettre d'étayer les solides ambitions d'EDF à l'international. C'est un atout décisif alors que plusieurs États ont annoncé leur volonté de lancer ­ ou de relancer ­ un programme nucléaire civil. Désireux de jouer les premiers rôles, le groupe français a sélectionné quatre pays cibles : la Chine, les États-Unis, l'Afrique du Sud et la Grande-Bretagne.

En Chine, EDF a signé au début de la semaine dernière un accord lui permettant de devenir pour la première fois investisseur dans le nucléaire. Il y exploitera les EPR livrés par Areva. En Grande-Bretagne, EDF a déposé conjointement avec Areva une procédure de certification de l'EPR. L'avenir du réacteur de troisième génération pourrait donc être prometteur.

 

 

Ouest France, 27/10/2007: 

L'EPR secoue le paysage du Cotentin

Le premier béton nucléaire de l'EPR sera coulé le 3 décembre. Autour du chantier, c'est aussi l'effervescence.

Port Diélette : le sujet est polémique. Une association de défense, Diélette respect environnement, s'élève contre la possibilité évoquée par EDF, de construction d'un quai roulier sur le port. Il serait destiné à recevoir les colis lourds pour la centrale. Jehan-Eric Winckler, le coordinateur EPR, annonce que celui-ci ne pourra pas être construit à l'intérieur de la centrale. Pour autant, une étude dont les conclusions seront connues dans trois semaines, évoque le passage de ces colis par la route.

Emploi : actuellement 638 personnes travaillent à la construction de l'EPR. Philippe Leigné, le directeur du chantier, estime qu'elles seront 700 à la fin de l'année, dont 55 agents EDF. Le bus de l'emploi a permis l'embauche de 111 personnes. Côté métiers, les besoins en ferrailleurs sont forts. « Il nous en faudra 250 en 2008, précise Joseph Harnois, directeur du chantier pour Bouygues. Localement, si nous en formons 150, ce sera bien. Les autres, il faudra aller les chercher ailleurs. Ils n'existent pas en France. »

Routes : deux premiers chantiers à proximité du site de l'EPR ont démarré. Il s'agit de l'amélioration du carrefour de Port Diélette et de la création d'une route pour rejoindre la centrale par le Sud. Ces travaux, pour 2 millions d'euros, sont financés par EDF. Par ailleurs, des travaux d'amélioration des travaux des axes qui mènent à la centrale sont en cours. À Helleville, sur la route reliant les Pieux à Quettetot, et aussi dans le prolongement de l'accès sud, autour du hameau Caubus. L'équipement étudie aussi une possibilité de contourner les Pieux.

Logements : il faut de la place pour accueillir les ouvriers et leurs familles. 196 chalets ont été installés sur le camping de La Forgette aux Pieux, pour 392 places. Une autre série de 40 bungalows va être installée sur le site. EDF doit aussi passer des conventions avec les campings des communes voisines de la centrale : Flamanville, Siouville, Saint-Germain et Surtainville. À Urville, des chalets, pour une capacité de 110 personnes, seront disponibles fin 2007. Par ailleurs, une quarantaine d'appartements seront libérés dans la Communauté urbaine de Cherbourg pour accueillir des familles. EDF estime qu'il faudra accueillir de 300 à 350 familles. Cela suppose la construction de 150 à 180 logements par des opérateurs privés.

Grand chantier : si l'état n'a pas encore accordé le label, « cela ne saurait tarder », affirme Jehan-Eric Winckler. Les syndicats, comme les élus, commencent à trouver le temps long. À l'image de Patrick Fauchon, maire de Flamanville, qui rappelle que cette procédure permet de financer en amont les équipements nécessaires aux communes. Ce qui avait été fait bien plus tôt, lors de la construction des tranches 1 et 2 de la centrale.

