Les pays en développement hostiles à une banque de l'uranium

18/6/2009 - Le projet de banque mondiale du combustible nucléaire, défendu par Barack Obama, s'est heurté jeudi à l'hostilité de pays en développement représentés à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Pour l'AIEA et les pays industrialisés, la création d'un centre international chargé de produire le combustible permettrait de répondre à la demande croissante d'électricité tout en dissuadant les Etats membres de se lancer dans leur propre programme, au risque de contribuer à la prolifération nucléaire.

Craignant que cette "internationalisation" ne les prive du droit à la maîtrise de la technologie nucléaire, les pays en développement ont refusé de s'associer à la rédaction du plan détaillé souhaité par le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradeï, tout en acceptant la poursuite des discussions. Le texte doit être approuvé en septembre, "De nombreuses délégations ne veulent pas continuer", a toutefois déclaré un représentant indien, dont le pays a pris la tête du mouvement. Les pays en développement représentent une moitié environ des 35 Etats membres du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, dont les décisions importantes sont prises par consensus.

Outre un accès facilité à l'énergie nucléaire, le projet défendu par le président des Etats-Unis pourrait gommer l'un des principaux obstacles au "nouveau départ" qu'il a proposé le 20 mars à l'Iran pour mettre fin à 30 ans d'hostilité. Téhéran, qui poursuit un programme d'enrichissement jugé suspect par les puissances occidentales, se dit prêt à y mettre un terme à condition que ses approvisionnements en combustible soient assurés, ce qui pourrait être le cas avec une telle institution. Les autorités iraniennes ne manquent toutefois aucune occasion de faire valoir leur droit à acquérir une maîtrise totale du cycle de l'atome.

 


Les Echos, 26/2/2009: 

Les pays du Moyen-Orient songent ouvertement à l'atome

Les Etats de la région vont devoir faire face à une forte hausse de leur consommation d'électricité dans les années à venir. Un phénomène qui les pousse à étudier des projets de centrales nucléaires.

Jusqu'où iront les pays du Moyen-Orient dans le domaine du nucléaire ? Depuis quelques mois, les partenariats et les déclarations sur le sujet se multiplient dans la région. En janvier, les Emirats arabes unis (EAU) ont conclu un accord de coopération avec le Japon et les Etats-Unis, après avoir fait de même l'an dernier avec la France et la Grande-Bretagne. La Jordanie, qui envisage d'implanter une centrale nucléaire dans la région d'Akaba, a signé un protocole d'accord avec la Korea Electric Power Corp. pour réaliser une étude de faisabilité. Un appel d'offres doit suivre l'an prochain. La semaine dernière, l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, a annoncé que son pays pensait « sérieusement à rejoindre le club nucléaire ». Au même moment, Bahreïn accueillait le constructeur russe de centrales Atomstroïexport dans le cadre d'une éventuelle coopération.

Electricité : demande croissante. Pourquoi un tel engouement pour le nucléaire ? Après avoir massivement investi dans des infrastructures industrielles et touristiques, les pays du Golfe connaissent aujourd'hui une croissance de leur consommation d'électricité de 7 % à 8 % par an... mais ils n'ont pas tous les moyens d'y faire face. Abu Dhabi, Dubaï ou Oman produisent l'essentiel de cette électricité à partir de gaz naturel, qu'ils doivent de plus en plus importer de pays voisins comme le Qatar. « Dans des Etats comme l'Arabie saoudite, plus de la moitié des ressources de gaz dépendent de la production de pétrole, ce qui pose des problèmes de disponibilité pour la production d'électricité », ajoute Leila Benali, du cabinet Cambridge Energy Research Associates (Cera). Autre facteur de poids : la stratégie nucléaire de l'Iran. « Celle-ci a joué un rôle d'aiguillon dans la région », explique un expert français. Fin 2006, les six pays du Conseil de coopération du Golfe (l'Arabie saoudite, les EAU, Oman, Bahreïn, le Qatar, le Koweït) ont lancé une étude de faisabilité sur le développement d'un programme nucléaire commun.

Depuis, c'est Abu Dhabi qui est le plus offensif sur le sujet. « Abu Dhabi a décidé de se lancer dans le nucléaire afin de préserver ses réserves en énergies fossiles sur le long terme. Le pays a un projet de pratiquement 5.000 MW, c'est-à-dire trois EPR, avec peut-être six autres derrière », expliquait le patron de GDF Suez, Gérard Mestrallet, lors de la conférence Energie du Groupe Les Echos. Selon nos informations, l'émirat a lancé un appel d'offres d'assistance à maîtrise d'ouvrage en début d'année, pour être à même de rédiger le cahier des charges. Les premières spécifications pourraient sortir en 2010, avec un choix du consortium prévu en 2012. Areva, GDF Suez et Total se sont associés sur ce projet. Ils ont été les seuls à se dévoiler publiquement, bien avant le démarrage de la procédure. GE-Hitachi et Toshiba-Westinghouse seront aussi présents, mais on ne connaît pas leurs partenaires. Très ambitieux, Abou Dhabi envisage une mise en service à l'horizon de 2017.

Reste maintenant à voir si ces projets se concrétiseront dans le contexte actuel. Certains estiment que l'enthousiasme des pays arabes s'est nettement refroidi depuis la chute du pétrole. L'impact de la crise sur la consommation d'électricité et le financement des projets posent aussi question. Dans le cas d'Abu Dhabi, « la procédure a été lancée, affirme Gérard Mestrallet. Le cas échéant, il est prêt à financer ce projet en totalité ». Mais le défi de l'émirat ne sera pas seulement financier. La taille de son projet dépasse largement les besoins nationaux. Pour rendre l'investissement viable et exporter de l'électricité, Abu Dhabi aura besoin de coordonner sa stratégie énergétique avec ses voisins. Une étape de longue haleine. Le coût d'un réacteur nucléaire fait débat dans la région, et les travaux du Conseil de coopération du Golfe sur le nucléaire ne brillent pas par leur rapidité...

