ddmagazine.com, 18/2/2009:
Depuis le 16 décembre 2008, les laboratoires d'EDF mesurant les rejets dans l'environnement autour des centrales nucléaires se sont vus refuser plusieurs agréments par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), dont ceux pour la mesure du tritium et de l'activité bêta globale dans l'air et dans l'eau (eau de pluie, de mer, ). Dans un communiqué du 12 février, les laboratoires Eichrom annoncent qu'ils réalisent depuis fin janvier la très grande partie de ces analyses radiochimiques sur les échantillons environnementaux des centrales nucléaires d'EDF. Une affectation provisoire jusqu'à l'obtention éventuelle des agréments lors de la prochaine réunion qui doit se tenir fin mai. Selon Eichrom, "EDF a décidé de s'appuyer sur une tierce partie, privée et indépendante de l'industrie nucléaire, s'affranchissant ainsi des éventuelles critiques de « Juge et Partie » parfois prononcées à l'égard des laboratoires institutionnels." Les laboratoires rappellent qu'ils sont intervenus sur de nombreuses problématiques complexes comme la contamination au Polonium 210 dans l'affaire de l'ex agent Russe M. Litvinenko ou encore les rejets d'uranium dans l'environnement proche du site SOCATRI. Eichrom estime qu'il était déjà reconnu comme l'un des principaux laboratoires français de mesure de radioactivité dans l'environnement par les différentes prenantes de l'industrie nucléaire : CEA, CRIIRAD, Commissions Locales d'Information, Ministère de la Santé, Autorité de sûreté...
Eichrom en bref
Entreprise bretonne, basée à proximité de
Rennes. Eichrom est dirigée par Patrice Letessier. Les
effectifs de la société ont augmenté de façon
significative et de nouveaux recrutements sont à l'étude
pour cette année 2009. L'activité des Laboratoires
Eichrom est en effet en pleine croissance, avec notamment l'augmentation
des besoins de mesures de surveillance dans le cadre des projets
de démantèlement des centrales nucléaires,
la surveillance des anciens sites miniers, ou l'analyse des eaux
de consommation.
La Dépêche du Midi, 18/2/2009:
Centrale de Golfech. Les élus souhaitent faire des contrôles via les piézomètres situés sur le site du CNPE.
Pas de répit pour la Cli. La commission locale d'information auprès de la centrale nucléaire de Golfech poursuit son inlassable travail d'enquêtes et de communications. En témoigne la réunion de la commission «protection des populations» organisée vendredi dernier à la mairie de Bardigues.
Une trentaine de personnes parmi lesquelles des élus du Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne et du Gers, des représentants de l'Etat, de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) et, bien sûr, d'Edf avait répondu à l'invitation du vice-président de la Cli, Gilbert Abarnou. Parmi les cinq sujets à l'ordre du jour, deux d'entre eux, la question des nappes phréatiques autour des centrales nucléaires et le renouvellement des comprimés d'iode, ont plus particulièrement mis en exergue les revendications des élus.
Sur la question des nappes phréatiques, Gilbert Abarnou a fait une demande officielle à Edf et à l'ASN: «Nous souhaiterions que le laboratoire vétérinaire départemental , qui réalise des contrôles pour le compte de la Cli de Golfech, puisse avoir accès aux piézomètres (un piézomètre est un point d'accès de la nappe phréatique, puits ou forage, permettant le suivi de cette dernière, N.D.L.R.) situés sur le site de la centrale de Golfech». Une question mise à l'étude au niveau de la centrale qui ne semble pas contre cette idée.
Comprimés d'iode: les élus refusent
de lister
Autre sujet, qui a suscité un plus grand mécontentement
de la part des élus, l'organisation de la campagne de renouvellement
des comprimés d'iode en 2009. La préfecture a demandé
aux communes concernées par la zone du PPI de Golfech d'établir
une liste de leurs habitants dans le cadre de cette campagne.
«Selon nous, cela ne relève pas des missions des
collectivités locales, argue Gilbert Abarnou. Vous imaginez
le travail que cela demande, surtout pour les grandes communes
comme Valence-d'Agen.»
Par le passé, cette distribution se
faisait sur la foi des listes d'abonnés Edf, ont fait remarquer
d'autres élus. Enfin, après avoir fait un bilan
de l'exercice PPI du 19 juin 2008 et de la récente tempête,
la Cli a évoqué la mise en place du système
local d'alerte multirisques porté par la communauté
de communes des Deux-Rives et le syndicat VMP. Système
d'alerte sur lequel nous reviendrons plus en détail ultérieurement.
La Nouvelle République, 22/1/2009:
L'Autorité de Sûreé Nucléaire (ASN) refusant l'agrément des laboratoires EDF, Civaux sous-traite ses mesures à un labo indépendant pendant un mois.
Quelle mouche a piqué l'Autorité de Sûreté Nucléaire le 16 décembre dernier? « L'ASN a refusé les nouvelles demandes et suspendu les agréments d'EDF en cours. Par des décisions, les laboratoires internes d'EDF ne sont donc pas ou plus agrées pour les meures de tritium et de radioactivité bêta dans l'eau et dans l'air. ». A la lecture de cette note d'information, les opposants à l'énergie nucléaire ont crié au scandale. L'affaire est plus subtile qu'il n'y paraît. C'est vrai, les laboratoires d'EDF sous-traitent jusqu'à nouvel ordre les mesures de radioactivité dans l'environnement à des laboratoires extérieurs agréés.
EDF surestimerait ses mesures
Le CNPE de Civaux, concerné par trois refus d'agrément, fait notamment appel aux laboratoires « Eichrom Europe SAS » situés à Rennes qui effectuent donc les mesures... En prenant leurs distances avec la polémique actuelle: « Les labos Eichrom sont indépendants et régulièrement audités. De par leur statut, ils ne peuvent être considérés comme étant juge et partie », précise le directeur Patrice Letessier.
Pourquoi l'ASN a-t-elle pris cette décision? EDF-Civaux n'a pas souhaité répondre de vive voix à la « NR ». L'exploitant s'est borné à l'envoi d'une note d'information nationale rappelant la mise en place du réseau national de mesures de la radioactivité dans l'environnement (RNM) d'ici janvier 2010. Pour alimenter cette base de données, les laboratoires devront être agréés par l'ASN. EDF a demandé ses agréments dès le 1er janvier dernier sans se douter que l'autorité ad hoc refuserait en considérant que les « mesures réalisées par les laboratoires d'EDF ne sont pas suffisamment précises ».
Eric Bednarski, adjoint au chef de division de l'ASN à Bordeaux, confirme: « L'examen par la commission d'agrément a observé que certaines mesures étaient supérieures de 10 à 20 %. Elles étaient surestimées. Mais ce refus d'agrément ne justifie pas tout ce tapage! L'analyse des rejets n'est pas remise en cause, nous sommes simplement dans une phase d'amélioration. » L'ASN qui se décrit comme le «gendarme du nucléaire » l'assure, tout ceci est pour « faire progresser le contrôle du nucléaire en France ».
« EDF a eu des problèmes de méthodologie »
S'il existe un laboratoire indépendant en France dont l'expertise sur la radioactivité n'est pas mise en doute, c'est la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité). Créée en mai 1986, au lendemain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, l'association à but non lucratif s'est vite dotée d'un laboratoire spécialisée dans les analyses de radioactivité afin d'apporter aux populations une « information alternative à celle des exploitants du nucléaire et de l'Etat. »
Interrogé sur les suspensions et refus d'agrément de l'ASN aux laboratoires EDF, le président de la CRIIRAD, Roland Desbordes, estime que « c'est une affaire interne entre EDF et l'ASN » en rappelant que « l'exploitant EDF a des obligations réglementaires pour contrôler ses rejets ». Pour lui, le fond du débat est technique : « Visiblement, les laboratoires d'EDF ont eu des petits problèmes de méthodologie. C'est ce qui peut arriver à n'importe quel laboratoire y compris à la CRIIRAD. Il faut savoir que la mesure de radioéléments est très délicate et nécessite de s'inscrire dans un cadre d'intercomparaison (national voire international) pour vérifier que le matériel est toujours performant. Roland Desbordes souligne cependant qu'à la CRIIRAD, toutes ces « intercomparaisons » ont été couronnées de succès depuis 23 ans... Plus globalement sur les rejets des centrales, les ingénieurs en physique nucléaire de l'association ont constaté à plusieurs reprises que certains radioéléments n'étaient pas contrôlés par EDF (lire le billet). Mais c'est un autre débat. - www.criirad.org
Gendarme du nucléaire
Les proportions médiatiques du refus des agréments aux laboratoires EDF, l'ASN en est plutôt satisfaite. La polémique lui permet d'endosser l'uniforme de « gendarme du nucléaire indépendant de l'exploitant EDF ». Mais pas de l'Etat, son bailleur de fonds et donneur d'ordres. A l'opposé, le Réseau Sortir du nucléaire trouve ici une excellente raison de crier au loup sur les rejets d'EDF. Et puis, il y a le reste, le fond du débat, ces fameux rejets radioactifs dont personne ne connaît les conséquences sur la population. Jusqu'à présent, aucune étude épidémiologique n'a été réalisée. EDF et l'ASN assurent qu'il n'y en pas besoin grâce aux mesures. La CRIIRAD est moins catégorique. La force de ces expertises, c'est leur indépendance. D'où, sans doute, tout le tapage actuel...
