Brésil: Greenpeace proteste contre le coût et le danger de l'énergie nucléaire

24/3/2008 - Une vingtaine de militants de Greenpeace a manifesté lundi à Rio contre la décision du président Luiz Inacio Lula da Silva de relancer la construction d'une troisième centrale nucléaire, qui constitue, à leurs yeux, un gaspillage économique pour une énergie dangereuse. "L'énergie nucléaire est l'alternative la plus chère, sale et dangereuse. En investissant dans cette technologie, le gouvernement brésilien transforme l'argent public en déchet radioactif", a déclaré Beatriz Carvalho, responsable de la campagne anti-nucléaire de Greenpeace. Les membres de l'organisation écologiste ont installé deux rangées de dix lunetttes de WC -- dont le couvercle de l'abattant portait le symbole international jaune et noir de la radiation-- à l'entrée de l'entreprise publique d'électricité Electobras au coeur de Rio, "pour dénoncer la mauvaise utilisation des fonds publics dans le nucléaire". Deux manifestants revêtus d'une combinaison hermétique et d'un masque ont déposé des pièces de monnaie géantes dans les latrines pour illustrer ce gaspillage. La manifestation accompagne la diffusion d'un rapport intitulé "Eléphant blanc: les coûts réels de l'énergie nucléaire" qui, selon Greenpeace, "démonte la gymnastique financière" du governement brésilien pour présenter la construction d'Angra III comme un projet économiquement viable. Elaboré par l'Université publique de Sao Paulo (USP) le rapport montre qu'Angra III coûtera 1,7 millard de dollars de plus que le prix annoncé officiellement de 4,1 milliards USD. Greenpeace souligne en outre que les travaux d'Angra III sont paralysés depuis 20 ans et que le délai de construction fixé à six ans, est incertain car les équipements déjà acquis peuvent avoir été endommagés. Si Angra III est construite en dix ans, son coût sera de 66% supérieur à celui prévu, affirme l'organisation. Greenpeace estime que le Brésil devrait investir dans des programmes d'économie d'énergie et de consolidation de sources renouvelables au lieu de relancer le programme nucléaire pour faire face à son déficit d'énergie. L'énergie nucléaire représente actuellement 4,5% des sources energétiques du pays et passera à 5,7% du total en 2010. Au Brésil, plus de 85% de l'électricité produite est d'origine hydroélectrique.

 

Plage radioactive de Guarapari au Brésil:

Plage de sable radioactif provenant de l'érosion des montagnes environnantes.
 
800 mSv par an ! [D'après l'Agence Spaciale Canadienne]

Le sable de la plage a tendance à concentrer les éléments lourds un peu à la façon des batées des prospecteurs d'or. Le ballottement et le lavage naturels par les vagues retirent tout le limon et l'argile du sol. Ceci concentre les particules plus denses restantes dans le résidu sablonneux. Puisque la plupart des matières radioactives naturelles ont un grand nombre de masse atomique, ils forment des composés très denses (et donc lourds).

Les "bains de radioactivité" sur la plage de Guarapari sont réputés au Brésil pour leurs vertus curatives et bénéfiques pour la santé à tel point qu'on y trouve un "hotel du thorium" et que la ville est surnommée "Cidade da Saude" (ville de santé). Le sable noir qu'on y trouve sur la plage y est particulièrement riche en thorium : il est recommandé aux curistes qui s'y rendent pour des raisons de santé de se recouvrir le corps de ce sable noir, sans dépasser environ 10 minutes d'exposition les premiers jours, puis environ 20 minutes par séance par la suite.

Guarapari et Meaipe sont deux villes situées le long des plages du littoral atlantique du Brésil, comptant ensemble de l'ordre de 15 000 habitants. Le sable de ces plages est riche en monazite, sa couleur noire est due à la présence caractéristique d'Ilmenite. Une campagne de mesures radiologiques a permis d'estimer l'exposition. La dose efficace moyenne annuelle reçue par les habitants de Guarapari est de l'ordre de 6,4 mSv/an, principalement due à l'exposition externe. Les mesures ponctuelles font apparaître une variation importante du débit de dose de 1 microGy/h jusqu'à 20 microGy/h en certains points des plages (Fujinami 2000).