Réacteur EPR: avis favorable de l'Autorité de sûreté nucléaire

6/3/2007 - L'autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mardi avoir donné "un avis favorable" pour la construction du réacteur nucléaire de troisième génération EPR à Flamanville (Manche). Dans un avis "porté aux ministres concernés" l'ASN "donne un avis favorable au projet de décret autorisant" la construction de l'EPR, réacteur européen à eau sous pression, a déclaré au cours d'une conférence de presse le président de l'organisme de sûreté nucléaire, André-Claude Lacoste. La construction de la nouvelle centrale - pour un coût minimum de 3,3 milliards d'euros - doit débuter en décembre 2007. Elle est contestée par les opposants au nucléaire, qui ont appelé à manifester dans cinq villes de France le 17 mars. Les candidats à l'Elysée Olivier Besancenot (LCR), José Bové (altermondialiste), Dominique Voynet (Verts) et Corinne Lepage (Cap 21) ont annoncé leur participation. L'EPR, souligne l'ASN dans son avis, "a bénéficié d'un examen beaucoup plus large et plus approfondi que précédemment réalisé sur les réacteurs électronucléaires français au stade du rapport préliminaire de sûreté". Etant donné que la durée de vie de l'EPR n'est pas précisée, l'ASN "sera amenée (...) à prendre position sur l'aptitude de cette installation à la poursuite de son exploitation à l'occasion des réexamens de sûreté dont la périodicité est fixée par la loi à dix ans", affirme encore l'organisme dans son avis.

 

 

Le tribunal administratif de Caen rejette le recours en référé anti-EPR

26/10/06 - Le tribunal administratif de Caen (Calvados) a rejeté jeudi après-midi le recours en référé déposé par le réseau "Sortir du nucléaire" et six autres associations écologistes qui souhaitaient obtenir la suspension immédiate des travaux préparatoires à la construction du réacteur EPR de Flamanville (Manche), a-t-on appris auprès des avocats. Les plaignants ont aujourd'hui l'intention de faire appel et de se pourvoir en cassation.
Mardi dernier, le tribunal administratif de Caen avait étudié cette requête déposée le 10 octobre dernier, par le réseau Sortir du nucléaire et six autres associations écologistes, dont le CRILAN et Greenpeace. Les avocats des plaignants avaient plaidé la violation de la loi littorale de 1986, qui interdit de bâtir en dehors des agglomérations. Ils s'étaient aussi inquiétés de l'urgence dans laquelle EDF avait commencé ces travaux préparatoires. L'affaire devrait maintenant être jugée sur le fond en décembre prochain.
Le premier réacteur EPR (European Pressurised Reactor) français doit être construit par EDF à Flamanville pour une mise en service en 2012. Ce projet franco-allemand développé depuis 1991 par Siemens et Areva vise à prendre le relais des réacteurs qui équipent aujourd'hui les 19 centrales nucléaires françaises. EDF souligne que certains de ses 58 réacteurs auront 40 ans vers 2020 et pourraient devoir être arrêtés.

 

 
 
EPR: la justice rejette la demande de suspension des travaux à Flamanville

26/10/2006 - Le tribunal administratif de Caen a rejeté jeudi le recours en référé déposé par des associations écologistes demandant la suspension des travaux de construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche), a-t-on appris de source judiciaire.
Les associations (Sortir du nucléaire, Greenpeace, Confédération paysanne, le Crilan, UFC Que Choisir Saint-Lô et Grape Basse-Normandie) souhaitaient obtenir la suspension des travaux préparatoires en vertu de la loi de protection pour le littoral de 1986.
Cette procédure était complémentaire à celle déposée sur le fond le 22 août par Sortir du nucléaire et le Crilan (Comité de réflexion, d'information et de lutte anti-nucléaire) ainsi que celle de Greenpeace déposée en complément le 6 octobre.
Le juge des référés avait demandé, lors de l'audience du 24 octobre, que cette dernière requête soit examinée en décembre par le tribunal administratif de Caen.
A Flamanville, les premiers travaux de terrassement ont débuté cet été et l'avis favorable de la commission publique a été publié le 29 septembre.
 

 


Le Monde, 26 octobre 2006:

Le chantier de Flamanville devant le tribunal administratif

Le juge des référés du tribunal administratif de Caen a indiqué, mardi 24 octobre, qu'il rendrait sa décision jeudi concernant une éventuelle suspension des travaux de construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville. (Manche), que réclament plusieurs associations écologistes.
Le Réseau sortir du nucléaire, Greenpeace et la Confédération paysanne, entre autres, contestent la légalité du permis de construire accordé par le préfet de la Manche. Ce dernier a autorisé le démarrage des travaux de terrassement et de bétonnage préparatoires à la construction du réacteur avant l'avis des commissaires- enquêteurs et la signature du décret d'autorisation ministérielle.
Pour les opposants à l'EPR, "il y a violation de la loi de protection du littoral". Ce que contestent EDF et le préfet, pour lesquels "le décret signé, en 1977, prévoyait une plate-forme pour quatre réacteurs". "Nous ne sommes donc pas sur un site vierge", argumentent-ils. Par ailleurs, la Commission européenne a transmis aux autorités françaises, mardi, "son point de vue favorable" à la construction du réacteur EPR sur le site de Flamanville.

