Le Figaro, 16/10/2009: 

Berlin reporte l'abandon du nucléaire civil

Patrick Saint-Paul, correspondant à Berlin


Manifestation d'antinucléaires lors d'un meeting du leader du FDP Guido Westerwelle . L'annonce de la prolongation de la vie de dix ou vingt ans des installations nucléaires outre-Rhin est très impopulaire.

La CDU et le FDP veulent prolonger la durée de vie des centrales existantes.

La bataille sur le nucléaire civil entre le futur gouvernement et l'opposition est amorcée. La chancelière conservatrice, Angela Merkel (CDU), et ses partenaires libéraux du FDP au sein de la coalition qui dirigera l'Allemagne à partir du mois prochain sont tombés d'accord pour faire voler en éclats le consensus en vigueur sur l'abandon de l'énergie atomique, programmée en 2020. La CDU et le FDP, entrés dans la phase finale des négociations pour leur contrat de gouvernement, ont adopté le principe d'une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires existantes.
En 2000, la coalition dirigée par Gerhard Schröder, associant les sociaux-démocrates aux Verts, avait décidé la fermeture progressive des 17 centrales nucléaires allemandes à partir de 2010 et un abandon définitif de l'atome civil en 2020. Saluée par l'opinion, la mesure était censée favoriser le développement des énergies renouvelables. Soucieuse de soigner son profil de « chancelière écolo », Merkel avait soutenu dans un premier temps cette initiative. Avant de réviser son jugement en 2006.
Pendant la campagne électorale, Merkel a expliqué que les conditions économiques ne permettraient pas l'abandon du nucléaire en 2020 comme prévu. Elle estime que les énergies alternatives - solaire, éolien, biomasse - ne seront pas encore suffisamment productives ni assez rentables à cette échéance. En 2008, le nucléaire continuait de fournir à l'Allemagne plus de 25 % de ses besoins en électricité. En dépit des investissements très dynamiques, les énergies renouvelables n'en couvraient que 7,1 %.

Mesure transitoire

Pour la CDU et le FDP, si l'Allemagne abandonnait prématurément l'énergie atomique, elle serait contrainte de compenser en augmentant le rendement des centrales électriques alimentées au fuel, au gaz et au charbon à fortes émissions de CO2. Elle serait alors incapable de tenir ses engagements sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre.
La coalition s'est donc entendue pour prolonger la durée de vie des centrales existantes. La mesure est très impopulaire et l'accord n'en précise pas les contours, qui ne devraient pas être entièrement dévoilés avant les élections régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, en mai. La CDU espère ainsi préserver ses chances de conserver le contrôle de cette région cruciale.
Les experts de la CDU et du FDP divergent sur la durée de la prolongation : dix ou vingt ans ? Mais aussi sur le pourcentage des bénéfices dégagés par les entreprises concernées qui devra être ponctionné pour financer le développement des énergies renouvelables. Pour dissiper les craintes sur un maintien définitif de l'atome, Merkel affirme que la prolongation du nucléaire est une mesure transitoire servant de pont jusqu'à la mise au point d'alternatives crédibles.

Des doutes sur la sécurité

Certains experts affirment qu'une prolongation de dix ans permettra aux entreprises fournissant de l'énergie nucléaire de dégager 40 milliards d'euros de bénéfices supplémentaires. D'autres évaluent les bénéfices à 20 milliards en raison des investissements très lourds pour garantir la sécurité de leurs centrales. Deux principes sont acquis : seules les centrales les plus sûres seront maintenues et aucune nouvelle centrale ne sera construite, contrairement à ce que souhaitait le FDP.
Les sociaux-démocrates du SPD et les Verts accusent le futur gouvernement d'être à la solde du lobby du nucléaire. Ils affirment qu'une politique de développement plus dynamique des énergies alternatives aurait permis l'abandon du nucléaire en 2020. L'actuel ministre social-démocrate de l'Écologie, Sigmar Gabriel, qui devrait devenir en novembre le nouveau chef du SPD, a mené une campagne très agressive. Véritable pitbull antiatomique, Gabriel a exhumé des documents faisant peser de sérieux doutes sur la sécurité du site de Gorleben, lieu de stockage définitif des déchets, où des fuites ont été décelées. À cela, s'ajoutaient les incidents de la centrale de Krümmel. La prolongation du nucléaire lui offrira une chance de ressouder les rangs d'une opposition divisée et démobilisée.

 


Le Monde, 15/10/2009: 

Face à une opinion hostile au nucléaire en Allemagne, Mme Merkel reste prudente

Les grands groupes énergétiques allemands comme E.ON et RWE n'ont qu'un sujet en tête depuis les élections législatives du 27 septembre : le nucléaire. Chrétiens-démocrates (CDU) comme libéraux (FDP), les deux partis vainqueurs du scrutin, n'ont jamais caché leur intention de revenir sur l'accord de sortie, actuellement en vigueur, qui liait le Parti social-démocrate (SPD) et les Verts, puis la CDU et le SPD.

Le nouveau gouvernement de centre droit devrait donc décider de prolonger la durée d'exploitation des centrales. Un document de travail issu des négociations de coalition, et cité par la presse allemande, présente le nucléaire comme une "technologie de transition" indispensable en attendant un développement plus massif des énergies renouvelables (éolien, solaire...). Il reste à en déterminer les modalités. Quelles centrales seront prolongées ? Pour combien de temps et selon quels critères ? Jusqu'à présent, le flou demeure. De fait, rien n'est simple quand il est question de l'atome en Allemagne, où le sentiment antinucléaire reste très ancré.

Abandon d'ici à 2021

Certaines rumeurs laissent entendre qu'Angela Merkel hésiterait à se prononcer avant les régionales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), en mai 2010. La chancelière redoute de compromettre une victoire de la CDU dans ce Land, le plus peuplé d'Allemagne. "Cela pourrait bien durer jusqu'à l'été prochain avant qu'il y ait vraiment un accord", a regretté récemment Wulf Bernotat, patron du géant allemand de l'énergie E.ON.

Le secteur s'impatiente : selon le calendrier qui prévoit un abandon du nucléaire d'ici à 2021, sept des dix-sept réacteurs encore en activité sont censés fermer au cours de la prochaine législature, dont deux dès 2010. "Les centrales nucléaires nous permettent d'économiser chaque année 150 millions de tonnes de CO2", martèle Jürgen Grossmann, PDG de RWE, le deuxième groupe énergétique allemand.

Sans oublier que l'atome fournit presque un quart de l'électricité outre-Rhin (contre 15 % pour les énergies vertes). Dans une étude publiée en 2008, l'Agence allemande de l'énergie (DENA) pointait le risque d'une pénurie d'électricité d'ici à 2020 si l'Allemagne confirmait sa sortie du nucléaire.

Mais les sondages sont clairs : une majorité d'Allemands reste favorable au maintien de l'accord négocié en 2002 par l'ancienne coalition SPD-Verts. La panne intervenue cet été dans la centrale de Krümmel (nord), exploitée par Vattenfall, a replacé le débat au coeur de la campagne électorale. Début septembre, la manifestation antinucléaire la plus importante depuis des décennies a réuni 50 000 personnes à Berlin.

Consciente de la charge explosive du dossier, la nouvelle coalition ne manquera pas d'insister sur l'aspect "sûreté". La décision de prolonger les réacteurs devrait être prise au cas par cas, après un bilan complet. En outre, un point met tout le monde d'accord, même parmi les pro-nucléaires les plus affirmés : il n'est pas question d'envisager la construction de nouvelles centrales. "Ce serait totalement kamikaze de la part du gouvernement, vu l'état de l'opinion sur le sujet", estime Claudia Kemfert, experte des questions d'énergie à l'Institut d'économie de Berlin. Pour couper court aux spéculations, Mme Merkel l'a rappelé très clairement peu avant les élections.

"La vraie question est maintenant de savoir à quoi seront attribués les profits additionnels tirés de la prolongation de l'activité des centrales", poursuit Mme Kemfert. Le gouvernement réfléchit à une stratégie de donnant-donnant. "Il n'y aura pas de chèque en blanc", a prévenu le conservateur Markus Söder, qui pourrait devenir ministre de l'environnement. Les électriciens seraient ainsi tenus de verser une partie des bénéfices dans un fonds servant à financer le développement des énergies renouvelables ou une baisse des prix de l'électricité.

Pour coordonner le processus, le gouvernement pourrait décider de créer un ministère de l'énergie, comme le réclame la fédération du secteur (BDEW). Actuellement, ministères de l'économie et de l'environnement se partagent les compétences sur le dossier nucléaire.

 


Merkel ne voudrait pas trancher dès maintenant sur le nucléaire

9/10/2009 - Angela Merkel souhaite attendre l'élection de mai 2010 en Rhénanie du Nord-Westphalie avant de prendre une décision sur les centrales nucléaires allemandes, a-t-on appris vendredi de sources proches du gouvernement et de l'industrie.

La chancelière plaide en faveur d'une formulation très générale dans l'accord de coalition en cours de négociation entre son parti, la CDU, et les Libéraux du FDP, a indiqué une de ces sources.

Les deux formations du centre droit plaident en faveur de l'extension de la durée d'activité des centrales nucléaires, contrairement aux sociaux-démocrates qui ont voté en 2000, avec les Verts, l'abandon en vingt ans du nucléaire en Allemagne.

La CDU espère conserver le pouvoir en Rhénanie du Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d'Allemagne. Les sondages montrent qu'une nette majorité d'Allemands est contre la prolongation de la durée de vie des centrales.

 


Les écologistes allemands veulent mobiliser contre le nucléaire

28/9/2009 - Les écologistes allemands ont promis lundi de se mobiliser pour empêcher la future coalition de centre-droit d'Angela Merkel de repousser la fermeture programmée des centrales nucléaires, comme elle s'y est engagée durant la campagne.

L'organisation écologiste Greenpeace a assuré qu'une "majorité claire" d'électeurs, même au sein de l'Union démocrate-chrétienne (CDU) d'Angela Merkel, étaient opposés à une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires.

"S'ils font ça, ils vont à nouveau ouvrir une boîte de pandore dans la société allemande", a affirmé un porte-parole de l'organisation, Mathias Edler. "Les gens vont descendre dans la rue, il n'y a pas d'autre choix", selon lui.

D'autres organisations anti-nucléaires comme "Ausgestrahlt" et Bund estiment également que "si le gouvernement a l'intention de céder aux demandes du lobby du nucléaire, ils doivent s'attendre à une résistance acharnée".

Lutz Mez, politologue de l'Université libre (FU) de Berlin, met également en garde le prochain gouvernement Merkel: "Si l'Allemagne renonce à son rôle moteur en matière de sortie du nucléaire, le gouvernement en paiera la facture politique", a-t-il dit.

Les Verts, dans l'opposition depuis quatre ans, ont d'ores et déjà promis de s'opposer à tout revirement en matière d'abandon progressive du nucléaire, un objectif élevé au rang de "priorité des priorités" par Renate Künast, l'une des principales candidates des Verts lors de ce scrutin.

Berlin doit officiellement fermer progressivement d'ici 2020 ses centrales nucléaires. Mais cet engagement devrait être abandonné par la nouvelle coalition gouvernementale que s'apprêtent à former la CDU et son allié libéral du FDP, après leur victoire dimanche aux élections législatives.

Les conservateurs (CDU/CSU) de Mme Merkel et le FDP ont remporté une majorité confortable avec 332 députés sur les 622 que comptera le Bundestag, selon les résultats officiels.

Or conservateurs et FDP veulent prolonger la durée de fonctionnement de certaines centrales en attendant que les énergies renouvelables soient en mesure d'assumer un rôle majeur.

Les sociaux-démocrates (SPD), alors au pouvoir avec les Verts, avaient fait adopter en 2000 par les députés allemands une loi prévoyant une sortie du nucléaire d'ici 2020.

Dans sa coalition avec les sociaux-démocrates, Angela Merkel avait dû renoncer à modifier cette loi.

Lundi, Angela Merkel a réaffirmé son engagement de respecter son programme électoral, en particulier sur les questions du nucléaire. "Je n'ai pas l'intention de revenir sur ce que nous avons promis pendant la campagne électorale", a-t-elle souligné.

Les 17 centrales nucléaires toujours en service en Allemagne produisent plus d'un quart de l'électricité du pays, selon les statistiques du ministère de l'Environnement.

 


Arte, 9 septembre 2009:

Stockage des déchets à Gorleben (Allemagne)

Dans les années 80 le gouvernement du chancelier Helmut Kohl a multiplié les pressions sur les scientifiques pour qu'ils approuvent le stockage de déchets radioactifs à Gorleben un site où se sont succédés les incidents depuis lors.

 


Courrierinternational, 28/7/2009: 

Allemagne: Le nucléaire en panne

"Jamais le mouvement antinucléaire allemand n'avait été aussi reconnaissant envers les grands groupes énergétiques", constate la Süddeutsche Zeitung. Les militants ont fait les comptes : cet été, 7 des 17 réacteurs nucléaires que compte le pays sont à l'arrêt.

Or 7 fait pour eux office de "chiffre magique", poursuit le quotidien munichois : 7, c'est justement le nombre de réacteurs nucléaires qui devraient être définitivement arrêtés au cours de la prochaine législature. Si du moins l'accord contesté de sortie du nucléaire signé en 2000 est respecté.

