Sud et Solidaires condamnent la construction d'un 2e réacteur EPR

4/7/2008 - Les syndicats Sud Energie et Solidaires ont condamné vendredi, dans des communiqués séparés, la construction d'un deuxième réacteur nucléaire EPR, dénonçant une décision prise à la hâte et un "cadeau aux industriels" du secteur. "L'union syndicale Solidaires condamne cette décision prise sans aucune concertation" et demande "l'ouverture d'un réel débat public contradictoire sur les questions énergétiques". "Avant même d'avoir un retour d'expérience sur la tête de série de Flamanville -qui connaît déjà de nombreuses difficultés techniques- Nicolas Sarkozy annonce la construction d'un nouvel EPR dans une précipitation que rien ne justifie", souligne pour sa part Sud Energie. "L'augmentation du prix du pétrole n'est en rien une explication, puisque même sans cet EPR, l'électricité pourrait continuer à être produite durablement en France sans pétrole", poursuit le syndicat dans un communiqué. "Les risques liés au nucléaire sont patents", souligne Solidaires rappelant en autre que "la question des déchets nucléaires" était "loin d'être réglée". "Alors que la priorité devrait être de mener une politique ambitieuse d'économie d'énergie et de recherche sur les énergies renouvelables, les milliards d'euros prévus pour ce nouveau EPR ne sont rien d'autre qu'un cadeau aux industriels du nucléaire", affirme-t-il. "Cette décision rapide semble avant tout répondre au lobby industriel et à une volonté de valoriser Suez, à qui pourrait être confiée l'exploitation de ce nouvel EPR: comment croire au hasard quand cette annonce est faite à quelques jours ou semaines de la mise sur le marché des actions de la nouvelle entité GdF-Suez ?", s'interroge Sud.

 


Le Figaro, 4/7/2008: 

Le feu vert de Sarkozy pour un nouvel EPR

Le chef de l'État a donné son accord pour la construction en France d'un second réacteur nucléaire de troisième génération. EDF et GDF Suez sont intéressés.

Il avait visiblement la tête en Colombie, auprès d'Ingrid Betancourt, qui lui avait «téléphoné et à qui Carla a longuement parlé» la veille au soir. Mais Nicolas Sarkozy a tout de même défendu, hier matin lors d'un déplacement au Creusot (Saône-et-Loire), une politique nucléaire pour la France. Et confirmé, depuis la salle des fêtes, la mise en chantier d'un deuxième réacteur de nouvelle génération EPR, après celui de Flamanville actuellement en construction.

Pour l'instant, le choix de l'opérateur n'a pas été arrêté, et ni la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, ni la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, toutes deux présentes aux côtés de Sarkozy hier, n'ont voulu se prononcer sur cette question. EDF s'est déjà mis sur les rangs. Et Suez, en cours de fusion avec Gaz de France, a indiqué qu'il comptait devenir un constructeur et exploitant de centrales nucléaires en France à l'horizon 2015-2020. «En tout cas, cela se fera sur un site nucléaire existant, comme acté lors du "Grenelle de l'environnement"», indique-t-on à l'Élysée.

Après avoir visité un site d'ArcelorMittal, où se fabriqueront, en partenariat avec Areva, des pièces du second réacteur EPR, le président de la République a justifié longuement son choix du nucléaire, par des raisons économiques et d'indépendance. «L'ère du pétrole bon marché est finie, le siècle finira sans pétrole, a-t-il lancé, les pays qui feront le plus tôt ce constat-là ont une chance de s'en sortir.»

Chaque EPR remplaçant une centrale à gaz ou au charbon «fait économiser 2 milliards de mètres cubes de gaz par an ou réduit de 11 millions de tonnes les émissions de CO2», a-t-il fait valoir [Rappel: toute la filière nucléaire, de la mine - pour remuer des millions de tonnes de minerais - jusqu'au site de stockage, émet du CO2 en quantités croissantes]. Et «l'électricité qui sort d'un EPR coûte 30 à 50 % moins cher que celle qui sort d'une centrale à gaz ou au charbon». Au total, «on peut devenir, nous les Français, exportateurs d'électricité, c'est une chance historique de développement», a affirmé le chef de l'État. [Lire: Nucléaire: L'escroquerie du discours sur l'effet de serre]

Lors du «Grenelle de l'environnement», Nicolas Sarkozy s'était engagé à favoriser les énergies renouvelables. Précédant les réactions du milieu écologiste Greenpeace en tête , il a donc précisé, hier, que ce n'était «pas le nucléaire ou le renouvelable» mais «le nucléaire et l'énergie renouvelable».