 


Six associations vont saisir la justice pour demander la suspension du chantier de l'EPR

PARIS (10 octobre 2006) - Six associations, dont Greenpeace, la Confédération paysanne ou le réseau "Sortir du nucléaire", ont l'intention de déposer mardi un référé devant le tribunal administratif de Caen pour demander la suspension du chantier du réacteur nucléaire EPR, a-t-on appris lundi auprès de l'organisation Greenpeace.
Elles souhaitent ainsi obtenir la suspension du permis de construire délivré le 4 août pour le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche). Outre Greenpeace, la Confédération paysanne et "Sortir du nucléaire", le référé va être déposé par le GRAPE (Groupement régional des associations de protection de l'environnement), l'UFC-Que choisir-Manche et le CRILAN (Comité de réflexion, d'information et de lutte antinucléaire).
Pour les organisations, "le permis attaqué a été délivré en violation de règles élémentaires du code de l'urbanisme et en l'absence d'une enquête publique dédiée obligatoire selon ce même code et celui de l'environnement", souligne le communiqué de Greenpeace.
"Le préfet de la Manche a délivré dans la précipitation, et en violation des règles d'urbanisation du littoral, mais aussi de la consultation du public, un permis de construire qui est entaché d'illégalité", explique Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire à Greenpeace France. "Aujourd'hui, nous demandons à la justice de faire respecter la loi qui s'applique autant au simple cabanon de plage que pour un chantier comme celui-ci".
Les six associations se disent déterminées à obtenir l'arrêt des travaux de l'EPR. Le PDG d'EDF Pierre Gadonneix est attendu mardi sur le chantier pour une visite.

 


Requête en justice des antinucléaires contre le réacteur EPR

21/8/2006 - Le réseau Sortir du nucléaire annonce le dépôt d'un recours en annulation contre des travaux préparatoires à la construction du réacteur EPR [dit] de troisième génération à Flamanville, dans la Manche. L'organisation antinucléaire, qui regroupe 759 associations, déposera mardi une requête devant le tribunal administratif de Caen contre un permis de construire délivré au début du mois à EDF pour "des travaux préparatoires et ouvrages enterrés", a précisé son porte-parole Stéphane Lhomme. Ce réacteur EPR doit être construit à partir de 2007 sur le site de Flamanville, qui compte déjà deux réacteurs. Sa mise en service est prévue en 2012. Une annulation du permis de construire retarderait de plusieurs mois les travaux de l'EPR, développé par un consortium franco-allemand (Siemens, Framatome) et Areva, a estimé Me Benoist Busson, avocat de Sortir du nucléaire. "Nous ne faisons aucun commentaire sur les actions en justice", a-t-on déclaré à la direction d'EDF. Stéphane Lhomme a accusé EDF de vouloir anticiper la construction du réacteur, alors que le résultat de l'enquête administrative, qui s'est terminée fin juillet, n'est toujours pas connu. Son organisation accuse dans un communiqué l'EPR d'être en violation du code de l'urbanisme, qui impose que les constructions soient édifiées en continuité des villages et des agglomérations existantes. Le projet ne respecte pas non plus la loi relative à la protection du littoral, selon Sortir du nucléaire, qui dénonce "un empressement" motivé notamment par les échéances électorales de 2007 en France. L'organisation réaffirme sa "détermination à empêcher par tous moyens le coup de force du gouvernement et d'EDF pour imposer l'EPR à Flamanville".