Au début juillet, la centrale de Krümmel (Schleswig-Holstein) a été mise à l'arrêt après avoir connu une série de pannes. Mais elle n'est pas la seule à être déconnectée du réseau : les centrales d'Emsland et de Philippsburg (problèmes de transformateurs), de Biblis A et d'Isar 2 (révision), de Biblis B (problèmes de filtres) et de Brunsbüttel (en travaux depuis une panne survenue pendant l'été 2007) sont elles aussi au point mort. Les antinucléaires allemands ne manquent pas de souligner que ces mises à l'arrêt ne s'accompagnent d'aucune pénurie d'électricité.

 


Allemagne: Nouvel incident dans une centrale nucléaire

24/7/2009 - Une centrale nucléaire opérée par le groupe RWE dans le nord-ouest de l'Allemagne a été mise hors ligne vendredi suite au déclenchement d'un système de sécurité, a annoncé son opérateur, sur fond de multiplication d'incidents dans des sites nucléaires en Allemagne. La centrale dite d'Emsland a été automatiquement déconnectée du réseau à 3 heures locales vendredi, suite à la mise en route d'un système de sécurité lié à un transformateur, selon un communiqué.

"Nous cherchons à savoir ce qui a activé le système de sécurité", a dit un porte-parole de RWE Power, filiale spécialisée dans l'électricité du géant de l'énergie RWE. "Nous estimons pour l'instant que la déconnexion ne durera pas plus de deux jours", a-t-il ajouté. Début juillet, une série d'incidents dans une centrale nucléaire opérée par une filiale du groupe public suédois Vattenfall avait mis l'Allemagne en émoi, alors que l'atome reste un sujet très délicat dans le pays.

La chancelière Angela Merkel elle-même avait vertement critiqué l'opérateur Vattenfall. Berlin doit officiellement fermer progressivement d'ici 2020 ses centrales nucléaires. Cet engagement pourrait être abandonné si Mme Merkel parvient lors des législatives de septembre à se débarrasser de ses actuels partenaires de coalition sociaux-démocrates, et à former une coalition avec les libéraux, qui sont eux pro-nucléaire.


Allemagne: L'autorité de sûreté nucléaire critique un site de déchets

15/7/2009 - Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire allemande (BfS), Wolfram König, a vivement critiqué mercredi les conditions de stockage de déchets radioactifs dans une mine de sel désaffectée, appelant à sa fermeture. Ses critiques font suite à un contrôle mardi de la mine d'Asse, en Basse-Saxe (nord) où de nouveaux taux de radioactivité ont été détectés par 900 mètres de fond.

Selon M. König, s'exprimant à la radio Deutschlandfunk, des infiltrations d'eau sont quasi-permanentes dans la mine où 126.000 fûts contenant des déchets faiblement ou moyennement radioactifs ont été stockés entre 1967 et 1978. La mine d'Asse, près de Wolfenbüttel, avait été au centre d'une polémique il y a un an quand une contamination avait été découverte et tardivement révélée.

Il y a six mois, les autorités ont en outre révélé qu'une des chambres souterraines de stockage menaçait de s'écrouler et avait dû être renforcée par des pans de béton. Selon M. König, les déchets doivent être progressivement évacués de la mine pour être stockés ailleurs.

 


Un tribunal allemand confirme la fermeture de deux centrales nucléaires

26/3/2009 - Le tribunal administratif fédéral d'Allemagne a confirmé jeudi la fermeture de deux centrales nucléaires, conformément à la législation toujours en vigueur dans le pays qui prévoit l'abandon progressif de cette source d'énergie. Les groupes d'énergie Vattenfall et RWE tentaient devant la justice de faire prolonger les centrales de Biblis A (centre-ouest) et Brunsbüttel (nord), qui approchent du terme qui leur a été assigné par la loi. Les entreprises voulaient faire transférer à ces deux centrales des quotas de production alloués à un troisième réacteur, pour prolonger leur durée de vie. Le tribunal administratif a rejeté cette demande, faisant valoir que Biblis A et Brunsbüttel ne figuraient pas dans une note de bas de page de la loi sur l'abandon du nucléaire remontant à 2002, et qui énumère les centrales pouvant bénéficier d'un tel transfert. La législation d'abandon du nucléaire a assigné à chaque réacteur allemand un quota d'électricité maximal qu'il est encore autorisé à produire, sachant que les 17 centrales existantes ne doivent pas dépasser une durée de vie d'une trentaine d'années, de façon à fermer d'ici 2020. Cette législation fait débat en Allemagne, où l'actuelle chancelière Angela Merkel ne fait pas mystère de sa volonté de revenir sur l'abandon du nucléaire, mais en est empêchée jusqu'aux législatives de septembre par un accord passé avec le parti social-démocrate. Les industriels du secteur demandent eux au gouvernement de prolonger sensiblement la durée de vie autorisée des centrales, par exemple à 50 ans au lieu de 30 ans.

 


Allemagne: les déchets, arme de dissuasion massive des anti-nucléaire

13/3/2009 - Les opposants au retour du nucléaire en Allemagne comptent utiliser la très problématique gestion des déchets radioactifs comme argument massue lors de la campagne des législatives prévues en septembre, face à un camp conservateur favorable à cette source d'énergie.

Pour contrer le discours des partisans du nucléaire sur la lutte contre le réchauffement climatique ou l'autosuffisance énergétique, les "anti" tentent de mobiliser sur ce thème, quelques mois après les révélations sur la contamination radioactive dans une mine de sel reconvertie en site de stockage pour des déchets dans le nord du pays.

"Les tenants du nucléaire essayent de taire cet aspect", relève Jochen Stay, porte-parole de l'association anti-nucléaire allemande Ausgestrahlt. Mais à l'approche des législatives de septembre, le débat sur le nucléaire devrait aller en s'intensifiant. "Le nucléaire va forcément être un des thèmes de campagne. Il l'est même déjà depuis quelques mois. C'est l'un des rares thèmes sur lequel les deux partenaires de la coalition (le patri conservateur CDU de la chancelière Angela Merkel et le parti social-démocrate SPD, ndlr) sont très divisés", relève M. Stay.

La CDU ne cache pas son intention de revenir sur l'abandon programmé du nucléaire d'ici 2020 en cas de victoire en septembre. Le SPD reste, lui, dans la lignée de la décision prise en 2000 par le gouvernement "rouge-vert", l'actuel ministre de l'Environnement SPD, Sigmar Gabriel jouant les fers de lance en la matière.

A la suite du scandale sur la non-divulgation d'une contamination d'une mine de sel reconvertie en stockage de déchets radioactifs de Asse (nord), en juin dernier, il propose maintenant de taxer les groupes producteurs d'électricité atomique à hauteur de 1 cent d'euro par kilowatt pour financer le traitement des déchets. Le ministre a chiffré à quelque 20 milliards d'euros le coût prévisible du démantèlement des installations existantes et de la gestion des déchets. Et ce chiffre ne prend pas en compte les installations de l'ancienne RDA. La taxe proposée rapportait environ 1,6 milliard d'euros par an.

Le président de l'autorité de sûreté nucléaire allemande (BfS), Wolfram König, a souligné que dans le centre de retraitement de Karlsruhe (ouest), qui reçoit près de 35% des déchets allemands, l'immense majorité est issu de l'industrie nucléaire, alors que la part des industries conventionnelles n'est que de 3% et le nucléaire médical inférieur à 0,5%.

Le ministre a jugé "politiquement, juridiquement et moralement inacceptable" que "ce fardeau" soit intégralement supporté par les contribuables. Cette taxe viendra "uniquement peser sur les bénéfices des opérateurs, ce qui me semble être un impératif absolu, car il n'est pas acceptable que les bénéfices tirés de l'électricité nucléaire soient privatisés alors que les coûts qui découlent de son exploitation sont payés par la collectivité", a argumenté mercredi le ministre, lors de la présentation du projet.

"A la CDU de dire si elle pense que les industriels doivent échapper à ces coûts (...) et que c'est au contribuable de payer. Je suis sûr que cela intéressera les électeurs et les électrices", a asséné M. Gabriel.

 


Allemagne: l'industrie de l'énergie part en campagne pour le nucléaire

20/1/2009 - Les industriels allemands de l'énergie sont partis en campagne mardi pour l'énergie nucléaire, alors que les élections législatives de septembre en Allemagne pourraient être décisives pour l'avenir de cette source d'électricité. "Nous ne pouvons pas nous permettre de nous passer de l'énergie nucléaire", a ainsi affirmé la présidente de la Fédération de l'industrie de l'énergie BDEW, Hildegard Müller, lors d'un colloque à Berlin. "Une prolongation de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires est incontournable", a jugé pour sa part le patron du numéro deux allemand de l'énergie RWE, Jürgen Grossmann. "L'Allemagne doit arrêter de faire bande à part", a-t-il déclaré à propos de l'abandon du nucléaire d'ici 2020, officiellement prévu par la première économie européenne. La chancelière allemande Angela Merkel, pourtant considérée comme favorable au nucléaire, avait dû reprendre à son compte cette échéance chère à la gauche dans le contrat de coalition qui lie conservateurs et sociaux-démocrates au sein du gouvernement. Cet abandon du nucléaire pourrait être remis en cause en cas de victoire de la droite en septembre. "J'espère moins de calcul politique et plus de pragmatisme de la part des politiciens en cette super année électorale", qui compte au total 16 rendez-vous électoraux, a dit M. Grossmann. Le patron de RWE, qui a des projets de centrales nucléaires en Bulgarie comme en Grande-Bretagne, a regretté de "recevoir plus de soutien à l'étranger qu'en Allemagne." Dans un premier temps, les industriels demandent une prolongation de la vie des 17 centrales nucléaires allemandes. Si les réacteurs devaient fermer en 2020, ils n'auraient tourné que pendant une trentaine d'années, contre une durée de vie autorisée allant jusqu'à 60 ans dans d'autres pays. "Nous serions déjà très heureux d'une prolongation", a dit Mme Müller. M. Grossmann a lui jugé qu'il serait "contre-productif" de réclamer dès aujourd'hui la construction de nouveaux réacteurs. La crise du gaz entre la Russie et l'Ukraine a servi la cause des partisans du nucléaire, dont le ministre conservateur de l'Economie Michael Glos, qui voient dans cette forme d'énergie une garantie d'indépendance énergétique. La victoire des conservateurs et libéraux dimanche dernier aux élections de l'Etat régional de Hesse (ouest) a également été saluée à Berlin par les industriels comme un signal positif pour le nucléaire.

 


Allemagne : l'idée du nucléaire relancée à la faveur de la crise du gaz

18/1/2009 - Le ministre allemand de l'Economie, Michael Glos, a estimé que la conséquence de la crise du gaz avec la Russie et l'Ukraine devait être une diversification des sources énergétiques impliquant de faire fi du renoncement à l'énergie nucléaire en Allemagne. Et le patron du numéro deux allemand de l'énergie RWE, Jürgen Grossmann, a abondé dans le même sens. "Au plus tard maintenant, la crise actuelle du gaz doit rendre clair aux yeux de tous que nous ne pouvons nous permettre de renoncer à une source d'énergie", a estimé M. Glos dans le quotidien Handelsblatt à paraître lundi. Une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires d'Allemagne aura lieu sous la prochaine législature, a pronostiqué M. Glos, membre des Unions chrétiennes (CDU-CSU) d'Angela Merkel. Le maintien de l'abandon progressif d'ici 2020 du recours à l'atome civil, voté sous le gouvernement social-démocrate/Verts de Gerhard Schröder (SPD) (1998-2005), était une condition sine qua non de la formation de la coalition qui réunit actuellement au pouvoir CDU et SPD. Mais Mme Merkel, qui entend bien rester chancelière lors de la prochaine législature, mais sans l'allié SPD, a fait savoir qu'elle ferait campagne pour une extension de la durée de vie des centrales les plus modernes en vue des législatives de septembre. De son côté, le patron de RWE a affirmé: "si nous ne voulons pas accroître encore notre dépendance en matière d'importations énergétiques, nous avons besoin de l'énergie nucléaire". "Jamais les énergies renouvelables ne suffiront à pallier les besoins, et en outre, l'Allemagne est vouée à avoir de plus en plus besoin de gaz russe car les sources aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne ou en Norvège ne sauraient suffire", a ajouté M. Grossmann. Pour le ministre de l'Economie, après cette crise du gaz où la Russie et l'Ukraine "ont perdu une bonne part de la confiance" dont ils bénéficiaient comme fournisseurs, il faut désormais tirer les conséquences "pour être mieux équipés à l'avenir" en matière d'approvisionnement énergétique. Il faut certes réfléchir à d'autres sources de gaz et d'autres voies de transit pour le gaz, mais plus largement, il faut diminuer la dépendance de l'Allemagne au gaz et revoir en conséquence la politique énergétique du pays, a jugé M. Glos.

