RWE veut céder à la Cogéma des combustibles d'un surgénérateur inutilisé

10/12/03 - Le numéro deux de l'énergie en Allemagne, RWE, est en négociations avec la Cogéma, filiale du groupe nucléaire français Areva, en vue de lui céder des éléments de combustibles destinés à équiper le surgénérateur de l'usine de Kalkar (nord), jamais utilisé, a-t-il indiqué mercredi.
"Nous menons depuis quelque temps des discussions avec la Cogéma sur les possibilités d'utilisation de 205 éléments de combustibles prévus pour le surgénérateur de Kalkar, qui n'a jamais été mis en service", a précisé à l'AFP une porte-parole de RWE, Stephanie Schonck, confirmant des informations du quotidien allemand Berliner Zeitung.
"Nous avons déjà mené des entretiens exploratoires avec plusieurs autres pays", notamment la Chine, mais ceux-ci n'ont pas abouti, a-t-elle ajouté.
Selon le quotidien berlinoins, ces éléments de combustibles devraient être livrés à l'usine de retraitement de combustibles usés de la Hague (nord-ouest de la France), appartenant à la Cogéma.
Ces éléments contenant 1,6 tonne de plutonium sont entreposés dans un bunker aux murs d'une épaisseur de deux mètres, sous la surveillance de l'Office allemand de protection des rayonnements (BfS), situé dans l'enceinte de l'usine nucléaire de Hanau (centre-ouest), qui n'a jamais, elle non plus, été mise en service.
Ce bunker est voué à disparaître après le démontage de l'usine de Hanau, propriété du conglomérat allemand Siemens, qui devrait la céder à la Chine.
La vente de cette usine de plutonium -- substance pouvant être utilisée à des fins civiles mais aussi pour la fabrication d'armes nucléaires -- suscite une vive controverse en Allemagne, notamment parmi les Verts, partenaires de la coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates du chancelier Gerhard Schroeder.


Réacteur nucléaire en Finlande: Siemens renonce à demander une garantie d'Etat

09/12/03 - Siemens a renoncé à solliciter une garantie de l'Etat allemand (dite "garantie Hermes") dans le cadre de la livraison d'une turbine pour un réacteur nucléaire en Finlande, a confirmé mardi un porte-parole du groupe de Munich (sud). "Nous ne donnons plus suite à ce dossier pour l'instant", a-t-il indiqué, confirmant une annonce faite plus tôt par le chef du groupe parlementaire social-démocrate au Bundesrat (chambre basse du Parlement) Franz Muentefering.
Il a refusé de donner une justification, mais les Verts, membres de la coalition gouvernementale, ont manifesté leur hostilité à l'octroi d'une telle garantie qui reviendrait à "soutenir activement le développement" du nucléaire en Europe après avoir décidé le principe de son abandon en Allemagne.
La garantie dite Hermes, qui s'applique à des crédits contractés pour des activités à l'étranger, est généralement accordée par l'Etat allemand avant tout pour les exportations en dehors de la zone euro. Elle aurait notamment permis à Siemens d'obtenir des crédits meilleur marché pour financer sa participation à la construction de la centrale.
Un consortium entre Framatome ANP/Siemens avait été désigné fin octobre pour mener des négociations exclusives avec la compagnie d'énergie semi-publique finlandaise Teollisuuden Voima (TVO) afin de construire un réacteur nucléaire.
Mauno Paavola, le directeur exécutif de TVO, avait indiqué mardi à l'AFP en Finlande qu'un refus de Berlin d'octroyer une garantie "affaiblissait la compétitivité de Siemens dans cette affaire, naturellement".
Les négociations se poursuivent toutefois avec Framatome ANP/Siemens, avec l'objectif de "signer le contrat avant la fin de l'année", avait-t-il précisé.

Réacteur nucléaire en Finlande: Siemens ne peut compter sur l'aide de Berlin (presse)