 


Ouest-France, 12/7/2006: 

La Confédération paysanne veut contrer l'EPR

La délégation de la Confédération paysanne a apporté sa contribution à l'enquête d'utilité publique du réacteur EPR. Le syndicat agricole refuse l'implantation du réacteur EPR. Ses représentants sont venus l'écrire hier à Flamanville.
Une délégation de la Confédération paysanne, emmenée par François Dufour, président départemental, a déposé hier après midi à la mairie de Flamanville sa contribution à l'enquête publique sur l'EPR. Un document de quatre pages, qui résume l'opposition de la Confédération à la construction du réacteur de troisième génération à Flamanville. Les représentants des agriculteurs estiment en effet que ce projet dans le Nord-Cotentin est à la fois « un non-sens économique et un non-sens social. »
François Dufour constate que des questions fondamentales posées pendant le débat public, qui s'est déroulé au début de l'année, sont toujours sans réponses. « La construction d'une nouvelle tranche sera néfaste à l'agriculture de la Manche, avec ses 10 000 exploitations. Le choix d'implanter un EPR dans le Nord-Cotentin est très mauvais. La région Basse-Normandie est déjà très excédentaire en production électrique. Un EPR nécessitera un couloir de transport, ce qui augmentera sensiblement le coût du kWh. »
La Confédération paysanne est également inquiète pour l'intégrité de l'agriculture. « La Basse Normandie a une vocation agricole et agroalimentaire largement développée. Nous avons douze AOC (appellation d'origine contrôlée) sur des produits bas normands. Des milliers d'emplois, en amont et en aval de ces activités, font la colonne vertébrale de nos territoires ruraux. Au moindre incident, c'est toute l'activité agricole et agroalimentaire qui serait immédiatement handicapée. » D'ailleurs, demande François Dufour, « qui couvrira ces risques ? Aucune compagnie n'accepte d'assurer les activités nucléaires. »
La Confédération estime aussi la prolifération nucléaire a plutôt tendance à faire fuir les investisseurs, et a donc des conséquences négatives pour l'emploi. Se référant à l'étude des « 7 Vents du Cotentin », elle remarque que les énergies renouvelables permettraient, pour le même prix (trois milliards d'euros), de répondre à cet objectif de plein emploi dans le secteur.
Au-delà de ces remarques, et d'autres, portées sur le cahier de l'enquête publique, la Confédération paysanne annonce une nouvelle manifestation. Celle-ci aura lieu le 29 juillet à 15 h à la préfecture de la Manche à Saint-Lô. Une pétition contre l'EPR sera remise au préfet.

 

Mobilisation nationale des antinucléaires contre l'EPR

PARIS (15/6/2006) - Des militants antinucléaires se sont mobilisés jeudi dans une vingtaine de villes de France, dont Paris, afin d'interpeller élus et préfets sur la "vulnérabilité" du réacteur EPR de troisième génération.
A l'appel du réseau Sortir du nucléaire, une vingtaine de délégations ont remis aux préfets, députés et maires la copie d'un document "confidentiel défense" qui admet, selon le mouvement, que le réacteur à eau pressurisée "ne résisterait pas à un crash suicide" et à "la chute d'un avion de ligne". L'objectif est d'obtenir la "déclassification" du document, a expliqué Nicolas Depret, membre du réseau à Paris.
L'opération est intervenue le jour du lancement d'une enquête publique sur la construction du réacteur développé par un consortium franco-allemand et Areva. L'enquête, une obligation administrative, se déroulera jusqu'au 31 juillet. L'EPR sera construit à partir de 2007 sur le site de Flamanville (Manche), qui compte déjà deux réacteurs. Sa mise en service est prévue en 2012.
Les antinucléaires réclament l'annulation de sa construction et dénoncent la période de l'enquête "à cheval sur la Coupe du monde de football et les vacances d'été". "Une nouvelle preuve du mépris de la démocratie par les autorités", déplore Nicolas Depret qui a remis le document "confidentiel défense" à la préfecture de Paris.
En mai dernier, Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau, avait été placé en garde à vue par la DST pendant plus de 14 heures pour détention du document. Son domicile a été perquisitionné, ses ordinateurs et téléphone portable ont été saisis. Depuis, des extraits ont été mis en ligne sur plusieurs sites de mouvements antinucléaires et écologiques.
 