 


Incident dans une ancienne mine servant à stocker des déchets nucléaires

15/1/2009 - Une chambre souterraine de stockage de déchets radioactifs dans la mine de sel désaffectée de Asse, en Basse-Saxe (nord), menace de s'écrouler, a averti jeudi l'Office fédéral de protection des radiations. Des pans du toit dans cette cavité à 750 m de profondeur pourraient s'écrouler sur quelques-uns des 6.000 fûts contenant des déchets radioactifs, a-t-il précisé. Par mesure de précaution, le toit de ce hall où sont entreposés ces déchets depuis des années va être renforcé par des pans de béton. La mine d'Asse, près de Wolfenbüttel, avait été au centre d'une polémique en juin dernier quand une contamination avait été découverte et tardivement révélée

 


Le Monde, 23/9/2008: 

La polémique sur le stockage des déchets nucléaires rebondit en Allemagne

Des révélations sur une série d'incidents survenus dans un site d'enfouissement expérimental de déchets radioactifs relancent en Allemagne la polémique sur le stockage de déchets nucléaires. Mardi 2 septembre, le ministre social-démocrate de l'environnement, Sigmar Gabriel, a présenté un rapport sur l'état de la mine d'Asse en Basse-Saxe, qui confirmait l'existence de risques plus importants et plus anciens que ceux connus jusqu'à présent.

Entre 1967 et 1978, 126 000 fûts de déchets moyennement et faiblement radioactifs ont été stockés dans cette ancienne mine de potasse et de sel. Or, dès le début, les employés ont observé des écoulements de saumure dans les cavités de la mine. L'exploitant, le centre Helmholtz pour la santé et l'environnement de Munich (HMGU), avait reconnu l'existence de tels écoulements mais seulement à partir de 1988.

Avec un débit de 12 m3 par jour, ce ruissellement menace la stabilité de la mine. Pire, au contact des fûts dont certains seraient endommagés, des fluides se sont chargés de radioactivité. L'autorité de surveillance, l'office des mines de Basse-Saxe (LBEG), avait connaissance de cette situation depuis plusieurs années mais ne l'a rendu publique qu'en juin.

De plus, contrairement à ce qui a été prétendu auparavant, des combustibles nucléaires ont également été stockés à Asse. Enfin, l'exploitant n'a pas agi conformément aux normes et standards qui s'appliquent face à de tels risques. "On a retenu des informations sur les infiltrations", a fustigé le ministre de l'environnement.

En réaction, le gouvernement fédéral a transféré la surveillance du site à l'office fédéral pour la protection contre les radiations, qui dépend du ministère fédéral de l'environnement. Cette décision, qui confère à Asse le même statut qu'un site de stockage de déchets hautement radioactifs, doit être entérinée par le conseil des ministres d'ici à la fin de septembre. Berlin doit également présenter un projet de fermeture de la mine d'ici à la fin de l'année.

MORATOIRE

Ce scandale vient compliquer le dossier déjà très délicat du nucléaire en Allemagne. Le projet de stockage définitif par enfouissement des déchets hautement radioactifs est au point mort depuis 2000, date à laquelle Berlin a décidé un moratoire sur le site de Gorleben en Basse-Saxe. Les unions chrétiennes CDU-CSU qui gouvernent avec le SPD craignent désormais que Sigmar Gabriel, farouche adversaire d'un prolongement de l'activité des centrales, n'utilise les incidents d'Asse en faveur d'une sortie du nucléaire.

Or, le 5 septembre, la chancelière Angela Merkel (CDU) s'est faite une fois de plus l'avocate de ce type d'énergie et s'est prononcée en faveur d'un centre de stockage à Gorleben. Les chrétiens démocrates réclament la levée du moratoire sur ce site. En outre, ils opposent au ministre de l'environnement que la recherche de sites alternatifs coûterait au moins un milliard d'euros. Le ministre a immédiatement rejeté cette proposition.

 


El Païs, 7/7/2008: 

Jürgen Trittin: "Le nucléaire c'est un débat du passé, pas du futur"

Par Rafael Méndez (Traduction Iker)

Jürgen Trittin, c'est le responsable du programme d'arrêt du nucléaire en Allemagne. Cet homme politique Vert fut le Ministre de l'Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité nucléaire entre 1998 et 2005.

Au cours d'une visite éclair à Madrid -ceci expliquant la frugalité de cet entretien, au grand dam de l'interwiever et certainement de l'interwievé- Trittin en remet une couche sur le secteur du nucléaire et sa prétendue renaissance : "Les pronucléaires font beaucoup de bruit, mais ils n'ont pas d'avenir. C'est comme celui qui siffle lorsqu'il traverse une forêt de nuit. Il croit qu'il fera fuir les loups comme cela, mais ça ne marche pas" .

Trittin se gausse de l'annonce italienne de construire de nouvelles centrales nucléaires. "Cela fait 20 ans que j'entends cela. Mais la réalité c'est que depuis la fin des années 70 il n'y a eu aucune nouvelle centrale aux USA. En Europe, il y en a eu une seule, en Finlande, alors que pendant cette période cinq centrales étaient fermées dans l'Union européenne. Le poids du nucléaire est à la baisse, il ne représente que 3% de notre énergie. De ce fait, le débat sur l'avenir de l'énergie nucléaire en Europe est surdimensionné".

Son opposition à l'énergie nucléaire est posée, elle n'est pas basée sur des motifs sentimentaux ou une sorte de vague nostalgie rebelle. L'entretien ressemble à une partie de tennis. A chaque argument pronucléaire, Trittin s'arrache les cheveux ou se rassied sur son fauteuil pour contre argumenter.

- A l'avenir le nombre de centrales nucléaires va augmenter dans le monde

"L'Agence Internationale de l'Energie estime, alors qu'elle est elle-même pronucléaire, que la proportion de l'énergie nucléaire en 2030 sera inférieure à celle d'aujourd'hui. C'est un débat du passé, pas de l'avenir".

- Mais le prix du pétrole est très élevé

"Les investissements dans le nucléaire sont toujours très élevés. La compétitivité d'un kilowatt nucléaire est très faible. Lorsqu'ils parlent de programmes massifs pour l'énergie nucléaire en réalité ils s'agit de subventions massives."

- Il faudra bien allonger la durée de vie des centrales nucléaires

"Ca c'est comme si tu résolvais ton problème de transport en achetant ou en réparant des voitures de l'ancienne RDA ."

Trittin qui déclara que le mieux pour lutter contre la hausse du prix du pétrole était de "laisser la voiture à la maison de temps en temps" insiste en disant que la vrai bataille est celle des économies d'énergie. "Aux USA, il y a des maisons tellement mal isolées qu'elles seraient interdites en Allemagne. Il y a de la marge pour économiser de l'énergie partout dans le monde et c'est là que l'argent doit être investi. L'Union européenne importe 75% de son énergie. Si nous arrivons à faire des économies, cela sera bon pour l'environnement, mais aussi pour notre indépendance et notre économie, qui ne dépendra plus autant de la hausse du prix du pétrole"

Il y a quelques années, ce discours sur les économies d'énergie était uniquement celui des écologistes. Aujourd'hui même les ministres de l'industrie comme Miguel Sebastián le tiennent. Mais Trittin n'est pas un Vert comme ceux que l'on connait en Espagne. Il est pragmatique, réaliste. Il a participé aux conseils des ministres, dans la coalition rouge-verte allemande.

Et maintenant qu'il est porte parole des Verts au Parlement allemand, il en a la nostalgie : "Un Vert peut participer au gouvernement et y exercer de l'influence. Et ce, bien mieux qu'en étant à l'opposition et sans rien obtenir. Dans les années 70 je prenais d'assaut les centrales nucléaires. Dans les années 90, en tant que ministre, j'ai fait une loi pour les fermer". Il espère revenir rapidement au pouvoir.

 


Enerpresse, 30/6/2008:

Nucléaire/Allemagne: production plancher depuis 16 ans

En 2007, le nucléaire allemand n'a plus contribué qu'à hauteur de 22,2% au «mix» électrique allemand au lieu de 26,3% l'année précédente. Une production «plancher» à en juger la production des 17 réacteurs d'outre-Rhin de 140,5 térawatts-heure (TWh) l'an passé, soit la plus faible contribution à la production allemande d'électricité depuis 1991 (avec 147,4 TWh) selon le Forum allemand d'informations économiques sur les ENR (IWR). La perte de 26,9 TWh en 1 an est due aux pannes de plusieurs réacteurs dont Biblis A (de RWE) dont le second réacteur n'aura redémarré qu'au 1er décembre. Ont «décroché» du réseau, ceux de Vattenfall dont Krümmel et Brunsbüttel pour des incidents techniques. Défendant les ENR, l'IWR précise qu'il n'y guère de menace sur la sécurité d'approvisionnement, les énergies renouvelables ayant produit 87,5 TWh, au lieu de 72,7 TWh en 2006.

 


Libération, 28/6/2008:

Un scandale de fuite radioactive contrarie les plans de Merkel

Le gouvernement allemand se serait bien passé de ce nouveau scandale En milieu de semaine, l'opinion a appris l'existence d'une fuite radioactive dans une ancienne mine de sel reconvertie en centre de stockage à Asse, dans le centre du pays.

L'affaire est d'autant plus sensible qu'Angela Merkel vient tout juste de commencer une offensive de charme pro-nucléaire auprès d'une opinion particulièrement rétive. La chancelière allemande attend les élections de l'automne 2009 pour revenir sur la décision prise par le gouvernement Schröder de fermer toutes les centrales nucléaires du pays d'ici à 2020.

Endommagés. Retour à Asse, en Basse-Saxe, où 125 000 fûts faiblement radioactifs ont été entreposés à 750 mètres de profondeur entre 1967 et 1978. Mille trois cents autres fûts de déchets «moyennement» radioactifs (mais contenant onze kilos de plutonium) gisent également à 511 mètres de profondeur. Les couches salines, géologiquement stables depuis soixante-dix millions d'années, sont considérées comme quasiment imperméables.

Sauf qu'à cet endroit, le sol est en mouvement. Depuis la révélation de l'affaire, la société chargée de gérer le site a dû reconnaître qu'il lui fallait pomper chaque jour, depuis 1988, les 12 mètres cubes d'eau qui s'infiltrent quotidiennement dans la mine et entrent en contact avec un ou plusieurs fût(s) endommagé(s).

Ce qui expliquerait que depuis des années, les mesures réalisées sur place font état d'une contamination au césium 137. «Selon les endroits, les relevés sont de trois à onze fois supérieurs à la norme autorisée», admettent aujourd'hui les autorités du Land. Les Verts et les habitants craignent une possible contamination de l'eau potable de la région.

Au-delà des faits, le scandale d'Asse choque d'autant plus en Allemagne qu'il met en évidence les limites des systèmes de contrôle et d'information autour du nucléaire civil. Les autorités régionales, compétentes en la matière, n'ont été informées que récemment des fuites radioactives, et n'ont pas prévenu Berlin. Les liquides pompés de la mine sont réinjectés dans d'autres mines désaffectées, sans autorisation de l'autorité de sûreté nucléaire

Longtemps, Asse a été considéré en Allemagne comme un prototype du futur centre de stockage de Gorleben, dont le projet repose dans les tiroirs du gouvernement depuis des années. Depuis la révélation des fuites, Berlin tente de relativiser les points communs entre les deux sites.

La période actuelle est, de fait, décisive pour l'avenir du nucléaire civil outre-Rhin. La CDU, le parti de la chancelière, évoque déjà, dans un document consacré à l'avenir de l'énergie en Allemagne, la «renaissance d'une technique nucléaire hautement moderne». «A moyen terme, on ne peut pas renoncer en Allemagne à l'électricité d'origine nucléaire», insistent les auteurs du document.

«Absurde». «Fermer les centrales allemandes dans douze ans pour importer du courant nucléaire de République Tchèque, de France ou de Finlande, c'est absurde», estime pour sa part Merkel.

La chancelière multiplie depuis des semaines les déclarations de ce type, destinées à préparer l'opinion à un retour au nucléaire si elle était réélue l'an prochain. «Mais il faudra d'abord résoudre la question du stockage des déchets avant d'envisager la construction de nouvelles centrales», avertissent les auteurs du document de la CDU. C'était avant que n'éclate le scandale actuel.

 


Allemagne: la mine de sel qui fait peur

25/6/2008 - L'Allemagne est-elle face à une véritable menace radioactive ? Une menace qui vient de cette mine de sel désaffectée en Basse-Saxe, reconvertie dans les années 60-70 en centre de stockage pour déchets radiactifs. Depuis 1988, de l'eau s'infiltre dans la mine, et fragilise ses parois. On craint aussi que la radioactivité, dont le niveau est 11 fois plus élevé que la normale ici, atteigne les nappes phréatiques. Le ministre de l'Environnement ne cache pas son inquiétude : "Nous allons ouvrir une enquête, créer une équipe pour s'occuper de cela et envoyer des experts supplémentaires dans la mine de sel pour plus d'informations. On pense avoir des résultats après l'été." De 1967 à 1978 ont été stockés ici, sans grande précaution, plus de 126 000 fûts de déchets radioactifs . Un stockage entrepris de telle façon que les conteneurs ne pouvaient plus être retirés pour contrôle ou pour tout autre usage. Pour le responsable de la mine, "ce n'est pas le moment de discuter du passé, des compétences, ou des responsabilités, il faut fermer la mine". La fermeture est prévue pour 2017. D'ici là les autorités envisagent d'extraire et stocker les fûts ailleurs, et remplir la mine d'un matériau solide.

