Prison avec sursis pour trois militants de Greenpeace

19/07/2006 - Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné mercredi à deux mois de prison avec sursis et 2.000 euros d'amende trois militants de Greenpeace qui avaient tenté de pénétrer en mai 2005 dans la zone interdite entourant la base militaire de l'Ile-Longue (Finistère).
Le tribunal a également ordonné la restitution du zodiac de Greenpeace, saisi lors des faits.
Le 15 mai 2005, lors d'un rassemblement anti-nucléaire, trois militants de Greenpeace, dont Yannick Jadot, directeur de campagne de Greenpeace France, ainsi qu'un militant turc et un militant néo-zélandais, avaient pénétré à l'aide d'un zodiac dans un périmètre interdit de 300 m autour de la base de l'Ile Longue, qui abrite des sous-marins nucléaires.
Ils entendaient mener "une inspection citoyenne pour dénoncer l'attitude de la France vis-à-vis du droit international sur le désarmement nucléaire", avait expliqué M. Jadot.
Une flottille d'une trentaine de petits bateaux s'était rassemblée ce jour-là aux alentours de la base militaire pour réclamer l'abandon de l'arsenal nucléaire français.

 


Greenpeace, 26 juin 2006:

Prolifération nucléaire: la France dans l'illégalité, Greenpeace devant les tribunaux !

PARIS - Demain mardi 27 juin à 14h, trois militants de Greenpeace, dont Yannick Jadot, le directeur des campagnes de Greenpeace France, sont cités à comparaître devant le tribunal correctionnel de Rennes (chambre spécialisée Militaire), pour avoir tenté de mener une mission d'inspection citoyenne sur la base militaire de l'Ile Longue le 15 mai 2005.

Au moment de la renégociation du traité de non prolifération (TNP ) à New York, Greenpeace avait engagé cette action symbolique dans l'esprit des missions d'inspection impromptues que mènent régulièrement les Nations Unies et l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA), pour vérifier le respect des engagements pris dans le cadre du TNP.

La France a ratifié ce traité en 1992 mais viole cet engagement à désarmer. « A la base militaire de l'Ile Longue se trouvent 288 têtes nucléaires, ce qui représente 2000 fois la puissance destructrice d'Hiroshima. Comme si cela ne suffisait pas, la France continue de développer son arsenal, notamment avec la construction de nouveaux missiles M-51, affirme Yannick Jadot. Au lieu de montrer l'exemple en désarmant, la France alimente une nouvelle course folle à l'armement nucléaire dans le monde. »

En développant de nouvelles armes atomiques, la France, comme les autres grandes puissances nucléaires (Etats-Unis, Russie, Chine et Grande-Bretagne), pousse à acquérir la bombe l'ensemble des pays de la planète, et notamment 182 des 188 membres du TNP qui ont jusqu'à maintenant résisté à la tentation. D'ailleurs un panel de haut niveau réuni en décembre 2004 par le secrétaire général de l'ONU a déclaré que « le régime de non-prolifération nucléaire est mis en danger par manque de respect des engagements pris Nous approchons du stade où l'érosion du régime nucléaire pourrait devenir irréversible et entraîner une prolifération en cascade ».

L'actualité iranienne comme le changement de doctrine nucléaire, opéré par le président de la République le 20 janvier dernier lors d'un discours à L'Ile Longue, confirment ces craintes. C'est l'esprit même du TNP que la France bafoue, en passant d'une logique de non-prolifération à une logique de contre-prolifération. Celle-ci ouvre en effet la voie à une utilisation « préventive » de frappes nucléaires prétendument ciblées, y compris contre des Etats non dotés de l'arme atomique et pour protéger des ressources stratégiques comme le pétrole. « La nouvelle doctrine nucléaire française, décidée sans aucun débat démocratique, rejoint la stratégie agressive du président Bush. C'est un formidable et dramatique encouragement adressé aux Etats qui n'attendent que ça pour s'affranchir à leur tour de leur engagement à ne pas développer l'arme atomique, conclut Yannick Jadot. Une seule solution à la prolifération nucléaire : le désarmement strict et complet, tel que prévu par le droit international. »