« Sortir du nucléaire » : c'est un « scandale »
C'est de bonne guerre... Depuis la découverte
de la note d'information publiée par l'ASN, les 842 associations
adhérentes au Réseau « Sortir du nucléaire
» se délectent de la « défaillance généralisée
des mesures de rejets radioactifs dans l'environnement [...] qui
doit interpeller la totalité des citoyens français,
menacés de façon chronique par les rejets radioactifs
liquides et gazeux opérés dans l'environnement par
les installations nucléaires ». Une fois de plus,
le Réseau considère comme « légitime
de se méfier de l'industrie nucléaire qui est habituée
à cacher ou travestir la vérité ».
Un courrier envoyé à Jean-Louis Borloo pour stigmatiser
ce « scandale dans le nucléaire français »
s'accompagne ces derniers jours d'un important relais sur la Toile.
Un modèle de lettre à envoyer à chaque directeur
de centrale nucléaire pose quatre questions : « Alors
que le laboratoire de la centrale nucléaire dont vous assurez
la direction EDF n'est plus agréé: qui réalise
actuellement les mesures exigées par les arrêtés
qui vous autorisent à exploiter cette centrale ? Quelles
sont précisément les défaillances de votre
laboratoire et depuis quand ces défaillances existent-elles?
Qu'elle peut être l'ampleur des rejets effectués
depuis des années par votre centrale nucléaire au-delà
des limites légales qui pourtant, sont déjà
forts laxistes? Comment les citoyens peuvent-ils faire confiance
aux « responsables » d'une industrie aussi dangereuses
et qui s'avèrent incapables de mesurer leurs rejets radioactifs
opérés dans l'environnement? » - www.sortirdunucleaire.org
Actu-Environnement, 21/1/2009:
[article de blabla...]
Propos recueillis par Camille SAÏSSET
La récente polémique sur la capacité d'EDF à surveiller l'environnement des centrales a ravivé la suspicion sur le sérieux de la prise en compte du risque nucléaire en France. Depuis le début de l'ère électronucléaire française, la physicienne Monique Sené se mobilise pour que l'information sur le nucléaire s'améliore. Vice-présidente de l'Association nationale des Commissions locales d'information (ANCLI), elle revient sur cette affaire.
AE : L'ANCLI,
dont vous êtes vice-présidente, regroupe - entre
autres - les Commissions Locales d'Informations (CLI) des 19 Centres
Nucléaires de Production d'électricité (CNPE)
en exploitation sur le territoire français. Avant la récente
alerte médiatique lancée par la fédération
du Réseau « Sortir du nucléaire », étiez-vous
au courant que l'Autorité de Sûreté Nucléaire
(ASN) avait suspendu l'agrément des laboratoires d'EDF
depuis le 16 décembre dernier ?
Monique Sené : L'ANCLI n'a pas été
alertée de cette décision de l'ASN. Peu de temps
avant la révélation du RSN, son réseau s'est
activé, à la suite d'inquiétudes exprimées
par la Commission Locale de Surveillance (CLS) du CNPE de Fessenheim
auprès du Comité scientifique de l'ANCLI. Par l'intermédiaire
du Comité de pilotage du réseau national de mesure
de la radioactivité, nous savions seulement qu'EDF avait
averti qu'elle ne pourrait être prête avant début
février.
AE : Dans le
cadre de la Convention Aarhus obligeant les Etats européens
à informer ses citoyens, la France s'est engagée
à mettre en place un réseau national des mesures
obligatoires de radioactivité sur le territoire et dans
les Dom-Tom. Où en est ce projet ?
MS : Ce réseau a démarré jeudi dernier,
le 15 janvier 2009, avec une phase de test jusqu'en juin. Tous
les laboratoires impliqués dans ces obligations de mesure
de la radioactivité dans le sol, l'air, l'eau, les produits
agricoles, etc sont concernés : ceux d'EDF, les laboratoires
départementaux, de Recherche, de la Défense, de
sociétés privées, les 180 balises de Teleray
de l'Institut Radiologique de la Sûreté Nucléaire
(IRSN), le réseau d'alarme d'accident qui mesure en continu
les émissions ? dans l'air, etc. Dans un an, le 15 janvier
2010, les résultats devraient être mis en ligne sur
un site Internet accessible au public.
AE : Il existe
plusieurs dizaines de laboratoires autorisés à faire
des mesures de la radioactivité dans le milieu. Ce nouveau
réseau implique une uniformisation des données.
Comment est-elle garantie ?
MS : Au préalable, l'IRSN - bras droit technique
de l'ASN -, procédait par intercomparaisons. Aujourd'hui,
la réglementation oblige d'une part que le laboratoire
soit accrédité par le Comité Français
pour l'Accréditation (COFRAC) et d'autre part que le protocole
de mesure soit agréé par l'ASN. C'est cet agrément
que les laboratoires d'EDF se sont vus suspendre, comme l'a révélé
le Réseau « Sortir du nucléaire ». EDF,
qui est pour l'instant la seule à exploiter les centrales
électronucléaires est contrainte de mesurer les
émissions radioactives induites par le fonctionnement de
chacun des 58 réacteurs nucléaires en exploitation
sur le territoire : les effluents liquides entreposés dans
de grands réservoirs - les bâches - avant qu'ils
soient relâchés dans l'environnement, et les effluents
gazeux sortant de tous les exutoires des sites (réacteurs,
bâtiment de transfert des effluents, bâches, etc.).
Ses résultats sont vérifiés par l'IRSN qui
effectue des contrôles inopinés sur les sites électronucléaires.
Et à partir de ces résultats, l'ASN s'assure que
les CNPE sont en conformité avec leurs arrêtés
de rejets. Actuellement, on réfléchit à améliorer
cette surveillance de l'environnement. Sur le modèle des
visites décennales des CNPE qui sont le moment d'inspection
de tout le matériel des centrales, on pourrait effectuer
tous les quatre ans un état chimique et radiologique de
l'environnement autour des CNPE, et par ricochet, un état
de santé de la population. Ce qui pourrait être confié
à l'Agence française de sécurité sanitaire
des aliments (AFSSA) et à l'Institut national de Veille
Sanitaire (InVS).
AE : Pourquoi
EDF s'est vue retirer et suspendre les agréments de ses
laboratoires ?
MS : Lors de son passage devant la Commission d'agrément,
il a été demandé à EDF de moderniser
ses appareils de telle sorte qu'ils soient adaptés à
la mesure du tritium liquide et gazeux. Tous les CNPE sont soumis
à l'obligation de mesure des émissions radioactives
totaux, et de mesure du tritium dans les effluents liquides et
dans les rejets aériens. Un récent colloque a d'ailleurs
été dédié à cet élément
radioactif considéré comme sans effet sur la santé
jusqu'à présent ; mais des résultats récents
(anglais et canadiens) contredisent ce bel optimisme. EDF peut
continuer ses autres mesures réglementaires dans l'environnement
Mais pour les mesures précédemment nommées,
elle avait jusqu'au 31 décembre dernier pour se mettre
en conformité. Le laboratoire de la Commission indépendante
de recherche et d'information sur la radioactivité (Criirad)
avait également jusqu'à cette date pour se mettre
en conformité pour d'une part la mesure de la radioactivité
de plus de 100 keV (émis par l'uranium, le thorium, ou
encore les radium 226 et 228 et leurs descendants) dans les végétaux,
le lait, la faune, la flore, etc. Et d'autre part pour la mesure
de la radioactivité de moins de 100 keV (mesures ambiantes)
et des gaz halogénés (iode). La Criirad, née
après la catastrophe de Tchernobyl, est la seule association
du réseau national de mesure. La dernière liste
des laboratoires mise en ligne sur le site ASN datant de janvier
2008 ne permet pas de conclure que tous les laboratoires faisant
des mesures tritium ont obtenu leur agrément Et il n'y
a pas que les mesures tritium.
AE : En tant
que représentante du collège des CLI au sein du
Haut Comité pour la Transparence et l'Information sur la
sécurité nucléaire (HCTISN), vous avez présidé
le groupe de travail mis en place pour répondre à
la saisine de Jean-Louis Borloo, ministre de l'EEDDAT, à
la suite de l'incident survenu le 7 juillet 2008 sur le site de
l'usine SOCATRI (groupe Areva). Aux vues de ses conclusions, que
vous inspire ce récent événement ?