 


Le Monde, 12/6/2008: 

Allemagne: tensions dans la coalition sur le nucléaire

"La sortie du nucléaire est totalement erronée." Ces mots prononcés, lundi 9 juin, par la chancelière allemande, Angela Merkel (CDU), en disent long sur le conflit qui couve dans le pays autour du nucléaire. Jusqu'à présent, la chef de gouvernement tenait un discours plus modéré sur ce terrain afin de ne pas mettre en péril le fragile équilibre au sein de la grande coalition.

Dans l'incapacité de rapprocher leurs vues, les deux partis au pouvoir, CDU-CSU et SPD, avaient décidé en 2005 de maintenir le statu quo dans leur contrat de coalition, en continuant d'appliquer l'accord de sortie du nucléaire signé en 2000 sous un gouvernement SPD-Verts et qui prévoit une fermeture progressive des centrales au plus tard en 2021. Pour autant, les chrétiens-démocrates n'ont jamais cessé de plaider pour un allongement de la durée d'activité des centrales nucléaires, relayant par là la position des groupes énergétiques allemands et des milieux industriels.

A leurs yeux, c'est le seul moyen de concilier l'objectif de réduction des émissions de CO2 avec une sécurité énergétique et un prix de l'énergie relativement bas. D'ici à 2020, Berlin souhaite réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Les milieux industriels allemands redoutent, eux, la perte d'un savoir-faire technologique dans le domaine du nucléaire. "Nous exploitons en Allemagne des réacteurs de deuxième génération. La France va entamer les travaux pour l'EPR de troisième génération. Puis il y aura la quatrième génération, et nous risquons de rester en marge de ces technologies d'avenir", craint Wolfgang Heller, expert au BDI, la fédération des industriels allemands.

Le SPD parie pour sa part sur le développement des techniques de stockage de l'électricité produite par les énergies renouvelables, les économies d'énergie et la technologie CCS qui permet de stocker le carbone produit par les centrales de charbon. Le Bundestag a adopté récemment des mesures afin de porter la part des énergies renouvelables à 30 % de l'électricité produite d'ici à 2020. "Il faut du temps pour développer les techniques liées aux énergies renouvelables et améliorer les économies d'énergies", rappelle toutefois Claudia Kemfert, experte à l'Institut berlinois de recherches économiques (DIW).

Les pro-nucléaires agitent désormais la menace d'une pénurie d'électricité. D'après une récente étude de l'agence allemande de l'énergie (Dena), les besoins en électricité ne pourront plus être totalement couverts d'ici à 2020. Selon l'agence, il manquera à cette date l'équivalent de ce que produisent 15 grosses centrales, soit quelque 12 000 mégawatts.

Par ailleurs, le contexte actuel renforce les partisans de l'atome : l'Italie et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de réinvestir dans le nucléaire, et l'agence internationale de l'énergie (AIE) s'est prononcée en faveur de la construction de nouvelles centrales dans le monde. "Il n'y a pas d'autre thème en matière de politique énergétique, dans lequel nous soyons aussi isolés au niveau international que sur l'énergie nucléaire", souligne Katherina Reiche, vice-présidente du groupe parlementaire CDU-CSU.

Certaines voix au sein de la CDU-CSU n'hésitent plus à évoquer la construction de nouvelles centrales. Mais la ligne officielle reste l'allongement de leur durée de vie, car les chrétiens-démocrates ont conscience du caractère explosif d'une telle proposition. En Allemagne, la mouvance antinucléaire reste très importante.

Le SPD ne devrait quant à lui pas modifier sa position, même si certains de ses représentants, comme le ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, sont favorables à un allongement de la durée d'activité des centrales. Un nouveau gouvernement de grande coalition en 2009 ne devrait donc pas permettre de changer la donne sur le nucléaire. Quant à une coalition dite "de la Jamaïque" qui réunirait CDU-CSU, FDP et Verts, elle échouerait inévitablement sur ce point.

 


Projet italien de retour du nucléaire: la pression augmente sur Berlin

23/5/2008 - La volonté du gouvernement italien de retourner à terme au nucléaire civil renforce la pression sur l'Allemagne pour revenir sur l'abandon de ce type d'approvisionnement énergétique, une décision qu'Angela Merkel qualifie désormais de "ridicule".

La chancelière conservatrice a exprimé jeudi sa mauvaise humeur: alors que la France table sans complexe sur l'atome et que la Grande-Bretagne a approuvé en janvier la construction de nouveaux réacteurs, Mme Merkel a jugé que l'Allemagne se rend "ridicule".

Elle "s'achète une bonne conscience", argue-t-elle, en arrêtant ses centrales nucléaires et au charbon et en important parallèlement des pays voisins l'électricité provenant de ces mêmes sources d'énergie. Mme Merkel est soumise au contrat de coalition qui lie depuis 2005 son camp conservateur aux sociaux-démocrates.

Ceux-ci, alliés des Verts sous le gouvernement de Gerhard Schröder, avaient décidé en 1998 le démantèlement des centrales nucléaires allemandes d'ici 2021. Une opinion traumatisée par la catastrophe d'avril 1986 à Tchernobyl en Ukraine avait applaudi la décision.

Aujourd'hui, les milieux industriels, avocats aussi d'une technologie allemande de pointe en ce domaine, font pression pour revenir sur la décision. Ils sont soutenus par les conservateurs au moment où l'Allemagne s'est fixé un ambitieux programme de réduction des émissions de CO2. Mme Merkel ne pourrait leur donner raison que si son parti formait une nouvelle coalition avec la droite libérale (FDP) après les élections de septembre 2009.

Déjà, les voix dans le patronat et la classe politique se multiplient pour demander au moins un rallongement de la durée des 17 centrales restantes. 49% des Allemands (contre 44% d'un avis opposé) partagent ce point de vue, selon un récent sondage. Le projet du gouvernement de Silvio Berlusconi qui veut lancer la construction d'une série de centrales de nouvelle génération, apporte de l'eau au moulin des pro-nucléaires allemands.

Car il s'agit pour l'Italie, qui avait renoncé au nucléaire lors d'un référendum en 1987 et fermé ses quatre centrales, de réduire sa dépendance énergétique. L'Allemagne dépend surtout du gaz et du pétrole importés, mais un arrêt des centrales atomiques --environ un tiers de la production électrique allemande-- l'obligera à importer davantage d'électricité d'origine nucléaire, notamment de France.

Comme les pronucléaires allemands, les partisans italiens de l'atome arguent de sa sécurité, de coûts compétitifs pour une production abondante, du respect de l'environnement. L'Allemagne est de plus en plus isolée en Europe, en porte-à-faux avec l'allié français. La France est le deuxième producteur d'électricité d'origine nucléaire au monde derrière les Etats-Unis. Electricité de France (EDF) exploite en France 58 réacteurs [il y a déjà 12 à 15 réacteurs de trop en France !!!].

Pour assurer son approvisionnement futur en énergie, le Royaume-Uni, qui compte dix centrales nucléaires en activité, a approuvé en janvier la construction d'une nouvelle génération de centrales nucléaires. La Pologne, qui n'a encore aucune centrale nucléaire, envisage d'adhérer au projet des pays baltes d'en construire une ensemble en Lituanie à l'horizon 2015. Elle projette de construire sa première centrale nucléaire sur son sol vers 2023.

En Finlande, un réacteur nucléaire, développé par le groupe nucléaire français Areva et l'allemand Siemens, est en construction [lire: Areva et le bourbier finlandais]. La Suède, où le nucléaire fournit près de la moitié de l'électricité [lire: A quelques minutes de l'accident nucléaire majeur à Forsmark], reste sur la ligne allemande avec un programme visant à son abandon, mais les sondages montrent une évolution de l'opinion en faveur de l'atome civil. L'Espagne, riche de huit centrales [lire: Le feu à Vandellos 1], compte jusqu'à présent les utiliser jusqu'à la fin de leur vie industrielle et ne pas en construire de nouvelles.

 


Le Monde, 14/11/2007: 

Si l'Allemagne sort du nucléaire, la France menace de rompre le partenariat de Siemens avec Areva

Berlin doit fermer sa dernière centrale en 2020. Paris envisage de rapprocher Areva d'Alstom et de Bouygues, ce qui pourrait difficilement se faire si Siemens restait dans le paysage

Alors que de l'Elysée aux entreprises, toutes les parties impliquées réfléchissent à la réorganisation de la filière nucléaire en France, Christine Lagarde a mis en garde le partenaire allemand d'Areva, lundi 12 novembre : " Un partenariat avec Siemens perd de son intérêt si l'Allemagne ferme son territoire à l'industrie nucléaire ", a déclaré la ministre de l'économie au Handelsblatt.
Détenue à 66 % par Areva et à 34 % par Siemens, l'entreprise commune, qui résulte de l'union de Framatome et de Siemens KWU en 2000, fabrique des réacteurs nucléaires et notamment l'EPR en Finlande. Nicolas Sarkozy avait déjà fait comprendre à la chancelière Angela Merkel qu'en fermant sa dernière centrale en 2020, l'Allemagne perdrait toute légitimité industrielle dans le nucléaire. Et son fleuron Siemens avec elle. " Franchement, vous imaginez Mme Merkel vendre le nucléaire à l'étranger alors qu'elle y a renoncé chez elle ? ", explique un patron français. George W. Bush, Vladimir Poutine et Nicolas Sarkozy, qui soutiennent le nucléaire dans leurs pays, semblent de fait mieux armés pour le promouvoir.

Areva dispose, d'ici à 2011, d'une option d'achat sur la part de Siemens dans la filiale commune. Mais le groupe allemand " entend rester actionnaire " d'Areva NP et aurait demandé à Mme Merkel de défendre ses intérêts. Ce dossier risque donc, après d'autres, d'envenimer les relations franco-allemandes.

Pour Paris, la sortie de Siemens est sans doute une condition sine qua non de la restructuration du nucléaire français qu'entend mener M. Sarkozy. Le chef de l'Etat veut donner à cette industrie (Areva, EDF, Alstom) " les moyens de se développer " et d'affronter la concurrence sans précédent qui se profile.

Areva a beau être encore numéro un mondial du secteur et actif sur toute la filière (mines d'uranium, combustible, réacteurs, retraitement des déchets), il ne réalise que 7 milliards d'euros de son chiffre d'affaires (sur 11 milliards) dans le nucléaire. Dès sa création, en 2001, sa présidente, Anne Lauvergeon, avait pour objectif d'ouvrir le capital du groupe, qui doit investir près de 15 milliards d'ici à 2012. Sans compter des besoins de financement pour de futures acquisitions.

La relance de l'industrie nucléaire dans le monde nécessite " une approche stratégique différente ", analyse Alain Bugat, administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), actionnaire à 79 % d'Areva. Et notamment, un rapprochement capitalistique avec un grand partenaire industriel.

AUTRES SCÉNARIOS

Tous les scénarios sont encore sur la table, mais la fusion avec le groupe Alstom (turbines et matériels ferroviaires), paraît aujourd'hui la plus probable. Et Bruxelles s'opposerait sans doute à la cohabitation Alstom-Siemens au sein d'Areva : les deux groupes sont des leaders mondiaux dans le domaine des turbines pour centrales.

La fusion Alstom-Areva est défendue par Patrick Kron, PDG d'Alstom, et le premier actionnaire de cette société (30 %), le groupe de BTP Bouygues, qui veut s'imposer dans ce secteur. Pour l'heure, M. Kron ne voit pas l'intérêt de " s'enfermer dans un calendrier contraignant ". Ni Bouygues ni Alstom n'ont encore mandaté de banque conseil, contrairement à l'Agence des participations de l'Etat (HSBC et le consultant McKinsey), à Areva (Calyon et Lazare) et au CEA (Goldman Sachs).

M. Kron, qui a noué des liens avec M. Sarkozy depuis le sauvetage d'Alstom en 2004, défend à l'Elysée la constitution d'un grand groupe français face aux géants General Electric, Toshiba-Westinghouse ou Siemens. Ce nouvel ensemble aurait une taille (40 milliards de capitalisation boursière) et un portefeuille de clients potentiels plus importants. Dans ce schéma, Bouygues apporterait sa compétence reconnue dans les grands projets de génie civil, comme le prouve le choix du groupe (avec Vinci) pour construire le nouveau sarcophage de Tchernobyl (Ukraine). Des discussions avec d'autres acteurs, comme Mitsubishi, pourraient aussi avoir lieu après le rapprochement Alstom-Areva.

Chez Areva, les détracteurs de ce schéma sont nombreux - même si Mme Lauvergeon se dit prête à des partenariats. Ils assurent qu'elle ne dégagera pas de moyens supplémentaires pour le nouveau groupe.