 

 

Près de 300 pacifistes devant la base de sous-marins de l'Ile Longue

07/08/2005 - Près de 300 pacifistes, 250 selon les gendarmes, ont manifesté dimanche à l'occasion du 60e anniversaire du bombardement nucléaire d'Hiroshima, au Fret, devant la base de sous-marins nucléaires de l'Ile Longue, sur la presqu'île de Crozon, en face de Brest.
Les manifestants, qui répondaient à l'appel de "Sortir du nucléaire", Greenpeace et du Mouvement de la paix ont dénoncé le renouvellement des têtes de missiles équipant les sous-marins français.
"La France viole le traité de non-prolifération nucléaire", a affirmé Roland Nivet, vice-président du Mouvement de la paix.
Le représentant de Greenpeace, Xavier Renou, a regretté "la violation du droit international par la France", ajoutant que le Fret situé "à 10 km du centre de Brest", recelait des engins nucléaires "équivalent à 2.000 fois Hiroshima".
Depuis plus de 30 ans, la base opérationnelle de l'Ile Longue assure le maintien en condition des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et des missiles stratégiques dont ils sont équipés.
Environ deux mille personnes, militaires et civiles, travaillent sur ce site, principal maillon de la composante océanique de dissuasion.
Les manifestants arboraient des pancartes "Pour un monde sans armes nucléaires" et "Polynésie, 193 explosions nucléaires, aujourd'hui des morts et des malades, ne les oublions pas". Ils se sont dispersés sans incident devant l'entrée de la base après avoir symboliquement mis le feu à une réplique de missile construite en bois.

Lire: Risques de pollution radioactive liés aux rejets des eaux de refroidissement des sous-marins d'attaque de la marine nationale en rade de Toulon

 

 


Libération, 16 mai 2005:

«Inspection citoyenne» en rade de Brest

Greenpeace a mené hier une opération contre la base nucléaire de l'Ile-Longue, en rade de Brest (Finistère). L'organisation écologiste entendait se livrer à une «inspection citoyenne» du site qui abrite les sous-marins nucléaires lance-engins (SNLE), afin de «constater la violation par la France de ses engagements internationaux à éliminer son arsenal nucléaire». Une action entreprise au moment où la conférence sur le traité de non-prolifération nucléaire se tient à New York. Alors qu'une quarantaine d'embarcations de la «Flottille rade de Brest pour une mer propre» participaient à une régate militante, le bateau de Greenpeace Arctic Sunrise a mis à la mer un Zodiac qui a pénétré dans la «zone protégée» de 300 mètres, interdite à toute navigation. «Les commandos l'ont intercepté et ont remis les trois personnes à bord à la gendarmerie», a précisé la préfecture maritime.

Jean-Dominique MERCHET

 

 

Communiqué Green Peace le 15/05/05

L'Ile Longue à Brest :
2000 fois la puissance destructrice d'Hiroshima

L'Ile Longue à Brest : 2000 fois la puissance destructrice d'Hiroshima. Greenpeace y mène actuellement une mission d'inspection citoyenne pour constater la violation par la France de ses engagements internationaux à éliminer son arsenal nucléaire.

Brest, le 15 mai 2005. Aujourd'hui le bateau de Greenpeace l'Artic Sunrise et la flottille rade de Brest pour une mer propre, rassemblant une quarantaine d'embarcations, ont manifesté au large de l'Ile Longue près de Brest pour dénoncer la prolifération nucléaire qui prend sa source dans cette base militaire. L'Artic Sunrise a pénétré le périmètre de la base navale vers 15h30 et mis un zodiac à l'eau pour lancer une mission d'inspection citoyenne dont le but est de vérifier le respect par la France des obligations de désarmement intégral lié au TNP actuellement en révision à New-York. L'Artic Sunrise a été intercepté, le zodiac a été arraisonné et son équipage arrêté.