Le projet de plan européen de lutte contre le réchauffement climatique impose à la France 23 % d'énergies renouvelables dans sa consommation énergétique en 2020 : «Ça consiste à doubler notre effort en douze ans», a-t-il calculé.

Premières critiques. Au milieu d'un discours très sérieux, Sarkozy a tout de même risqué une légèreté. «Il faut environ sept ans entre la décision et le financement d'une centrale et la production du premier KWh.

Pendant ces sept ans, vous en avez des manifestations sur le pouvoir d'achat, le pétrole cher, les gens qui n'en peuvent plus, a-t-il soupiré. Vous prenez une décision sur une centrale nucléaire. Admettons que vous ne soyez pas réélu, vous ne l'inaugurez même pas !», a-t-il plaisanté, en réclamant une attitude «mature» de la classe politique sur ce sujet.

De fait, les réactions des antinucléaires, largement classés à gauche, ne se sont pas fait attendre. Pour les Verts, la France devient le «showroom du nucléaire pour le VRP Sarkozy et Areva», au «mépris» de l'avenir des Français. Le réseau Sortir du nucléaire a dénoncé une «tromperie» et lancé un appel à manifester le 12 juillet à Paris. Greenpeace a qualifié la construction d'un deuxième EPR de «totalement inutile». Quant aux Jeunes Verts, ils proposent de construire le deuxième EPR à Neuilly, la ville où Nicolas Sarkozy fut maire.

 


2ème EPR: Sortir du nucléaire appelle à manifester le 12 juillet à Paris

3/7/2008 - Greenpeace a estimé jeudi que la construction d'un deuxième réacteur de type EPR en France, annoncée par Nicolas Sarkozy, était "aberrante" et "stupide", tandis que l'association "Sortir du nucléaire" a appelé à une manifestation contre ce projet à Paris le 12 juillet. Cette décision "unilatérale" du président français "sonne en partie la mort du Grenelle de l'Environnement" et constitue une "faute lourde", a déclaré le directeur des campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot, qui rappelle que la feuille de route adoptée à l'automne dernier donnait "la priorité absolue aux économies d'énergie et au développement des renouvelables". "Les choses se décident en dehors de toute rationalité" alors que "le système nucléaire est en surcapacité", a encore dit M. Jadot. Greenpeace souligne que l'EPR de Flamanville en construction était un "démonstrateur" et que "le parlement devait se prononcer après deux ans de fonctionnement (soit vers 2014) sur le lancement d'un programme EPR" de troisième génération destiné à remplacer les réacteurs actuellement en exploitation. L'association Sortir du nucléaire souligne également qu'à ses yeux, "le lancement du premier EPR a fait l'objet d'une tromperie", alors que ce prototype devait permettre "d'acquérir une solide expérience de construction et de l'exploitation de ces réacteurs de nouvelle génération", selon un document d'EDF. L'opérateur public s'est dit prêt à s'engager sur le projet. Selon l'association, EDF ne peut prétendre avoir acquis une telle expérience, alors que le chantier de Flamanville a été "marqué par de lourdes déconvenues et une suspension des travaux par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)". L'ASN avait constaté en mai "des fissures à la suite de la coulée d'un bloc de béton composant la plate-forme de l'îlot nucléaire de l'EPR". Sortir du nucléaire a choisi d'organiser une manifestation à la veille du lancement le 13 juillet à Paris de l'Union pour la Méditerranée, une rencontre internationale au cours de laquelle Nicolas Sarkozy tentera de "trouver des débouchés pour l'industrie nucléaire française" [voir: La Libye ; L'Egypte...], selon l'association.

