"TCHERNOBLUES"

De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude

Roger Belbéoch

Avant-propos

Le mensonge politique n’a rien de nouveau mais la perspective de catastrophes nucléaires lui a donné une autre dimension (la chimie est en passe de rattraper son retard et le couplage chimie et nucléaire n’est pas du domaine de la fiction…). Ce ne sont plus les politiciens qui sont les grands menteurs, d’ailleurs leurs mensonges n’avaient guère d’importance, on en avait l’habitude. Avec le nucléaire, les " citoyens " sont devenus beaucoup plus exigeants et ce sont désormais des experts en tous genres qui ont pris le relais et les assomment de mensonges : médecins, scientifiques, associations, syndicats etc. Les mensonges des supporters du nucléaire ont dû s’affiner pour devenir plus crédibles au fur et à mesure des demandes de plus en plus poussées des citoyens. La gestion d’une catastrophe nucléaire exige le maintien de l’ordre, (c’est formellement indiqué en introduction des plans de gestion nucléaire). Cette exigence n’est pas seulement celle de tout politicien quelles que soient par ailleurs ses promesses électorales, elle est une nécessité afin de minimiser les effets biologiques de la catastrophe. En cas de désastre nucléaire le " citoyen " est incapable de gérer son quotidien, il doit s’en remettre aux " experts ". Même si ceux-ci n’ont pas d’éléments pour la " meilleure " gestion c’est mieux que les possibles réactions violentes des " citoyens " car leur violence pourrait leur coûter cher, non pas en terme de répression policière mais en termes sanitaires.

Actuellement le mensonge nucléaire a quelque chose de paradoxal. Sa crédibilité a été hissée à un très haut niveau et pourtant, si les " citoyens " sont de plus en plus exigeants, ce n’est pas pour connaître la vérité mais afin que ces mensonges crédibles leur évitent des problèmes de conscience insolubles. Ceux-ci pourraient évidemment produire des " turbulences sociales " pré-accidentelles difficiles à gérer tant par les gestionnaires sociaux que par les citoyens.

Il y a donc une conjonction assez curieuse entre la nécessité pour les gestionnaires de mentir et la nécessité pour les " citoyens " que ces mensonges soient crédibles. De nombreux experts ont compris ce problème et interviennent auprès des diplodocus nucléaires pour confier les mensonges à des gens " compétents ", mais cela n’est pas facile.

Jusqu’à présent les mensonges et la dictature des experts étaient acceptés " volontairement " par la mise en balance inconsciente des avantages (pas pour tout le monde) et des inconvénients. Maintenant cette servitude vis-à-vis des experts est devenue une nécessité pour la meilleure survie des " catastrophés " quels qu’ils soient. On est passé de la servitude volontaire à une nécessité de la servitude.

Avant-propos du livre "Tchernoblues"
édité par l'Esprit Frappeur
9, passage Dagorno, 75020 Paris
Prix: 4,57 euros


Le livre "Sortir du nucléaire c'est possible avant la catastrophe" de Bella et Roger Belbéoch a été réédité chez le même éditeur au prix de 3,05 euros avec une préface actualisant les problèmes du nucléaire et de la sortie de cette impasse.

Dossier sortir du nucléaire:
* Sortir de l'impasse nucléaire

* Postface du texte : "Sortir de l'impasse nucléaire"

* Mise au point, juin 1999

Supplément à La lettre d'information n°76 du Comité Stop Nogent-sur-Seine:
Il faut sortir de l'impasse nucléaire avant la catastrophe. C'est possible ! fichier (Acrobat Reader), PDF de 284 ko