MS : L'avis du HCTISN sur le suivi radioécologique
des eaux autour des installations nucléaires et sur la
gestion des anciens sites d'entreposage de déchets radioactifs
a été remis le 6 novembre dernier. Il formule 18
recommandations pour améliorer l'information, la transparence
et la concertation. L'affaire sur l'agrément d'EDF montre
qu'il en manque une 19ème : améliorer la communication
! Les CLI ont été instituées par un décret
du 12 mars 2008. Ces instances de concertation sont submergées
d'information de tout genre et attendent encore les budgets de
fonctionnement qui leur ont été promis. EDF (ou
l'ASN) aurait pu les avertir de ce non agrément, ça
aurait évité qu'elles soient submergées d'appels
inquiets. Elle aurait pu dire qu'elle ne pourrait plus faire les
mesures en question pendant quelques semaines. Et accompagner
l'information d'une explication rassurante, précisant que
pendant ce laps de temps, elle allait sous-traiter au privé.
Effectuer des mesures pluralistes de la radioactivité,
ça ne fait pas de mal !
AE : Cette décision
de l'ASN vous a-t-elle surpris ?
MS : Par cette décision, je comprends que l'ASN
entend obliger EDF à agir. En novembre dernier, l'ASN a
aussi mis en demeure EDF de mettre en conformité au risque
d'explosion dans un délai d'un mois les circuits secondaires
de chacun des 58 réacteurs. Les circuits de transport de
l'hydrogène, explosif et inflammable, sont mal balisés.
Ce qui est d'autant plus gênant quand interviennent des
prestataires privés. Certaines canalisations de différents
fluides présentent des signes de corrosion. Et ça,
c'est plus grave ! Pas par rapport au fonctionnement du réacteur
: les barres de contrôles auront sans doute le temps de
tomber. Mais il y a un grand risque d'accident de personnes !
Lors d'un incident (arrêt pour rechargement de combustible)
au CNPE du Tricastin en juillet 2008, des salariés d'EDF
ont été légèrement contaminés,
mais aussi trois agents de l'ASN !
AE : Souvent,
on vous taxe d'anti-nucléaire. Qu'en pensez-vous ?
MS : C'est tellement fréquent, en effet Mais ça
m'est bien égal. Je sais pourquoi : je pose des questions
! Or l'interrogation, c'est le devoir du citoyen. Ce n'est pas
parce que nous avons un Parlement et un Sénat qu'on n'a
rien à faire ! Il faut pouvoir répondre aussi, et
pas dans les trois jours. La démocratie, ça demande
du temps. Par exemple, cinq mois pour que les quelque 3000 communes
sollicitées par l'Agence nationale de la gestion des déchets
radioactifs (ANDRA) se prononcent pour recevoir un centre de stockage
de déchets, c'est court. Et la démocratie, ça
demande aussi de la proximité. Actuellement, un député
du Nord préside le Comité Local d'Information et
de Suivi (CLIS) du laboratoire de Bure, très probable site
d'enfouissement des déchets nucléaires hautement
radioactifs, alors que Bure se trouve dans le sud de la Meuse,
à la frontière avec la Haute-Marne. Est-ce bien
raisonnable ? La démocratie, c'est de répondre à
ses administrés.
20/1/2009 - L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mardi vouloir mieux prendre en compte les rejets radioactifs des centrales nucléaires dans l'environnement, suite à un incident l'été dernier au Tricastin (Drôme) et au refus d'agréement des laboratoires d'EDF qui mesurent ces rejets. "Il y a eu des éléments au Tricastin ou sur les laboratoires d'EDF qui ont attiré l'attention du public, montrant sa grande sensibilité à ce genre de sujet", a déclaré le président de l'ASN André-Claude Lacoste en présentant ses voeux à la presse pour 2009. En juillet dernier, sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), une filiale du groupe Areva, la Socatri, avait accidentellement rejeté dans l'environnement des effluents uranifères. Le site du Tricastin avait d'autre part été inondé en décembre à la suite de la formation d'un barrage naturel sur un cours d'eau le traversant, faisant courir le risque d'une contamination de l'eau. Le 16 décembre, dans le cadre de la mise en place par l'ASN de nouvelles normes, les laboratoires d'EDF mesurant les rejets dans l'environnement autour des centrales se sont vus refuser un agréement. Le Réseau "Sortir du nucléaire" s'était alarmé, réclamant l'arrêt des centrales "si ces mesures ne sont pas faites". "Il s'agit de problème d'environnement, pas de sûreté: il n'y a pas eu de risque réel pour la population", a précisé M. Lacoste, tout en reconnaissant que "cela montre que ces problèmes là ne sont pas suffisamment en compte par les exploitants et par nous-mêmes". Le président de l'ASN a expliqué que la sûreté concernait les installations et les risques immédiats encourus pour la santé des personnes, tandis que la surveillance de l'environnement traite des rejets à plus faible dose, mesurés par exemple dans les plantes ou le lait. En 2008, "il n'y pas eu de gros problème de sûreté pour la radioprotection en France", a assuré M. Lacoste. Il a ajouté qu'en attendant la mise en conformité des laboratoires d'EDF grâce à la mise en place d'un nouveau logiciel de métrologie, un nombre suffisant d'autres laboratoires assurait des mesures conformes aux normes ISO. "Vous avez un bon nombre de mesures qui sont faites de façon croisée par un grand nombre de laboratoires", a-t-il indiqué.
La Nouvelle République, 16/1/2009:
Le Réseau Sortir du nucléaire
révèle, dans un communiqué diffusé
au plan national, que l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) a « suspendu ou refusé les
agréments aux laboratoires de toutes les centrales nucléaires
françaises et donc de celle de Chinon » par le biais
de quatre décisions datées du 16 décembre
2008. Ces laboratoires sont « censés faire en continu
des mesures autour des installations en question » et seraient
donc, affirme Sortir du nucléaire, « défaillants
». Le réseau écologiste demande, dans un courrier
adressé au directeur du site de Chinon, « qui réalise
actuellement les mesures exigées par les arrêtés
qui autorisent à exploiter cette centrale ? ». Et
de souhaiter des précisions sur ce que sont « les
défaillances du laboratoire et depuis quand elles existent
? ». Pour Philippe Gardelle, du réseau Sortir du
nucléaire, « il est déjà choquant que,
en France, ce soient les exploitants, en l'occurrence EDF, qui
effectuent eux-mêmes la surveillance de l'environnement
autour de leurs installations nucléaires. Il est donc légitime
de se méfier de l'industrie nucléaire qui est habituée
à cacher ou à travestir la vérité.
Mais la situation est en réalité encore plus intolérable
puisque les contrôles sont défaillants et permettent
très probablement des rejets radioactifs supérieurs
aux limites légales, pourtant déjà fort laxistes.
» EDF va répondre. Contacté par nos soins,
la direction de la centrale de Chinon n'a pas souhaité
répondre publiquement à ces accusations. Elle assure
que, « conformément aux engagements de transparence,
ce courrier fera l'objet d'une réponse officielle d'ici
quelques jours ». Du côté d'EDF, on laisse
pourtant savoir que « cette question d'agréments
n'en concerne que quatre parmi la centaine de mesures effectués
régulièrement ». Il semblerait même
que le reproche qui ait été fait aux laboratoires
soit que « leurs mesures étaient en général,
non pas inférieures, mais plutôt supérieures
aux valeurs réelles, les laboratoires EDF ayant tendance
à prendre de la marge pour éviter tout risque ou
contestation », contrairement aux affirmations de Sortir
du nucléaire. L'ASN appelle donc à ne plus pratiquer
ces ajustements, même dans le sens de la meilleure protection.
Selon EDF, une commission d'agrément de l'Autorité
de sûreté nucléaire devrait, « dans
les semaines à venir, réexaminer ces questions d'agrément,
ce qui n'empêche pas les contrôles de se poursuivre
selon l'échéancier habituel ».
Le Monde, 14/1/2009:
La sûreté nucléaire chancelle-t-elle
sur un de ses piliers, le principe de la responsabilité
des exploitants, EDF en tête ? On pourrait le croire, après
la décision de l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) de suspendre ou de refuser l'agrément
des laboratoires de l'électricien chargés de mesurer
la radioactivité dans l'environnement. Ces laboratoires
se sont montrés incapables de livrer des données
de qualité suffisante, surestimant parfois le niveau de
radioactivité, mais aussi - ce qui est plus gênant
- le minimisant. Si le Réseau "Sortir du nucléaire"
ne s'était pas donné la peine d'éplucher
le site de l'ASN, où sont mis en ligne une multitude d'avis,
l'affaire serait restée confidentielle. On touche là
une des limites de la transparence telle que la pratique l'ASN
: on ne pourra lui reprocher de cacher les choses, puisqu'elles
figurent sur son site. Mais il faut l'opiniâtreté
des militants antinucléaires pour dénicher les dysfonctionnements
qui y sont exposés, derrière les énoncés
techniques et les avis abscons - au risque parfois d'en surévaluer
la portée. La méthode donne la fâcheuse impression
que le secteur nucléaire continue de préférer
laver son linge sale en famille. Au-delà, l'affaire montre
les limites du principe de responsabilité des exploitants,
dont la vertu serait de contraindre les industriels à ne
pas se défausser des questions de sûreté.