Abu Dhabi donne des gages aux Etats-Unis

Prudence. La mise en service d'une centrale nucléaire dans un pays arabe constitue un sujet sensible pour les Etats-Unis. Notamment aux Emirats arabes unis, car le pays est le premier partenaire commercial de l'Iran. Les Emirats ont néanmoins donné des gages de bonne volonté aux Etats-Unis. Ils ont signé le traité de non-prolifération nucléaire et se sont engagés à ne pas enrichir, ni retraiter le combustible nucléaire. Ils s'appuient aussi sur deux sociétés américaines d'ingénierie, Thorium Power et CH2M Hill, pour les aider à développer leur programme. Ils ont enfin recruté un ancien de la Commission américaine de régulation du nucléaire (NRC), William Travers, pour les aider à manager leur agence de régulation.

 


L'Egypte choisit un site pour implanter sa première centrale nucléaire

10/1/2008 - L'Egypte a commencé à étudier le site de Dabaa, sur la côte méditerranéenne, pour y implanter sa première centrale nucléaire, a annoncé jeudi le service d'information du gouvernement égyptien. Selon cette source, le ministre de l'Electricité, Hassan Younès, a indiqué mercredi lors d'une tournée en province que al-Dabaa, à 160 km à l'ouest d'Alexandrie, était un des meilleurs sites pour ce projet. Le président égyptien, Hosni Moubarak, a annoncé en octobre la décision de l'Egypte de se doter de centrales nucléaires, relançant ainsi son programme nucléaire après un gel de 20 ans. Premier pays arabe à franchir le pas du nucléaire civil, l'Egypte doit mettre en chantier quatre centrales sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La première centrale envisagée à Dabaa serait d'une puissance de 1.000 mégawatts et coûterait environ 1,18 milliard d'euros, nécessitant des investissements étrangers. L'Egypte a ratifié en 1981 le traité international de non-prolifération nucléaire (TNP). Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmad Aboul Gheit, a précisé en décembre que l'Egypte ne signerait pas le protocole additionnel du TNP, permettant des inspections plus rigoureuses de l'AIEA dans des installations nucléaires. M. Younès a indiqué que l'organisme de contrôle des matières nucléaires se chargeait d'évaluer les réserves d'uranium découvertes dans neuf sites, en liaison avec l'AIEA. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la France, la Russie, le Kazakhstan et l'Iran, ont déjà fait part de leur disponibilité à apporter leur assistance à l'Egypte en matière nucléaire.

 


Le Figaro, 31/10/2007 :

Malgré le pétrole, tout le Moyen-Orient se convertit à l'atome

La crainte d'une «bombe chiite» iranienne incite les pays arabes d'obédience sunnite à maîtriser le cycle nucléaire.

LE NUCLÉAIRE a le vent en poupe au Moyen-Orient. Longtemps restés passifs face au programme nucléaire israélien, qui date des années 50, les pays arabes ont été réveillés par les ambitions de l'Iran, soupçonné, depuis 2002, d'avoir un programme militaire secret. En l'espace de quelques mois, à l'instar de l'Égypte, de nombreux pays du monde arabo-musulman ont manifesté leur ferme intention de développer un programme nucléaire civil.

Pour tous ces pays, les besoins réels en énergie semblent à première vue justifier une telle évolution. La Jordanie du roi Abdallah II veut accélérer la mise en place d'un programme de production d'électricité, pour économiser des importations massives d'énergie. Le royaume hachémite, un des dix pays les plus pauvres en eau de la planète, importe 95 % de ses besoins énergétiques. Il entend inaugurer sa première centrale nucléaire d'ici à 2015, en espérant que cette nouvelle source d'énergie puisse satisfaire 30 % de sa consommation en 2030.

Les monarchies arabes du Golfe, le Yémen, la Libye du colonel Kadhafi, l'Algérie et le Maroc au Maghreb, mais aussi la Turquie, affichent la même résolution et négocient fiévreusement leur conversion au nucléaire avec des entreprises occidentales, sous le regard bienveillant de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Ces grandes manoeuvres dans le domaine nucléaire ont pourtant contribué à réveiller le spectre d'une prolifération rampante au Moyen-Orient. De nature intrinsèquement duale, la maîtrise du cycle de l'atome à des fins civiles permet aux États concernés d'acquérir un savoir-faire qui leur permettrait, s'ils le voulaient, de passer à des applications militaires, comme le montrent les précédents indien, pakistanais et nord-coréen.

Pires cauchemars

« Sur le fond, c'est (une décision) de nature politique et stratégique », confirme Jon Wolfsthal, expert en non-prolifération au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington. La crise autour du programme nucléaire iranien a convaincu les États arabo-musulmans d'obédience sunnite de prendre leurs précautions, face à l'avènement redouté d'une « bombe chiite ».

Ce regain d'intérêt pour le nucléaire a ainsi fait naître une sourde inquiétude chez les responsables occidentaux chargés de la lutte contre la prolifération. L'émergence d'un pouvoir islamiste dans un pays converti au nucléaire de fraîche date constitue l'un des pires cauchemars de Washington et de ses alliés depuis les attentats de septembre 2001.

Cette inquiétude va croissant depuis le raid mené le 6 septembre par Israël contre de mystérieuses installations syriennes. Le silence gêné observé par Tel-Aviv et les pays occidentaux répond à l'étrange embarras du régime syrien, qui n'a pas cru bon de hurler au scandale. Que cachait donc le désert syrien ? Un réacteur nucléaire d'inspiration nord-coréenne, sous maîtrise d'oeuvre des ingénieurs de Pyongyang ? Ou bien un lieu de stockage pour du matériel sensible en partance pour l'Iran ?

Dans les deux cas, l'étrange incident conforte les craintes des États arabes, et la prise de conscience de leur vulnérabilité, au coeur du dangereux bras de fer irano-américain.