La mission d'inspection citoyenne engagée par Greenpeace, à l'instar de celle que devrait mener les Nations Unies*, a pour objectif de faire le point sur les matières nucléaires et l'ensemble des équipements militaires présents à l'Ile Longue. Elle permet de constater également si la France a pris ou non les mesures de désarmement conformément aux engagements qu'elle a signés dans le cadre du Traité de Non Prolifération actuellement renégocié à New-York. L'article VI du Traité stipule : « Chacune des Parties au Traité s'engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ».

Il apparaît malheureusement que la France viole ses engagements. A la base militaire de l'Ile Longue se trouvent en effet 288 têtes nucléaires, soit l'équivalent de 2000 fois la puissance destructrice d'Hiroshima ! Comme si cela ne suffisait pas, la France continue de développer son arsenal pour le rendre encore plus destructeur avec notamment de nouveaux missiles M-51. Chaque sous-marin quittant Brest embarque 16 missiles, composés chacun de 6 têtes nucléaires d'une puissance de 100 kilotonnes. C'est 650 fois le pouvoir de destruction d'Hiroshima ! Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Défense, déclarait d'ailleurs le 11 janvier 2005 lors d'une visite à l'Ile Longue, « Les grandes puissances dotées aujourd'hui de l'arme nucléaire ne songent nullement à l'abandonner mais continuent à améliorer leur arsenal ». Et la France d'affecter trois milliards d'euros par an à son nucléaire militaire.

En développant de nouvelles armes atomiques, la France, comme les autres grandes puissances nucléaires (Etats-Unis, Russie, Chine et Grande-Bretagne), pousse l'ensemble des pays de la planète, et notamment les 182 des 188 membres du TNP qui ont jusqu'à maintenant résisté à la tentation, à acquérir la bombe. D'ailleurs un panel de haut niveau réuni en décembre 2004 par le Secrétaire Général de l'ONU a déclaré que « le régime de non-prolifération nucléaire est mis en danger par manque de respect des engagements pris Nous approchons du stade où l'érosion du régime nucléaire pourrait devenir irréversible et entraîner une prolifération en cascade ». Le directeur général de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA), Mohamad ElBaradei, a même mentionné cette semaine le risque d'Armageddon !

« En dépit des discours récurrents sur la menace atomique, les puissances nucléaires comme la France sont en train d'amener les autres pays à s'élancer dans une course folle à l'armement nucléaire. L'Iran et la Corée du nord sont devenues ou sont en passe de devenir des puissances nucléaires et une quarantaine d'autres pays ont les capacités de suivre leur exemple en quelques mois. La mobilisation citoyenne d'aujourd'hui est un puissant appel pour que la France honore sa signature et qu'elle engage un désarmement nucléaire complet » déclare Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France, à bord de l'Artic Sunrise.

Il n'y a pas des « bons » et des « méchants » en matière nucléaire. Tous les Etats qui ont la bombe ou la capacité de la développer ont bénéficié des transferts de technologies et de matières nucléaires prétendument civiles de la part des pays nucléarisés : pas de bombe pakistanaise, israélienne ou iranienne par exemple sans coopération « civile » française !

Greenpeace demande à la France :

- de confirmer publiquement l'engagement signé en 2000 par la France, comme par les autres puissances nucléaires, d'accomplir sans équivoque « l'élimination totale de leurs arsenaux nucléaires »

- de réviser, conformément à ses engagements, sa stratégie militaire en stoppant tout programme de développement de nouvelles armes nucléaires.

- de soutenir l'adoption d'un moratoire immédiat sur la production, le transport et l'utilisation de matières utilisables pour l'armement nucléaire.

* L'Agence internationale à l'énergie atomique, gendarme mondial du nucléaire, organise des missions d'inspection pour contrôler le respect des engagements par ses membres en matière de non-prolifération.



Contacts :
Yannick Jadot, directeur des campagnes Greenpeace France 06 08 68 27 85
Emmanuelle Brisse, directrice de la communication Greenpeace France 06 88 88 18 26
Xavier Renou, chargé de la campagne désarmement Greenpeace France 06 88 88 18 29