 

 

Le Monde, 11/10/2007: 

La droite allemande relance le débat sur le nucléaire

A mi-chemin de la législature, les partis de l'Union chrétienne CDU-CSU, qui gouvernent en Allemagne avec le Parti social-démocrate (SPD), reprennent l'offensive sur le dossier du nucléaire. Dans un document publié, mardi 9 octobre, à Berlin, sur la politique énergétique, le groupe parlementaire CDU-CSU défend l'allongement de la durée d'activité des centrales nucléaires.
Faute d'avoir pu trouver un compromis lors des négociations de 2005 sur la formation de la grande coalition, la droite, conduite par la chancelière Angela Merkel, et le SPD étaient convenus de ne pas toucher à l'accord de sortie du nucléaire conclu par les sociaux-démocrates et leurs alliés Verts en 2000, sous le précédent gouvernement. Cet accord prévoit un arrêt de l'activité des centrales nucléaires au plus tard en 2021. L'opinion publique est, elle, divisée sur cette question si l'on en croit les sondages. " L'Allemagne est isolée sur la scène internationale avec cette stratégie de sortie " du nucléaire, écrit le groupe parlementaire CDU-CSU dans son document. Venu rencontrer la chancelière à Meseberg le 10 septembre, le président français Nicolas Sarkozy avait exhorté les Allemands à renoncer à ce choix et avait plaidé pour que les deux pays " aient des ambitions énergétiques dans le même sens ".

DIVERGENCE DE STRATÉGIE

Ces déclarations avaient provoqué de vives réactions au sein du SPD, farouchement opposé à un changement de stratégie sur le nucléaire, mais n'avaient pas déplu aux chrétiens-démocrates, qui se sont toujours opposés à la fermeture anticipée des centrales atomiques.

La divergence de stratégie énergétique entre Berlin et Paris a relancé les interrogations sur l'avenir de la coopération industrielle dans le domaine du nucléaire. Début septembre, l'ancien ministre président de Bavière Edmund Stoiber (CSU) s'était inquiété d'une éventuelle rupture entre le groupe français Areva et l'allemand Siemens, qui détient 34 % d'Areva NP, la filiale du groupe nucléaire français qui construit le réacteur EPR [dit] de troisième génération, notamment en raison de la politique énergétique suivie par l'Allemagne.

Les députés CDU et CSU soulignent que le nucléaire garantit un approvisionnement minimum en électricité et permet d'éviter le rejet de 150 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère chaque année. Ce qui équivaut au volume généré par le trafic routier. Ils veulent éviter que le développement des énergies renouvelables fasse flamber les prix de l'électricité et s'opposent à un " subventionnement démesuré ".

" Ces arguments restent trop souvent absents du débat public ", souligne un expert de la CDU-CSU. Les chrétiens-démocrates souhaitent aussi redonner de nouvelles impulsions à la recherche nucléaire. " Nous ne pouvons pas accepter une diminution des investissements dans la recherche et le développement et la perte d'un savoir-faire allemand précieux ", écrivent-ils.

Toutefois, les chrétiens-démocrates ne veulent pas s'enfermer dans le seul rôle du défenseur de l'énergie atomique. Ainsi, ils proposent d'utiliser les rendements supplémentaires issus d'un éventuel prolongement de l'activité des centrales nucléaires pour financer l'augmentation des économies d'énergie et le développement des énergies renouvelables. " Il s'agit de concilier l'environnement et l'économie, ce qui n'a pas toujours été naturel pour les chrétiens-démocrates ", explique Katharina Reiche, députée CDU.

 


Pannes nucléaires en Allemagne: une nouvelle tête tombe chez Vattenfall

18/7/2007 - Le scandale en Allemagne autour de pannes dans les centrales nucléaires opérées par le groupe suédois Vattenfall a fait une nouvelle victime mercredi avec l'annonce de la démission du patron de la filiale allemande Vattenfall Europe.

Klaus Rauscher (58 ans) "demande à quitter son poste", a précisé Vattenfall dans un communiqué. Cette démission a été acceptée par le conseil de surveillance.

Le patron de Vattenfall Europe était sous le feu des critiques en raison de la communication très opaque de sa société sur des incidents récents à la centrale de Krümmel (nord de l'Allemagne) et celle de Brunsbüttel (nord).

Le responsable des activités nucléaires de Vattenfall Europe ainsi que le directeur de sa communication ont déjà fait les frais de cette affaire, dont le retentissement médiatique ne cesse de grandir.

Le patron de la maison-mère suédoise Vattenfall, Lars Josefsson, s'est déplacé en personne mercredi à Berlin pour assurer que "les prochains mois seraient un nouveau départ pour Vattenfall en Allemagne."

"L'insuffisance de la gestion de crise" à Krümmel et Brunsbüttel s'est révélée "particulièrement grave", a reconnu M. Josefsson, qui occupe par ailleurs la fonction prestigieuse de conseiller de la chancelière allemande Angela Merkel sur les questions du réchauffement climatique.

Le groupe suédois a tout intérêt à réagir au plus vite au scandale, lui qui a réalisé en Allemagne la moitié de son chiffre d'affaires de 16 milliards d'euros en 2006.

Lars Josefsson a assuré n'avoir "aucune raison de penser que l'évalution technique faite des incidents (dans les centrales) ne soit pas la bonne" mais a aussi jugé que "la responsabilité sociale d'une entreprise ne s'arrêt(ait) pas" là.

A Krümmel, un incendie le 28 juin avait entraîné un arrêt en urgence du réacteur. Quelques heures auparavant, la centrale de Brunsbüttel avait connu des défaillances lors d'un redémarrage du réacteur.

La communication désastreuse de Vattenfall Europe sur ces incidents a alimenté les spéculations sur leur gravité réelle. La police avait dû mener une perquisition pour trouver le nom d'un salarié aux commandes du réacteur à Krümmel, car Vattenfall Europe avait refusé de le dévoiler.

La chancelière Angela Merkel elle-même a eu des mots très durs contre l'entreprise, déclarant mercredi n'avoir "aucune pitié" pour Vattenfall Europe, et lui reprochant des erreurs "graves."

17 centrales nucléaires sont encore en activité en Allemagne. Elles doivent théoriquement fermer l'une après l'autre d'ici à 2020, en vertu d'une décision de sortie du nucléaire prise par le gouvernement allemand en 1998.

 


L'Allemagne veut fermer les vieilles centrales après des pannes

17/7/2007 - Le ministre allemand de l'Environnement Sigmar Gabriel va réunir après l'été les groupes énergétiques pour discuter d'une fermeture rapide des centrales nucléaires les plus vieilles, après des incidents sur deux sites du groupe Vattenfall, a-t-il dit à la radio Deutschlandfunk. "Nous devons nous éloigner de ces menaces, de ces vieux réacteurs", a dit le ministre social-démocrate, grand partisan d'une sortie du nucléaire. Les incidents fin juin-début juillet dans les centrales de Krümmel et Brunsbüttel (nord) du groupe Vattenfall en sont "la preuve", a-t-il jugé. Plusieurs grands producteurs d'énergie allemands réclament au contraire une prolongation de la durée de vie prévue de certaines des 17 centrales nucléaires encore en activité en Allemagne. Vattenfall voudrait un sursis pour son site de Brunsbüttel, qui doit fermer en février 2009, tandis qu'EnBW bataille pour prolonger le réacteur numéro un de sa centrale de Neckarwestheim (sud, fermeture prévue fin décembre 2008) et que RWE voudrait faire tourner plus longtemps sa centrale de Biblis, à l'arrêt depuis février dernier en raison de problèmes techniques. Biblis (ouverte en 1974), Brunsbüttel et Neckarwestheim (en service depuis 1976) sont les plus vieilles centrales nucléaires allemandes encore en activité. M. Gabriel a estimé mardi qu'il fallait fermer les réacteurs les plus vieux et augmenter en contrepartie la production des centrales nucléaires les plus récentes. Vattenfall Europe, filiale en Allemagne du groupe suédois Vattenfall, avait annoncé lundi le départ du responsable de ses opérations nucléaires et du chef de sa communication. La société est très critiquée pour sa communication très lente et peu transparente sur des incidents à Brunsbüttel et surtout Krümmel, où un incendie dans un transformateur avait entraîné un arrêt en catastrophe du réacteur.

 


Après des pannes, Vattenfall limoge le responsable du nucléaire en Allemagne

16/7/2007 - Vattenfall Europe, filiale en Allemagne du groupe suédois d'énergie Vattenfall, a annoncé lundi le renvoi de Bruno Thomauske, son directeur des activités nucléaires, après des incidents dans deux centrales allemandes. "Le groupe libère Bruno Thomauske de ses fonctions de dirigeant de Vattenfall Europe Nuclear Energy", a indiqué la société dans un communiqué. Par ailleurs le responsable de la communication de Vattenfall Europe, Johannes Altmeppen, a présenté sa démission, a-t-elle poursuivi. Vattenfall est critiqué de toutes Dans le cas de Krümmel, où un incendie de transformateur avait entrainé un arrêt en catastrophe du réacteur, le groupe d'énergie s'est vu reprocher sa communication particulièrement lente et opaque.

 

 

Le Monde, 15/7/2007: 

Multiplication des incidents dans deux centrales nucléaires allemandes

Tout juste un an après un incident majeur dans sa centrale nucléaire suédoise de Forsmark qui fit craindre un nouveau Tchernobyl, Vattenfall - filiale du grand groupe public suédois Vattenfall Europe, troisième producteur énergétique outre-Rhin - multiplie les ratés dans deux centrales du nord de l'Allemagne, à tel point que les autorités envisagent de lui retirer sa licence d'exploitation. Ce qui ternit un peu plus l'image d'une entreprise qui vient d'augmenter ses prix à la consommation.

Vendredi 13 juillet, des enquêteurs ont fait le déplacement à la centrale de Krümmel, près de Hambourg, pour tenter de comprendre ce qui s'est passé le 28 juin lorsqu'un incendie, vraisemblablement dû à une erreur humaine, s'est déclaré dans un transformateur, entraînant jusqu'à nouvel ordre l'arrêt du réacteur. Le parquet de Lübeck cherchait aussi à connaître le nom du collaborateur qui se trouvait aux commandes ce jour-là, et que le groupe avait jusqu'ici refusé de transmettre. Le technicien a pu témoigner et assurer ne pas avoir été intoxiqué par les inhalations. La direction a, quant à elle, ordonné une révision complète du site avant de relancer ses activités, ce qui ne devrait pas avoir lieu avant la fin août.

MÉFIANCE DE L'OPINION PUBLIQUE

"A ce stade, il ne viendrait à personne l'idée de remettre le réacteur en service, même Vattenfall n'oserait pas", a lancé le ministre fédéral de l'environnement, le social-démocrate Sigmar Gabriel. La chancelière conservatrice Angela Merkel attend du groupe qu'il s'explique "de la manière la plus stricte".

Pour Vattenfall Europe, qui fournit Hambourg et Berlin en électricité, le manque à gagner est déjà estimé à plus de 20 millions d'euros par la presse économique. Une affaire gênante également pour E.ON, premier groupe énergétique allemand, qui détient l'autre moitié de la centrale mise en service au début des années 1980.

Pour ne rien arranger, Vattenfall a aussi dû reconnaître cette semaine, toujours à Krümmel, l'existence d'une fuite de 2 millimètres au niveau d'une turbine, laquelle a pu laisser échapper des vapeurs à faible dose de radioactivité.

Dans l'autre centrale opérée par Vattenfall, à Brunsbüttel, à l'embouchure de l'Elbe, c'est le réseau de purification des eaux du système de refroidissement du réacteur qui a été coupé par erreur à deux reprises. Il aura fallu attendre plusieurs jours pour que le groupe reconnaisse cette panne sur ce site mis en service en 1976. "Nous devons nous demander si nous avons agi comme il fallait", a sobrement commenté le patron de Vattenfall Europe, Klaus Rauscher.

Les deux centrales, sur les seize que compte le pays, figurent déjà parmi celles qui ont déclaré le plus grand nombre de dysfonctionnements en 2006. Pourtant, Vattenfall veut prolonger la durée d'activité de Brunsbüttel jusqu'en 2011 au lieu de 2009, alors que l'Allemagne veut sortir du nucléaire à l'horizon 2020.

Ces affaires tombent assez mal pour l'entreprise, qui a lancé il y a peu une campagne de publicité où elle assure être "la gardienne de l'environnement" en raison des faibles émissions de dioxyde de carbone de l'énergie nucléaire. Mais elles jettent surtout le discrédit sur un secteur dont se méfie déjà une grande partie de l'opinion publique allemande, sensible aux thèses écologiques. L'incident de Krümmel a causé "un tort à l'image de l'énergie nucléaire en général en Allemagne", déplore Jens Spahn, expert environnemental de l'Union chrétienne-démocrate (CDU).

Le parti d'Angela Merkel est traditionnellement bien disposé à l'égard du nucléaire, mais doit composer dans la grande coalition avec le Parti social-démocrate (SPD), devenu très réticent à l'égard du lobby. L'ironie du sort veut que la chancelière compte parmi ses conseillers environnementaux le président de Vattenfall, le Suédois Lars Göran Josefsson. Mais pour combien de temps encore ? s'interroge l'hebdomadaire Die Zeit.



Nucléaire: pannes et ennuis en série pour le groupe suédois Vattenfall

12/7/2007 - Incidents dans des réacteurs en Allemagne, communication opaque, articles de presse sur des ouvriers alcooliques: les ennuis s'accumulent autour du groupe public suédois Vattenfall, en passe de devenir la nouvelle bête noire des opposants au nucléaire.

Le ministre de l'Environnement allemand Sigmar Gabriel agite dans une interview publiée jeudi le spectre d'un retrait à Vattenfall de son autorisation d'exploiter des centrales nucléaires en Allemagne. "Les autorités régionales examinent à juste titre cette possibilité", a dit M. Gabriel au journal Neue Presse, diffusé dans le Nord de l'Allemagne, où ont eu lieu récemment deux incidents. La chancelière Angela Merkel elle-même a sommé le groupe de s'expliquer "de la manière la plus stricte."