A l'évidence, confier la surveillance à des acteurs
à la fois juges et partie reste un pari risqué.
Certes, l'ASN peut aussi compter sur le réseau de l'Institut
de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN), mais celui-ci, malgré une remise à niveau
récente, reste encore trop lacunaire. Certes, elle dispose
elle-même de moyens de contrôle. Mais, là encore,
le soupçon d'endogamie n'est pas sain. Il faut espérer
que certains laboratoires associatifs, souvent au bord de l'asphyxie
financière, pourront à l'avenir s'inscrire eux aussi
dans les réseaux de surveillance de l'environnement, non
plus en francs-tireurs, mais avec des protocoles validés
et partagés par tous les acteurs. Certaines associations
refuseront de "se compromettre". D'autres semblent prêtes
à jouer ce jeu. La France devra vivre longtemps encore
avec le nucléaire. L'évaluation pluraliste de son
impact, signe de maturité, ne peut qu'être encouragée.
Le Monde, 14/1/2009:
L'année 2008 a été, en France, une annus horribilis pour l'image de la sûreté nucléaire. Les incidents à répétition sur le site du Tricastin (Drôme) - notamment le rejet, en juillet, d'effluents uranifères dans l'environnement par une filiale d'Areva - ont fourni de nouveaux arguments aux adversaires de l'atome civil pour réclamer l'arrêt des centrales.
Les associations antinucléaires ne désarment pas et elles viennent de trouver un nouvel angle d'attaque en relayant les critiques de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) contre les laboratoires d'Electricité de France (EDF).
Le Réseau Sortir du nucléaire a révélé, lundi 12 janvier, que le " gendarme " de l'énergie atomique avait mis en cause la fiabilité de l'expertise de ces laboratoires, installés au sein même des dix-neuf centrales (comptant 58 réacteurs) d'EDF. Dans une lettre au ministre de l'écologie et de l'énergie, Jean-Louis Borloo, l'association indique que ces " défaillances " mettent les citoyens " en danger ".
Par quatre décisions rendues le 16 décembre, l'ASN a refusé ou suspendu l'agrément donné à ces laboratoires chargés de mesurer les indices de radioactivité dans l'environnement des centrales (air, rivières, nappes phréatiques, faune, flore, lait...).
Elle a notamment relevé que sur les impulsions radioactives, il existait " des biais de mesure incompatibles avec la qualité requise pour assurer la surveillance de la radioactivité de l'environnement ". Les écarts peuvent atteindre 10 % à 15 %. Les experts notent que les mesures d'EDF pour les rayonnements bêta donnent des résultats supérieurs aux valeurs réelles, tandis que le tritium (isotope radioactif) est un peu sous-évalué.
PARC " ASSEZ SATISFAISANT "
L'ASN précise que les laboratoires épinglés ne sont pas chargés de mesurer les rejets radioactifs. " Cela ne remet pas en cause la capacité d'EDF à détecter la radioactivité anormale, ni le bilan environnemental autour des sites, souligne Julien Collet, directeur de l'environnement et des situations d'urgence de l'ASN. Il n'y a pas de problème au niveau de la surveillance de l'environnement. "
EDF réalise 20 000 mesures annuelles par centrale (et pratiquement autant pour les rejets). En outre, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) effectue lui aussi des mesures, programmées ou impromptues. EDF et l'ASN indiquent que le groupe d'électricité a déjà partiellement réduit ces écarts de mesures. En février, ses laboratoires seront en conformité, affirme une porte-parole du groupe.
Les mouvements antinucléaires jugent les limites légales des rejets " fort laxistes ". Depuis la loi du 13 juin 2006, qui a transformé l'ASN en une autorité administrative indépendante, les contrôles sur l'industrie nucléaire se sont renforcés.
L'ASN a décidé qu'à partir du 1er janvier 2009, les mesures de la radioactivité dans l'environnement devront obligatoirement être réalisées par des laboratoires agréés, qu'ils soient propriétés d'EDF ou indépendants. Tous doivent déjà répondre à des normes internationales. A partir de janvier 2010, les informations seront consultables sur Internet.
Dans son dernier rapport annuel, publié en avril 2008, l'ASN juge que l'état du parc d'EDF est " assez satisfaisant ". Sans plus. Et elle invite l'entreprise à faire des progrès dans la rigueur d'exploitation, la lutte contre l'incendie et le contrôle des sous-traitants.
En novembre, l'Autorité avait réclamé à l'exploitant " un état des lieux général des canalisations transportant des fluides explosifs ", après avoir relevé des " carences " dangereuses dans certaines centrales.
Le canard enchaîné, 14/1/2009:
On nous aurait mal informés ? Ce sont les écolos de "Sortir du nucléaire" qui viennent de le découvrir dans de très officiels documents de l'Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) : les labos d'EDF chargés de mesurer la radioactivité aux alentours des centrales nucléaires (air, rivière, végétation) sous-estimaient, de 10 à 15 %, la présence d'un élément fort irradiant, le tritium. Ce qui a valu à ces labos de se voir retirer, par ladite ASN, l'agréement nécessaire à leur fonctionnement. "Il est déjà choquant, résument les militants de "Sortir du nucléaire" dans une lettre adressée à Jean-Louis Borloo, qu'en France ce soient les exploitants, en l'occurrence EDF, qui effectuent eux mêmes la surveillance de l'environnement autour de leurs propres installations." Ca l'est encore plus "quand ces contrôles sont défaillants". Et encore davantage après les "incidents" des dernières années : rejets radioactifs du Tricastin cet été, inondation de la centrale du Blayais, caprices aériens du nuage de Tchernobyl... On peut, à coup sûr, attendre une énergique réaction de Borloo. Le ministre de l'Ecologie est tellement préoccupé par les risques nucléaires qu'il ne les a même pas inscrits au programme de son Grenelle de l'environnement...
JDD, 13/1/2009:
Le réseau "Sortir du nucléaire" a révélé que les laboratoires de toutes les centrales nucléaires françaises, censés faire en continu des mesures autour des installations en question, ont été jugés défaillants par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Aussi, cette dernière a-t-elle suspendus ou refusés, le 16 décembre dernier, leurs agréments par le biais de quatre décisions. Face au silence de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, et de l'ASN, qui n'a pas justifié le vide désormais existant, le réseau "Sortir du nucléaire" demande aux autorités françaises de "réagir de toute urgence".
Nouvelobs, 13/1/2009:
L'Autorité de sûreté nucléaire a refusé des agréments à des laboratoires d'EDF chargés de mesurer la radioactivité autour des centrales. Les laboratoires d'EDF chargés de mesurer la radioactivité autour des centrales nucléaires ont vu leurs agréments suspendus ou refusés par l'Autorité de sûreté nucléaire. L'ASN a annoncé lundi 12 janvier avoir pris cette décision pour "faire progresser le contrôle du nucléaire en France". L'annonce de l'ASN survient à la suite d'une lettre ouverte du réseau Sortir du Nucléaire au ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo dénonçant la défaillance de ces laboratoires. L'ASN a refusé ou suspendu le 16 décembre l'agrément de l'ensemble des laboratoires d'EDF chargés de mesurer les indices de radioactivité dans l'air et dans l'eau autour de toutes les centrales nucléaires françaises, selon une information postée à la fin du mois dernier sur le site internet de l'Autorité et passée inaperçue. Avant le 1er janvier, l'agrément n'existait pas. "Depuis le 1er janvier 2009, l'ensemble des mesures réglementaires doivent être réalisées par des laboratoires disposant d'un agrément", a dit à l'AFP une porte-parole de l'ASN. "Avant le 1er janvier, l'agrément n'existait pas", a précisé Julien Collet, directeur de l'environnement et des situations d'urgence de l'ASN, ajoutant que les mesures effectuées par les laboratoires EDF, qui continuent à être effectuées, comportaient actuellement un certain nombre de "biais". Il a précisé que des mesures de l'impact de la radioactivité sur l'environnement, en continu ou ponctuelles, étaient également effectuées par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Sous-traiter à des laboratoires agréés. Dans un communiqué publié lundi soir, l'ASN "a demandé à EDF d'engager immédiatement un programme d'actions correctives qui doivent être opérationnelles au 1er février 2009." "Jusqu'à obtention des agréments, EDF doit sous-traiter ces mesures de radioactivité dans l'environnement à des laboratoires extérieurs agréés". "D'autres laboratoires, notamment universitaires et associatifs, disposent d'agréments", a précisé Julien Collet à l'AFP. A l'heure actuelle, "toute pollution acccidentelle serait détectée", a-t-il assuré. Dans sa lettre ouverte à Jean-Louis Borloo, Sortir du Nucléaire attire l'attention "sur une situation absolument injustifiable qui concerne une nouvelle fois l'industrie nucléaire française qui, plus que jamais, met en danger les citoyens". Des écarts constatés. L'ASN a notamment refusé l'agrément aux laboratoires EDF pour leur incapacité à "discriminer" deux types d'impulsions radioactives (alpha et bêta), provoquant "des biais de mesure incompatibles avec la qualité requise pour assurer la surveillance de la radioactivité de l'environnement". "Ce refus s'explique par des écarts méthodologiques constatés dans les protocoles en place", résume un communiqué du ministère de l'Ecologie. Une base de données nationale centralisée sur les mesures de radioactivité autour des centrales nucléaires est actuellement en cours de constitution et sera rendue accessible au public via internet en janvier 2010, a encore indiqué l'ASN.
