20 Minutes, 18/04/06:

Manifestation réussie des antinucléaire à Cherbourg

Malgré une pluie battante, entre 12 500 et 30 000 personnes ont défilé samedi après-midi à Cherbourg (Manche) contre le réacteur nouvelle génération EPR, et pour marquer le vingtième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. « C'est une très forte mobilisation », s'est réjoui Stéphane Lhomme, le porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. De nombreux partis politiques et associations s'étaient déplacés, dont les Verts, Greenpeace, Attac et la LCR.
Parmi les manifestants, qui ont défilé dans une ambiance bon enfant, figuraient des militants vêtus de combinaisons blanches et portant des masques, qui entouraient un missile en carton de plusieurs mètres, tandis que d'autres portaient dans leurs bras des poupées défigurées symbolisant des enfants malformés.
« Bien au-delà de la dénonciation du nucléaire, c'est l'expression d'une exigence citoyenne pour une politique énergétique différente, plus respectueuse de l'environnement », souligne Stéphane Lhomme. « Le développement du nucléaire civil est non seulement une erreur sur le plan environnemental, mais aussi sur le plan socio-économique », poursuit-il.
Ainsi, une étude publiée ce mois-ci par le réseau Sortir du nucléaire montre qu'avec les trois milliards d'euros nécessaires pour construire le nouveau réacteur EPR prévu à Flamanville (Manche), il serait possible de produire deux fois plus d'électricité, tout en créant quinze fois plus d'emplois. Dès lors, « il est temps que les élites prennent à leur tour conscience qu'il faut investir dans les énergies renouvelables ».

Laure de Charette

 

Voir les photos:
- De Joël F. Volson du week-end antinucléaire: Album 1 - Album 2 - Album 3
- Les photos sur: http://nanodata.com/PHOTO/060415cherbourg
- Les photos sur: http://www.1d-photo.org...
- Des photos prises depuis la grue où a été mise la banderole géante.


 

Libération, 17 avril 2006:

Prolifération réussie des antinucléaires à Cherbourg
Massive, la mobilisation de samedi a réuni opposants à l'EPR et politiques.

Ils ont envahi Cherbourg en douceur, mais ils étaient venus en masse. Près de 30 000 antinucléaires ont manifesté samedi après-midi contre la construction du futur réacteur EPR (prévue à Flamanville) et aussi pour le vingtième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986. Ils étaient plus de 20 000 selon les RG locaux. Un succès pour les organisateurs.

«Ce temps est pourri, l'EPR aussi», «Nucléaire, ça suffit!» «Eclairés un jour, irradiés toujours»... Les pancartes plus ou moins inspirées se détachent sur le ciel plombé de la Manche. En dépit de la pluie, les manifestants sont venus de toute la France et de 22 pays d'Europe. A 15 heures tapantes, le cortège entame sa procession. Quelques minutes de marche, puis un bruit de sirène déclenche le die-in (simulation de la mort), en mémoire des victimes de la catastrophe de Tchernobyl. Au début du cortège, les manifestants s'allongent. Silence. Puis repartent au son des fanfares et des batucadas. Le ciel est gris, mais les visages sont souriants.

On les croyait moribonds depuis la manifestation contre l'EPR qui n'avait rassemblé que 8 000 personnes à Paris en janvier 2004. Mais ce week-end a permis aux «anti» de se compter. «On ne s'arrêtera pas là, explique Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, qui a coorganisé le rassemblement. Cette mobilisation prouve qu'on peut se réapproprier le débat scientifique.»

Dans la poissonnerie de la rue des Tribunaux, trois gaillards regardent le défilé. «Expliquez-nous comment vous allez remplacer les 70 % d'électricité que produisent les centrales. » Le trio travaille à l'usine de retraitement de La Hague. «Et ici, tout le monde travaille de près ou de loin dans le nucléaire. On ne voit pas comment on s'en passerait.» Personne ne s'arrête pour entamer le dialogue. Le cortège arrive ensuite devant les locaux d'EDF, où chaque manifestant dépose des boîtes de conserve siglées du logo radioactif pour symboliser l'énorme tas de déchets légués aux générations futures.