 


Le Figaro, 31 octobre 2007:

L'Égypte se lance dans la course au nucléaire

TANGI SALAÜN (au Caire).

Le Caire souhaite se doter de l'arme nucléaire. Sur fond de concurrence régionale exacerbée avec l'Iran.

Un an après avoir lancé un ballon d'essai par l'intermédiaire de Gamal Moubarak, le fils du raïs, l'Égypte a confirmé avant-hier son intention de rejoindre le club des pays dotés de l'énergie nucléaire.
 
« L'Égypte sera un pays nucléaire pacifique. » Telle est la promesse du président Hosni Moubarak, saluée hier par la presse cairote comme une « décision historique ». Pour le président, ce « choix stratégique » est uniquement dicté par des impératifs de sécurité énergétique. Malgré de récentes découvertes de gaz naturel et de pétrole, l'Égypte est en effet en déficit. Un phénomène appelé à s'aggraver, puisque sous l'effet d'une forte croissance démographique, la consommation d'électricité de ce pays de 76 millions d'habitants devrait passer de 21 000 à plus de 60 000 mégawatts. L'Égypte ne dispose en outre de réserves de gaz et de pétrole que pour une trentaine d'années.
 
Pour les autorités égyptiennes, tout milite donc en faveur du passage au nucléaire. De source gouvernementale, on indique que quatre centrales pourraient être construites d'ici à 2020, ce qui permettrait de produire quelque 4 000 mégawatts. Si la plupart des commentateurs égyptiens ont applaudi une décision « prise au bon moment », certains s'interrogent tout de même sur les motivations du régime. Outre le fait que l'énergie renouvelable, notamment solaire, pourrait être plus rentable, cette relance du programme égyptien intervient en effet en pleine crise du nucléaire iranien.
 
Or, l'an dernier, l'Égypte et les monarchies du Golfe, Arabie saoudite en tête, ont insisté sur la nécessité pour les pays arabes sunnites de se doter de l'énergie nucléaire pour contrer les ambitions de Téhéran. L'Égypte a donc franchi le pas, au risque de relancer la course au nucléaire dans la région. Une position d'autant plus délicate que Le Caire vient de tancer les pays européens qui ont refusé de voter une déclaration non contraignante en faveur d'un Proche-Orient dénucléarisé, adoptée, à son initiative, par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
 
Les bonnes grâces des grandes puissances
 
Pour désamorcer d'éventuelles critiques, Hosni Moubarak a promis de mener son programme dans « la plus grande transparence », contrairement à l'ancien président Gamal Abdel Nasser, qui avait initié en 1955 un projet secret, abandonné après la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine en 1986. Tous les experts s'accordent d'ailleurs à dire que Le Caire n'est pas en mesure de se doter de la bombe atomique à court terme, malgré les deux réacteurs expérimentaux dont elle dispose déjà à Inchass, dans le delta du Nil. L'Égypte s'est en outre engagée à respecter le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qu'elle a signé, même si elle n'a pas ratifié le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) - conditionnant cette signature à l'adhésion d'Israël au TNP. Hosni Moubarak a également promis que les centrales seraient construites en coopération avec l'AIEA, dont le directeur général n'est autre que l'Égyptien Mohammed ElBaradei...

Le centre de recherche nucléaire d'Inchass, à 60 kilomètres au nord du Caire, lors de sa construction, en 1998.
 
L'Égypte a surtout pris soin de s'assurer des bonnes grâces des grandes puissances. Avec succès, puisque Washington a aussitôt soutenu cette décision, estimant n'avoir « aucune objection » à lui formuler, tandis que Paris, Moscou ou Pékin ont déjà proposé leurs services pour construire les centrales, d'un coût estimé à 1,20 milliard d'euros chacune.
 
Selon les experts, Russes et Chinois seraient les mieux placés, à la fois pour des raisons de prix et parce qu'ils garantiraient davantage d'indépendance au programme égyptien. Sa mise en oeuvre devrait cependant prendre du temps. L'Égypte doit au préalable réorganiser son Autorité de l'énergie atomique, en sommeil depuis vingt ans, et choisir l'emplacement des centrales. Un temps évoqué, le site de Dabaa, sur la côte méditerranéenne, semble aujourd'hui en balance avec un projet touristique.



L'Egypte franchit le pas du nucléaire civil

29/10/2007 - Le président Hosni Moubarak a annoncé lundi la construction de plusieurs centrales nucléaires, proclamant le droit de l'Egypte à l'utilisation pacifique de l'atome dans une région en voie de nucléarisation rapide. Le raïs égyptien a ainsi donné le coup d'envoi du programme nucléaire que le gouvernement avait annoncé à l'automne 2006 vouloir sortir du placard où il était remisé depuis 20 ans. Qualifiant cette décision de "stratégique", M. Moubarak a annoncé la création dans quelques jours d'un Haut conseil pour l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, en prélude à la construction de plusieurs centrales. Ni le nombre d'usines ni les échéances n'ont été précisés. Alors que la crise du nucléaire en Iran mobilise la communauté internationale, M. Moubarak a affirmé que le programme égyptien respecterait le traité international de non-prolifération nucléaire (TNP). M. Moubarak, qui s'exprimait lors de l'inauguration d'une centrale électrique classique près du Caire, a tenu à souligner que ces centrales seraient construites en coopération avec des partenaires internationaux, non cités, et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). C'est l'argument de la sécurité énergétique du pays le plus peuplé du monde arabe, bien moins doté que ceux du Golfe en pétrole, qu'il a invoqué pour justifier le choix du nucléaire. Cette option, discrètement mise en oeuvre sous Nasser dans les années cinquante, avait été gelée par les autorités égyptiennes après la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986.Washington n'a signalé aucune objection à la relance de ce programme. "Je ne sais pas grand-chose à ce propos. De manière générale, nous soutenons les pays qui veulent se doter de l'énergie nucléaire civile", a dit la porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino. Le bilan énergétique de l'Egypte, un pays à la démographie galopante (76 millions d'habitants), reste défavorable en dépit d'une production croissante de gaz et de pétrole. Le ministre de l'Electricité, Hassan Younes, avait annoncé l'an dernier que l'Egypte souhaitait construire une centrale nucléaire de 1000 megawatt à Dabaa, à l'ouest d'Alexandrie, sur la côte méditerranéenne. Il avait précisé que son coût atteindrait 1,5 milliard de dollars (1,17 miliard d'euros) et nécessiterait des investissements étrangers. Le choix de ce lieu, bien davantage que la reprise du nucléaire, avait fait débat en Egypte, l'emplacement pouvant être proche d'un grand projet touristique générateur de devises. La presse avait aussi indiqué que le gouvernement envisageait de construire au moins trois autres centrales, d'une capacité totale de 1800 Mgw, d'ici 2020. La dimension politique de la décision de l'Egypte est évidente, au moment où plusieurs pays arabes --Jordanie, Libye, Arabie saoudite ou Emirats arabes unis-- se sont prononcés en faveur d'un programme nucléaire pacifique. "C'est un droit pour les Arabes", avait martelé M. Moubarak au printemps, à la veille d'un sommet arabe à Ryad. L'Egypte soutient officiellement l'élimination des armes nucléaires au Moyen-Orient et critique