EPR à Flamanville: lancement jeudi de l'enquête publique

14/6/2006 -  L'enquête publique sur le projet de réacteur nucléaire de troisième génération EPR à Flamanville (Manche) débute jeudi, alors que les associations écologistes et anti-nucléaires dénoncent une "caricature de procédure".
L'enquête, qui prendra fin le 31 juillet, se déroulera dans 19 communes situées dans un périmètre de 10 kilomètres autour de l'actuelle centrale nucléaire de Flamanville.
Cette enquête publique n'est qu'
une "caricature de procédure administrative", a estimé mercredi l'association écologiste Agir pour l'environnement.
Le Réseau Sortir du Nucléaire relève de son côté que celle-ci se déroulera "à cheval sur la Coupe du Monde de foot et les vacances d'été", tandis que Greenpeace "considère comme scandaleux d'organiser une enquête publique sur un projet aussi lourd de conséquences pour l'environnement et la population dans un délai aussi court et en pleine période estivale".
Cette enquête publique "devrait déplacer du monde", a simplement indiqué mercredi Bernard Gaache, président de la commission d'enquête publique, au cours d'une conférence de presse à la mairie de Flamanville.
"Le dossier a été remarquablement préparé, il est très complet, très facile d'accès avec des notes de synthèse pour faciliter la lecture", a-t-il affirmé. Il a précisé que les deux études d'impact réalisées par EDF sur les risques liés à l'EPR et ses conséquences environnementales avaient été intégrées au dossier.
Le conseil d'administration d'EDF a entériné début mai la décision de lancer à Flamanville la construction du premier exemplaire de son projet de réacteur européen à eau sous pression (EPR), pour un coût estimé à 3,3 milliards d'euros. L'EPR, considéré comme un réacteur de transition destiné à prendre le relais d'une bonne partie des 58 réacteurs en service en France, est un projet franco-allemand développé depuis 1992 par Siemens et Framatome-ANP (groupe Areva).


 

L'Est Républicain, 28 mai 2006:

Grand-Est - Nucléaire

DIJON - Le groupe Vallourec, qui compte plusieurs filiales en Côte d'Or, a annoncé avoir reçu une commande d'Areva pour les tubes générateurs de vapeur de l'unité de production d'électricité de type EPR sur le site de Flammanville, en Normandie. Les filiales de Vallourec installées à Montbard (tubes générateurs de vapeur et tuyauteries nucléaires), et à Vénarey-les-Laumes (tubes de circuit de refroidissement) devraient y trouver leur compte.

[Note du Réseau "Sortir du nucléaire" : les générateurs de vapeur de l'EPR commandés avant même l'enquête publique ! Celle-ci aura lieu du 15 juin au 31 juillet, à cheval sur la coupe du monde et les vacances d'été. Une fois de plus, bravo la "démocratie" nucléaire ! Des actions vous seront proposées sous peu pour agir près de chez vous lors de l'ouverture de l'enquête publique...]

 

 

Ouest-France du mercredi 24 mai 2006:

Réacteur EPR: l'enquête publique sera estivale

Du 15 juin au 31 juillet, le dossier de construction du réacteur nucléaire sera soumis aux citoyens dans 19 communes autour de Flamanville.

Le projet de construire un troisième réacteur nucléaire sur le site de la centrale de Flamanville (Manche) va être soumis à une enquête publique dès le mois prochain. Les citoyens pourront donc utiliser une partie de leurs vacances pour prendre le temps de consulter l'épais dossier.

Un calendrier qui ne satisfait pas les écologistes. Les Verts parlent même « d'un nouveau hold-up sur le débat démocratique ». Le dossier pouvait-il attendre l'automne ? Non, répond le préfet de la Manche qui évoque « la volonté de démarrer le chantier début 2007 ». Tentative de précipitation pour anticiper les échéances électorales du printemps 2007 ? Vous n'y pensez pas. « Nous sommes dans le déroulement normal de la procédure », assure le représentant de l'État.

Donc, à partir du 15 juin, tous les citoyens qui souhaitent émettre un avis sur ce projet pourront consulter les dossiers dans les dix-neuf communes situées dans le périmètre de dix kilomètres autour de la centrale de Flamanville. Ils seront également disponibles à la préfecture de Saint-Lô et à la sous-préfecture de Cherbourg. Une commission d'enquête, présidée par l'ingénieur-conseil Bernard Gaasch, assisté de Charles Guillery (ingénieur général du génie rural) et Henry-Claude Guenoun (médecin), veillera au bon déroulement de la procédure et enregistrera les doléances de chacun.