«Vieux machins». Les participants ne sont pas tous totalement rétifs à la voie atomique. «Il faudra bien faire des réacteurs pour remplacer nos vieilles centrales, explique Martin, ingénieur à la retraite, venu en voisin de Caen. Mais pas l'EPR ! Ce prototype n'a aucun avantage par rapport à nos vieux machins, il ne produit même pas moins de déchets. Mieux vaut attendre un peu et construire quelque chose de mieux.»

En cela, Martin partage la position du Parti socialiste, très modestement représenté dans la manif. Ou celle de Corinne Lepage (Cap21). Les Verts et la LCR, quant à eux, refusent en bloc le nucléaire. Dominique Voynet s'est plutôt faite discrète après avoir été insultée par des anars alors qu'elle remontait le cortège à contresens, bardée de son écharpe d'élue verte.

Quant à José Bové, fidèle à lui-même, il a invité les manifestants à démonter les 400 pylônes à haute tension qui seraient érigés pour transporter l'électricité produite par le futur réacteur. «Cette mobilisation repose toutes les questions énergétiques, mais interroge aussi le nucléaire dans la démocratie. Toutes les décisions sont prises avant même la tenue du débat public. Ça ne peut pas continuer comme ça.»

A 18 heures, dispersion. Les stands de saucisses de la Confédération paysanne marchent à plein régime, les fontaines à bière aussi. Trempés mais contents, les antinucléaires ont eu le sentiment ce week-end de la manif historique et bien faite.

Laure NOUALHAT

 

 

Libération, 17 avril 2006:

Les alternatives au réacteur dernière génération

Les adversaires de l'atome prônent économies d'énergie et utilisation des renouvelables.

Avec 3 milliards d'euros, on peut en faire, des choses. Plutôt que de les investir dans un réacteur de troisième génération comme l'EPR, les opposants à l'atome proposent une alternative : l'économie d'énergie et les renouvelables. «Avec la même somme d'argent, nous montrons qu'on peut produire deux fois plus d'électricité que l'EPR, prévient Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, qui a commandé une étude à l'Espace info énergie «Les 7 vents du Cotentin», basé dans la Manche (1). Et ce serait 10 000 emplois pérennes créés alors que l'EPR, lui, n'embaucherait que 2 300 personnes en phase de construction et 300 seulement en fonctionnement.»
Inutile de produire l'énergie qu'on ne consomme pas, c'est sur ce principe que se base l'une des principales alternatives antinucléaires : l'économie d'énergie. En développant la sobriété volontaire dans les comportements individuels ou collectifs, on sauve du kilowattheure. Sur la seule région Grand Ouest, l'achat d'ampoules fluocompactes ou d'appareils électroménagers peu gourmands permettrait d'économiser 5,48 terawattheures (TWh) (2). L'installation de 50 000 poêles à bois générerait 3,5 TWh d'économies et la valorisation du biogaz en cogénération éviterait de consommer 2,6 TWh. Le bureau propose par ailleurs de financer des études de potentiel éolien dans plus de 400 communautés de communes de la région, de former des installateurs pour les équipements solaires. Il plaide aussi pour la création d'agences locales de l'énergie (ALE), structures où s'impulsent les politiques locales d'énergie. Ainsi les communes établiraient leurs diagnostics pour l'éclairage des rues, l'isolation des bâtiments, etc.
«Les 7 vents du Cotentin» s'est largement inspiré du scénario de l'association Négawatt, symbole du watt qu'on ne consomme pas. Le scénario tendanciel prévoit une consommation électrique de 848 TWh en France en 2050. Avec les négawatts, seuls 430 TWh seraient nécessaires pour combler nos besoins.

[Remarque: Les exportations d'électricité (En données de 1995 (non actualisée) sont de 70 TWh exportés ce qui correspond à la production annuelle d'environ 12 réacteurs de 900 MWe ou 9 réacteurs de 1300 MWe, donc déjà de 9 à 12 réacteurs en trop pour la consommation électrique française !]