 


Le Monde, 24/3/07:

Face à Téhéran [et Washington] les pays arabes sunnites soutiennent le nucléaire égyptien

Face à la crise sur le programme nucléaire iranien, et encore plus depuis la guerre qui a opposé Israël au Hezbollah chiite au Liban à l'été 2006 et qui fut interprétée comme une démonstration de force - indirecte - de l'Iran, les pays arabes sunnites, faisant le constat des ambitions iraniennes, avancent à leur tour sur le chemin du nucléaire.
Le 19 septembre 2006, Gamal Moubarak, fils du président égyptien Hosni Moubarak, appelait son pays à développer l'énergie nucléaire civile. L'idée est populaire. Mélangeant objectifs civils (le manque de ressources pétrolières et les besoins en électricité) et militaires, les Egyptiens le considèrent légitime, voire nécessaire face aux capacités nucléaires d'Israël et bientôt de l'Iran, deux Etats perçus comme menaçants. Le nucléaire égyptien n'est, disent-ils, que "justice".
La réaction la plus inattendue vint de Washington. Par le passé, l'Egypte avait été soupçonnée d'avoir bénéficié de ventes de technologie nucléaire via le réseau Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique pakistanaise. Le Caire avait aussi été épinglé en 2005 par l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) pour des "omissions" sur ses activités. Pourtant, aussitôt après l'annonce de Gamal Moubarak, l'ambassadeur des Etats-Unis au Caire, Francis Ricciardone, a assuré du soutien de son pays, déclarant que "les Etats-Unis encouragent l'utilisation pacifique du nucléaire".
Les débuts du programme nucléaire égyptien datent des années 1950, avec la création d'un centre de recherche à Inchass, doté d'un mini-réacteur de 2 mégawatts (MW). Après la ratification du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 1981, le gouvernement annonça la construction de huit centrales nucléaires à Dabaa. Mais après l'explosion de la centrale ukrainienne de Tchernobyl en 1986, Le Caire réexamina sa politique. L'Egypte se dota d'un réacteur argentin de 22 MW, destiné à la recherche médicale. Les infrastructures de Dabaa furent laissées à l'abandon. Il ne fut plus question d'un programme nucléaire.
Selon Walid Kazziha, directeur du département de sciences politiques à l'Université américaine du Caire, Tchernobyl n'explique pas tout, et le gel du programme nucléaire égyptien est le résultat de pressions américaines. "La paix avait été signée avec Israël, rappelle-t-il, mais elle était récente et fragile. Les Américains ont fait pression pour mettre un terme au programme nucléaire."
Les deux décennies suivant le gel du programme, Le Caire prône l'instauration au Moyen-Orient d'une zone exempte d'armes de destruction massive. Le comportement d'Israël, qui refuse d'adhérer au TNP et dont la possession d'ogives nucléaires est secret de polichinelle, est dénoncé. Les essais nucléaires de l'Inde puis du Pakistan, en 1998, entraînent un raidissement. Le Caire continue de promouvoir la dénucléarisation du Moyen-Orient mais critique l'efficacité du TNP. Des intellectuels égyptiens appellent l'Egypte à se doter de l'arme nucléaire, "dans un souci d'équilibre avec Israël". Ce sentiment d'"injustice faite aux Arabes" n'a cessé de s'exacerber avec la deuxième Intifada en 2000, l'invasion américaine de l'Irak en 2003 et la crise du nucléaire iranien.
Entre la guerre en Irak, la crise au Liban, le conflit israélo-palestinien et interpalestinien et, au sud, la guerre du Darfour, l'Egypte se considère comme l'un des derniers îlots, fragile, de stabilité. La perception du danger s'est aiguisée au fur et à mesure de la montée en puissance de l'Iran. Expression de cette inquiétude, le président Moubarak fait scandale en déclarant en 2006 que les chiites "sont en général toujours loyaux à l'Iran et non aux pays dans lesquels ils vivent."
Après la guerre au Liban, et même si Hosni Moubarak insiste sur la nécessité d'un règlement politique de la crise nucléaire iranienne, le Conseil de coopération du Golfe, qui regroupe les monarchies de la péninsule arabique, évoque des ambitions nucléaires. Puis le roi Abdallah II de Jordanie déclare envisager de "recourir à l'énergie nucléaire à des fins civiles. La Jordanie souhaitait voir une zone dénucléarisée mais, depuis l'été 2006, les règles ont changé".
Ces bouleversements régionaux expliquent le revirement américain. Si l'Iran persiste, il lui faudra compter avec le potentiel nucléaire des pays arabes sunnites. Après avoir soutenu "l'exception" israélienne, Washington pourrait privilégier un Moyen-Orient muni de plusieurs pôles "dissuasifs".
Le programme nucléaire égyptien - dont l'achèvement est prévu pour 2020 - est encore loin de pouvoir se transformer, techniquement, en potentiel militaire. Mais l'Egypte possède le potentiel humain pour le mener à bien. Et les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, semblent prêts à payer une partie de l'addition.