Les Echos, 13/1/2009:
L'Autorité de sûreté nucléaire a décidé de refuser ou de suspendre l'agrément des laboratoires de l'électricien pour des mesures réglementaires. Pendant plusieurs mois, EDF doit sous-traiter ces mesures à des laboratoires externes. La réputation d'EDF, le leader mondial du nucléaire par le nombre de réacteurs en exploitation, a été écornée hier avec la révélation d'une défaillance de ses laboratoires chargés de mesurer la radioactivité de ses centrales. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a en effet décidé de refuser ou de suspendre leur agrément pour des mesures réglementaires, comme l'a divulgué le réseau Sortir du nucléaire. En France, c'est en effet l'exploitant EDF qui est en charge de l'autosurveillance de ses 19 centrales. Pour chacune d'entre elles, le dispositif régulier de contrôle et de surveillance de l'environnement représente quelque 20.000 mesures annuelles, selon le groupe. Ces mesures, qui ne concernent pas les rejets, sont réalisées dans l'air ambiant, dans l'écosystème terrestre et dans les eaux. Depuis le 1er janvier, ces laboratoires doivent être agréés par l'ASN, via son bras technique, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Ce dernier a réalisé des tests, demandant à EDF d'effectuer des mesures sur des échantillons paramétrés avec le but de comparer les résultats, explique Didier Champion, directeur de l'environnement et de l'intervention à l'IRSN. Conclusion : « les mesures de l'indice d'activité bêta global », un rayonnement radioactif, et celles de « l'activité du tritium », une substance radioactive, ne sont pas suffisamment précises. Dans le premier cas, les mesures effectuées par EDF sont de 10 à 15 % supérieures aux valeurs réelles. Dans le deuxième cas, c'est l'inverse qui se passe. Une situation plus délicate. « Les laboratoires d'EDF avaient plutôt sous-estimé dans le cas du tritium », selon Marie-Christine Robé, en charge des tests d'échantillons à l'IRSN. « Sur le plan de la maîtrise des impacts, cela ne semble pas inquiétant, concède Didier Champion. Mais, il est important que la surveillance soit irréprochable. »
Recoupements avec l'IRSN
Selon Julien Collet, directeur de l'environnement et des situations
d'urgence à l'ASN, l'électricien a « résorbé
entre-temps une partie de ces écarts » et a engagé
un plan d'action, dont les mesures seront mises en place en février.
Ceci devrait permettre à EDF de formuler une nouvelle demande
d'agrément au mois de mai, ajoute-t-il. D'ici là,
le groupe devra sous-traiter les mesures à des laboratoires
externes, agréés. Pour Sortir du nucléaire,
qui a écrit au ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo,
il s'agit d'un « scandale de très grande ampleur
». « L'industrie nucléaire montre qu'elle est
très loin d'être irréprochable alors que les
conséquences et les risques qu'elle fait peser sur l'environnement
et la santé des populations sont incommensurables et incomparables
à tous les autres », a déclaré aux
Echos.fr son porte-parole Stéphane Lhomme. L'IRSN fait
cependant valoir que, si le dispositif de contrôle de l'environnement
est basé sur l'autosurveillance d'EDF, l'institut réalise
lui aussi des mesures autour des centrales. Elles sont certes
moins nombreuses que celles de l'électricien (environ un
millier par centrale), mais permettent des recoupements. Jusqu'ici,
« nous n'avons décelé aucune anomalie attribuable
aux sites d'EDF », selon Didier Champion.
Le Dauphiné libéré, 13/1/2009:
Pavé dans la mare ou tempête dans un verre d'eau ? Le réseau "Sortir du nucléaire" a révélé hier que l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a refusé son agrément à la totalité des laboratoires d'analyses d'EDF chargés de surveiller les rejets radioactifs dans l'environnement aux abords des centrales nucléaires de France. Pas une centrale de l'Hexagone n'échappe à cette suspension d'agrément. A titre d'exemple, toutes celles du quart sud-est sont concernées, y compris Superphénix à Creys-Malville pourtant en cours de démantèlement. Cette avalanche de mauvaises notes est tombée le 16 décembre dernier et jusqu'à hier elle est restée confinée au strict cercle des responsables d'EDF. Pour "Sortir du Nucléaire", cette décison "prise en catimini" est la preuve que le systéme est vicié puisque "l'opérateur est son propre contrôleur". Et que dans l'affaire, "c'est la santé des riverains des centrales" qui est en cause. A l'ASN de Lyon, on explique que ces demandes d'agrément répondent à "une nouvelle réglementation en vigueur depuis le 1er janvier 2009". Dans un certain nombre de cas, les refus seraient motivés par des vices de forme dans les dossiers, dans d'autres, visiblement les plus nombreux, "les résultats donnés par EDF seraient supérieurs aux valeurs imposées". Ces analyses, s'empresse de préciser l'ASN, concernent des prélévements effectués dans l'environnement des centrales, du lait des vaches aux végétaux en passant par la qualité de l'air et en aucun cas dans les rejets des centrales. En tout état de cause selon l'ASN, la surveillance assurée par les labos d'EDF est croisée avec celle conduite par l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire). N'empêche qu'EDF devra "livrer des dossiers plus propres et plus précis" dans les meilleurs délais souligne un cadre de l'ASN. En attendant de se mettre en conformité, EDF devra faire appel à des labos de substitution, des sous-traitants ou des universités sollicitées pour l'occasion.
Le Monde, 13/1/2009:
L'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) a refusé ou suspendu l'agrément qu'elle donne
aux laboratoires d'EDF chargés de mesurer les indices de
radioactivité dans l'environnement des centrales nucléaires
(air, rivières, nappes phréatiques, faune, flore...),
a révélé, lundi 12 janvier, le réseau
Sortir du nucléaire. Le "gendarme" de l'énergie
atomique a mis en cause la fiabilité des mesures effectuées
par ces laboratoires, au sein des 19 centrales (58 réacteurs)
d'EDF. L'ASN a notamment relevé que sur les impulsions
radioactives (alpha et bêta), il existait "des biais
de mesure incompatibles avec la qualité requise pour assurer
la surveillance de la radioactivité de l'environnement".
Les écarts peuvent atteindre 10 % à 15 %, en plus
ou en moins par rapport aux valeurs réelles. L'ASN précise
que les laboratoires épinglés ne sont pas chargés
de mesurer d'éventuels rejets de matières radioactives
liés à un accident dans une centrale. "Cela
ne remet pas en cause la capacité d'EDF à détecter
la radioactivité anormale, ni le bilan environnemental
autour des sites, souligne Julien Collet, directeur de l'environnement
et des situations d'urgance de l'Autorité. Il n'y a pas
de problème au niveau de la surveillance de l'environnement."
En outre, ajoute-t-il, l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN) effectue lui aussi des mesures, programmées
ou impromptues, qui permettent de renforcer les contrôles.
EDF a partiellement réduit ces écarts de mesures.
Début février, ses laboratoires seront en conformité
avec les règles de l'ASN, affirme une porte-parole du groupe.
EDF devra formuler une nouvelle demande d'agrément. D'ici
là, le groupe devra sous-traiter les mesures à des
laboratoires externes, agréés. Dans une lettre au
ministre de l'écologie et de l'énergie, Jean-Louis
Borloo, l'association Sortir du nucléaire a fait valoir
que la situation actuelle "met en danger les citoyens".
Le gouvernement a immédiatement réagi pour éviter
une inquiétude excessive. Tout en rappelant que les niveaux
de radioactivité sont "extrêmement faibles",
M. Borloo souligne que "les exploitants doivent être
les premiers responsables du suivi de l'environnement".
La Voix du Nord, 13/1/2009:
L'Autorité de sûreté nucléaire a suspendu l'agrément du laboratoire de Gravelines chargé de mesurer l'impact de la centrale nucléaire sur l'environnement. Les associations anti-nucléaires montent au créneau.
