Le Monde, 29/2/2008: 

L'écologie n'empêchera pas le succès du charbon

LE PRIX du charbon ayant doublé en un an, à 135 dollars la tonne, les groupes miniers nagent dans la prospérité. Comme les deux principales locomotives de la croissance mondiale, l'Inde et la Chine, en sont de grandes consommatrices, cela ne devrait pas s'arrêter de sitôt.

Les défenseurs de l'environnement préfèrent d'autres sources d'énergie. Or, les objectifs de production pour 2030 de l'Institut mondial du charbon (World Coal Institute, WCI) semblent bien prudents. En 2005, celui-ci faisait état d'une production mondiale de 4,97 milliards de tonnes, en hausse de 78 % sur 25 ans. Les prévisions de 7 milliards de tonnes pour 2030 - une progression de 44 % par rapport à 2005 - paraissent certes raisonnables en raison de la prise en compte de la contrainte environnementale. Mais l'année 2006 a déjà vu une augmentation de 8,8 % de l'extraction, et 2007 fut déjà une bonne année pour les mines. A ce rythme, l'objectif de 2030 sera atteint en 2010 !

Avec 80 % des besoins en électricité de la Chine et 65 % de ceux de l'Inde provenant de centrales thermiques, les sources d'énergie alternatives au charbon ne peuvent satisfaire une demande en croissance rapide. Les centrales nucléaires présentent d'autres risques, et il faut beaucoup de temps pour les construire, tandis que l'énergie solaire n'est pas à la hauteur des enjeux. La plus grande centrale solaire du monde, construite à Victoria en Australie, coûtera 270 millions de dollars (180 millions d'euros), et fournira, quand elle sera pleinement opérationnelle, 0,1 % des besoins australiens.

TECHNOLOGIES PLUS PROPRES
L'arithmétique semble imparable. L'Inde comme la Chine devraient multiplier par quatre leur consommation d'électricité d'ici à 2030, et la majeure partie de cette croissance viendra de centrales au charbon. Avec des technologies modernes plus propres, l'impact sur l'environnement sera réduit, mais aucune taxe raisonnable sur les émissions de carbone ne ralentira significativement l'augmentation rapide de l'utilisation du charbon. D'autant que les ressources pétrolières dépendent beaucoup de tyrans, tandis que le charbon est abondant dans les pays qui respectent la propriété privée. De fait, les actions des mines de charbon présentent, sur le long terme, des perspectives plus intéressantes que celles des compagnies pétrolières.

Lire: "On ne sortira pas du nucléaire sans les centrales à charbon, fioul, gaz"

 


Le Monde, 15/8/2006: 

Jean-François Hénin veut ouvrir une mine de charbon dans la Nièvre

Energie - Un investissement d'un milliard d'euros

A une quinzaine de kilomètres de l'ancienne mine de La Machine, exploitée jusqu'en 1974, dormait, dans le sud-est du département de la Nièvre, le plus important gisement de charbon français. La hausse du prix du pétrole a réveillé les ambitions d'un groupe de financiers regroupés au sein de la Société d'exploitation des ressources énergétiques du Nivernais (Seren).
Dirigée par François Jaclot, ancien directeur général du groupe Suez, cette société a déposé un dossier, fin juillet, au ministère de l'industrie pour obtenir la concession du site pour une durée de cinquante ans.
L'ouverture d'une mine et la construction d'une centrale thermique produisant de l'électricité sont prévues dans ce projet qui nécessitera plus d'un milliard d'euros d'investissements, apportés par la holding personnelle Pacifico de l'homme d'affaires Jean-François Hénin.
Fin 2007, la première phase devrait être bouclée, si les diverses procédures nécessaires à la réouverture suivent un cours normal (mise en concurrence, enquête publique, décret d'autorisation du Conseil d'état puis autorisation préfectorale d'exploitation).
Entre-temps, la Seren aura procédé à des sondages afin d'évaluer les capacités industrielles du site. Mille personnes pourraient être employées au cours des cinq ans de construction des installations et de découverture de la mine. Puis plus de 400 personnes travailleraient, pour la mise en exploitation, en 2012, de la mine et de la centrale ; 400 emplois induits devraient s'y ajouter.
Le gisement avait été découvert en 1981 et exploré par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans le cadre de l'inventaire des ressources nationales de charbon. En 1985, une participation du conseil général de la Nièvre et des crédits de la Caisse nationale de l'énergie a permis de compléter cette exploration.
Situé à une trentaine de kilomètres au sud-est de Nevers, le gisement a été décelé sous 160 mètres à 300 mètres de terrains. Sur une superficie de six kilomètres carrés de terrains agricoles, il recèle 250 millions de tonnes de charbon. Le rapport du BRGM ajoutait que " le charbon lavé contenu dans ce secteur - était - un excellent combustible auquel devrait pouvoir s'ouvrir un vaste marché ".