Cécile Hennion

 

 

L'Egypte attend qu'Israël signe le TNP

LE CAIRE (28 aout 2005) - Le ministre égyptien des Affaires étrangères a refusé samedi de signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), déclarant qu'Israël devait d'abord signer le traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Ahmed Aboul Gheit, cité par l'agence de presse semi-officielle égyptienne MENA, a estimé que ce refus de l'Etat hébreu, qui est soupçonné de posséder des centaines de têtes nucléaires, renforçait l'insécurité au Proche-Orient.
"La ratification par l'Egypte (du CTBT) est liée aux développements qui pourraient se produite aux niveaux régional et international, y compris à la possibilité qu'Israël signe le TNP", a-t-il dit.


Pression occidentale sur l'Arabie saoudite pour une plus grande transparence nucléaire

VIENNE (10 juin 2005) - Après l'Iran, l'Arabie saoudite? Selon des diplomates, plusieurs partenaires occidentaux devraient exhorter le royaume wahhabite à faire preuve d'une plus grande transparence en matière de nucléaire, lui demandant d'envisager la visite d'inspecteurs de l'AIEA.

Tant l'Union européenne que l'Australie devraient en faire formellement la demande à Riyad au cours du week-end, ont précisé sous couvert d'anonymat ces diplomates accrédités auprès de l'Agence internationale pour l'énergie atomique.

Washington a déjà fait la même demande à Riyad, mais son principal représentant à la réunion du conseil d'administration de l'AIEA prévue lundi devrait la renouveler au cours du week-end, à l'occasion d'une rencontre avec son homologue saoudien.

Cette pression diplomatique conjointe est motivée par les ambiguïtés nucléaires passées de Riyad, à l'heure où le royaume wahhabite pourrait se voir exempté de toute inspection extérieure via un protocole d'accord avec l'AIEA.

Adel al-Joubeïr, conseiller saoudien pour la politique étrangère, cherchait mercredi à répondre à ces inquiétudes, affirmant à Washington que son pays n'avait "aucun désir d'acquérir aucun type d'armes de destruction massive". Et de démentir les informations, certaines basées sur des rapports des services américains de renseignement, selon lesquels l'Arabie saoudite aurait cherché à obtenir l'aide du Pakistan en matière nucléaire.

Selon ces informations, Riyad aurait discuté de l'option nucléaire comme dissuasion dans un Moyen-Orient explosif, où son grand rival, l'Iran, chercherait à s'en doter d'armes nucléaires.

 

Premier réacteur nucléaire marocain opérationnel fin 2005

RABAT (06/05/2005) - Le premier réacteur nucléaire civil marocain sera opérationnel à la fin de l'année, conformément au calendrier retenu, rapporte jeudi le quotidien de Casablanca "L'Economiste".

Ce réacteur, d'une puissance de deux mégawatts, est construit par la société américaine General Atomics, dans le cadre d'un accord technologique de coopération nucléaire conclu en 1980 entre le Maroc et les Etats-Unis. En cours de réalisation dans la forêt de la Maâmora à 20km au nord de la capitale Rabat, ce réacteur de type Triga Mark II, sera utilisé à des fins scientifiques (imagerie médicale, environnement, géologie). "L'accomplissement de ce réacteur pour des applications de recherche et de formation fournira une base solide pour l'entrée du Maroc dans la technologie nucléaire", précise l'ambassade des Etats-Unis dans un communiqué. Le Maroc est l'un des 24 pays à avoir conclu une telle coopération nucléaire civile avec Washington. "Le Maroc a fait le pari d'utiliser la technologie nucléaire" confirme Khalid Mediouri, directeur général du Centre national des sciences et techniques nucléaires (CNESTEN). Dans un entretien publié par "L'Economiste", M. Mediouri évoque également la possibilité d'un programme électronucléaire civil au Maroc. "L'une de nos principales missions est de préparer le terrain à l'avènement d'une décision politique qui soit favorable à l'utilisation de l'énergie nucléaire", explique le directeur du CNESTEN, qui estime que "le Maroc est acculé à emprunter la voie du nucléaire vu le coût de plus en plus exorbitant du pétrole". La facture pétrolière du royaume, qui ne produit quasiment pas d'hydrocarbures, a augmenté de 51% au premier trimestre 2005. Cette hausse n'a pas encore été répercutée à la pompe grâce à l'existence d'une caisse publique de compensation. La France, autre allié traditionnel du Maroc, soutient également les projets nucléaires du royaume. Lors d'une conférence en janvier, l'ambassadeur de France au Maroc, Philippe Faure, avait estimé que la voie de l'énergie nucléaire était "insuffisamment explorée". "Le centre d'études nucléaires de la Maâmora constituerait un solide réservoir d'expertise pour garantir la sécurité d'un éventuel réacteur de puissance", avait souligné le diplomate. Des entreprises françaises (SPIE Batignolles notamment) sont associées au chantier de la Maâmora, doté d'un budget de 80 millions d'euros.

Membre de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) depuis 1957 et signataire du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Maroc s'est par ailleurs déclaré "inquiet" en janvier dernier du développement du programme nucléaire de l'Algérie voisine."Le programme nucléaire algérien, même civil, peut susciter l'inquiétude de certains pour la stabilité régionale", avait affirmé, sous couvert d'anonymat un haut responsable marocain alors que l'Algérie est pressée par Washington d'ouvrir davantage ses deux réacteurs nucléaires aux inspections internationales.