Hier matin, un communiqué du réseau Sortir du nucléaire, relayé par les Verts du littoral dunkerquois, a mis le feu aux poudres. D'un côté, des activistes anti-nucléaires ravis de plaider leur cause auprès des journalistes. De l'autre, des responsables de communication zélés... jusqu'à un certain point. Le communiqué de presse évoque la décision prise le 16 décembre par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), de suspendre l'agrément des laboratoires d'analyses d'EDF chargés, comme celui de Gravelines, de mesurer l'impact de la centrale dans l'air et dans l'eau.Le communiqué de Sortir du nucléaire est intitulé « Défaillance généralisée des mesures de rejets radioactifs dans l'environnement ». Plus alarmiste que celui publié par EDF le 26 décembre : « L'ASN considère que, conformément à la nouvelle réglementation, les mesures réalisées par les laboratoires d'EDF ne sont pas suffisamment précises. » Pourquoi ce communiqué, plus de deux semaines après la décision de l'ASN ? « Transparence invisible », dénoncent les associations, qui disent avoir fait cette découverte en « épluchant » le site Internet de l'ASN. « Parce que ça ne change rien », répond-t-on à la centrale de Gravelines, où on vous arrange tout de même un rendez-vous avec le spécialiste environnement, Jean-Pierre Kusz. « Le problème, ce n'est pas que nos mesures ne sont pas bonnes, c'est qu'elles ne sont pas assez précises » , explique ce dernier. « Le paradoxe, c'est que celles faites par les labos privés indépendants, comme la CRIIRAD* le sont », renchérit Nicolas Fournier, membre de la Commission locale d'information (CLI) de Gravelines et président des Amis de la Terre de Dunkerque. La démonstration, rappelle-t-il, a été faite lorsque le labo d'EDF Gravelines et la CRIIRAD ont comparé leurs résultats suite à l'enquête nationale réclamée cet été par Borloo à la suite d'une fuite d'uranium à l'usine de retraitement du Tricastin. « Nos mesures étaient surestimées, ça allait plutôt dans le bon sens, plaide Jean-Pierre Kusz. Après, ça dépend si on fait de la recherche ou, comme nous, des contrôles de routine quotidiens. » Sauf que les expertises d'EDF ne remplissent pas les nouveaux critères de qualité éxigés par l'ASN au 1er janvier 2009. « Si l'exploitant n'est pas en mesure d'effectuer des mesures valides, il doit sous-traiter », précise l'ASN. Problème : depuis le 16 décembre, c'est « EDF elle-même » qui procède aux analyses, avoue la communication. Avant de promettre : « Tout sera régularisé courant février ». Les mesures prises par EDF seraient conformes techniquement, mais pas sur le plan administratif. L'ASN fermera-t-elle les yeux jusqu'à sa prochaine commission ? ·
* Commission de recherche et d'information
indépendantes sur la radioactivité, créée
après Tchernobyl
L'Alsace, 13/1/2009:
Scandale ou simple ajustement de la réglementation ? L'Autorité de sûreté nucléaire a retiré discrètement son agrément aux laboratoires d'EDF qui fournissaient les mesures de rejets radioactifs de toutes les centrales nucléaires, dont celle de Fessenheim. Le réseau « Sortir du nucléaire », qui a divulgué hier cette information, parle dans son communiqué de « scandale de très grande ampleur dans le nucléaire français ». La suspension des agréments pour tous les sites nucléaires français a été notifiée dans le cadre de quatre décisions de l'ASN parues dans le journal officiel du 16 décembre 2008, mais qui n'ont pas fait l'objet d'une information de la part de cette instance qui se présente comme indépendante d'EDF et dont le président est nommé par le gouvernement. Des mesures insuffisantes à Fessenheim. « Visiblement, l'ASN ne veut plus couvrir aujourd'hui le mensonge organisé sur les rejets qui sévit depuis des années », commente Nicole Roelens, présidente de l'association Stop Fessenheim. « Nous ne cessons de dénoncer l'insuffisance des mesures à Fessenheim en nous basant, en particulier, sur les conclusions d'une étude de la Criirad (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité, N.D.L.R.) en 2000 que les autorités connaissent, mais dont elles n'ont tenu aucun compte », explique-t-elle. La présidente de Stop Fessenheim rappelle avoir lancé en octobre dernier une « alarme » sur le fait que « la centrale rejette des radio nucléides qui ne sont même pas mesurés ». Elle a réclamé une « expertise indépendante » dans une lettre ouverte au président du conseil général du Haut-Rhin, « restée sans réponse » selon elle. « Il faut continuer à faire pression sur les responsables de la sécurité publique qui dissimulent sciemment le désastre de la contamination progressive de l'environnement, en leur rappelant qu'ils auront un jour à en répondre », conclut le communiqué de Stop Fessenheim. Des taux « surestimés ». Interrogé par L'Alsace, le directeur régional de l'ASN, Pascal Lignères, fait état d'un renforcement de la réglementation française à partir du 1er janvier 2009. Auparavant, cet agrément n'était pas obligatoire. Pascal Lignères minimise la portée de l'arrêt de l'agrément. « Un test comparatif sur un échantillon a montré que le laboratoire d'EDF surestimait de 10 % les valeurs de l'ISRN », a-t-il indiqué. Référence en France en matière de contrôle de la radioactivité, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire effectue des mesures de l'impact de la radioactivité sur l'environnement (air, eau, sol), en continu ou ponctuelles, dans le cadre d'un double contrôle à proximité des centrales nucléaires. Sur les sites, les contrôles dans l'air (à la sortie des cheminées) et dans l'eau sont effectués par EDF et l'ASN. « Toute pollution accidentelle serait détectée », assure l'ASN. Le ministère de l'Écologie a indiqué dans un communiqué à l'AFP que « EDF apporte des correctifs aux biais de mesure constatés et déposera une nouvelle demande d'agrément début février qui devra être conforme aux exigences de l'ASN ».
L'Express, 13/1/2009:
Les laboratoires de EDF chargés de mesurer la radioactivité ont tous été suspendus. Motif: des résultats imprécis, voire faux...
Ah! Qu'en termes délicats ces choses-là sont dites... C'est donc "dans le souci de faire progresser le contrôle du nucléaire an France", si l'on en croit son communiqué, que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a suspendu ou retiré, il y a près d'un mois, leur agrément aux laboratoires de mesures de EDF. C'est sans doute aussi par volonté de transparence, que l'ASN s'est contentée d'une simple information, planquée dans un coin de son site Internet (sous le doux vocable de "2008-DC-0120") plutôt que de faire une conférence ou un communiqué de presse à large diffusion...
Ainsi a-t-on appris le 12 janvier, grâce à la vigilance de l'association Sortir du nucléaire, que plus un laboratoire de mesure de la radioactivité dépendant de EDF n'avait d'agrément! La raison? "Depuis le 1er janvier, cet agrément est devenu obligatoire", rappelle Julien Collet, directeur de l'environnement et des situations d'urgences à l'ASN. Or, "certains écarts par rapport aux normes de mesure étaient constitués", déplore-t-il.
En langage normal, cela signifie que les mesures effectuées étaient au mieux imprécises, au pire inexactes. De combien?... "Disons qu'il pouvait y avoir des écarts de 10 à 20%. Mais en aucun cas ces imprécisions ne mettaient en cause la sûreté ni l'environnement", s'empresse-t-il d'ajouter, en assurant que, bien entendu, "une pollution d'origine accidentelle serait détectée". On lui fait tout de même remarquer une contradiction, pour le moins apparente: si ces mesures sont incertaines, elle n'ont guère de valeur scientifique. Et si elles n'ont pas de valeur scientifique, quel sens peuvent avoir les comparaisons entre deux séries de mesures? Réponse de l'ASN: "Euh... Oui, c'est vrai je comprends que vous fassiez cette remarque"!
Et maintenant, que va-t-il se passer? EDF va
devoir, dans un premier temps, faire appel à des laboratoires
sous-traitants agréés. Puis, dans un deuxième
temps, les labos d'EDF "devront démontrer leur capacité
à réaliser des mesures correctement" afin d'obtenir
ce fameux agrément, si possible avant le 1er février.
Entre temps, les mesures d'impact de la radioactivité sur
l'environnement, en continu ou en ponctuel, seront pour partie
assurées par l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN). Ne reste plus à souhaiter que
tout se passe bien dans les centrales de France au cours des prochaines
semaines...
LeJDD, 13/1/2009:
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a refusé l'agrément aux laboratoires EDF chargés de surveiller la radioactivité des centrales nucléaires françaises. Le groupe devra revoir ses méthodes et, en attendant, sous-traiter ses contrôles. Après les incidents à répétition sur le site du Tricastin, ce nouveau développement vient encore ternir l'image de l'énergie atomique.