08/12/03 - Le vice-chancelier allemand et chef des Verts, Joschka Fischer, va opposer son veto à l'octroi d'un crédit à l'exportation pour la construction d'un réacteur nucléaire en Finlande par le consortium Framatome ANP/Siemens, selon le quotidien Leipziger Volkszeitung à paraître mardi.
Le quotidien qui cite des sources proches du dossier, affirme que le rejet de ce crédit à l'exportation ne laisse aucune chance au consortium face à une offre américaine concurrente.
Le consortium avait été retenu en priorité à la mi-octobre pour des négociations exclusives avec la compagnie d'électricité Teollisuuden Voima (TVO) pour la construction d'un cinquième réacteur nucléaire en Finlande, à l'issue de la première phase de l'appel d'offre.
Le coprésident des Verts allemands, Reinhard Buetikofer, a rejeté lundi l'octroi d'un tel crédit qui reviendrait pour le gouvernement allemand à "soutenir activement le développement" de l'énergie nucléaire en Europe après avoir décidé le principe de son abandon progressif en Allemagne.
Le gouvernement allemand doit prendre une décision avant Noël en ce qui concerne ce crédit.
L'affaire intervient alors que le chancelier social-démocrate Gerhard Schroeder a annoncé dimanche qu'il n'y avait pas d'obstacle à la vente controversée d'une usine nucléaire de Siemens à la Chine, dans la mesure où ce pays ne l'utilisera pas à des fins militaires.
Les Verts ont cependant réclamé lundi des garanties que "toute forme d'une utilisation militaire de cette usine puisse être écartée sans aucun doute", selon les termes de Reinhard Buetikofer.
"Une déclaration unilatérale de bonnes intentions des Chinois ne suffira pas", a-t-il prévenu. Le sujet est à l'origine de frictions entre les Verts et leur partenaire gouvernemental social-démocrate depuis l'annonce de ce projet de vente la semaine dernière par M. Schroeder en marge d'une visite en Chine.

 

Vente d'une usine nucléaire à Pékin: pas de véto possible, selon Schroeder

07/12/03 - Le chancelier allemand social-démocrate Gerhard Schroeder a affirmé dimanche que son gouvernement ne pouvait s'opposer à la vente d'une usine nucléaire à la Chine, au risque de relancer une controverse dans les propres rangs de sa majorité, notamment parmi les Verts.
Le conglomérat allemand Siemens, propriétaire de cette usine de fabrication de plutonium installée à Hanau (centre-ouest de l'Allemagne), a "le droit légitime" de l'exporter à la Chine, dans la mesure où elle ne sera pas utilisée à des fins militaires, a déclaré Gerhard Schroeder à la chaîne de télévision publique allemande ZDF.
"Il n'est pas possible de prendre une décision politique à ce sujet", a renchéri le chancelier, qui s'exprimait après une réunion de crise à Berlin avec son ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier, Joschka Fischer.
La vente de telles installations à l'étranger nécessite le feu vert du gouvernement allemand. Le plutonium peut être utilisé à des fins civiles, mais aussi pour la fabrication d'armes nucléaires.
La question de la vente de l'usine, annoncée il y a quelques jours par Gerhard Schroeder lors d'une visite en Chine, suscite de vives critiques en Allemagne, en dépit des assurances de Pékin, selon lesquelles cette acquisition "relève purement du domaine civil et n'a aucun objectif militaire".
Les plus hauts dirigeants des ministères allemands des Affaires étrangères, de l'Economie et de l'Environnement s'étaient prononcés en faveur de cette vente avant la visite du chancelier en Chine, a relevé M. Schroeder.
Les déclarations du chancelier risquent de relancer la polémique autour du nucléaire en Allemagne, thème très sensible dans ce pays à la fibre écologiste. D'autant plus que le gouvernement a reconnu vendredi qu'il se penchait aussi sur l'octroi à Siemens d'un crédit à l'exportation pour la construction d'un réacteur nucléaire en Finlande.
Pour les Verts, la vente de l'usine de plutonium à la Chine serait difficilement défendable: telle est la conclusion d'une téléconférence jeudi soir entre les principaux leaders écologistes, parmi lesquels Joschka Fischer, selon l'édition dominicale de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Mais "il y a parfois des situations dans lesquelles il faut prendre des décisions amères", avait déclaré le même soir à Bruxelles Joschka Fischer, leader charismatique des Verts, en rappelant que sa position sur l'énergie nucléaire était connue.
C'est lui qui était parvenu à ce que cette usine construite en 1991 ne soit jamais mise en service dans les années 1990, du temps où il était ministre de l'Environnement de l'Etat régional de Hesse, où est situé le complexe.
Plusieurs hauts dirigeants allemands avaient déjà fait savoir que les assurances de Pékin sur l'utilisation de l'usine de Siemens à des fins purement civiles rendraient difficile un éventuel veto du gouvernement allemand.
Ainsi, le président du groupe parlementaire social-démocrate Franz Muentefering a estimé dimanche qu'il n'y avait pas d'obstacle à la vente de l'usine, en raison des garanties promises par la Chine.
Et d'ajouter: "La décision d'abandonner le nucléaire en Allemagne n'a jamais été liée à une quelconque obligation pour nous de chercher à interdire le recours à l'énergie atomique aux autres pays".
Pou sa part, le ministre de la défense, Peter Struck, avait fait savoir jeudi qu'avec la garantie de Pékin, il n'aurait "rien contre" la vente de cette usine d'une valeur de 50 millions d'euros environ, selon certaines estimations.
En 2001, la Russie avait manifesté son intérêt pour un éventuel achat, mais elle s'était heurtée à l'opposition du ministre de l'Economie de l'époque, Werner Mueller (sans étiquette).