(1) Sur www.sortirdunucleaire.org
(2) Un terawattheure équivaut à un milliard de kilowattheures.

Laure NOUALHAT

 

Rassemblement antinucléaire à Cherbourg: place aux forums

16/04/06 - Le rassemblement des militants antinucléaires à Cherbourg s'est poursuivi dimanche par des forums, dont l'un a été consacré aux conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France et en Europe de l'Est, au lendemain de la manifestation qui avait réuni entre 10.000 et 30.000 personnes dans les rues de la ville.
Le forum relatif aux conséquences de l'accident de Tchernobyl survenu le 26 avril 1986 s'est tenu en présence de Viatcheslav Kitaev, venu témoigner au nom des "liquidateurs": ces hommes sont allés lutter contre l'incendie de la centrale puis ont tenté d'en limiter les conséquences en construisant un sarcophage autour du réacteur.
"Je pense qu'un nouveau Tchernobyl n'est pas exclu et peut se produire n'importe quand, n'importe où", a déclaré cet ingénieur russe qui a travaillé pendant trois mois à Tchernobyl lors de la catastrophe.
Vladimir Tcherkov, journaliste, auteur de cinq documentaires sur les conséquences de la catastrophe, a insisté sur "le mensonge et le silence concernant ces centaines de milliers de liquidateurs qui ont sauvé l'Europe".
Selon lui, sur les 800.000 "liquidateurs" engagés sur la centrale après l'accident, "30% sont invalides, 10% sont déjà décédés".
Vladimir Tcherkov a aussi évoqué la "catastrophe sanitaire biélorusse", pays dans lequel "les enfants et la population en général mangent depuis vingt ans du nucléaire, et se contaminent".
D'autres forums ont été consacrés au réacteur de nouvelle génération EPR qui doit être construit à Flamanville dans la Manche.
Samedi après-midi, une manifestation avait réuni 10.000 personnes selon la police, 30.000 selon les organisateurs, dans les rues de Cherbourg pour marquer les vingt ans de la catastrophe de Tchernobyl et pour protester contre la relance du nucléaire.
Les participants entendaient notamment exprimer leur opposition au réacteur EPR, qui doit être construit à Flamanville, pour une mise en service en 2012.
Un concert de soutien en présence du chanteur Kent était également programmé samedi soir à Cherbourg, tout comme des projections de documentaires sur Tchernobyl, et la représentation de la pièce "La Diagonale de Tchernobyl" par la compagnie Brut de Béton.
La troupe de théâtre, qui voyage dans deux cars, a quitté Cherbourg dimanche pour traverser l'Europe jusqu'à Tchernobyl, où elle participera à une veillée de commémoration de la catastrophe le 26 avril prochain.
Dimanche après-midi, quelques dizaines de militants ont pu se rendre aux abords des sites nucléaires situés près de Cherbourg: la centrale de Flamanville, et l'usine de retraitement de déchets radioactifs de la Hague, deux établissements protégés par un large déploiement de forces de l'ordre. Le rassemblement des antinucléaires devait s'achever vers 18h.
 

 
200 antinucléaires en visite à La Hague et Flamanville

16/04/2006 - Environ 200 militants antinucléaires ont effectué dimanche une visite guidée aux alentours des sites nucléaires de La Hague et Flamanville, dans la Manche, au terme d'un week-end de mobilisation contre le nucléaire civil.
Yannick Rousselet, porte-parole de Greenpeace, s'est félicité d'une mobilisation "au-delà de toutes les espérances" et de l'absence d'incidents en marge des manifestations. "On est extrêmement satisfait. La mobilisation va peser dans la balance politique", a-t-il indiqué à l'AFP, en se réjouissant notamment que le Parti socialiste ait exprimé vendredi son opposition au futur réacteur nucléaire à eau sous pression (EPR), le jugeant "inutile et dangereux".
Quelque 12.500 personnes selon la police, 30.000 selon les organisateurs, avaient manifesté samedi à Cherbourg (Manche) pour réclamer "une autre politique énergétique" en France.
Dimanche matin, plusieurs conférences se sont tenues dans des cinémas de Cherbourg. Une visite guidée aux abords d'un centre de stockage des déchets nucléaires et de l'usine de retraitement de La Hague, puis de la centrale nucléaire de Flamanville, était ensuite organisée à l'initiative de l'association Greenpeace et du réseau Sortir du nucléaire.
"Les gens avaient fait beaucoup de kilomètres pour venir à Cherbourg et n'avaient jamais vu l'objet de leur lutte. On leur a donné des explications techniques sur le fond, sur la problématique des déchets nucléaires et de l'EPR", a indiqué Yannick Rousselet.