Décidément, EDF connaît des soucis avec ses centrales nucléaires. Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'incident, comme la série noire qu'à connu le site du Tricastin cet été. Mais le groupe s'est vu refusé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) l'agrément de ses laboratoires chargés de surveiller la radioactivité des centrales. Les mesures ont été estimées trop imprécises pour permettre une veille efficace. EDF devra revoir son expertise.
L'ASN est une autorité indépendante depuis deux ans. Elle a décidé de soumettre les laboratoires de contrôle à des agréments, "par souci de faire toujours mieux", explique-t-on au siège. Ce nouveau label est obligatoire depuis le 1er janvier 2009.
Problème: les mesures relevées par les experts d'EDF ne correspondaient pas à la réalité. L'ASN a noté une différence de 10 à 20% en moyenne dans la mesure de l'indice d'activité bêta global, un rayonnement radioactif, et du tritium. Les écarts peuvent même aller jusqu'à 40% pour le bêta, dans certains cas. Une "incertitude inacceptable", a estimé au JDD.fr Julien Collet, directeur de l'environnement et des situations d'urgences à l'ASN, qui assure toutefois que "sur tout ce que rejettent les centrales, on n'a pas de doute". Les mesures concernent la radioactivité à proximité des sites.
Des corrections avant le 1er février
C'est le réseau Sortir du nucléaire qui a révélé l'affaire lundi, à partir d'une note parue sur le site Internet de l'ASN. L'association profite de cette déconvenue d'EDF pour dénoncer l'énergie atomique et la surveillance des centrales par le groupe qui les exploite. "Les contrôles opérés par EDF sont défaillants et permettent très probablement des rejets radioactifs supérieurs aux limites légales, pourtant déjà fort laxistes", a dénoncé Sortir du nucléaire dans un communiqué.
L'Autorité minimise. "Ce qui est rassurant, c'est que sur le bêta, les mesures surestiment, c'est-à-dire qu'on détecte plus que ce qui est en réalité", explique Julien Collet. Ce dernier assure que la sécurité n'est pas en question, même si pour le tritium, il peut y avoir une sous-estimation de sa présence. EDF est priée de revoir ses méthodes pour le 1er février prochain. Selon le responsable de l'ASN, ces corrections ont commencé et la marge d'erreur ne serait déjà plus que de 6%.
En attendant qu'EDF se remette en conformité
et que la commission d'agrément donne un nouvel avis, certainement
en mai, les contrôles devront être réalisés
par des laboratoires indépendants qui, eux, sont agréés.
De plus, l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN) effectue ses propres mesures. Après
les fuites sur les sites du Tricastin et un sentiment d'opacité
dans la gestion du nucléaire, le refus d'agrément
des laboratoires est une nouvelle épine dans le pied d'EDF.
Le Point, 13/1/2009:
L'industrie nucléaire se serait bien passée de cette mauvaise publicité. EDF s'est vu retirer ou refuser ses agréments pour ses laboratoires chargés de surveiller la radioactivité autour de ses centrales par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le 16 décembre dernier. Motif invoqué : les analyses réalisées n'étaient pas fiables* !
Ce que n'a pas manqué de relever le réseau Sortir du nucléaire, qui s'est fendu d'une lettre ouverte au ministre de l'Écologie Jean-Louis Borloo. L'association antinucléaire y dénonce "une situation absolument injustifiable qui concerne une nouvelle fois l'industrie nucléaire française qui, plus que jamais, met en danger les citoyens". Le sujet est d'autant plus sensible que des associations mettent en cause depuis longtemps les contrôles environnementaux autour des installations nucléaires françaises, car ils sont principalement effectués par les exploitants eux-mêmes. Se pose donc la question de l'indépendance de certains laboratoires et de la qualité des mesures effectuées (lire l'interview du point.fr réalisée à ce sujet le 24 septembre dernier).
Avant de prendre sa décision du 16 décembre, l'ASN s'est appuyée sur un dossier de demande d'agrément d'EDF. Le gendarme du nucléaire a notamment vérifié le mode de fonctionnement des laboratoires du groupe énergétique, leur respect des normes applicables et la réussite à un "test d'intercomparaison" sur des échantillons témoins. Elle a détecté un certain nombre d'anomalies confirmées par des contrôles sur le terrain, raconte Didier Collet, directeur de l'environnement et des situations d'urgence de l'ASN.
Après des échanges techniques avec l'entreprise et une demande, de mise en oeuvre d'un plan de mise en conformité, l'ASN a transmis le dossier à une commission d'agrément (composée d'experts, d'associations de représentants de l'État...). Réunie fin novembre, celle-ci a jugé le plan d'action proposé par EDF insuffisant. Le producteur d'électricité proposait, certes, de se mettre aux normes, mais pas avant la fin de l'année 2009 !
Un délai jugé bien trop long par la commission qui a donc demandé la suspension des agréments. EDF s'est alors engagée immédiatement à mener des actions correctives qui doivent être opérationnelles avant le 1er février 2009. En attendant, elle doit sous-traiter ses mesures de radioactivité dans l'environnement à des laboratoires extérieurs agréés.
Base de données centralisée. À ce jour, EDF aurait pris un certain nombre de mesures pour se rapprocher des normes et réduire l'incertitude sur ses mesures, rassure l'ASN, selon laquelle il n'y a pas lieu de s'inquiéter. D'ailleurs, des mesures de l'environnement, en continu ou ponctuelles, sont également effectuées par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), pour compléter les relevés des exploitants. À l'heure actuelle, "toute pollution accidentelle serait détectée", précise-t-elle.
Mais pourquoi EDF est-elle épinglée aujourd'hui ? "Depuis le 1er janvier 2009, l'ensemble des mesures réglementaires doivent être réalisées par des laboratoires disposant d'un agrément", décrypte Didier Collet. Il souligne la nouveauté de cette procédure de contrôle qui n'existait pas auparavant. Plusieurs laboratoires, notamment universitaires et associatifs, disposent d'agréments.
C'est notamment le cas de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité). Son président, Roland Desbordes, n'est pas surpris par cette mise en cause des laboratoires d'EDF. Il raconte avoir eu des doutes sur la qualité des contrôles effectués, "notamment sur la centrale nucléaire de Blayais en Gironde en 2002 ou 2003", concernant la quantité de tritium - un élément radioactif - contenue dans des rejets gazeux. "À l'époque, l'exploitant avait founi des réponses vagues", se souvient-il.
Par ailleurs, la constitution d'une base de données nationale centralisée sur les contrôles de radioactivité autour des centrales nucléaires a été récemment décidée pour mieux informer les citoyens de l'état environnemental autour des sites nucléaires. Mais elle ne sera pas rendue accessible au public via Internet avant janvier 2010.
*L'ASN a notamment refusé l'agrément aux laboratoires EDF pour leur incapacité à "discriminer" deux types d'impulsions radioactives (alpha et bêta), provoquant "des biais de mesures incompatibles avec la qualité requise pour assurer la surveillance de la radioactivité de l'environnement"."Ce refus s'explique par des écarts méthodologiques constatés dans les protocoles en place", précise le ministère de l'Écologie.
Autorité de sûreté nucléaire (ASN),
13/1/2009:
Dans le souci de faire progresser le contrôle
du nucléaire en France, l'ASN a rendu obligatoire, à
compter du 1er janvier 2009, une procédure d'agrément
des laboratoires mesurant la radioactivité dans l'environnement.
A cet effet, elle a créé une commission d'agrément
pluraliste (administrations, associations, représentants
des laboratoires, IRSN, experts qualifiés ), chargée
d'émettre un avis sur la qualité technique des demandes
présentées par les laboratoires de mesures. Dans
ce contexte, l'ASN a instruit au second semestre 2008 des demandes
d'agrément de laboratoires EDF qui ont mis en évidence
des écarts dans les méthodes de mesure de la radioactivité
dans l'environnement. L'ASN, après avis défavorable
de la commission d'agrément, a refusé le 16 décembre
2008 les nouvelles demandes et suspendu les agréments d'EDF
en cours. Par ces décisions, les laboratoires internes
d'EDF ne sont donc pas ou plus agréés pour les mesures
de tritium et de radioactivité bêta dans l'eau et
dans l'air. L'ASN a demandé à EDF d'engager immédiatement
un programme d'actions correctives qui doivent être opérationnelles
au 1er février 2009. Jusqu'à obtention des agréments,
EDF doit sous-traiter ces mesures de radioactivité dans
l'environnement à des laboratoires extérieurs agréés.
L'ASN est vigilante sur la surveillance de la radioactivité
dans l'environnement. Elle réalisera des inspections sur
site pour s'assurer que l'ensemble des mesures correctives a été
mis en place. Le refus et la suspension des agréments des
laboratoires EDF pour les mesures de radioactivité dans
l'environnement n'interrompent pas la surveillance de la radioactivité
autour des centrales nucléaires. L'ASN rappelle que l'IRSN
effectue une surveillance de l'environnement sur l'ensemble du
territoire français, y compris autour des sites nucléaires.