 


Sarkozy justifie un 2e EPR par la flambée des prix du pétrole et du gaz

3/7/2008 - Nicolas Sarkozy a justifié jeudi sa décision de construire en France un deuxième réacteur nucléaire de troisième génération EPR par la flambée des prix du pétrole et du gaz, lors d'un discours prononcé au Creusot. "Nous allons construire une nouvelle centrale nucléaire EPR indépendante de celle de Flamanville", a confirmé M. Sarkozy, qui l'avait annoncé un peu plus tôt à des salariés de l'usine ArcelorMittal du Creusot.

Le chef de l'Etat n'a pas précisé dans son discours la localisation de ce futur réacteur ni sa date programmée de mise en service. "L'ère du pétrole bon marché, c'est fini. Le nucléaire est plus que jamais une industrie d'avenir et une énergie indispensable", a justifié Nicolas Sarkozy. "Chaque EPR fait économiser 2 milliards de m3 de gaz par an quand il remplace une centrale à gaz et onze millions de tonnes de CO2 (de rejets de CO2, ndlr) par an quand il remplace une centrale à charbon", a-t-il insisté.

"L'électricité qui sort d'un EPR est 30 à 50% moins chère que l'électricité qui sort d'une centrale à gaz ou au charbon. On peut devenir exportateur d'électricité alors qu'on a ni pétrole, ni gaz. C'est une chance historique de développement", s'est réjoui le président. Le président de la République a également souligné au passage "la chance de la France du fait que (le général) de Gaulle ait anticipé le nucléaire", qui fournit aujourd'hui 80% de l'électricité en France.

Comme il le répète fréquemment, Nicolas Sarkozy a défendu sa politique [de prolifération "civilitaire"] qui consiste à proposer à tous les pays en développement la coopération de la France en matière d'énergie nucléaire civile, estimant que "le nucléaire peut-être une arme de paix, car c'est une arme au service du développement". La construction du premier EPR français a démarré en décembre à Flamanville (Manche) pour une entrée en service programmée en 2012.

 


Les Echos, 3/7/2008:

Le feu vert de Sarkozy à un deuxième EPR ravive l'antagonisme entre EDF et Suez

Le chef de l'Etat doit annoncer aujourd'hui la construction d'un deuxième réacteur nucléaire dans l'Hexagone. Quatre sites sont susceptibles d'accueillir la nouvelle centrale. Mais c'est surtout l'identité de son futur exploitant qui pose question : EDF ne voit pas l'utilité de construire de nouvelles tranches nucléaires avant 2020. Suez pense au contraire qu'il y a de la place pour « un, voire deux EPR supplémentaires ».

Est-il nécessaire de construire un deuxième réacteur EPR sur le territoire français avant la fin de la prochaine décennie ? Pour le président de la République, la réponse est oui. A l'occasion d'une visite au Creusot, sur un site d'ArcelorMittal produisant précisément des pièces en acier destinées à la nouvelle génération de réacteurs nucléaires, Nicolas Sarkozy doit officialiser ce midi sa décision de construire une nouvelle centrale. En présence de la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, et du directeur financier d'ArcelorMittal, Aditya Mittal, le chef de l'Etat, a prévu de prononcer un grand discours sur la politique énergétique française. Face à la flambée des coûts de l'énergie, et pour répondre à la problématique du réchauffement climatique, il devrait ainsi réaffirmer la place prépondérante de la filière nucléaire. Selon plusieurs sources, il n'est pas exclu qu'il en profite pour clarifier ses intentions sur la recomposition du secteur, en indiquant si une fusion entre Alstom et Areva reste ou non à l'ordre du jour.

Dans l'immédiat, la décision de construire un deuxième réacteur EPR soulève bien des interrogations : où sera implantée la future unité ? Quand entrera-t-elle en service ? Et surtout, qui sera chargé de l'exploiter ? Quatre sites sont susceptibles d'accueillir le nouveau réacteur : la centrale de Flamanville (Manche), qui a été choisie pour la tête de série EPR, et celle de Penly (Seine-Maritime), disposent de la place nécessaire et présentent l'avantage d'être en bord de mer. Mais des terrains sont également disponibles au Tricastin (Drôme) et à Marcoule (Gard). De sources concordantes, le démarrage du nouveau réacteur pourrait intervenir aux environs de 2017. Soit cinq ans après celui du tout premier EPR français.