A la centrale de Krümmel, le 28 juin, un incendie a entraîné un arrêt en catastrophe du réacteur et des variations brutales de pression. L'incident est dû à une "erreur humaine", selon l'autorité de surveillance du nucléaire allemande. Vattenfall est critiqué pour avoir empêché les autorités d'interroger des responsables de la centrale: le groupe "ferait bien de se montrer plus coopératif", a menacé M. Gabriel.

La communication opaque de Vattenfall Europe, filiale en Allemagne du groupe suédois, a été montrée du doigt pour un autre incident, à la centrale de Brunsbüttel (Nord-Ouest). Lors d'une remise en marche le 1er juillet, le réseau de purification des eaux du système de refroidissement du réacteur avait été arrêté par erreur à deux reprises, selon Vattenfall, qui a attendu quatre jours pour reconnaître le problème.

L'entreprise a communiqué "au dernier moment", déplorent les autorités régionales. L'incident tombe mal, alors que Vattenfall veut obtenir l'autorisation d'exploiter plus longtemps Brunsbüttel, ouverte en 1976. La centrale doit fermer en 2009, conformément au calendrier de sortie du nucléaire fixé par l'Allemagne, mais l'entreprise voudrait la faire tourner jusqu'en 2011. Vattenfall martèle depuis le début de ces affaires qu'il a communiqué aussi vite qu'il a pu.

Pour ne rien arranger, des journaux allemands rapportent jeudi que huit ouvriers travaillant à la centrale nucléaire suédoise de Ringhals ont été renvoyés pour avoir harcelé en état d'ivresse des femmes de ménage. Un porte-parole de Vattenfall, interrogé par l'édition internet du magazine Der Spiegel, affirme que l'incident s'est déroulé hors du site. Les ouvriers renvoyés n'auraient pas eu accès au réacteur.

En Suède, Vattenfall est déjà montré du doigt pour les pannes ayant eu lieu dans sa centrale de Forsmark, dans le Nord du pays. En juillet 2006, une catastrophe y avait été évitée de justesse, selon les experts. En janvier, un rapport interne a dénoncé "une dégradation dans la culture de l'entreprise vis-à-vis de la sécurité depuis longtemps".

De quoi revigorer les opposants au nucléaire, en particulier en Allemagne, où le camp des partisans de l'atome connaît un regain de vitalité. La sortie programmée du nucléaire est en effet remise en cause par des industriels et des responsables politiques allemands, qui jugent indispensable de prolonger la durée de vie des centrales pour réduire efficacement les émissions de CO2. Mais ils se heurtent désormais aux soupçons de vétusté des installations : le Financial Times Deutschland rappelle jeudi que les 17 centres nucléaires en Allemagne ont connu 126 pannes en 2006.

Et, le ministre de l'Environnement Sigmar Gabriel, opposant affiché au nucléaire, ne se prive plus d'ironiser, déclarant, selon le journal : "Les centrales allemandes sont les plus sûres au monde. C'est juste que parfois, ça brûle ou ça explose un peu..."



Vattenfall critiqué après un incendie dans une centrale nucléaire allemande

6/7/2007 - Le groupe Vattenfall Europe était très critiqué en Allemagne après un incendie il y a une semaine dans une centrale nucléaire du nord du pays, les Verts, parti d'opposition, allant mercredi jusqu'à demander que lui soit retiré son permis d'opérer des centrales nucléaires. Le chef du groupe parlementaire des Verts Renate Künast a justifié cette revendication en expliquant à la Berliner Zeitung que "Vattenfall n'a pas informé suffisamment sur l'étendue de cet incident."
Mme Künast a rappelé d'autres incidents survenus dans des centrales opérées par le groupe public suédois Vattenfall en Suède (Forsmark) et en Allemagne (Brunsbüttel en 2001), et jugé que "Vattenfall a essayé à chaque fois de cacher la réelle dimension du problème." Un porte-parole de Vattenfal a rejeté ces accusations: "Nous avons depuis le début informé sans la moindre lacune l'opinion publique et les autorités de contrôle compétentes", a-t-il dit à l'AFP.
Jeudi déjà, la ministre en charge des Affaires sociales et de la sûreté nucléaire du land de Schleswig-Holstein, la social-démocrate (SPD, parti de gouvernement) Gitta Trauernicht, avait fortement critiqué la communication de Vattenfall sur cet incident. Le 28 juillet, un incendie s'était déclaré dans un transformateur de la centrale de Krümmel, à 30 kilomètres en amont de Hambourg sur le fleuve Elbe, avant d'être maîtrisé sans faire de blessé.
Ce départ de feu avait toutefois eu des conséquences sur le réacteur, en faisant chuter très rapidement la pression et le niveau d'eau dans le circuit de refroidissement. L'incident s'est produit alors que le débat sur le nucléaire est reparti de plus belle en Allemagne, qui doit officiellement sortir du nucléaire d'ici 2020. Les partisans de cette source d'énergie font valoir entre autres que les objectifs de réduction du CO2 très ambitieux fixés par Berlin ne seront pas tenus sans les centrales nucléaires.

 

 

Libération, 5/7/2007: 

Allemagne: la coalition se lézarde sur le nucléaire

Un incendie dans une centrale et un sommet national relancent le débat.

Un incendie dans une centrale allemande, jeudi dernier dans le nord du pays, relance le débat sur le nucléaire outre-Rhin. L'opérateur Vattenfall et le gouvernement régional du Land de Schleswig-Holstein, où s'est produit l'incident, font depuis hier l'objet de vives critiques pour avoir tenté de minimiser l'importance de l'incendie. «Vattenfall et le Land ont caché d'importants détails concernant cet incident afin de ne pas perturber le bon déroulement du sommet sur l'énergie» qui s'est tenu mardi autour d'Angela Merkel, s'indigne Greenpeace. «A l'avenir, nous devrons nous demander à chaque incident si la direction de la centrale dit la vérité ou non», insiste Jörg Feddern, l'expert en nucléaire de Greenpeace.

Dégâts. La direction de Vattenfall rejette en bloc les accusations des militants écologistes. Reste que jusqu'à mardi soir, l'opérateur continuait à assurer que l'incendie, rapidement maîtrisé et qui n'avait pas fait de blessé, n'avait eu aucune conséquence sur le réacteur de la centrale de Krümmel, à proximité d'Hambourg. Or ce n'est pas franchement le cas. Depuis le communiqué du gouvernement régional, mardi dans la soirée, on sait que dans le sillage de l'incendie, une pompe de stockage d'eau du réacteur est tombée en panne, et que l'ouverture de deux clapets de ventilation de sécurité a conduit à une retombée rapide du niveau de pression et de remplissage du réservoir du réacteur. «On ne peut parler là d'un incident mineur», insiste Greenpeace. «Plusieurs anomalies se sont produites dans le cadre de l'extinction du réacteur, admet aujourd'hui le gouvernement régional. Mais à aucun moment la sécurité du site n'a été en question.»
Cet incident tombe soit très mal (si l'on est pro-nucléaire), soit très bien (si l'on est contre l'atome), puisqu'il intervient à quelques jours seulement d'un important sommet sur l'énergie à Berlin. Mardi, Angela Merkel avait invité une trentaine de personnalités politiques, les industriels du secteur, les représentants des associations de consommateurs et des mouvements écologistes à débattre sur la réduction des émissions de CO2. L'avenir du nucléaire, qui ne figurait pas officiellement à l'ordre du jour, était pourtant omniprésent.

Atermoiements. Sociaux et Chrétiens-démocrates au pouvoir à Berlin sont divisés sur l'avenir de l'atome en Allemagne. Le gouvernement Schröder avait fait voter en 1998 un texte décidant la fermeture de toutes les centrales allemandes d'ici 2020. Angela Merkel et son ministre de l'Economie, le conservateur Michael Glos, sont hostiles à ce projet. Mais ils se sont engagés à ne pas remettre le sujet sur le tapis d'ici les prochaines élections, en 2009.
Pourtant, le tabou de la sortie du nucléaire semble vaciller. Un document publié mardi par le gouvernement rappelle que le maintien du nucléaire serait le moyen le plus économique d'atteindre les objectifs que s'est fixés Angela Merkel en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un moyen de préparer l'opinion, très réticente à l'atome, à un changement de stratégie ? L'incendie de Krümmel donne en tout cas de nouveaux arguments aux opposants au nucléaire.

Une sortie de l'atome prévue en 2020

Le calendrier de sortie du nucléaire, décidé du temps du gouvernement Schröder (Verts et Sociaux-démocrates), prévoit la fermeture des 19 centrales allemandes encore en activité d'ici 2020. Quatre centrales doivent fermer d'ici la fin de la législature actuelle, bien qu'Angela Merkel s'y oppose. Les opérateurs concernés ont tous déposé des demandes de délais supplémentaires, dans l'espoir d'une nouvelle majorité au Bundestag en 2009. Le nucléaire représente dans ce pays 12,6 % de la consommation totale d'énergie et 31 % de celle d'électricité.

 


Allemagne: un incendie dans une centrale nucléaire a touché le réacteur

4/7/2007 - Un incendie jeudi dernier dans un transformateur d'une centrale nucléaire du nord de l'Allemagne a eu des conséquences sur le réacteur, ce qui n'avait pas été révélé jusqu'à présent, a annoncé le ministère des Affaires sociales du Land concerné dans un communiqué parvenu mercredi. Les autorités chargées de la sécurité du réacteur de la centrale de Krümel, près de Hambourg, examinent "plusieurs anomalies intervenues dans le cadre de l'extinction du réacteur", une mesure de sécurité en cas d'incendie, selon le communiqué du ministère de l'Etat régional du Schleswig-Holstein. Ainsi une pompe de stockage d'eau du réacteur est tombée en panne et l'ouverture de deux clapets de ventilation de sécurité a conduit à une retombée rapide du niveau de pression et de remplissage du réservoir sous pression du réacteur. Néanmoins, la sécurité de l'installation a été garantie "malgré ces anomalies", relève le ministère qui avait dans un premier temps affirmé que le réacteur n'avait pas été touché par l'incendie. L'incident, qui n'a fait aucun blessé, s'était déclaré à la centrale de Krümmel, dans la localité de Geesthacht, à 30 kilomètres en amont de Hambourg sur le fleuve Elbe, avant d'être maîtrisé. La centrale nucléaire de Krümmel, mise en service en 1984, produit environ 10,5 milliards de KWh par an.

 


Libération, 15/1/2007: 

Allemagne: scission nucléaire

Energie. Malgré l'accord signé avec les sociaux-démocrates sur les fermetures de centrales, les conservateurs relancent le débat de l'atome.

Le nucléaire pourrait retrouver prochainement ses lettres de noblesse en Allemagne. Officiellement, il n'est pas question de revenir sur la décision prise en 2001, du temps du gouvernement Schröder, de fermer toutes les centrales du pays d'ici à 2021. D'ailleurs, «il n'y aurait pas de majorité au Bundestag pour cela», rappelle le ministre de l'Environnement, le social-démocrate Sigmar Gabriel.

Colère. Pourtant, les opposants à la sortie du nucléaire gagnent du terrain. «Il faut réfléchir aux conséquences de la sortie du nucléaire», ont déclaré coup sur coup, la semaine dernière, Angela Merkel et son ministre conservateur de l'Economie Michael Glos à la télévision, provoquant la colère de leur partenaire social-démocrate : CDU et SPD s'étaient mis d'accord, lors de la signature de leur programme commun de gouvernement, en novembre 2005, pour ne pas revenir sur la décision de fermer les centrales allemandes. Les deux plus vieilles des 19 centrales se sont arrêtées sous Schröder. Deux nouvelles fermetures sont prévues prochainement : l'une aura lieu cette année, l'autre en 2009. Les producteurs concernés, RWE et EnBW (filiale à 45 % d'EDF), misant sur un éventuel changement de gouvernement, réclament un délai supplémentaire.
Les conservateurs allemands sont en effet majoritairement opposés à la sortie du nucléaire. Angela Merkel n'a jamais fait mystère de son engouement personnel pour l'atome. Du coup, RWE et EnBW reprennent espoir. Angela Merkel s'inquiète en effet avant tout de l'indépendance énergétique de l'Allemagne. Surtout depuis que Vladimir Poutine souffle le chaud et le froid sur ses exportations d'hydrocarbures. 70 % de la consommation énergétique totale du pays dépend des importations et de «la bonne volonté de pays politiquement instables ou dirigés par une dictature», insiste-t-on dans l'entourage de la chancelière. Berlin est particulièrement préoccupé de sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Le grand voisin de l'Allemagne fournit 34 % du gaz et 30 % du pétrole consommés outre-Rhin.