[IPSN - Note technique SEGR/LEADS- 2000]



Der Spiegel, 16/10/89:

"Brasilien muss die Bombe testen"
Le Brésil doit essayer la bombe

Le gouvernement de la RFA veut prolonger le traité nucléaire avec le Brésil : il vient à échéance le 18 novembre, mais doit être automatiquement prolongé de cinq ans s'il n'est expressément résilié. Or, c'est précisément ce qu'ont demandé en septembre le SPD et les Verts. Le gouvernement fédéral veut s'assurer que les Brésiliens utiliseront la technique ainsi transférée qu'à des fins strictement pacifiques, mais il y a de plus en plus d'indices qui montrent que le Brésil ne s'en tiendra sans doute pas à une telle clause.

Le traité de 1975 prévoyait :
- réalisation de huit réacteurs nucléaires (de 1300 mW)
- prospection, extraction et réalisation commerciale de l'uranium naturel situé au Brésil
- construction d'une usine pour les "parties lourdes" d'un réacteur (réservoirs à pression, générateurs de vapeur)
- la construction d'un établissement d'enrichissement de l'uranium
- la construction d'un site de retraitement pilote

Ce traité devait fournir à l'industrie allemande 12 milliards de Deutsch-marks (au cours de 1975). Un document administratif adressé à Riesenhuber (ministre de la recherche) et daté du 20 mai 1988 expliquait qu'il n'était presque rien resté du projet initial.

Parmi les réacteurs prévus, seul Angra a commencé à être construit (son achèvement attendra au moins 1994). Angra III n'est encore qu'un projet. Angra I, le seul réacteur fonctionnant au Brésil, a été construit par l'entreprise américaine Westinghouse.

Le reste du programme est arrêté. Il n'y a plus de demande suffisante pour l'uranium enrichi. L'usine de fabrication des gros composants ne fonctionne qu'à 40 % de ce qui était prévu. L'usine d'enrichissement a fonctionné, mais se trouve à l'arrêt par suite du manque de commande. Le projet d'une usine de retraitement est remis à plus tard sans plus de précision.

Il ne s'agit pas seulement d'un désastre industriel, mais de la volonté du Brésil de n'utiliser l'assistance allemande que pour des projets non militaires. Le Brésil a refusé de signer le traité de non-prolifération. S'il a signé un pacte de non-nucléarisation concernant toute l'Amérique latine, il ne l'a pas encore ratifié. Le doute existait déjà en 1975. Le ministre de la marine, Fonseca, a expliqué publiquement en 1987 que le traité commercial avec l'Allemagne n'avait qu'un but : acquérir la technique permettant de construire la bombe atomique ("Le Brésil doit tester une bombe atomique").

En 1987, on avait appris que le Brésil maîtrisait la technique de centrifugation (une technique clé pour la production d'armes atomiques). Il existait de fait un programme nucléaire parallèle au programme civil prévu avec la collaboration allemande (les autorités brésiliennes veulent tenir ce programme parallèle à l'abri de tout contrôle international).

Le 31 août 1988, le Président Sarney a signé un décret stipulant une nouvelle organisation de l'industrie atomique brésilienne, l'usine d'enrichissement passant dans le secteur étatique, et devenant très difficile à contrôler par les experts internationaux. Les Allemands ont réussi à retarder cette mesure, mais l'usine est montée à 99 %, et les essais entamés : l'usine peut très certainement fonctionner sans eux.

 

 

Libération, 13 octobre 1987:

Angra, la passoire nucléaire

Brasilia, de notre correspondant

La presse brésilienne l'a surnommée le « ver luisant » parce qu'elle dispense son énergie à la manière d'un clignotant. La centrale atomique d'Angra I, construite sur la commune de la station balnéaire d'Angra dos Reis, à 150 km au sud de Rio, a, en sept ans de « fonctionnement », cumulé tout ce que l'on peut imaginer comme « impondérables » haut de gamme: une douzaine de fuites radioactives (officiellement « Sans danger pour l'environnement »), un incendie et même un glissement de terrain. Seul le coeur du réacteur a jusqu'ici échappé aux défaillances en cascade. En juillet dernier, le générateur électrique principal a rendu l'âme, et le réacteur a dû être désactivé pour la énième fois.
Angra I est un cauchemar tant pour la sécurité des populations que pour les finances publiques. Le devis initial de sa construction était évalué à 300 millions de dollars. Entrée en service 6 ans après le début des travaux, l'ardoise finale atteignait près de 2 milliards de dollars.

Jean Jacques SEVILLA

 

Lire: Plus de 1 000 victimes reconnues dans l'accident au césium-137 de 1987