« La commission rendra son avis à l'automne », explique Jean-Pierre Le Bihan, directeur des Libertés publiques et de l'Environnement à la préfecture de Saint-Lô. Les habitants des îles anglo-normandes seront également consultés. Pour prévenir d'éventuelles actions des opposants, les registres déposés dans les mairies « feront l'objet d'un dispositif de protection adapté », précise le préfet. Préfet qui devrait transmettre sa décision vers le mois d'octobre. Elle transitera ensuite par le ministère de la Santé avant de terminer sur le bureau du Premier ministre. Lui seul décidera de prendre, ou non, le décret autorisant le démarrage de la construction.

Parallèlement et en même temps, une autre enquête, menée par l'inspecteur général de l'Équipement Pierre Troude, va s'intéresser aux conditions de déroulement du chantier. Celui-ci devra répondre aux directives de la loi sur l'eau. Par ailleurs, la Drire (Direction régionale de l'industrie de la recherche et de l'environnement) va se pencher sur les autorisations de rejets radioactifs du réacteur EPR. Un dossier sur lequel les écologistes vont être particulièrement vigilants. Notamment les rejets de tritium qui posent déjà problème à Flamanville.

Jean-Pierre BUISSON


 

EPR à Flamanville: l'enquête publique débutera le 15 juin

(23/5/2006) - L'enquête publique en vue de la mise en oeuvre du projet de réacteur nucléaire de troisième génération EPR à Flamanville se déroulera du 15 juin au 31 juillet, a annoncé mardi le préfet de la Manche Nicolas Desforges.
Cette enquête publique se déroulera dans 19 communes situées dans un périmètre de 10 kilomètres autour de la centrale nucléaire de Flamanville.
Dans un communiqué, les Verts de Basse-Normandie ont déploré le choix de ces dates, "qui interviendront pour une large part au cours des vacances d'été" et qualifié cette décision de "nouvel hold-up sur le débat démocratique".
Le 15 mai, le Premier ministre Dominique de Villepin avait indiqué avoir demandé au préfet de la Manche de lancer l'enquête publique avant l'été.
Le conseil d'administration du groupe français d'électricité EDF avait entériné début mai la décision de lancer la réalisation du projet de réacteur européen à eau sous pression (EPR) à Flamanville, pour un coût estimé à 3,3 milliards d'euros.
L'EPR, considéré comme un réacteur de transition destiné à prendre le relais d'une bonne partie des 58 réacteurs en service en France, est un projet franco-allemand développé depuis 1992 par Siemens et Framatome-ANP (groupe Areva).

 


Communiqué de presse des Verts de Basse Normandie

Enquête publique sur l'EPR: le mépris du débat public continue

Les Verts de Basse-Normandie ont appris depuis le lundi 22 mai les dates d'ouverture de l'enquête publique relative à l'EPR. Celle-ci se déroulera donc du 15 juin au 31 juillet, soit pour une large part au cours des vacances d'été.

 Rien n'interdit formellement le choix de ces dates et, de ce point de vue, la légalité est respectée. Mais l'esprit des textes encadrant la consultation du public, notamment la Convention d'Aarhus et, en droit français, le Code de l'environnement, est nettement bafoué. Une telle décision est par ailleurs assez éloignée des déclarations d'intention affichées par le gouvernement lors du vote, voici quelques mois, de la Charte de l'environnement, qui consacre l'information et la consultation des citoyens sur de tels sujets.

 Les Verts ne sont pas étonnés de ce nouvel hold-up sur le débat démocratique. La manière dont est conduit, depuis l'origine, le débat sur l'EPR montre bien à quel point, décidément, l'industrie nucléaire - et les gouvernements qui s'y soumettent - ne veut pas s'embarrasser de l'avis des citoyens. La récente et stupéfiante garde à vue de Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire, accusé de posséder un document devenu secret de polichinelle depuis plusieurs mois, en a été une nouvelle - et navrante - illustration.

 Au cours de l'enquête publique, Les Verts feront, quoiqu'il arrive, entendre leur point de vue sur l'EPR - point de vue qui est aussi celui d'une très large majorité des citoyens de ce pays. Les Verts rediront notamment que la construction de l'EPR n'est une réponse ni à la crise énergétique ni aux défis posés par le changement climatique.