[Ecoutez: France-culture magazine "Terre à terre" de Ruth Stegassy sur le nucléaire.
-
La Hague: Emission n°3 en Realaudio 21kb du 26 Novembre 2005
Reportage autour de la Hague en compagnie de Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France.]

 

 
Importante mobilisation anti-nucléaire à Cherbourg, 20 ans après Tchernobyl

15/04/2006 - Quelque 12.500 personnes selon la police, 30.000 selon les organisateurs, ont manifesté samedi à Cherbourg (Manche) pour protester contre le nucléaire civil et réclamer "une autre politique énergétique" française.
Les organisateurs ont ainsi réussi leur pari de rassembler plus de 10.000 personnes le week-end de Pâques sur la pointe du Cotentin.
"C'est une très forte mobilisation dans ce coin difficile d'accès, qui témoigne d'un tournant dans l'histoire de la politique énergétique en France", s'est félicité Stéphane Lhomme, le porte-parole du réseau "Sortir du nucléaire", l'un des principaux organisateurs.
"Cette forte mobilisation témoigne de la volonté radicale de la population d'aller vers des économies d'énergie et vers un développement des énergies renouvelables", a-t-il ajouté.
Venus de nombreux pays, les manifestants ont défilé dans le calme derrière une banderole jaune clamant: "20 ans après Tchernobyl, stop au réacteur nucléaire EPR", qui devrait être implanté à Flamanville, près de Cherbourg et du Centre de retraitement de La Hague.
Sous une pluie battante, ils ont respecté quelques instants de silence en hommage aux victimes de la catastrophe de Tchernobyl, dont on commémore le 20e anniversaire. Un des "liquidateurs" de la centrale ukrainienne a notamment pris la parole.
Des militants, vêtus de combinaisons blanches et portant des masques, entouraient un missile en carton de plusieurs mètres, tandis que d'autres portaient dans leurs bras des poupées défigurées symbolisant des enfants malformés.
En passant devant la direction départementale d'EDF, les manifestants ont jeté plusieurs milliers de boîtes peintes en jaune et noir, symbolisant des déchets radioactifs.
Corinne Lepage, présidente de Cap 21, des représentants de l'association écologiste Greenpeace France et Finlande, d'ATTAC ou encore de la LCR, du PS et des Verts, dont leur secrétaire national Yann Wehrling, ont tour à tour plaidé contre le réacteur EPR et, de façon plus large, contre la relance des programmes nucléaires en France et dans le monde.
Le premier réacteur EPR en France, le deuxième au monde après celui acquis par la Finlande, doit être installé à l'horizon 2012. Mais, pour ses opposants, rien n'est encore joué.
"L'Assemblée nationale et le Sénat ont déjà validé le projet, mais une enquête publique doit encore avoir lieu, suivie d'un éventuel décret", a expliqué Didier Anger, coordinateur du collectif régional "L'EPR non merci".
Le réseau Sortir du Nucléaire, qui fédère 718 associations, a de son côté présenté une étude selon laquelle, avec les trois milliards d'euros nécessaires à la construction de l'EPR, il serait possible, grâce à des économies d'énergie et au développement d'autres sources d'énergie, de créer sur 15 ans quinze fois plus d'emplois et de produire deux fois plus d'énergie qu'avec l'EPR.
Le rassemblement antinucléaire international de Cherbourg se termine dimanche avec de nouveaux forums, concerts et représentations de théâtre.