 

La Nouvelle République, 08 Mars 2005:
Un nouvel essor pour le nucléaire en Algérie

Le Temps, 14.02.2005

L'AIEA critique plusieurs omissions de l'Egypte sur ses activités nucléaires

VIENNE (14.02.2005) - L'AIEA a critiqué lundi l'Egypte pour avoir omis plusieurs fois de signaler certaines activités nucléaires, mais elle a estimé, dans un rapport, que ces manquements minimes n'impliquaient pas de programme nucléaire militaire secret. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a également trouvé des traces de plutonium au cours d'inspections d'un laboratoire en Egypte, mais a estimé qu'il s'agissait d'une contamination et non d'une production de plutonium, selon ce rapport. D'après ce rapport, les manquements répétés sont "cause de préoccupation", bien que Le Caire coopère avec l'enquête de l'AIEA.
Un haut diplomate proche de l'agence onusienne à Vienne a minimisé la portée des incidents, qui sont moindres que les activités clandestines reprochées l'an dernier à la Corée du Sud. De plus, il n'y a pas eu d'activités d'enrichissement d'uranium, et certains incidents remontent à une quarantaine d'années et pourraient être liés à la recherche en matière de combustible nucléaire plutôt que faire partie d'un programme militaire nucléaire, selon lui. Le rapport sera soumis aux 35 Etats du Conseil des gouverneurs qui se réunit à partir du 28 février à Vienne. L'organe exécutif de l'AIEA décidera s'il y a lieu de transmettre le dossier au Conseil de sécurité des Nations unies.
L'Egypte avait voulu à la fin des années 1970 construire huit centrales nucléaires pour produire de l'électricité civile, mais n'en a finalement réalisée aucune. "Les matières et installations nucléaires vues par l'agence à ce stade correspondent à celles décrites par l'Egypte", qui sont strictement pacifiques, note le rapport.
Les Egyptiens ont déjà démantelé une installation de conversion d'uranium et se servent d'une usine originellement construite pour retraiter du plutonium comme lieu de stockage pour élements radioactifs à utilisation médicale, d'après le rapport. L'Egypte avait ainsi importé 67 kilos de gaz d'uranium et plusieurs autres produits utilisés dans l'enrichissement après 1982, l'année où elle a adhéré au Traité de non-prolifération (TNP) et aux obligations de transparence que cela implique. Le Caire a aussi omis de signaler des expériences "d'irradiation d'uranium naturel et de thorium" et de donner des précisions sur les dessins d'une usine pouvant servir à la fabrication de plutonium, toujours d'après le rapport. Après l'annonce de l'ouverture d'une enquête sur un laboratoire égyptien susceptible de produire du plutonium, Le Caire avait admis le 27 janvier avoir omis de signaler à l'AIEA "un certain nombre" de travaux de recherche. Le laboratoire de retraitement, situé au centre Inchass (35 km au nord-est du Caire), où se trouvent deux réacteurs de recherche, comprend des installations "fournies par la France au début des années 1980, qui permettent le retraitement de combustible irradié" et la séparation de plutonium à des fins de recherche, selon une source diplomatique. "L'Egypte coopère avec l'AIEA" et considère que ces "expériences, menées à des fins de recherche, pour la plupart il y a longtemps, ne contreviennent pas au TNP", a récemment affirmé l'ambassade d'Egypte à Vienne. D'après elle, l'adoption par l'agence de critères plus restrictifs dans les années 1990 a conduit l'Egypte "à ne pas déclarer correctement un certain nombre d'expériences et d'activités de recherche".
L'AIEA a pour directeur-général Mohamed ElBaradei, un ancien diplomate égyptien, dont les Etats-Unis ne veulent pas qu'il soit reconduit cette année dans ses fonctions.


L'Egypte nie avoir un programme nucléaire secret d'armement

LE CAIRE, 6 jan 2005 - L'Egypte a vivement récusé jeudi les accusations selon lesquelles elle s'adonnerait secrètement à des expériences pour acquérir l'arme nucléaire.
Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a affirmé à la presse que "ces informations n'avaient aucun fondement" et que "l'Egypte respecte le traité de non-profération nucléaire qu'elle a signée".
Mercredi à Vienne, siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), des sources diplomatiques non identifiées ont indiqué que l'AIEA menait depuis l'été dernier une enquête en Egypte sur des expériences nucléaires limitées qui pourraient être liées au développement d'armes nucléaires.
Ces expériences porteraient sur la fabrication de métal d'uranium, pouvant servir à du plutonium militaire, et la production de tétrafluorure d'uranium (UF4), une étape à l'enrichissement d'uranium, selon un diplomate.
Un autre diplomate a cependant assuré qu'il n'y avait pas eu de production d'uranium enrichi, lequel à des degrés divers peut servir soit à des fins civiles soit à des fins militaires. "Ces expériences sont minimes et remontent dans l'histoire aux années 1950", a-t-il dit.
Ces accusations sont attribuées par l'Egypte à une campagne israélo-américaine contre la réélection du directeur général de l'AIEA, l'Egyptien Mohamed ElBaradei.
Pour l'agence de presse égyptienne Mena, ces accusations "entrent dans le cadre du refus des Etats-Unis d'une nouvelle candidature d'ElBaradei".
Cette hypothèse est partagée par Mohammed Abdel Moneim, Pdg de la revue Rose el-Youssef, pour qui "il s'agit d'informations de source américaine agitées de temps à autre et sont liées actuellement à la compétition pour le poste de directeur général de l'AIEA". Le journal Al-Ahram soutient pour sa part qu'il s'agit de "fuites" d'origine israélienne.
Washington s'est déclaré opposé à la candidature de M. ElBaradei à un troisième mandat, affirmant que ce type de poste ne devait pas être occupé par la même personne plus de deux mandats consécutifs.
M. ElBaradei est l'unique candidat à sa propre succession, mais ses chances d'obtenir la majorité des deux tiers en juin prochain sont quasiment nulles, ce qui nécessitera un autre tour de scrutin.
L'Egypte est signataire en 1983 et en 1996 des traités internationaux contre la prolifération nucléaire et la prolifération des armes de destruction massive, ainsi que de leurs protocoles additionnels.
Le président Hosni Moubarak avait indiqué dès 1988 qu'il ne "souhaitait pas entrer en compétition avec Israël en matière d'armement nucléaire".
L'Egype est liée à l'AIEA par des accords d'inspection concernant un réacteur expérimental d'origine soviétique de 3 Mégawatt et d'un autre d'origine argentine de 22 Mégawatt, ainsi que de plusieurs laboratoires de production ou de recherche sur les combustibles.
Selon le Premier ministre Ahmed Nazif, la totalité des projets nucléaires relèvent de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire dans des domaines civils: agriculture, dessalement de l'eau de mer, recherche de ressources hydrauliques, médecine. L'AIEA est associée à plusieurs projets, a-t-il dit.
Le 2 novembre, l'ambassadeur d'Egypte auprès de l'AIEA, Ramzeddine Ramzy, a démenti que l'Egypte avait un "programme nucléaire secret" ainsi que tout lien avec la Libye dans ce domaine.
A la fin des années 1980, sous la pression des Etats-Unis, l'Egypte a dû mettre en veilleuse un ambitieux programme de production d'électricité nucléaire et de dessalement d'eau de mer, après l'accident de Tchernobyl, et renoncer à l'importation du Canada un réacteur de 600 Mégawatt.
Des chercheurs égyptiens se sont alarmés de cette mise en veilleuse en affirmant que l'Egypte devait préparer l'après-pétrole, en assurant ses besoins en électricité par le nucléaire.