TECHNOLOGIES NOUVELLES
Grâce aux technologies les plus récentes, la centrale thermique devrait pouvoir produire jusqu'à 1 000 mégawatts d'électricité par an en utilisant 2 millions de tonnes de charbon. L'énergie ainsi produite sera transportée vers les différents clients par le Réseau de transport d'électricité (RTE). Par ailleurs, la combustion devrait générer des quantités de gaz à effet de serre inférieures de 15 % à 20 % aux centrales actuelles. Quant aux unités de dénitrification et de désulfuration prévues, elles feront passer les émissions concernées sous la barre - exigée par Bruxelles - des 200 milligrammes par mètre cube.
Longtemps défendue par un collectif créé à l'initiative d'élus communistes, l'exploitation de ce gisement serait " l'investissement industriel le plus important proposé pour cette décennie en Bourgogne ", souligne Christian Paul, député PS et vice-président du conseil régional de Bourgogne. Elle serait aussi une excellente nouvelle pour l'économie d'un département où l'activité industrielle n'a pas cessé de s'étioler ces dernières années.

 

 


Le Figaro, 21/10/2004:

Le nouvel «âge d'or» du charbon

Même avant l'explosion des prix du pétrole, la place du charbon était prépondérante dans le monde. Les hausses continues du brent ont néanmoins relancé la réflexion sur ce combustible primaire qui représente encore plus de 26% de la consommation énergétique mondiale, soit 3,83 milliards de tonnes par an. Au début du XXe siècle, le charbon représentait 80% du total. Et il se place toujours aujourd'hui loin devant le gaz (22%) et le nucléaire qui n'atteint que 7% de l'énergie consommée. Rien d'étonnant à cela.

Le charbon reste l'une des sources énergétiques les moins chères, malgré un bond de 140% des tarifs ces douze derniers mois. Par ailleurs, on a identifié des réserves prouvées exploitables équivalentes à plus de deux cent cinquante ans, voire quatre cents ans pour certains spécialistes. Elles atteignent soixante-cinq ans pour le gaz et quarante-cinq ans seulement pour le pétrole. En outre, les mines sont très bien réparties dans le monde et plutôt dans des régions relativement calmes politiquement, assurant une certaine sécurité d'approvisionnement.

Enfin, la simplicité de l'utilisation de ce combustible représente un atout significatif et, dans le cas de centrales thermiques, le charbon éclipse le gaz dans la majorité des cas. D'ailleurs, les États-Unis ont décidé pour faire face à la pénurie d'électricité, de construire plus de 100 centrales au charbon propre. Un défi majeur puisque l'un des principaux freins à une utilisation plus massive du charbon, est son impact sur l'environnement.

Une tonne équivalent pétrole de charbon-vapeur produit 4,12 tonnes de CO2, soit 30% de plus que le pétrole et 75% de plus que le gaz naturel. Le charbon est responsable de 22% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Mais des procédés existent, notamment en Allemagne et aux Etats-Unis pour «laver» les fumées, limitant ainsi les émissions d'azote et de soufre. Le charbon a donc de beaux jours devant lui, sachant que des technologies ­ aujourd'hui très coûteuses ­ de liquéfaction (pour remplacer les carburants liquides dans les transports ou dans les chaudières) ou de gazéification (pour remplacer le gaz naturel) lui procureraient de nombreux nouveaux débouchés.

F. G.

A lire:

- La Chine, les centrales électriques à charbon, Alstom et la France

- Le thermique classique: situation alarmante du parc EDF !

- La France n'est pas "tout nucléaire"

- La diabolisation du charbon et la sortie du nucléaire

- Quelques données récentes sur la production électrique au Danemark et en Allemagne

Dossier sortir du nucléaire:
* Sortir de l'impasse nucléaire

* Postface du texte : "Sortir de l'impasse nucléaire"

* Mise au point, juin 1999

Supplément à La lettre d'information n°76 du Comité Stop Nogent - sur - Seine:
Il faut sortir de l'impasse nucléaire avant la catastrophe. C'est possible ! fichier PDF (Acrobat Reader),

- Charte pour l'arrêt immédiat du nucléaire