Reste à savoir à qui sera confiée l'exploitation de la future centrale. Un débat qui est loin d'être tranché... Car, contrairement à ce qu'on pourrait penser, EDF est loin de militer pour un réacteur supplémentaire. Sollicité depuis des mois à ce sujet, l'opérateur historique ne voit pas l'utilité de construire de nouvelles tranches nucléaires dans l'Hexagone avant 2020. Peu pressé de voir un concurrent marcher sur ses plates-bandes, il souligne en premier lieu que les politiques encourageant les économies d'énergie et la maîtrise de la demande se traduiront à l'avenir par une croissance plus faible de la consommation de courant.

Gain de puissance d'ici à 2020. Surtout, l'électricien tricolore assure garder sous le pied d'importantes réserves de puissance : dans les années qui viennent, il prévoit d'augmenter de 6 % à 7 % la puissance de toutes ses centrales de 1.300 mégawatts. Une vingtaine de tranches au total, mises en service entre 1985 (Paluel) et 1994 (Golfech), à une époque de surcapacité, où l'entreprise n'avait pas besoin d'exploiter tout le potentiel de son parc. La situation a changé. Et aujourd'hui, EDF est bien décidé à utiliser ce levier, avec, à la clef, une production additionnelle de l'ordre de 15 térawattheures (TWh) par an. Ces volumes de courant supplé- mentaires viendront s'ajouter aux 13 TWh fournis par l'EPR de Flamanville, à compter de 2012. En améliorant la disponibilité de ses centrales et la gestion de son combustible, le groupe s'estime en outre capable de produire 5 TWh de plus d'ici à la fin de la prochaine décennie. Potentiellement, le gain de puissance pourrait donc, selon EDF, dépasser les 30 TWh à l'horizon de 2020. Sans qu'il soit nécessaire de construire une centrale nucléaire supplémentaire.

Le discours est radicalement différent chez Suez, où l'on considère qu'il y a de la place pour « un, voire deux » EPR supplémentaires sur le territoire français entre 2017 et 2020. Au sein du groupe franco-belge, on indique avoir déjà remis des « éléments d'information » aux autorités françaises, allant tous dans le même sens : dans dix ans, un réel besoin en électricité de base se fera sentir si l'on ne muscle pas le parc nucléaire français. Le message est apparemment passé à l'Elysée.

 


Amis de la terre - France, 3/7/2008: 

Construction d'un nouvel EPR: une idée saugrenue

Les Amis de la Terre récusent l'idée saugrenue du président Sarkozy de lancer la construction d'un deuxième réacteur nucléaire dit « EPR » en France, chantier long et coûteux qui ne bénéficierait qu'à un petit nombre d'intérêts privés grâce à des aides publiques déguisées. Les Amis de la Terre n'acceptent pas qu'on table sur un accroissement « naturel » de la consommation d'électricité alors que se multiplient, avec la bénédiction de facto des pouvoirs publics, les gaspillages ostensibles (multiplication des écrans plats et déroulants et autres dispositifs électroniques dans des espaces publics à des fins publicitaires ou commerciales, encouragement à la climatisation électrique au détriment d'autres solutions moins énergivores...) Pour Marie-Christine Gamberini, en charge des questions énergétiques aux Amis de la Terre, « à l'heure où l'ANDRA, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, démarche les communes françaises pour trouver de nouveaux lieux de stockage de déchets nucléaires dont personne ne veut, la priorité absolue est de cesser de produire ce type de déchets ». Cela passe par la fermeture urgente des réacteurs nucléaires les plus délabrés (dont ceux de Fessenheim) et par la mise en oeuvre d'autres moyens de production d'électricité, plus souples et moins centralisés, moins dangereux pour les populations et pour les personnels. Le nucléaire ne représente que 3 % de l'énergie commerciale consommée dans le monde. Cette technologie lourde, opaque et polluante (y compris par ses rejets radioactifs et chimiques quotidiens) ne peut en rien résoudre les problèmes urgents des automobilistes, des transporteurs routiers et de la pêche artisanale. La libéralisation galopante du secteur de la production d'électricité, et les logiques financières qui y président de façon croissante se soldent en outre par des empilements de sous-traitance, des dilutions de responsabilité pour les entreprises, et un surcroît de souffrance au travail, qui, malgré les efforts des personnels, rendent la sûreté des installations nucléaires tragiquement aléatoire. S'y ajoute l'inéluctable multiplication des phénomènes climatiques extrêmes (gel, ouragans, canicules...) et les recrudescences sismiques, qui menacent tous l'indispensable refroidissement des réacteurs et piscines de stockage. Pour toutes ces raisons, les Amis de la Terre demandent instamment l'abandon de tout nouveau projet de construction de réacteur nucléaire. Ils appellent en outre tous les partis politiques à se prononcer clairement sur les éléments de scénarios de sortie du nucléaire en un et deux quinquennats publiés à l'automne dernier par le Réseau Sortir du nucléaire. Enfin, les Amis de la Terre invitent tous les syndicats, à commencer par ceux qui comptent des adhérents sur des sites nucléaires, à se mettre autour d'une table pour examiner les solutions de remplacement possibles et souhaitables à court terme.