L'expressiondz.com, 05 janvier 2005:

LE NUCLÉAIRE ALGÉRIEN AGITE RABAT
Panique au Maroc

Aujourd'hui, le Maroc ne se contente pas de l'entretien et consacre tout un dossier en Une au nucléaire algérien.

Quelques jours après la visite de la Troïka du G8 à Alger et qui avait pour mission d'amener l'Algérie à signer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), le Maroc monte au créneau en mettant en avant un député, ancien colonel de la Gendarmerie royale et un quotidien, Aujourd'hui le Maroc, pour mettre la pression sur le prétendu arsenal de guerre non conventionnel que détiendrait l'Algérie. Ainsi, dans un entretien accordé au journal cité plus haut, le député en question, Ahmed Zarouf, est formel. Pour lui, «l'Algérie possède l'arme chimique et biologique». M.Zarouf dit avoir alerté les autorités marocaines et même les délégations américaines et françaises sur «l'intention de l'Algérie de se doter de l'arme nucléaire». Pour ce qui concerne les armes chimiques et biologiques, le député marocain, très attaché à la vision royale sur la question du Sahara Occidental, affirme se baser «sur des rapports établis par des services de renseignement marocains et étrangers. Ces rapports font clairement état de ce fait.» Et à croire cet élu, «l'Algérie ne peut utiliser cette arme que contre le Maroc». Faisant totalement abstraction des efforts consentis pour la construction de l'Union du Maghreb arabe, M.Zarouf propose de «lancer un cri d'alarme, tous azimuts». Ce serait, selon lui «un (bon) moyen d'attirer l'attention de l'opinion publique internationale sur les dangers qui menacent la stabilité de la région de l'Afrique du Nord.» La seule interprétation qu'a trouvée le député marocain à la fin de non-recevoir des instances internationales à ses appels, tient du simple fait que «James Baker est le conseiller de toutes les compagnies américaines installées en Algérie.» Ainsi, le mot est lâché. Le plan Baker est en réalité au centre du problème. Salir l'homme pour discréditer sa démarche est la mission de cet élu pour qui les prétendues armes de destruction massive ne sont en réalité qu'une tentative de diversion. Aujourd'hui le Maroc ne se contente pas de l'entretien et consacre tout un dossier en une au nucléaire algérien. Ce journal saute sur l'occasion de la visite de la Troïka à Alger pour donner de l'Algérie l'image d'un pays hyper-militarisé, en faisant de la centrale nucléaire d'Aïn Ousserra un site militaire stratégique. Dans un article intitulé «Nucléaire: Bouteflika n'inspire pas confiance», Aujourd'hui le Maroc échafaude une théorie invraisemblable qui aboutit à un résultat que l'Algérie aurait des capacités de fabriquer une bombe atomique par an.
Dans un éditorial consacré au sujet, le journal croit savoir que «l'Algérie a décidé de résister aux pressions occidentales car elle a tout simplement des choses à cacher.» Cette offensive médiatique témoigne de la volonté des sphères politico-médiatiques proches du palais royal de parasiter systématiquement les relations algéro-marocaines, tant que le dossier du Sahara Occidental demeure pendant.

Mourad SID-ALI

 

Aujourd'hui Le Maroc, 4/1/05:

Ahmed Zarouf : "Alger possède l'arme chimique"

Le député de Taounate (MP), ancien colonel de la Gendarmerie royale, M.Zarouf estime que l'Algérie est en passe de se doter de l'arme nucléaire. Et que par conséquent, le silence marocain est inquiétant.

ALM : Pensez-vous que l'Algérie est, effectivement, en passe de se doter de l'arme nucléaire?