13/01/2009 - Le Réseau "Sortir
du nucléaire", qui a révélé lundi que l'Autorité de sûreté
nucléaire avait refusé l'agrément aux laboratoires
d'EDF chargés de mesurer la radioactivité autour
des centrales nucléaires, a réclamé mardi
la "fermeture" des centrales "non surveillées".
Sortir du nucléaire "exige
la fermeture des centrales nucléaires EDF non surveillées
par un laboratoire agréé", déclare l'association
dans un communiqué, car "il apparaît qu'EDF
est dans l'incapacité de faire un contrôle fiable
de l'environnement de ses propres centrales nucléaires".
L'Autorité de sûreté du nucléaire a
mis en place depuis le 1er janvier une procédure d'agrément
des laboratoires de surveillance de la radioactivité dans
l'environnement autour des centrales. L'ASN a refusé l'agrément
aux laboratoires d'EDF en demandant des améliorations.
Jusqu'à obtention des agréments, EDF doit sous-traiter
ces mesures de radioactivité dans l'environnement à
des laboratoires extérieurs agréés, avait
précisé l'ASN. "Selon nos informations, la
plupart des centrales nucléaires EDF n'ont pas mandaté
de laboratoire pour faire les contrôles... qui sont pourtant
obligatoires" et donc "il apparaît que des centrales
nucléaires EDF, et peut-être toutes, fonctionnent
actuellement de façon illégale", souligne Sortir
du nucléaire. Le réseau d'associations demande donc
au ministère de l'Ecologie et à EDF "de publier
aujourd'hui même (mardi) la liste des laboratoires agréés
qui feraient actuellement les mesures dans l'environnement des
20 centrales nucléaires françaises" et "le
cas échéant, de fermer immédiatement les
centrales nucléaires pour lesquelles les mesures ne sont
pas faites par un laboratoire agréé".
La Voix du Nord, 13/1/2009:
Pierrick Jaunet, directeur de l'environnement
à l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN), réagit au communiqué de Sortir du nucléaire.
«EDF est en non-conformité par rapport à la
réglementation.» La nouvelle procédure d'agrément
prévoit en effet que «depuis le 1er janvier 2009,
les exploitants d'activité nucléaire sont dans l'obligation
de faire des mesures de leur impact sur l'environnement avec un
laboratoire agréé.» Or après s'être
pliés à des tests comparés avec d'autres
laboratoires, les laboratoires d'EDF ont été retoqués
par la commission de l'ASN. Motif : La qualité de leurs
mesures est en-deça des normes de l'ASN. Pierrick Jaunet
est formel : «Si les mesures de l'exploitant ne sont pas
valides, il doit sous-traiter ses analyses auprès d'un
laboratoire agréé.» Mais, malgré la
désobéissance d'EDF, il rassure : «Cela ne
remet pas en cause sa capacité à mesurer d'éventuelles
anomalies, d'autant que d'autres inspections régulières
et indépendantes ont lieu.» EDF se soumettra à
de nouveaux tests comparés en février, avant la
prochaine commission, en mai 2009.
Communiqué de presse du Réseau Sortir du nucléaire,
lundi 12 janvier 2009:
Scandale de très grande ampleur dans le nucléaire
français
Les Echos, 12/1/2009:
Selon Stéphane Lhomme, porte-parole de "Sortir du nucléaire", les agréments des laboratoires de toutes les centrales nucléaires françaises, censés contrôler les rejets des installations, ont été suspendus ou refusés par l'Autorité de sûreté nucléaire. Le réseau associatif, qui a interpellé par écrit le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, va même jusqu'à parler d'absence totale de contrôle.
Les mesures de contrôle des installations nucléaires sont-elles effectuées de manière correcte ?
Après les événements du Tricastin, les autorités françaises ont prétendu que les contrôles étaient réalisés de façon satisfaisante autour des installations nucléaires. Il était déjà choquant que, en France, ce soit les exploitants, en l'occurrence EDF, qui contrôlent l'environnement des installations.
Un fait d'autant plus choquant et intolérable que nous venons de découvrir que ces contrôles, censés se faire en continu, ont été suspendus ou refusés par quatre décisions de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), en date du 16 décembre 2008. De ce fait, il y a aujourd'hui une défaillance totale et généralisée des mesures des rejets radioactifs par les centrales nucléaires EDF.
Une fois de plus, l'industrie nucléaire montre qu'elle est très loin d'être irréprochable alors que les conséquences et les risques qu'elle fait peser sur l'environnement et la santé des populations sont incommensurables et incomparables à tous les autres.
Comment avez-vous découvert cette information ?
On a découvert cette anomalie par hasard, en faisant des recherches sur le site de l'ASN. Il s'agit, pour une fois, d'une décision très forte de la part de l'Autorité mais on ne peut être que surpris du silence total de l'Autorité de sûreté nucléaire à propos de ses décisions qui, de par leur importance, méritent au contraire d'être rendues publiques. L'autorité a fait preuve de transparence invisible, espérant certainement que le problème soit rapidement réglé ou que EDF se mette aux normes.
Qui réalise actuellement ces contrôles ?
Nous n'avons absolument aucune information pour le moment. Alors que ces contrôles obligatoires doivent être effectués de manière continue, on est en droit de se poser des questions. On peut même supposer qu'il n'y a plus aucun contrôle. Mais, pour remédier une fois pour toute à cette défaillance totale des laboratoires des centrales, on pourrait envisager de ponctionner une taxe sur le budget d'EDF pour payer des laboratoires indépendants.
Vous venez d'interpeller par écrit Jean-Louis Borloo. Que lui demandez-vous ?
Nous demandons à Jean-Louis Borloo, ministre en charge de l'Energie, des explications immédiates pour savoir qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales, quelles sont précisément les raisons des défaillances des laboratoires des centrales nucléaires EDF et depuis quand elles existent.
Car, si ces mesures ne sont pas faites, les
centrales nucléaires doivent immédiatement être
arrêtées. Nous souhaitons aussi avoir des réponses
sur l'ampleur des rejets effectués depuis des années
par les centrales nucléaires au-delà des limites
légales qui sont, pourtant, déjà fort laxistes.
Lyon Capitale, 12/1/2009:
L'Autorité de sûreté nucléaire a récemment - et en douce - retoqué les centrales nucléaires françaises pour la défaillance de leurs laboratoires de mesures de radioactivité.
C'est en toute discrétion que, le 16 décembre dernier, l'Autorité de sûreté nucléaire, le gendarme français de l'atome, a refusé de renouveler l'agrément aux laboratoires de mesures des rejets radioactifs des dix-neuf centrales nucléaires du territoire (ainsi qu'à celle en démantèlement de Creys-Malville, dans l'Isère).
Ces laboratoires « environnement » sont chargés d'effectuer quotidiennement divers prélèvements, ainsi que des mesures de radioactivité à partir des données fournies par des balises situées dans un périmètre de 1 à 5 kilomètres autour de chaque site. Ils permettent la rédaction de bilans radioécologiques concernant le sol, l'herbe, les végétaux, le lait, certaines denrées agricoles, les cours d'eau, les eaux souterraines et fluviales, la flore et la faune aquatiques. Une mission primordiale, donc.
« Un système de triche nationale »
Dans ses quatre décisions, l'ASN a souligné « des biais* de mesure incompatibles avec la qualité requise pour assurer la surveillance de la radioactivité de l'environnement autour de sites nucléaires ». Autrement dit, les mesures d'EDF ne sont pas assez précises, les méthodes de quantification de la radioactivité sont défaillantes, concernant le tritium dans l'air et dans l'eau et le rayonnement bêta dans l'eau et les poussières (sur lesquelles peuvent se fixer des radioéléments). « Les calculs d'EDF peuvent conduire à des rejets supérieurs de 40 à 50% de ce qui est autorisé, explique Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire, basé sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, qui a révélé l'information. C'est un système de triche nationale qu'EDF a mis en place. Cela permet de cacher la réalité des rejets radioactifs dans l'environnement ».
Du côté d'EDF, le refus d'agrément doit être minimisé : « nos mesures sont supérieures aux valeurs réelles, cela prouve par conséquent que le suivi environnemental est bon. Il faut simplement que nous les ajustions par rapport au réseau national de mesures de la radioactivité qui doit être mis en place prochainement». Pourtant, ce nouveau réseau ne modifie en rien les calculs.
Les anti-nucléaires viennent d'écrire au ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo pour lui poser plusieurs questions : quelle est l'ampleur des rejets effectués depuis des années par les centrales nucléaires au-delà des limites légales ? Qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales ? Depuis quand ces défaillances existent-elles ?
Ce matin, l'ASN était injoignable. Son silence (les décisions ont bien été mises en ligne, encore fallait-il être informaticien pour les dénicher sur le site) interroge pour le moins.
* Erreur dans la méthode, le non-respect des règles de protocole, qui engendre des résultats erronés