La Voix du Nord, 10/4/2008: 

La centrale de Gravelines épinglée par l'autorité de sûreté nucléaire

L'autorité de sûreté nucléaire (ASN), c'est en quelque sorte la police qui surveille le bon fonctionnement des centrales nucléaires du territoire. Dans son dernier rapport national, rendu public mardi soir, elle épingle le site de Gravelines, qui est le plus important de France. Motif: ses performances en matière de sûreté sont moins bonnes que celles du reste du parc français.

Explication.
À la lecture de son appréciation finale, le rapport de l'ASN ressemble fort à un bulletin scolaire désastreux. Dans le rôle du mauvais élève, la centrale nucléaire de Gravelines, « qui est plutôt en retrait par rapport au peloton des centrales françaises, essentiellement pour des raisons de rigueur d'exploitation ». En clair ? « Des progrès sont à réaliser dans la gestion de la formation, de l'accompagnement des personnels nouvellement formés, la préparation des interventions et la maintenance », mentionne le rapport de l'autorité.

Un plan de rigueur d'exploitation
Plus concrètement, soixante-trois événements significatifs sûreté (ESS) de niveau 0 à niveau 1, sur une échelle de 7, ont été recensés sur le site de Gravelines en 2007. Rien de bien alarmant, certes, dans la mesure où ce type d'incidents, essentiellement survenus au cours du premier semestre, ne relèvent que de la simple anomalie (rejet gazeux, dépassement de température d'un petit degré sur un réacteur). L'ASN, elle, estime toutefois que c'est trop et n'hésite pas à parler « d'année désastreuse sur ce point ».

Dans ce contexte, EDF avait décidé de mettre en place, dès le second semestre 2007, un plan de rigueur d'exploitation. Ses objectifs ? Entre autres, sensibiliser le personnel en renforçant la présence du management sur le terrain ; poursuivre une dynamique d'embauches (38 en 2007, au moins 64 cette année) pour étoffer les pépinières (les agents en phase d'acquisition de compétences) ; revoir l'organisation et les méthodes de travail ; améliorer la surveillance des prestataires ; enfin, renforcer les contrôles internes.

« Soixante-trois incidents l'année dernière, ça ne nous réjouit pas du tout, admet Éric Jouen, le directeur de la centrale de Gravelines. Ici, toutefois, il ne s'agit pas de ne jeter la pierre qu'aux prestataires, car des agents d'EDF ont eux aussi été impliqués. Le problème, c'est le renouvellement des compétences. Aujourd'hui, nous menons un gros travail, notamment sur les arrêts de tranche. » Et sur ce point, l'année 2007 a été plutôt lourde pour EDF, qui a procédé à la visite décennale de ses installations

Maintenir la pression
Autre démarche initiée : « Parvenir à un état exemplaire de nos installations », répond Éric Jouen. Une démarche qui se concrétisera par un programme ambitieux de travaux d'ici à 2011 pour remettre à niveau les installations du site.
Déjà, une première tranche a été réalisée l'année dernière pour 10 ME et l'enveloppe passera à 12 ME cette année. « Les efforts entrepris sont de nature à permettre une progression et doivent être poursuivis », insiste l'ASN. « La sûreté se gagne au quotidien.

Rien n'étant jamais acquis, il ne faut pas se satisfaire du mieux observé depuis le début de cette année, il faut au contraire maintenir la pression », insiste François Godin, responsable de la subdivision régionale de l'ASN, basée à Douai. Fort heureusement, le tableau n'est pas complètement noir pour la centrale de Gravelines, où le nombre de départs de feu (souvent de simples dégagements de fumée) a été diminué par trois entre 2005 et 2007.

 

Rappel: La plus grande ferme de poissons au monde est à (la centrale de) Gravelines

 


La Voix du Nord, 6/3/2008: 

Prise de conscience de masse autour de la sûreté à la centrale de Gravelines

Près de 600 salariés d'EDF sur les 1 600 de la centrale, ont participé avant-hier à une journée dédiée à la sûreté. Une information de masse alors que le site vit un plan de rigueur d'exploitation. Le rapport de l'autorité de sûreté nucléaire a pointé récemment de trop nombreux incidents, même mineurs, et préconisé de resserrer un peu les boulons. Le plan aurait déjà porté ses fruits en quelques mois.