Ahmed Zarouf :
Bien évidemment. Vous savez, cela fait trois ans, environ, je ne cesse de répéter au ministre des Affaires étrangères, au ministre délégué chargé de l'Administration de la Défense nationale et aux différentes délégations européennes et américaines qui visitent notre pays, que l'Algérie a la ferme intention de se doter de l'arme nucléaire.
Mieux encore. L'Algérie a déjà en sa possession l'arme chimique et l'arme biologique. Aujourd'hui, elle est en train de finaliser son programme nucléaire. Mais une opacité totale caractérise ce dossier. Je trouve étrange que les autorités européennes et américaines, qui prétendent clairement vouloir éradiquer la prolifération des armes de destruction massive, ne font absolument rien contre l'Algérie.

Quand avez-vous discuté de cela avec les Européens et les Américains?
A plusieurs reprises. La dernière fois, c'était lors d'une rencontre à Marrakech relative à la question du Sahara marocain. J'ai souligné que cette région est devenue un pôle d'insécurité, où le grand banditisme est de mise et où l'islamisme politique se développe de manière grave. J'ai tout le temps été le seul à monter au créneau. Et je suis content que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) s'intéresse à ce qui se passe dans les deux Centrales nucléaires algériennes.

Quelle a été la réaction des responsables marocains quand vous avez soulevé la question?
Ils n'ont pas réagi. C'était lors d'une réunion de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Chambre des représentants. J'ai soulevé la question de l'armement nucléaire algérien, à deux reprises, avec Abderrahman Sbaï, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Administration de la Défense nationale. Même chose avec Mohamed Benaïssa et Taïeb Fassi Fihri. En fait, je ne comprends pas leur silence. Peut-être qu'ils pensent que c'est de la surenchère de ma part. Mais j'ai plutôt l'impression qu'ils sont tout simplement mal informés. En tout cas, c'est un laxisme inquiétant.

Vous affirmez que l'Algérie possède déjà l'arme biologique et chimique. Sur quoi vous basez-vous pour avancer cela?
Je me base sur des rapports établis par des services de renseignements marocains et étrangers. Ces rapports font clairement état de ce fait. En outre, je vous rappelle que la presse marocaine a déjà publié des informations selon lesquelles les Etats-Unis accusaient l'Algérie de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Si tel est le cas, le Maroc doit-il se sentir visé par la volonté algérienne de se doter de l'arme atomique?
Il suffit de jeter un coup d'il sur la carte pour le savoir. L'Algérie ne peut utiliser cette arme que contre le Maroc.

Mais qu'exigez-vous, exactement, des autorités marocaines dans cette affaire?
Il faut, à mon avis, commencer par dénoncer les visées algériennes. Lancer un cri d'alarme, tous azimuts, est un moyen d'attirer l'attention de l'opinion publique internationale sur les dangers qui menacent la stabilité de la région de l'Afrique du Nord.

Justement, comment interprétez-vous le silence des puissances comme l'Europe et les Etats-Unis?
Je commencerais par les Etats-Unis. Premièrement, les intérêts américains dans le secteur pétrolier en Algérie sont primordiaux. D'ailleurs, James Baker est le conseiller de toutes les compagnies américaines installées en Algérie. C'est ce qui explique son attitude à l'égard du Maroc dans l'affaire du Sahara.
Deuxièmement, l'Europe observe toujours une attitude de discrétion. Tant que l'affaire n'a pas éclaté au grand jour, et qu'il n'y a pas de prémices inquiétants comme des essais par exemple, les Européens préfèrent ne pas intervenir.

Abdelmohsin EL HASSOUNI



L'Egypte a produit des matériaux nucléaires susceptibles d'être utilisés pour un programme d'armement, selon l'AIEA

VIENNE, Autriche (AP) - 04/01/05 - L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a la preuve que des expériences secrètes ont été faites en Egypte dans le domaine du nucléaire, susceptibles d'être utilisées pour un programme d'armement, ont annoncé mardi à Vienne des diplomates.
Ces diplomates ont confié à l'agence Associated Press (AP) que la majeure partie de ces expériences ont été faites dans les années 80 et 90, mais que l'AIEA examine aussi des éléments suggérant que certaines ont été réalisées il y a seulement un an.
Selon un des diplomates, les Egyptiens «ont essayé de produire divers composants d'uranium» sans en fait part à l'AIEA, alors qu'ils auraient dû le faire dans le cadre du Traité de non prolifération nucléaire (TNP).

 

 

L'Algérie soumise à des pressions pour accepter l'inspection de ses réacteurs nucléaires

ALGER (7 mars 2004) - L'Algérie est soumise depuis des semaines à de "discrètes" mais "insistantes" pressions américaines pour accepter des visites inopinées des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans ses deux réacteurs nucléaires Nour et Salam, a rapporté dimanche le quotidien "Liberté".

"Tous les responsables américains qui ont visité récemment, l'Algérie ont abordé le sujet avec les autorités algériennes", précise le journal, citant des sources anonymes à Paris. Il ajoute que "le président Bush qui fait de la lutte contre la prolifération des armes nucléaires sa principale priorité ne soupçonne pas l'Algérie de vouloir se doter de l'arme atomique".

Les deux réacteurs algériens situés à Ain Oussara (250km au sud d'Alger) "sont capables d'enrichir l'uranium et de produire entre trois et cinq kilos de plutonium par an", selon cette même source.

Depuis quelques mois, les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis se sont nettement améliorées, à la faveur de la lutte contre le terrorisme, comme le montre la dernière opération qui a permis à l'armée algérienne, aidée par des experts américains, de neutraliser dans le sud algérien des éléments du Groupe salafiste pour la prédiction et le combat (GSPC), qui acheminaient un convoi d'armement pour réactiver les maquis au nord du pays.

Les autorités américaines, qui n'ont pas confirmé ni infirmé cette collaboration entre l'armée algérienne et des experts américains, ont cependant démenti dernièrement, par le biais de leur ambassade à Alger, l'information selon laquelle Washington envisageait de construire une base militaire dans le sud du pays. Cette base aurait pour objectif d'effectuer ponctuellement des opérations antiterroristes dans la région du Sahel, où sont réfugiés des éléments d'Al-Qaïda.