 


Le Journal de Saône et Loire, 1/7/2008: 

Nicolas Sarkozy doit annoncer le lancement du 2e EPR

Le président de la république jeudi au creusot

Le chef de l'Etat visitera l'une des usines phares du site industriel, l'aciérie du Breuil, sans doute accueilli le patron d'ArcelorMittal et peut-être par Anne Lauvergeon, Areva, lesquels finaliseraient un accord pour fabriquer au Creusot le lingot du réacteur à eau sous pression (EPR).
Venu en février 2007, le 6 précisément au Creusot chez Alstom Transport qui fabrique les bogies de train et tramways, et alors qu'il était candidat à la présidentielle, c'est bien en qualité de Chef de l'État que Nicolas Sarkozy reviendra au Creusot après-demain. Si l'Élysée n'a pas encore communiqué officiellement le programme complet, tout laisse à penser que le président visitera l'aciérie du Breuil vers 10h30 avant de se rendre à la salle de l'Alto pour prononcer un discours sur la politique énergétique de la France.

Accords Areva, Arcelor et 2e EPR...

Il apparaît en effet probable que les sites du Creusot d'Industeel seraient au centre des échanges avec la signature d'un partenariat avec Areva afin que la France soit en mesure de fabriquer, et au Creusot, le fameux lingot de plus de 300 tonnes qui constitue la pièce maîtresse de l'EPR.
Devenue «centre névralgique» de l'énergie, en France au moins, la ville du Creusot s'apprête à vivre des moments intenses si d'aventure des accords étaient finalisés ce jeudi. Ce que tous pensent. La présence d'Anne Lauvergeon, P.-D.G. d'Areva, n'a pas été confirmée et de la même manière on ne sait encore quels seront les ministres présents autour du président. Le nom de Christine Lagarde circule, elle qui l'avait déjà accompagné lors de sa venue à Mâcon en octobre dernier.
Dans l'entourage du président, on mentionne que Nicolas Sarkozy insisterait «sur la nécessité pour la France d'être proactif en matière de technologies énergétiques, qu'elles soient du nucléaire bien sûr mais également liées au développement durable, les mâts d'éolienne étant construits au Creusot également ».
Le président annoncerait ainsi la construction du deuxième EPR en France à Tricastin dans la Drôme comme cela a été annoncé dans par nos confrères du Figaro voici quelques semaines.

 


Politis, 19/6/2008:
[lire: L'appel de Politis... et la sortie du nucléaire]

Nucléaire, c'est renouvelable !

Il y a dix jours, le Réseau sortir du nucléaire [1] tombait des nues à la lecture d'un sondage BVA : comme solutions au « pétrole cher », l'institut citait « des énergies renouvelables comme l'éolien ou le nucléaire » Confusion benoîte ? C'est à se demander, tant l'offensive prend de l'ampleur.