 Et qu'enfin, si l'on veut développer l'emploi en Cotentin comme dans toute la région, ce n'est pas de l'EPR, déjà obsolète, dont nous avons besoin, mais d'innovation et d'audace dans la maîtrise de l'énergie et la promotion des énergies renouvelables.

 Mickaël Marie
 Les Verts Basse-Normandie
 secrétaire régional
 Tel + 33 (0)6 81 84 93 12
 mikl-marie@wanadoo.fr
 www.lesvertsbn.or

 



Villepin: l'enquête publique sur l'implantation du réacteur EPR à Flamanville lancée "avant l'été"

15/5/06 - Le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé lundi que l'enquête publique sur la construction par EDF du réacteur nucléaire de troisième génération EPR sur le site de Flamanville (Manche) sera lancée "avant l'été".
"Le grand débat public national sur le projet de réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville vient de s'achever. J'ai décidé de poursuivre la procédure et je demande au préfet de la Manche de lancer l'enquête publique avant l'été", a-t-il annoncé au terme d'une réunion sur l'énergie à Matignon.
Il a précisé qu'il irait visiter le chantier du premier prototype de ce réacteur en Finlande, sans fournir de date précise.
EDF avait annoncé le 21 octobre 2004 le choix de Flamanville pour implanter le réacteur EPR (réacteur européen à eau pressurisée), en vue d'une mise en service en 2012.
 Ce projet franco-allemand est développé depuis 1991 par Siemens et Areva pour remplacer les réacteurs vieillissants qui équipent les centrales nucléaires françaises. L'investissement se monte à 3 milliards d'euros.

Note du Réseau "Sortir du nucléaire" : on se dirige donc vers une enquête publique en plein été, dans la grande tradition totalitaire du lobby nucléaire. Des actions vont être proposées pour tenter d'empêcher ce diktat aussi puant que radioactif.
 


Des associations écologistes dénoncent le lancement de l'EPR à Flamanville

5/5/2006 - Plusieurs associations écologistes ont dénoncé la décision jeudi du conseil d'administration du groupe français d'électricité EDF de lancer la réalisation du projet de réacteur nucléaire [dit] de troisième génération EPR à Flamanville (Manche).

"C'est un projet inutile, coûteux et dangereux qui ne règle en rien la question de la dépendance énergétique de la France, de la crise du pétrole et de celle de l'effet de serre", a affirmé dans un communiqué Didier Anger, coordinateur du Collectif régional grand Ouest "L'EPR: non merci!".

"Ce réacteur n'est pas encore construit", a-t-il prévenu. "Nous utiliserons tous les moyens juridiques à notre disposition. La lutte continue".

Le réseau "Sortir du nucléaire", fédération de 720 associations écologistes, a affirmé de son côté dans un communiqué détenir un document "confidentiel défense", issu d'EDF, "qui reconnait que le réacteur nucléaire EPR sera tout aussi vulnérable que les réacteurs actuels en cas de crash suicide" d'un avion sur la centrale. "Sortir du Nucléaire" évoque également des risques d'explosions accrus du fait d'un nouveau système de récupération du coeur en cas de fusion, le "core catcher" (cendrier).

Le mouvement annonce "une mobilisation massive de déboulonneurs de pylones" pour perturber la construction de la ligne à très haute tension (THT) qui doit permettre l'acheminement de l'électricité produite par la nouvelle centrale.

"Avec les 3 milliards d'euros prévus pour le prototype de réacteur EPR, plus de 10.000 emplois dans le domaine de la maîtrise de l'énergie et de l'énergie renouvelable auraient pu être créés", estime le réseau.

 

 

4/5/2006:
EDF lance la réalisation du réacteur EPR à Flamanville

 

 

EDF a décidé d'implanter l'EPR à Flamanville:

- Fallait-il faire l'EPR ? (Presse)

- Le choix clientéliste d'un lobby irresponsable ! (Greenpeace)

- "Les déchets radioactifs n'ont pas de solution, le nucléaire n'est donc pas une solution, l'EPR est injustifiable !" (Bure Stop)

- "Nucléaire: La double manipulation" et "EPR: il est urgent d'attendre"

- Le dossier noir de l'EPR (Réseau Sortir du nucléaire)

- Le nouvel «âge d'or» du charbon