Un plage du Kerala.

 

Radioactivité au Kérala
Dans une région de l'Inde, le taux de cancers surprend les chercheurs.

Associated press, "The Philadelphia Inquirer", 12 mai 1999:

AZEEKKAL, Inde.

Plus de 100.000 pauvres villageois vivent dans une petite région côtière du sud de l'Inde qui est anormalement riche en matières radioactives naturelles.

Le résultat en est qu'ils baignent dans une irradiation constante, avec une dose annuelle supérieure de plus de 30 fois à la dose que reçoivent la plupart des habitants de la planète, disent les scientifiques.

La majorité des habitants de cette zone de 200 km2 ne sont que vaguement informés de cette situation. Ils vivent en tentant d'ignorer la guerre des mots et des statistiques entre les écologistes anti-nucléaires, qui disent que les radiations les tuent, et les scientifiques gouvernementaux, qui déclarent qu'il n'y a rien à craindre.

L'argument est basé sur une étude s'étalant sur une durée de 9 ans, financée par le Gouvernement Indien, et qui sera publiée plus tard cette année. Cette étude aboutit à la conclusion que les habitants de cette zone sont devenus immunisés aux radiations et ont, peut être développé également des immunités à d'autres maladies.

Plusieurs experts internationaux ont exprimé leur scepticisme à propos de ces conclusions.

"Je doute beaucoup que l'immunité aux dommages causés par les radiations, puisse survenir chez les humains, et mon expérience me dit 'prend garde' avec respect à la recherche financée par le Gouvernement", dit John Gofman, professeur émérite de biologie moléculaire et cellulaire à l'Université de Californie, située à Berkeley.

On trouve dans la région concernée, dans l'Etat de Kerala, les plages indiennes les plus populaires pour les touristes étrangers, qui ne sont pas informés des problèmes concernant les "sables noirs" du Kerala. La classe moyenne indienne d'autres parties du pays, évite la région en raison des fréquentes histoires qui circulent concernant les radiations.

Les scientifiques impliqués dans l'étude disent que l'irradiation naturelle donne aux résidents une dose annuelle de radiation de 5 à 30 fois supérieure à celle normalement mesurée ailleurs sur le globe. C'est l'équivalent en radiation de 17 à 100 examens radiologiques pulmonaires, selon l'Organisation de Recherche sur les effets des radiations à Hiroshima au Japon.

Le sable noir brillant des plages de la mer d'Arabie contient des substances radioactives telles que thorium, uranium et monazite. Il y a des zones de radiation similaires dans le sud de la Chine, en Iran et au Brésil, mais la côte du Kerala est considérée comme la seule région hautement radioactive avec une densité de population importante. Il y a environ 2.000 habitants par km2. [...]

Neelesh Misra

 

 


WISE-Amsterdam n° 331 (27/04/90):

Etude génétique dans des régions à forte radioactivité naturelle en Inde

L'Académie des Sciences des Etats-Unis a récemment revu à la hausse l'estimation des risques de cancer induits par la radioactivité : ils sont 10 à 14 fois supérieurs aux estimations admises en 1980. Les nouvelles conclusions viennent d'un réexamen récent des données sur les survivants japonais à la bombe atomique (sous la direction du Dr A. Stewart).

Cependant, comme des membres du Centre de Sûreté industrielle et de Problèmes d'Environnement de l'Inde l'ont fait remarquer, l'estimation des risques d'anomalies génétiques provenant de la radioactivité naturelle n'a pas été revue. C'est assez inquiétant puisque cela revient à sous-estimer l'effet des doses additionnelles provoquées par le fonctionnement de l'indutrie nucléaire. Dans diverses provinces du Kérala et du Tamil Nadu, il y a des villages situés dans des zones de forte radioactivité naturelle. L'OMS avait recommendé en 1957 d'y mener des études, mais l'industrie nucléaire indienne en a dissuadé les chercheurs. Le CSIPE s'est donc mis à la tache.

Les résultats exposés en février 1990 montrent que ces populations présentent des taux de cancer, d'épilepsie et d'arriération mentale nettement plus élevés que la normale. Il y a également une forte proportion de couples stériles. Une nouvelle étude va être engagée sous l'impulsion de Rosalie Bertell.

Source et contact : V.T. Padmanabhan, Centre for Industrial Safety and Environmental Concerns, Kottamuku, Quilon, Fin : 691 013, India, tél.: 0474- 2765.