Démagogie.  «Il ne faut pas tout mélanger, s'insurge Sigmar Gabriel. L'avenir du nucléaire n'a rien à voir avec le gaz ou le pétrole. A moins qu'on envisage, à terme, de ne rouler qu'en voitures électriques !» Le pétrole joue un rôle négligeable dans la production d'électricité (1,7 %), tandis que la part du gaz se monte à 10 %. Le nucléaire, en revanche, assure aujourd'hui 31 % du courant consommé (79 % en France, 20 % en Grande-Bretagne). Pour les sociaux-démocrates, leur allié conservateur ferait tout simplement preuve de démagogie en utilisant les interruptions des livraisons russes pour relancer le débat du nucléaire, sous la pression des producteurs.
Comme les Verts, les sociaux-démocrates ne voient d'avenir que du côté des énergies renouvelables, qui permettraient à la fois de garantir l'indépendance du pays et de lutter contre le réchauffement de la planète. Aujourd'hui, seul 10 % de la consommation d'électricité provient des éoliennes, du solaire et du géothermique. Dans l'esprit de la loi de 2001, ces sources d'énergie doivent fournir 25 % de l'électricité allemande d'ici à 2020. Et c'est bien ce que veulent éviter les exploitants de centrales nucléaires : selon une étude réalisée par le cabinet de conseil Ernst & Young, la sortie du nucléaire au profit du courant «propre» leur coûterait 32 milliards d'euros.


Allemagne: pas de remise en question de la sortie du nucléaire

3 janvier 2007 - La chancelière allemande Angela Merkel a adressé une fin de non recevoir aux partisans de l'énergie nucléaire. Elle leur a clairement signifié qu'elle ne reviendrait pas sur la sortie du nucléaire décidée il y a neuf ans.
Le gouvernement social-démocrate de son prédécesseur Gerhard Schröder a décidé en 1998 la sortie progressive du nucléaire, en accord à l'époque avec les producteurs d'électricité. L'industrie et la droite allemandes poussent pourtant à revenir sur cette décision, invoquant notamment la contribution du nucléaire dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pour la chancelière néanmoins, "les objectifs (du protocole) de Kyoto ne sont pas directement dépendants de l'énergie nucléaire, et ce n'est pas comme si on les ratait automatiquement en réduisant le nucléaire".
Au sein de la grande coalition que dirige Mme Merkel, le parti social-démocrate (SPD) est fermement opposé à un changement de cap sur la question et "n'a pas l'air de vouloir changer d'avis sur ce sujet", selon elle.

 


Le Monde, 7/8/06:

En Allemagne, les antinucléaires réclament le démantèlement des centrales, après la panne de Forsmark

Vingt ans après l'accident de la centrale de Tchernobyl (Ukraine), l'Allemagne, reste sensible à tout ce qui touche à l'énergie nucléaire. L'incident survenu le 25 juillet dans un réacteur suédois a ainsi fait autant de bruit en Allemagne que dans le royaume scandinave.
Les antinucléaires ont aussitôt réclamé le démantèlement des centrales dans les délais prévus par l'accord conclu en 2000, entre le gouvernement et les industriels du nucléaire. Ces derniers, soutenus par la droite, voudraient prolonger leur durée de vie.
Pour une raison encore mal expliquée, deux diesels électriques de secours de la centrale civile de Forsmark, au nord de Stockholm, n'ont pas fonctionné comme prévu pour suppléer la panne des générateurs normaux provoquée par un court-circuit. Les employés ont pu faire démarrer deux autres diesels. L'Inspection suédoise de contrôle de l'énergie nucléaire (SKI) a classé l'incident au niveau 2 sur l'échelle
[médiatique] internationale des événements nucléaires (INES), qui en compte sept.

DIX-SEPT CENTRALES
Avec quelques jours de décalage, les médias allemands ont couvert l'incident avec moult détails. Les propos alarmistes d'un expert suédois, selon lesquels c'était l'événement le plus grave depuis l'accident de Tchernobyl, ont été largement repris outre-Rhin, tandis que la SKI les estimait "très exagérés" .
Les opposants allemands au nucléaire ont bondi sur l'occasion pour insister sur la nécessité de fermer dès que possible les dix-sept centrales encore en fonction en Allemagne et investir davantage dans les énergies renouvelables.
D'après un porte-parole pour les questions environnementales du Parti social-démocrate (SPD), Marco Bülow, l'incident de Forsmark, survenu dans un pays dont les centrales sont pourtant réputées sûres, démontre que la technologie du nucléaire n'est pas "maîtrisable" .
Une défaillance semblable n'est pas à exclure en Allemagne, puisque le composant incriminé, fabriqué par la firme allemande AEG, équipe certaines centrales du pays, ont estimé les Verts. Le ministère fédéral de l'environnement a fait procéder à une vérification en ce sens.
L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel a souhaité qu'on ne tire pas de conclusions hâtives. Et pour cause, ce parti prône une relance du programme nucléaire, qui fournit au pays près de 30 % de son électricité.
Certes, le contrat de coalition, conclu avec le SPD après les élections législatives de septembre 2005, ne remet pas en question la sortie de l'atome en 2020, décidée par le précédent gouvernement SPD-Verts.
Mais la droite espère bien revenir dessus, en cas de victoire aux législatives de 2009. Selon elle, le pays ne pourra se passer du nucléaire avant longtemps, les énergies renouvelables tardant à s'imposer.

Antoine Jacob


Le Figaro, 27/04/2005 : 

L'Allemagne ferme la centrale nucléaire d'Obrigheim

Elle était devenue le symbole du débat sur le nucléaire en Allemagne. Au terme de trente-sept ans d'activité, la plus ancienne centrale nucléaire du pays, située à Obrigheim, dans le Bade-Wurtemberg (ouest de l'Allemagne), cessera de fonctionner la semaine prochaine. Il restera dix-sept centrales outre-Rhin, sans compter celles que gère l'Allemagne à l'étranger, notamment en Pologne.

Après Mülheim-Kärlich en 2000 et Stade en 2003, Obrigheim sera le troisième site à fermer ses portes et à engager un peu plus l'Allemagne vers la sortie du nucléaire. En 2001, le gouvernement Schröder avait signé un accord avec les principaux groupes industriels énergétiques prévoyant la fermeture de toutes les centrales au plus tard en 2021.

Cette fermeture, qui coïncide par hasard avec le dix-neuvième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, constitue une nouvelle victoire pour les Verts. Ces derniers ont d'ailleurs célébré l'événement dès lundi en présence du ministre de l'Environnement, Jürgen Trittin. «Faut-il encore dire quelque chose sur la nécessité de la sortie du nucléaire ?» demandait avec satisfaction le ministre. Pendant plusieurs années, opposants et promoteurs s'étaient affrontés sur le sort d'Obrigheim.

Les Verts dénonçaient la vulnérabilité de la centrale en cas d'attaque aérienne et fustigeaient la façon dont avaient été accordés les permis d'exploitation. Ces derniers ont finalement obtenu gain de cause au grand dam du village d'Obrigheim, dont le maire, Roland Lauer (CDU), s'est efforcé en vain d'empêcher la fermeture. La mise à l'arrêt de la centrale signifie 2 millions euros d'impôts en moins dans les caisses de la commune et, à long terme, plusieurs centaines d'emplois sur la sellette. «C'est une conséquence douloureuse de l'accord signé en 2001 par le gouvernement et les grands groupes énergétiques», souligne Thomas Hartkopf, membre du directoire d'Energie Bade-Wurtemberg AG, qui exploite le site d'Obrigheim. «La fermeture n'est motivée ni par des raisons de sécurité, ni par des raisons économiques», a renchéri hier le gouvernement du Bade-Wurtemberg dans la Frankfurter Rundschau.

Le processus de sortie du nucléaire pourrait néanmoins être stoppé ou du moins freiné à la faveur d'un éventuel retour au pouvoir de l'opposition chrétienne démocrate (CDU-CSU) en 2006. Cette dernière ne fait en effet pas mystère de ses projets dans ce domaine. «Sans un prolongement de l'utilisation de l'énergie nucléaire, l'Allemagne ne pourra pas atteindre ses objectifs en matière de protection du climat», expliquait récemment Peter Paziorek, député CDU au Bundestag. Selon l'opposition, le coût et le niveau technique de développement des énergies renouvelables ne permettront pas de remplacer d'ici à 2021 l'énergie nucléaire.

Le gouvernement allemand s'est engagé dans le cadre du traité de Kyoto à diminuer de 21% par rapport à 1990 ses émissions de gaz d'ici à 2008-2012. Pour parvenir à ce double objectif, Berlin veut doper les énergies renouvelables ­ elles devraient représenter 20% en 2020 et augmenter la rentabilité des centrales électriques.

 

La chambre allemande des députés vote l'abandon du nucléaire civil

BERLIN, 14 déc 2001 - Le chambre allemande des députés (Bundestag) a approuvé vendredi le projet de loi du gouvernement sur l'abandon du nucléaire civil, qui figurait parmi les promesses électorales du chancelier social-démocrate (SPD) Gerhard Schroeder.

Le texte a été adopté avec les voix du SPD et des Verts (écologistes), qui forment la coalition au gouvernement. L'Union-chrétienne démocrate (CDU), le Parti libéral (FDP) et les néo-communistes du PDS ont voté contre.

Le projet de loi prévoit que toutes les centrales nucléaires allemandes ferment leurs portes d'ici 2020, selon un accord signé en juin entre M. Schroeder et les patrons des grands groupes énergétiques du pays qui prescrit 32 ans de durée de vie moyenne pour les 19 centrales nucléaires allemandes.

Mais la réalité risque d'être autre, une clause permettant aux industriels de faire durer davantage certaines centrales s'ils en ferment d'autres prématurément.

En outre, le projet de loi interdit le retraitement des déchets nucléaires à l'étranger à compter du 1er juillet 2005.

L'abandon du nucléaire, qui figurait dans le programme électoral des Verts, est l'aboutissement d'âpres pourparlers menés par le ministre de l'Environnement, Juergen Trittin (Verts), et celui de l'Economie, Werner Mueller (sans étiquette), avec les industriels.

La CDU a dénoncé lors du débat parlementaire vendredi une politique énergétique allant, selon elle, à l'encontre des intérêts des consommateurs et de l'économie allemande.

Un député CDU, Klaus Lippold, a critiqué le fait que des "centrales nucléaires soumises à des mesures de sécurité élevées soient fermées alors que toutes celles situées autour (de l'Allemagne, ndlr) souffrant de mauvaises conditions de sécurité vont continuer de fonctionner".

Le projet de loi doit encore être examiné par le Bundesrat, la chambre haute qui représente les régions, mais son avis n'est que consultatif.

 
 

Les principaux points de l'accord définitif sur l'abandon du nucléaire

BERLIN, 14 déc 2001 - Voici les principaux points de l'accord sur l'abandon progressif du nucléaire adopté vendredi par la chambre allemande des députés, un an et demi après son approbation par le chancelier allemand Gerhard Schroeder et les grands groupes énergétiques allemands :

- Durée de vie : chacune des 19 centrales nucléaires allemandes se voit fixée un quota de production, soit un total global de 2.623 terawatts/heure (twh, milliards de kilowatts/heure) à compter de janvier 2000. Ce qui équivaut à une durée de vie moyenne de 32 ans par centrale à compter de sa mise en service. Le dernier réacteur devrait théoriquement mettre la clé sous la porte en 2021. Mais l'accord, qui ne fixe que des quotas de production, n'impose aucune date de fermeture.

- Fermeture effective : une clause de flexibilité a été prévue. Si un groupe énergétique décide l'arrêt d'un réacteur avant d'avoir atteint son quota de production, il pourra reporter les twh non-produits sur une autre centrale et ainsi prolonger sa durée de vie.

- Retraitement des déchets : à compter du 1er juillet 2005, le retraitement des déchets nucléaires est interdit. Il était effectué jusqu'à présent dans l'usine française de la Cogema à La Hague et dans l'établissement britannique de British Nuclear Fuels à Sellafield, sur la base d'accords gouvernementaux et de contrats industriels. Interrompus au printemps 1998 en raison d'un défaut d'étanchéité de conteneurs de transport, les transports de déchets ont repris cette année depuis le convoi La Hague-Gorleben des 26-29 mars.

- Des solutions seront recherchées pour le stockage à très long terme des déchets. En attendant, les industriels devront mettre en place auprès de chaque réacteur un centre provisoire de stockage.

- Exploitation : garantie gouvernementale d'une "exploitation sans entrave" des centrales nucléaires jusqu'à leur fermeture par les groupes énergétiques. Le gouvernement avait déjà renoncé, en cas d'accord, à imposer des règlements de sécurité plus rigoureux ou à lever un impôt sur l'énergie nucléaire, comme l'avaient un temps réclamé les Verts.

- Recherche : la recherche nucléaire reste libre, notamment dans les centres universitaires équipés d'un réacteur de recherche comme celui de Munich-Garching (sud) qui a obtenu en octobre dernier l'autorisation du gouvernement fédéral allemand et de l'Etat régional de Bavière d'utiliser de l'uranium hautement enrichi à des fins de recherche au plus tard jusqu'en

 



L'examen du projet de loi sur l'abandon du nucléaire en Allemagne repoussé

BERLIN, 13 sept 2001 - L'examen du projet de loi sur l'abandon du nucléaire, qui devait avoir lieu vendredi au Bundestag (chambre basse du parlement allemand) a été reporté à une date non précisée, à la suite des attentats aux Etats-Unis, a-t-on appris auprès du parlement jeudi.