[A propos de sûreté des réacteurs, lire:
-
Des principes à la réalité
-
Le rapport Tanguy (synthèse sur la sûreté nucléaire à EDF en 1989)
-
Extrait 1, extrait 2 et extrait 3 (en Realaudio 33 Kb) de "L'erreur humaine" sur Radio Lucrèce (Roger Belbéoch 3/3/90)
-
La saga des fissures sur le palier N4]

En octobre 2007, l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) estimait dans son rapport annuel que la centrale nucléaire de Gravelines devait « améliorer sa rigueur d'exploitation ». Si le rapport jugeait « globalement satisfaisantes » les performances en matière de sûreté, trop d'incidents ont émaillé l'activité de 2006 et une partie de l'année 2007.

Aucun fait majeur, fort heureusement, n'a été relevé. Mais les couacs, à force de répétition (54 événements significatifs en 2006 dont 9 classés au niveau 1 de l'échelle internationale de gravité des événements nucléaires graduée de 0 à 7), ont légèrement terni l'image de la centrale. Des données suffisantes pour contraindre le centre de production d'électricité à « un plan de rigueur en exploitation », rappelle son directeur Eric Jouen.

Pour ce qui est de fiabilisation de l'outil industriel, la centrale d'EDF a déjà engagé de gros moyens. Près de 60 millions d'euros seront injectés dans les mois à venir pour améliorer l'état des installations. Côté sécurité, 60 millions d'euros supplémentaires seront dédiés à la seule rénovation du dispositif « risque incendie ». Sur ce point, avant-hier, un intervenant d'Arcelor-Mittal a exposé les similitudes entre les deux sites et expliqué comment l'aciérie avait progressé sur cette thématique.

Déjà moins d'incidents. Mais plus que sur la conception des installations, « c'est autour de la performance humaine, de la fiabilité du personnel, que cette journée dédiée à la sûreté a été organisée », précise encore Eric Jouen. Là encore, globalement, tout va plutôt bien assure le directeur du site. « Mais on a pu constater qu'il existait parfois un décalage entre le mode de fonctionnement, disons théorique de la centrale, son formalisme, et la vraie vie des agents sur le terrain ». La nécessité de poser un nouveau cadre entre les managers et les équipes a ainsi été largement mise sur la table.

[Apropos "de la performance humaine", lire :
-
Santé du travail dans l'industrie nucléaire
-
Rationalité instrumentale et santé au travail dans l'industrie nucléaire
-
Rapport d'enquète de psychopathologie du travail au Centre de Production Nucléaire de Chinon
-
Les résultats du nouveau management dans le nucléaire (information de la section syndicale FO)
-
Nucléaire: sans foi, ni loi! (information de la section syndicale FO)
-
Intermittents, les esclaves du nucléaire]

L'hiatus entre les exigences du terrain et les consignes venues d'en haut avait déjà été évoqué dans le rapport de l'ASN. Il préconisait « des progrès à faire dans la gestion de la formation et de l'accompagnement de ses personnels nouvellement formés, la préparation des interventions sur les matériels importants et l'application rigoureuse des programmes de maintenance ». Depuis la mise en place du plan de rigueur en matière de sûreté, Eric Jouen annonce que le nombre d'événements significatifs et d'incidents a considérablement baissé depuis quelques mois.

 