Alors que le Conseil des ministres adoptait, le jour même, le projet de loi « Grenelle I » fixant pour cap énergétique les économies d'énergie et les renouvelables, le Premier ministre précisait peu après la vision du gouvernement : la construction d'un nouveau réacteur EPR ! « Nous voulons que l'énergie nucléaire soit une des réponses principales à la crise du pétrole », justifie François Fillon, en appui à la croisade de Nicolas Sarkozy. Ça s'étrangle derechef dans les rangs écologistes devant un tel culot. Ne parlons pas des dérapages cumulés des deux premiers prototypes EPR en chantier (en Finlande et à Flamanville, dans la Manche) ­ calendrier de livraison et budgets astronomiques. Ni de la fausse candeur d'un Premier ministre qui jette une seconde fois le Grenelle avec l'eau de refroidissement du réacteur, « oubliant » allégrement les promesses de concertation démocratique.
Mais parlons de l'entêtement fétichiste des gouvernements pour l'atome. Qu'il produise 80 % de notre électricité (moins de 20 % des besoins énergétiques totaux du pays) ne nous a pas mis à l'abri de la crise pétrolière et ne fait pas rouler les voitures, ironisent les écologistes. Ministre de la Recherche au début des années 1990, François Fillon avait soutenu aveuglément le surgénérateur Superphénix, rappelle le Réseau sortir du nucléaire. Et voilà que Giscard, nostalgique d'une saga nucléaire qu'il a animée avec enthousiasme, vole au secours du plan gouvernemental [Rappel: Giscard d'Estaing est allé jusqu'à déclarer (sur Europe 1, le 25 janvier 1980) que, grâce au surgénérateur, on aurait un gisement énergétique équivalent à celui de l'Arabie Saoudite en territoire français. Il était envisagé qu'en l'an 2000 les surgénérateurs représenteraient 30% du parc]. Dans un entretien où il vitriole les éoliennes qui menacent ses paysages auvergnats [2], VGE juge « inadmissible » que le nucléaire ne soit pas compté dans les technologies non productrices de CO2. Bref, un cousin beaucoup plus présentable dans la famille des renouvelables !

[1] Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle à un grand rassemblement européen contre les projets nucléaires sarkoziens, le 12 juillet, place de la République à Paris.

[2] Libération, 13 juin 2008.

 


Les écologistes vent debout contre l'idée d'un deuxième EPR

13/6/2008 - Les Verts, Greenpeace et le réseau Sortir du nucléaire dénoncent l'idée de construire un nouveau réacteur nucléaire de troisième génération EPR, avancée par François Fillon en réponse à la crise du pétrole. "Le nucléaire n'a jamais fait rouler nos voitures", déclare la secrétaire nationale du parti écologiste, Cécile Duflot, dans un communiqué. "En avançant ce type d'argument, le gouvernement Fillon se fait uniquement le porte-parole du lobby pro-nucléaire, quitte à sacrifier les solutions existantes, en particulier la sobriété et l'efficacité énergétiques et la recherche sur les énergies renouvelables", déplore-t-elle. La France construit son premier réacteur EPR à Flamanville, dans la Manche. Le chantier a connu de nombreux retards. "Pétrole et atome ne sont pas interchangeables", renchérit Greenpeace dans un communiqué. Le Premier ministre "et tous ceux qui présentent le nucléaire en réponse à la crise du pétrole ne savent pas que le nucléaire ne produit que de l'électricité. Ou alors, ils se foutent du monde et prennent les Français pour des idiots au lieu de répondre à leurs inquiétudes concernant la flambée du prix du pétrole et leur pouvoir d'achat", déclare Frédéric Marillier, de Greenpeace France. Au-delà des "tares bien connues de l'atome" que "Sortir du nucléaire" dénonce régulièrement, le porte-parole du réseau, Stéphane Lhomme, insiste de son côté sur la "faillite économique de l'option nucléaire". Le gouvernement "fait fausse route", estime-il, accusant François Fillon de "cécité". "Le nucléaire n'est pas gratuit, bien au contraire. L'investissement de départ est pharaonique - la France est d'ailleurs très loin d'avoir fini de payer les réacteurs actuellement en service - et la facture 'aval' (démantèlement des installations, déchets radioactifs) s'annonce elle aussi incommensurable. Nos enfants apprécieront", écrit-il dans un communiqué. Jeudi soir sur France 2, le Premier ministre a déclaré vouloir que "l'énergie nucléaire soit une des réponses principales à la crise du pétrole que l'on connaît".