La loi sur l'abandon du nucléaire entame la dernière ligne droite

BERLIN, 13 sept 2001 - Le Bundestag, la chambre des députés allemands, entame vendredi l'examen du projet de loi sur l'abandon de l'énergie nucléaire en Allemagne, dernière ligne droite de trois ans de négociations depuis l'arrivée au pouvoir des sociaux-démocrates (SPD) et des Verts.
Aboutissement d'âpres pourparlers menés par le ministre de l'Environnement, Juergen Trittin (Verts), et celui de l'Economie, Werner Mueller (sans étiquette), ce projet-phare du gouvernement de Gerhard Schroeder met en oeuvre l'accord définitif signé le 11 juin entre le chancelier social-démocrate et les patrons des grands groupes énergétiques du pays.

Théoriquement, la dernière centrale nucléaire allemande devrait fermer ses portes d'ici 2020, l'accord prévoyant 32 ans de durée de vie moyenne pour les 19 centrales nucléaires allemandes. La réalité sera sans doute autre, une clause permettant aux industriels de faire durer davantage certaines centrales s'ils en ferment d'autres prématurément.

Quant au retraitement des déchets nucléaires à l'étranger, la loi devrait l'interdire au premier juillet 2005. Mais, soulignent les antinucléaires, cela n'empêchera pas pendant de longues années encore les convois de rapatriement des déchets confiés d'ici 2005 aux usines de La Hague (France) et Sellafield (Grande-Bretagne).

S'il reste "historique", selon M. Trittin, le projet que défendra le bouillant ministre écologiste devant le parlement est bien éloigné des termes du programme électoral des Verts, dans lequel figurait "l'abandon immédiat du nucléaire".

Le mot "immédiat" fut rapidement lâché au cours des négociations avec le SPD, dans la foulée de la victoire aux législatives du 27 septembre 1998. Priorité numéro un des écologistes, l'abandon du nucléaire fut à l'origine de nombreux pataquès dans les premiers mois du nouveau gouvernement allemand.

Un premier projet de loi annoncé pour décembre 1998 par le ministre de l'Environnement, sans concertation préalable avec les groupes énergétiques, est gelé par le chancelier, puis abandonné en janvier.

Outre la pression de l'industrie énergétique, Berlin subit celles de Paris et Londres, qui refusent l'arrêt immédiat du retraitement des déchets radioactifs au nom du "respect des engagements" et réclament des dédommagements.

S'ouvre ensuite une longue période de dialogue avec l'industrie, les négociations progressant ou reculant au gré des menaces de rupture, des rappels à l'ordre de Juergen Trittin par le chancelier et des compromis.

La coalition gouvernementale s'était donnée un an pour boucler le dossier. Finalement, c'est avec six mois de retard, le 14 juin 2000, qu'une première percée est réalisée, avec la signature d'un accord fixant les grandes lignes d'un abandon progressif du nucléaire.

Il faudra encore un an pour que gouvernement et industriels s'entendent sur ses modalités, signant le 11 juin 2001 l'accord définitif sur le renoncement à une source d'énergie qui compte pour un tiers de la production d'électricité du pays.

Un accord qui ne fait pas l'unanimité. Fin mars, des milliers de militants antinucléaires ont tenté de bloquer un convoi de déchets radioactifs à destination du centre de stockage de Gorleben (nord), dénonçant la "trahison" des Verts.

Dans l'opposition, conservateurs et libéraux s'opposent à une décision qu'ils jugent "économiquement et écologiquement" erronée. La Bavière souhaite un veto de la Cour constitutionnelle. Parmi ses arguments: le projet, déjà signé par les industriels, ne peut plus qu'être "entériné" par le parlement, ce qui va à l'encontre des principes démocratiques...

Verts et SPD, majoritaires au Bundestag, comptent néanmoins sur une adoption du projet de loi "au plus tard début 2002".

 


Les principaux points de l'accord définitif sur l'abandon du nucléaire

BERLIN, 11 juin 2001 - Voici les principaux points de l'accord définitif signé lundi soir par le chancelier allemand Gerhard Schroeder et les grands groupes énergétiques allemands sur l'abandon progressif du nucléaire:

- Durée de vie: la durée de vie moyenne de chacune des 19 centrales nucléaires allemandes est limitée à 32 ans en moyenne, à compter de leur mise en service. Si le ministre de l'Environnement Juergen Trittin a récemment estimé que la dernière centrale nucléaire allemande mettrait la clé sous la porte en 2018, aucune date n'a été fixée dans l'accord.

- Production: les centrales nucléaires allemandes produiront encore globalement 2.613 terawatts/heure (twh, milliards de kilowatts/heure) d'électricité nucléaire d'ici à la fermeture de la dernière d'entre elles. Toutefois, une clause de flexibilité a été prévue: si un groupe énergétique décide l'arrêt d'un réacteur avant d'avoir atteint son quota de production, il pourra reporter les twh non-produits sur une autre centrale et ainsi prolonger sa durée de vie.

- Retraitement des déchets: à compter du 1er juillet 2005, le retraitement des déchets nucléaires sera interdit. Il était effectué jusqu'à présent dans l'usine française de la Cogema à La Hague et dans l'établissement britannique de British Nuclear Fuels à Sellafield, sur la base d'accords gouvernementaux et de contrats industriels. Interrompu au printemps 1998 en raison d'un défaut d'étanchéité de conteneurs de transport, ils ont repris cette année depuis le convoi La Hague-Gorleben des 26-29 mars. (La merde radioactive pour les autres.)

- Des solutions seront recherchées pour le stockage à très long terme des déchets. En attendant, les industriels devront mettre en place auprès de chaque réacteur un centre provisoire de stockage.

- Exploitation: garantie gouvernementale d'une "exploitation sans entrave" des centrales nucléaires jusqu'à leur fermeture par les groupes énergétiques. Le gouvernement avait déjà renoncé, en cas d'accord, à imposer des réglements de sécurité plus rigoureux ou à lever un impôt sur l'énergie nucléaire, comme l'avaient un temps réclamé les Verts. (En contrepartie de la sortie dans 20 ans du nucléaire, le gouvernement Allemand garantit une "exploitation sans entrave" des centrales nucléaires jusqu'à leur fermeture, c'est-à-dire qu'il laisse les industriels s'assoir sur la sécurité des centrales vieillissantes qui sont par définition plus dangereuses, la rentabilité économique va primer sur la sécurité).

- Loi: sur la base de cet accord, le gouvernement va faire adopter par le Parlement une loi, qui stipulera également l'interdiction de construction de centrales atomiques, et c'est seulement à l'issue du processus législatif que le chancelier et les dirigeants des groupes énergétiques apposeront leur signature finale au bas de l'accord. Celui-ci devra également être ratifié par les conseils de surveillance des groupes énergétiques.

- Recherche: la recherche nucléaire reste libre, notamment dans les centres universitaires équipés d'un réacteur de recherche comme celui de Munich-Garching (sud).

Lundi, plusieurs organisations écologistes ont manifesté leur mécontentement. Greenpeace a ainsi enchaîné, devant les sièges du Parti social-démocrate et des Verts à Berlin, des bacs contenant de la "terre contaminée" des environs de La Hague et Sellafield.

Les antinucléaires dénoncent aussi une clause permettant à la dernière centrale de prolonger son activité bien au-delà des estimations théoriques de 2018 ou 2021...

Un fossé grandissant a commencé à séparer une partie du mouvement antinucléaire des Verts allemands, qui ont apporté bon gré mal gré leur soutien au compromis. Fin mars, le premier convoi en provenance de La Hague depuis 1997 a mobilisé quelque 6.000 militants anti-nucléaire (20.0000 selon les organisateurs) face à 18.000 policiers près de Gorleben (nord).

 



Accord sur la fin du nucléaire: encore des divergences, selon le patronat

BADEN BADEN (Allemagne), 3 juin 2001 - Le président de la Fédération des exploitants de l'énergie nucléaire en Allemagne, Gerd Maichel, a estimé dimanche qu'il y avait encore des points à régler entre le gouvernement et les industriels sur l'accord définitif d'abandon du nucléaire.

Le chancelier allemand Gerhard Schroeder et les patrons des grands groupes énergétiques doivent signer le 11 juin un accord définitif sur l'abandon de l'énergie nucléaire, un an après en avoir négocié les grandes lignes.

La question de la responsabilité juridique en cas d'accident dans les centrales est encore controversée, a déclaré M. Maichel sur les ondes de la radio allemande Suedwestrundfunk.

M. Maichel a également fait savoir qu'en cas de changement de gouvernement en Allemagne, actuellement dirigé par une coalition de sociaux-démocrates (SPD) et de Verts, les industriels pourraient remettre en question l'abandon du nucléaire en Allemagne.

 

Trittin: plus de centrale nucléaire en activité à partir de 2018
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En contrepartie de la sortie dans 20 ans du nucléaire, le gouvernement Allemand garantit une "exploitation sans entrave" des centrales nucléaires jusqu'à leur fermeture, c'est-à-dire qu'il laisse les industriels s'assoir sur la sécurité des centrales vieillissantes qui sont par définition plus dangereuses, la rentabilité économique va primer sur la sécurité).

BERLIN, 13 mai 2001 - La dernière centrale nucléaire en activité en Allemagne devrait mettre la clé sous la porte en 2018, a affirmé le ministre de l'Environnement Juergen Trittin dans un entretien avec le quotidien Tagesspiegel paru dimanche.
M. Trittin a indiqué que le gouvernement et les dirigeants des groupes énergétiques s'étaient mis d'accord sur la formulation de la loi de sortie du nucléaire civil, près d'un an après l'accord intervenu le 15 juin 2000 qui prévoit une durée de vie de 32 ans pour chacune des 19 centrales allemandes à compter de la date de son entrée en activité.

Le ministre a ajouté que chancelier Gerhard Schroeder avait invité vendredi les industriels à apposer leur signature finale au bas de l'accord, comme convenu en juin dernier, leur proposant un rendez-vous soit le 22 mai soit le 11 juin.

La loi sur l'abandon du nucléaire est fondée sur le fait "que le risque que fait courir l'énergie nucléaire n'est plus défendable", a déclaré M. Trittin dans le Tagesspiegel.

Il a ajouté que la loi n'aura pas besoin de l'approbation du Bundesrat, la chambre haute du parlement allemand où les Etats régionaux sont représentés.

La loi sur la sortie du nucléaire prévoit aussi qu'à compter du 1er juillet 2005, le retraitement des déchets nucléaires sera interdit. Il était effectué jusqu'à présent dans l'usine française de la Cogema à La Hague et dans l'établissement britannique de Britsh Nuclear Fuels à Sellafield. En contrepartie, le gouvernement garantit une "exploitation sans entrave" des centrales nucléaires jusqu'à leur fermeture par les groupes énergétiques.

-------------> Sortie du nucléaire : la loi est prête

 


Le chef de la commission sur la radioactivité s'en va: conflit avec Trittin

BERLIN, 16 mai 2001 - La présidente de la commission sur la protection contre la radioactivité (SSK) mise en place par le gouvernement allemand, Maria Blettner, a jeté l'éponge mardi en raison de divergences de vues avec le ministre de l'Environnement, l'écologiste Juergen Trittin.

Dans sa lettre de démission, elle accuse le ministre de mener une politique du personnel motivée par des considérations partisanes, disant se sentir entravée dans son travail, a-t-on appris mercredi auprès de l'université de Bielefeld (ouest), où enseigne Mme Blettner, épidémiologiste.

Les nominations au sein de la commission ont une connotation politique et non scientifique, a-t-elle jugé. Elle a ajouté qu'elle se sentait "utilisée politiquement".

Maria Blettner avait pris en mai 1999 la présidence de la commission créée en 1974 et qui comprend 17 membres. Cette commission évalue la situation des émissions radioactives et émet des recommandations sur les limites acceptables d'irradiation.

Juergen Trittin avait remanié la commission en décembre 1998, deux mois après avoit été nommé ministre. Il y avait nommé en partie des opposants à l'énergie nucléaire. Maria Blettner avait été nommée à la commission sous le précédent gouvernement du chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl.

Le ministère de l'Environnement a rejeté les accusations de Mme Blettner et déploré sa démission.

 


Abandon du nucléaire: accord définitif industriels/gouvernement le 11 juin

BERLIN, 18 mai 2001 - Le chancelier allemand Gerhard Schroeder et les patrons des grands groupes énergétiques veulent signer le 11 juin un accord définitif sur l'abandon de l'énergie nucléaire, un an après en avoir négocié les grandes lignes, a annoncé vendredi une porte-parole du gouvernement.

Le ministre allemand de l'Environnement Juergen Trittin avait indiqué récemment vouloir présenter le projet de loi à ce sujet juste après que gouvernement et industriels aient signé l'accord.

La chambre basse du parlement, le Bundestag, pourrait voter la loi au plus tard au printemps 2002.

Selon M. Trittin, la dernière centrale nucléaire en activité en Allemagne devrait mettre la clé sous la porte en 2018. L'accord de juin 2000 prévoyait une durée de vie moyenne de 32 ans pour chacune des 19 centrales allemandes.

L'accord prévoit aussi l'interdiction des transports de déchets nucléaires pour retraitement à compter du 1er juillet 2005. Le retraitement est effectué dans l'usine française de la Cogema à La Hague et dans l'établissement britannique de British Nuclear Fuels à Sellafield.