"Accord sous conditions" pour Iter après le débat public

03/07/2006 - Le [pseudo] débat public sur Iter, dont le bilan a été rendu public à Marseille, a conclu à un "accord sous conditions" pour l'installation du futur réacteur expérimental de fusion thermonucléaire à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.
"On a eu un accord majoritaire pour accueillir Iter en Provence", a dit le président de la commission nationale du débat public, Yves Mansillon.
"Beaucoup d'intervenants ont cependant mis l'accent sur les conditions à respecter, comme la maîtrise des impacts et des risques ou l'intégration du projet dans la société de cette région", a-t-il ajouté.
L'inadéquation du projet aux besoins énergétiques actuels, l'absence d'avancées notables dans les recherches sur la fusion nucléaire
[lire: Iter, techniquement c'est que du bluff !] et, surtout, le coût jugé démesuré ont été les principaux arguments avancés pour contester la justification d'Iter.
Le projet Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor), dont le coût est estimé à environ 13 milliards d'euros, a été officiellement lancé le 24 mai à Bruxelles par sept puissances industrielles : l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud, la Russie, la Chine et l'Inde.
Iter, qui doit entrer en fonction en 2016, doit reproduire la réaction physique - la fusion - que produisent le soleil et les étoiles, une énergie sans fin.
DES EMPLOIS POUR LA REGION
"Naturellement, il y a des inquiétudes sur les risques nucléaires et chimiques, sur les impacts sur l'environnement", a concédé Yves Mansillon, qui a regretté que ce débat public, du 16 janvier au 6 mai, se soit finalement tenu "un peu tard" en raison notamment des négociations internationales sur le choix du site.
"Ce délai anormal a pollué le début du débat qui doit porter sur l'opportunité d'un projet avant de porter, comme ce fut le cas pour Iter, sur ses caractéristiques et sur ses impacts", a-t-il dit.
Les responsables du projet ont maintenant trois mois pour prendre les décisions sur le "principe et les modalités de la poursuite du projet".
"Il est important que ces décisions soient motivées par tout ce qui aura été dit dans le débat public", a précisé Yves Mansillon.
Un an après le choix de Cadarache, des appels d'offres internationaux ont été lancés en vue des premiers travaux d'aménagement - routes, école internationale.
Dans sa phase de construction, Iter devrait générer 500 emplois directs et 3.000 emplois indirects, dont 1.400 en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA). En phase d'exploitation, c'est 1.000 emplois directs et 3.000 indirects, dont 2.400 en PACA, qui seront générés.

 

Lire:

- "Sortir du nucléaire" attaque le débat public en référé

- ITER: Lettre ouverte aux fossoyeurs du Débat Public par François Sueur, de la Ligue des Droits de l'Homme)


 

20 Minutes, 03/07/2006 : 

ITER - Stéphane Lhomme : "Les Etats-Unis pourraient ne pas ratifier l'accord"

3 questions à... Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire

Quel bilan tirez-vous de ce débat public ?

Il n'y a pas eu de débat ! La seule chose que l'on a vraiment apprise, c'est le jour où le représentant de l'Union européenne a dit, à l'occasion d'une des dernières réunions publiques, que l'accord n'avait toujours pas été ratifié par les différents partenaires. L'opinion publique a été abusée. On ne nous a rien dit quand dès le début, nous avons manifesté contre ces réunions [les militants du réseau ont empêché la tenue de la première réunion publique, ndlr], alors que l'on aurait justement pu faire ce débat public sur la question : faut-il ou non construire le réacteur ?

Retenez-vous tout de même quelque chose de ces consultations ?

Le reste, on le savait déjà. Comme disent les physiciens : la fusion nucléaire est une énergie d'avenir et le restera toujours ! L'important, c'est cette question de la ratification par les Etats partenaires, car elle est loin d'être acquise. Nous avons de fortes raisons de penser que les Etats-Unis ne vont pas ratifier l'accord car ils ont des projets similaires qu'ils souhaitent développer chez eux. Or, si des pays ne ratifient pas l'accord, c'est le pays d'accueil, à savoir la France, qui paye la différence

La concertation publique autour du projet continue. Allez-vous y assister ou appelez-vous au boycott ?

Non, nous allons au contraire aller voir les gens pour les informer. Ces consultations sont une occasion de faire voir à l'opinion publique quelles seront les conséquences du projet Iter en terme de nuisances. On nous annonce des retombées merveilleuses au niveau économique pour la région, mais ce ne sont pas les gens ordinaires qui vont en profiter. En revanche, ils subiront les nuisances !