 


Communiqués de presse du Réseau "Sortir du nucléaire", 13/6/2008:
Prix de l'énergie : M. Fillon fait fausse route avec le réacteur nucléaire EPR

 


Un deuxième EPR français "ne fera pas rouler les voitures" (écologistes)

13/6/2008 - Un deuxième réacteur nucléaire de type EPR en France, évoqué jeudi par le Premier ministre François Fillon, ne fera "pas rouler les voitures" et constitue une réponse "absurde" à la crise du pétrole, ont réagi vendredi les écologistes. Pour Greenpeace, il s'agit d'une "idée absurde et augrenue". "Pétrole et atome ne sont pas interchangeables", souligne l'association écologiste dans un communiqué. Le nucléaire ne produit que de l'électricité et est inopérant dans d'autres secteurs fortement émetteurs de CO2 comme les transports qui représentent plus de la moitié de la consommation française de pétrole. "Le nucléaire ne fait pas avancer les voitures", indique Greenpeace qui rappelle que les ventes de véhicules électriques représentent une part infime des deux millions d'immatriculations annuelles. Faire des économies d'énergie serait bien plus rentable que d'investir dans le nucléaire, affirme Greenpeace, en rappelant les difficultés rencontrées dans la construction des deux EPR en Finlande et à Flamanville, dans la Manche. Le Réseau Sortir du nucléaire souligne de son côté que "malgré 58 réacteurs qui produisent 80% de son électricité, la France est frappée comme ses voisins par l'explosion du prix de l'énergie". "Les pêcheurs, les automobilistes et bien d'autres catégories sont là pour en témoigner", indique Stéphane Lhomme porte-parole du Réseau dans un communiqué.

 


Le gouvernement réfléchit à la construction d'un deuxième EPR

13/6/2008 - Le Premier ministre François Fillon a affirmé jeudi à la télévision que le gouvernement réfléchissait à la construction d'un deuxième réacteur nucléaire de type EPR ("European Pressurised water Reactor"). Interrogé pour savoir ce que le gouvernement pouvait faire concrètement face à la flambée des prix de l'énergie, M. Fillon a répondu sur France 2: "On est en train de réfléchir avec le président de la République et avec le ministre de l'Industrie au lancement de la construction d'un deuxième EPR". "Nous voulons que l'énergie nucléaire soit une des réponses principales à la crise du pétrole que l'on connaît", a-t-il ajouté, rappelant qu'un premier réacteur EPR est déjà en construction. Selon le Premier ministre, "c'est la première fois que des générations qui sont vivantes sont confrontées à la fin du pétrole". Le réacteur nucléaire de troisième génération EPR, développé par le groupe nucléaire français Areva et l'allemand Siemens, est en cours de construction en Finlande et en France, à Flamanville (Manche). Il a aussi été vendu récemment à la Chine ainsi qu'aux Emirats Arabes Unis. Projet lancé en 1992, l'EPR a été développé sur la base d'une technologie franco-allemande, à travers la filiale d'Areva, Areva NP, détenue à 34% par Siemens. Conçu dès l'origine pour une durée de vie minimale de 60 ans, l'EPR est, avec 1.600 mégawatts (MW), plus puissant que les réacteurs construits dans les années 1980. La Finlande doit mettre en service en 2011 le premier EPR, avec un an et demi de retard sur le calendrier initial. En France, dont près de 80% de l'électricité est produite à partir d'énergie nucléaire, le chantier du deuxième EPR au monde, à Flamanville, a commencé en décembre dernier. Il pourrait, à terme, prendre le relais d'une bonne partie des 58 réacteurs du pays (34 réacteurs de 900 MW, 20 de 1.300 MW et 4 de 1.450 MW [lire: La saga des fissures sur le palier N4]) mis en service pour l'essentiel dans les années 1980. Les opérations de coulage de béton ont cependant été suspendues le 21 mai après que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ait relevé des "anomalies". Selon ses concepteurs, l'EPR permet une meilleure utilisation du combustible, une démultiplication des systèmes de sûreté et une moindre production de déchets, ce que contestent les antinucléaires qui y voient une technologie déjà obsolète.