Three Mile Island (TMI), déjà 44 ans
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Deux mois exactement avant que ne survienne l'accident de Three Mile Island, la Commission de Réglementation Nucléaire américaine, la NRC, remettait au Congrès des Etats-Unis un rapport d'une centaine de pages. Son titre: « Identification des problèmes de sécurité non résolus dans les centrales nucléaires ». Son but: définir avec précision les défauts de construction, de fonctionnement, d'organisation des centrales, qui présentent, encore aujourd'hui, un risque potentiel important pour la population. Depuis décembre 1977, la loi américaine fait obligation à la Commission de Réglementation Nucléaire, de cataloguer toutes les imperfections des centrales, de mettre sur pied un plan pour y remédier, et d'en faire part au Congrès. Il en a résulté une longue liste de 133 « tares », plus ou moins graves, qu'il est indispensable de corriger. Parmi elles, 17 ont été jugées prioritaires, justement parce qu'elle représentaient une menace réelle pour les populations. Sur ces 17 défauts graves, 3 au moins ont été à l'origine de l'accident de Three Mile Island.

Le 16 mars 1979 sortait aux Etats-Unis, dans 663 salles simultanément, un film prémonitoire le "Syndrome Chinois" qui avait pour thème un accident dans une centrale nucléaire qui manque de tourner à la catastrophe, risquant d'entraîner la fusion du coeur du réacteur qui s'enfoncerait alors dans la terre avec une telle puissance qu'il se retrouverait en Chine (d'où le titre du film, [voir le Film part 1, part 2 1h55 en Realvideo 33Kb]).

La sortie du film avait déclenché de nombreuses protestations de la part des compagnies d'électricité et des constructeurs de réacteurs nucléaires. Quinze jours plus tard, l'Amérique fût persuadée que le "Syndrome Chinois" était plus qu'un film de fiction et presque un documentaire.
Le 28 mars 1979, à 8 heures du matin se produisit à la centrale nucléaire civile de Three Mile Island, un accident (non prévu dans la liste des accidents "étudiés" par les autorités de sûreté) résultant de l'enchaînement, estimé très improbable, d'une défaillance de matériel, d'une faute de maintenance non prévue à la conception, de deux erreurs de conception (au moins) et de la non-validité de la "procédure de conduite" fournie aux opérateurs.

La gravité de la situation et la confusion ont poussé la Commission de Réglementation Nucléaire à instaurer du début à la fin des événements une permanence qui n'a été qu'une succession, chaotique, informe et souvent interrompue d'entretiens, dont les larges extraits suivants (qui se lisent comme un véritable roman policier): extrait 1; extrait 2; extrait 3 permettent de mieux comprendre l'accident.

Après l'accident de TMI, des associations de citoyens
ont intenté un procès à la compagnie exploitante, la Metropolitan Edison. D'une certaine façon tout le monde savait qu'un accident arriverait un jour, très exactement le jour où un grand nombre de réacteurs nucléaires serait en service, TMI a peut-être été le coup de grâce pour l'énergie nucléaire américaine mais il a frappé une industrie déjà mal en point dont le déclin était amorcé en 1974.

"Le Dr Robert Weber, vétérinaire de campagne qui pratique dans la région depuis plus de trente-deux ans, est lui aussi perplexe: « Autrefois, dit-il, je faisais une césarienne par an ; maintenant j'en fais une tous les quinze jours. De même, la proportion de bêtes mort-nées est devenue beaucoup plus importante ». Il avait demandé au département de l'Agriculture de faire procéder à des analyses des sols, « mais personne n'a jamais voulu m'entendre », ajoute-t-il."

TMI c'est entre 2 et 100 cancers parmi la population, et environs 242 morts supplémentaires parmi les enfants nés en Pennsylvanie et 430 pour l'ensemble du Nord-Est des Etats-Unis.

On apprit, plusieurs années après que l'accident fut un "mishap" (un raté) comme disent les américains, à moins d'une heure près, la fusion du coeur aurait pu être totale.


Lire:

- Ce que serait l'accident majeur

- Les 14 failles des centrales atomiques

- La leçon de Harrisburg

- TMI: Le "nettoyage" sera ardu


A la suite de l'accident de Three Mile Island (TMI) en 1979, le Laboratoire National de Sandia a estimé les conséquences potentielles pour des accidents de réacteurs qui aboutissent au rejet de grandes quantités de radioactivité dans l'atmosphère. Pour chaque centrale nucléaire qui était alors en exploitation ou en voie d'achèvement, le laboratoire Sandia a défini la quantité de radioactivité qui pourrait être rejetée à la suite d'un accident majeur, mais aussi les conditions météorologiques de la région et populations vivant dans la zone située sous le panache radioactif issu de la centrale. Sandia a alors estimé le nombre de personnes qui mourraient dans l'année ou auraient des problèmes de santé à cause des expositions ionisantes. Sandia a également estimé le nombre de personnes qui trouveraient la mort par la suite de maladies radio-induites comme le cancer. Les estimations des premiers cas de décès peu après un accident se chiffrent à environ 700 pour un petit réacteur et jusqu'à 100 000 pour les plus gros réacteurs. Les estimations de décès par cancers vont de 3 000 à 4 0000. Les estimations de morbidité générale vont de 4 000 à 610 000. A titre de comparaison, la bombe atomique larguée sur Hiroshima a causé la mort de 140 000 personnes, et celle tombée sur Nagasaki a tué 70 000 personnes.

Extrait de Etudes de risques sur les centrales nucléaires : affligeant !, IEER, David Lochbaum.