Le Monde, 19/7/2007: 

Electricité : la sécurité d'approvisionnement de la France est assurée jusqu'en 2012

Il y a encore un an, le Réseau de transport d'électricité (RTE) était pessimiste sur la sécurité d'approvisionnement de la France. La filiale d'EDF, gestionnaire des lignes à haute tension, est désormais plus sereine. "Cette sécurité apparaît assurée pour les cinq prochaines années", conclut un rapport sur "l'équilibre offre-demande d'électricité en France à l'horizon 2020" rendu public, mercredi 18 juillet, par RTE. Aucune coupure, aucun délestage autre que pour faire face à un accident n'est donc prévisible avant 2012, et même 2014.

Ce scénario moyen (l'étude compte des variantes) s'appuie d'abord sur des prévisions de consommation d'électricité. Elle devrait progresser de 1,3% par an jusqu'en 2010 et de 1% au cours de la décennie suivante. Ce ralentissement du rythme de croissance, qui tranche avec les années 1980 (+ 4%), est dû à "une activité économique moins consommatrice d'énergie", notamment dans la grande industrie et les petites et moyennes industries (+ 0,7%). En revanche, les secteurs résidentiel et tertiaire enregistreront une hausse de 1,6% jusqu'à la fin de la décennie et de 1,4% ensuite [lire: Chauffage électrique: Calamité sociale, économique et environnementale].

DE NOUVELLES CENTRALES

C'est la consommation de pointe, concentrée à certaines heures de la journée, qui continuera de progresser fortement, nuance le document. Ainsi le pic pourrait atteindre 95000 mégawatts (MW) en 2010 (un tiers de plus que la puissance mobilisable des 58 réacteurs nucléaires) et 103000 en 2020, alors que la dernier pic enregistré (janvier 2006) a été de 86280 MW. Ce sont surtout les centrales mobilisables qui devront être vite mises en service.

Ce ralentissement de la consommation d'électricité s'accompagnera d'une forte reprise de l'investissement dans les centrales, visible depuis 2005, note le rapport. Le scénario de référence de RTE table, en effet, sur l'"offre acquise" : le parc actuel et les unités en cours de construction à l'initiative d'EDF, de GDF, de Suez ou de Poweo, notamment quatre centrales au gaz (1700 MW chacune) [Rappel: On ne sortira pas du nucléaire sans les centrales à charbon, fioul, gaz] et 5000 MW d'éoliennes En 2012, le réacteur nucléaire EPR construit par EDF à Flamanville (Manche) fournira 1600 MW supplémentaires. Après 2012, des projets sont dans les cartons et "l'équilibre offre-demande serait satisfait jusqu'en 2014", indique le rapport. Puis il faudrait y ajouter 4000 MW au total d'ici 2020, un effort qui semble à la portée des producteurs d'électricité. [lire: Le thermique classique: situation alarmante du parc EDF !]

"Par rapport à notre rapport 2005, la date d'apparition des premiers besoins est repoussée de deux ans", note Dominique Maillard, le président du directoire de RTE, qui a remis son rapport à Jean-Louis Borloo, le ministre de l'écologie en charge de l'énergie. Son prédécesseur, André Merlin, avait alors tiré la sonnette d'alarme, pointant des risques importants à partir de 2009 si aucun investissement nouveau ne renforçait le parc de production. Mais M. Maillard prévient que ces prévisions "rassurantes" ne doivent pas conduire à une attitude "lénifiante".

D'autant que deux points noirs persistent sur la carte de France de l'électricité : la Bretagne et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur ­ des zones économiquement dynamiques, mais qui manquent de centrales et sont excentrées par rapport au réseau national de lignes à haute tension, ce qui les rend fragiles. Pour l'heure, reconnaît M. Maillard, les mesures prises n'ont pas apporté de solutions pérennes à leurs problèmes.

 


Rappel: Le nucléaire en France, c'est déjà 12 à 15 réacteurs de trop !

Un arrêt immédiat de 12 à 15 réacteurs est possible (sans changement de la consommation d'électricité):

1) Les exportations d'électricité EDF vers l'étranger (70 TWh exportés).

En données de 1995 (non actualisée):

- 70 TWh exportés correspondent à la production annuelle d'environ : 12 réacteurs de 900 MWe ou 9 réacteurs de 1300 MWe


2) L'enrichissement de l'uranium en France.

La France abandonne le procédé d'enrichissement par diffusion gazeuse actuellement utilisé à l'usine Eurodif pour un procédé par centrifugation (usine Georges Besse II), la puissance électrique utilisée passe de 2600 mégawatts à 50 mégawatts:

- Eurodif utilise 3 réacteurs 900 MWe du Tricastin à pleine puissance.

Soit un total (exportations + enrichissement) de 12 à 15 réacteurs !!!!!