Les opposants à Iter font annuler le premier débat public à Aix-en-Provence

MARSEILLE (27 janvier 2006) - La première réunion du débat public sur l'installation du réacteur expérimental de fusion thermonucléaire Iter à Cadarache (Bouches-du-Rhône) a dû être annulée jeudi soir à Aix-en-Provence, à la suite de l'intervention des opposants au projet, a-t-on appris auprès des deux parties.
Des opposants membres du collectif "Sortir du nucléaire", une centaine selon eux, environ 70 selon les responsables d'Iter, ont investi la tribune où avaient pris place les dirigeants d'Iter, empêchant toute tenue du débat.

"Pour nous, un débat public doit se tenir avant une décision. Or, la décision d'implanter Iter a déjà été prise en juin. Nous demandons donc l'annulation de cette décision, pour qu'un vrai débat puisse avoir lieu", a indiqué Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau "Sortir du nucléaire", qui rassemble une quarantaine d'associations et d'organisations, dont les Verts.

Dans un communiqué, l'ambassadeur d'Iter et haut représentant de la France, François d'Aubert, a regretté "que certains aient délibérément décidé d'empêcher les citoyens de débattre de ce grand projet international de recherche".

"Je ne doute pas qu'à l'avenir les personnes qui souhaiteraient débattre ne seront plus privées de la parole et seront respectées", a-t-il ajouté.

En sus des membres du collectif anti-Iter, une centaine de personnes, selon le service communication d'Iter, avaient pris place dans cet amphithéâtre de l'Université Paul Cézanne d'Aix pour cette première réunion.

Aux côtés de M. d'Aubert, étaient également présent en tribune Kaname Ikeda, directeur général d'Iter et Didier Gambier, de la Commission européenne.

Une quinzaine de réunions publiques dans plusieurs villes de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) sont prévues, la prochaine devant se tenir le 2 février à Manosque.

Le 20 janvier, le président de la Commission nationale du débat public (CNDP) avait fait valoir la particularité du débat sur Iter qui "ne porte ni sur l'opportunité du projet", déjà décidé et entériné, ni sur "son implantation à Cadarache".

Le réacteur de fusion thermonucléaire expérimental international, dont les partenaires sont l'Union européenne, les Etats-Unis, la Russie, le Japon, la Corée du sud et la Chine, représente un investissement de 10 milliards d'euros sur 40 ans.

Il faudra 10 ans pour construire Iter, 20 ans seront consacrés à son exploitation et environ 10 ans pour son démantèlement.

Ce gigantesque projet est destiné à valider la possibilité de produire de l'énergie en grande quantité à partir de la fusion nucléaire.