Sortir du nucléaire
dénonce une "défaillance" à la centrale de Gravelines

6/5/2006 - Le réseau "Sortir du nucléaire" a dénoncé samedi l'"indisponibilité" pendant un an d'un circuit de refroidissement de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord).
Aujourd'hui résolue, la défaillance qui aurait pu avoir, selon lui, des conséquences graves, ce que conteste EDF.
Dans un communiqué, le réseau a affirmé qu'il s'agissait d'un "événement d'une exceptionnelle gravité", le circuit étant "indispensable en situation accidentelle pour essayer de refroidir le coeur du réacteur et éviter l'explosion de l'enceinte de confinement".
"Un incident à Gravelines au cours de l'année écoulée aurait vraisemblablement évolué vers une catastrophe aussi grave que celle de Tchernobyl", a estimé le réseau.
Pour EDF, il s'agit d'une "anomalie", découverte le 31 mars lors d'un contrôle: un fil électrique d'un système de protection du réacteur n'avait pas été rebranché lors d'un arrêt en avril 2005, a indiqué EDF à l'AFP.
Cette défaillance a été classé au niveau 1 sur l'échelle
[médiatique] internationale des événements nucléaires (Ines), qui en compte 7.
Précisant qu'"il ne s'agit pas d'un incident d'exploitation", EDF a affirmé que le problème n'a eu "aucune conséquence réelle sur la sûreté car d'autres systèmes de protection étaient opérationnels".
"On a toujours un principe de redondance dans nos circuits. On a plusieurs circuits qui assurent le même type de fonction par souci de sécurité", a précisé la direction. L'installation avait été "remise en conformité" dès l'anomalie découverte, à ajouté EDF.
Secrétaire du syndicat FO à la centrale, Jean-Paul Westelynck a également estimé qu'il n'y avait pas lieu de "dramatiser" l'événement.

Lire: Double (voir triple) défaillances des circuits de secours sur 34 réacteurs

 


Réseau "Sortir du nucléaire"

Communiqué du samedi 6 mai 2006:

Centrale nucléaire de Gravelines (Nord) :
Incroyable : un circuit de
refroidissement est resté indisponible pendant un an !

Le Réseau "Sortir du nucléaire" révèle et dénonce un évènement d'une exceptionnelle gravité : le circuit de "recirculation" d'un réacteur de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) est resté indisponible pendant UN AN avant qu'EDF ne se rende compte du problème.
 
CF Autorité de sûreté : www.asn.gouv.fr/data/evenement/18_2006_grav.asp  
EDF :
www.edf.fr/index.php4?coe_i_id=35033  ( ---> Gravelines 31/03/06)
 
Le circuit de recirculation (RIS) est pourtant indispensable en situation accidentelle pour essayer de refroidir le coeur du réacteur et éviter l'explosion de l'enceinte de confinement. Un accident nucléaire ne débouche pas nécessairement sur une catastrophe à condition que les circuits de secours soient opérationnels.
 
Un incident survenu à Gravelines au cours de l'année écoulée aurait vraisemblablement évolué vers une catastrophe aussi grave que celle de Tchernobyl.
 
Cet évènement injustifiable montre que, contrairement à ce qui est raconté en permanence aux citoyens, l'industrie nucléaire est tout aussi susceptible de graves erreurs que toute autre industrie. Le risque nucléaire est, par contre, incomparable, comme l'a montré la catastrophe de Tchernobyl.
 
Alors que la direction d'EDF et le gouvernement veulent imposer par la force la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, il est au contraire nécessaire de fermer au plus vite ceux qui existent déjà, avant que l'irréparable ne se produise.
 
Contact Réseau "Sortir du nucléaire" : 06.64.100.333
 
NB : le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que les circuits de recirculation des 34 réacteurs français de 900 MW présentent déjà deux défaillances potentielles. C'est peut-être pour cela que, à Gravelines, on s'amuse carrément à les débrancher ! Cf document annexe ci-joint

 
ANNEXE : les défaillances potentielles des circuits de recirculation lors qu'ils ne sont pas carrément débranchés comme à Gravelines !
 
Il s'agit d'une défaillance potentielle des pompes des circuits de refroidissements (dits de "recirculation") reconnue le 14 décembre 2005 par EDF pour l'ensemble de ses réacteurs nucléaire de 900 MW.
Cette défaillance vient s'ajouter à une première défaillance reconnue début 2004 par EDF pour ses 58 réacteurs nucléaires, concernant ces mêmes circuits de recirculation.
Les 34 réacteurs de 900 MW, dont les 6 de Gravelines, présentent donc deux vulnérabilités potentielles des circuits de recirculation.
"Il est certain que ce sont des défaillances qui se cumulent et qui ne sont pas anodines" reconnaît dans Le Figaro du 15 décembre 2005 Martial Jorel, responsable de la direction de la sûreté des réacteurs à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
 
Contact Réseau "Sortir du nucléaire" : 06.64.100.333
 
Le schéma ci-dessous, tiré du site web de l'ASN et complété par nos soins, montre bien les DEUX défaillances possibles des circuits de recirculation

 
Se reporter aussi au livre :
http://tchernobyl.en.france.free.fr

(Chapitre 2 - titre 4)