La radioactivité à La Hague et Sellafield supérieure aux normes allemandes

BERLIN, 28 mai - La radioactivité autour des centres de retraitement des déchets nucléaires de La Hague (France) et Sellafield (Angleterre) est nettement supérieure aux normes autorisées en Allemagne, selon une étude commandée par le ministère allemand de l'Environnement citée lundi par la chaîne de télévision publique ARD.
Effectuée par l'institut d'écologie de Darmstadt (ouest) à la demande du ministre Vert Juergen Trittin, cette étude montre que "les normes allemandes sont dépassées de 7 fois à La Hague et de 20 fois à Sellafield", selon un communiqué de la chaîne avant diffusion de l'émission lundi soir.

Les auteurs ont présenté dès février 2000 les résultats de leur étude --intitulée "enquête sur les possibles risques d'exposition de la population de La Hague et Sellafield"-- à l'Office fédéral de protection contre la radioactivité (BfS).

Cette étude n'avait jusqu'à présent jamais été rendue publique, précise ARD.

"La radioactivité mesurée n'est pas raisonnable, car elle signifie qu'il y a de personnes vivant sur place, ou leurs enfants, qui vont devenir malades", estime le spécialiste en radiologie de l'Université de Muenster (nord) Wolfgang Koehnlein, cité dans l'émission.

Le Parlement européen a aussi procédé à une étude de la radioactivité autour des deux centres, dont le résultat sera présenté "dans les prochaines semaines", selon ARD, qui affirme disposer du rapport intermédiaire selon lequel "les mesures violent la convention OSPAR".

Entrée en vigueur en mars 1998, la Convention pour la protection de l'environnement de l'Atlantique Nord-Est (OSPAR) vise à prévenir et à combattre la polution marine "grâce à des mesures réduisant les effets négatifs des activités humaines".

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A C R O (Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l'Ouest)

CRII-RAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité)




Usine de retraitement de Sellafield : la Norvège exprime son "inquiétude"

OSLO, 8 mai - Le ministère norvégien des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué lundi "à un haut niveau" un représentant de l'ambassade de Grande-Bretagne à Oslo pour lui exprimer "son inquiétude concernant tout particulièrement les quantités croissantes de Technetium-99 radioactif" détectées depuis 1994 sur les côtes norvégiennes.
Ce produit se retrouve de plus en plus fréquemment sur le littoral du royaume scandinave, notamment dans le varech, le goémon et les homards, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
"Dans ce contexte, nous avons signifié la nécessité d'une réduction de ces rejets aussi rapide que possible", précise le communiqué, qui ajoute que plusieurs lettres de protestation émanant de collectivités locales et d'organisations de défense de l'environnement avaient par la même occasion été remises au diplomate britannique.



 

Usine controversée de Sellafield: BNFL condamnée à une amende modique

WHITEHAVEN (Grande-Bretagne), 5 oct - L'entreprise publique British Nuclear Fuels (BNFL), qui gère l'usine de retraitement nucléaire controversée de Sellafield, a été condamnée jeudi à une amende modique de 24.000 livres sterling (40.000 euros) pour non respect des règles de sécurité.

BNFL répondait devant le tribunal de Whitehaven (nord-ouest de l'Angleterre) de quatre chefs d'accusation, notamment le non respect, entre le 16 février et le 24 mai derniers, de nouvelles consignes de sécurité édictées un an plus tôt.

La société publique était également poursuivie pour n'avoir pas mis en oeuvre des mesures suffisantes pour éviter d'éventuelles fuites de certains conteneurs de matières radioactives ou pour répertorier ces conteneurs scellés.

Les magistrats ont condamné BNFL, qui avait plaidé coupable, à verser une amende de 24.000 livres et payer les frais de justice, qui se montent à 4.817,50 livres.

BNFL a annoncé le 18 avril une profonde réforme de Sellafield, dont la crédibilité et la survie commerciale sont menacées par une série de scandales.

En février, un rapport incendiaire du NII -- un organisme officiel indépendant -- avait dénoncé l'insuffisance des procédures de sécurité de BNFL et révélé la falsification de documents d'accompagnement sur des cargaisons de carburant nucléaire MOX livrées au Japon.

Après ces révélations, la Suisse et l'Allemagne avaient cessé d'envoyer des cargaisons à retraiter à Sellafield et le Japon avait demandé le renvoi en Grande-Bretagne de la cargaison accompagnée de documents falsifiés.

La controverse sur la sécurité à Sellafield a conduit le gouvernement à reporter après 2002, soit après les prochaines élections, ses projets de privatisation de BNFL.

L'usine se retrouve de façon chronique au centre de controverses internationales. L'Irlande et le Danemark ont demandé fin mars dernier la suspension ou l'arrêt immédiat de ses activités en accusant Sellafield de répandre en mer des matières radioactives.

------> Contamination à Windscale en 1973
(Cette usine a eu tellement d'accidents qu'elle a été rebaptisée Sellafield)

------> "Windscale 1957, l'hiver nucléaire" , Un documentaire de 50 mn en RealVidéo 21 kb qui explique le rôle de l'usine et les circonstances de l'accident.

Pour en savoir plus sur le nombre de victimes lire l'article joint :
L'incendie de Windscale
"l'accident de Windscale a fait au moins quelques dizaines de victimes, beaucoup plus si l'effet du polonium a été sous-estimé par le NRPB, il a fallu attendre un quart de siècle pour savoir qu'il y avait probablement eu des victimes. C'est vraisemblablement le polonium qui est la clé de l'énigme : les Britanniques ne voulaient pas que l'on sache qu'ils s'en servaient pour amorcer leurs bombes."




Sellafield (UK) : un accident raté de peu le 26 janvier dernier...

Décidément à Sellafield les incidents tous azimuts se suivent et ne se ressemblent pas. Après le scandale des combustibles MOX défectueux envoyés en Allemagne et au Japon c'est le centre de stockage qui cette fois est en cause.
Un article de Nick Paton Walsh dans l'Observer du dimanche 11 février épingle le laxisme des règles de sûreté au centre de stockage de déchets nucléaires de Sellafield en Cumbria où un désastre nucléaire a été évité de peu le 26 janvier alors que plus de 2000 tonnes de déchets de haute activité auraient pu exploser. " Les employés ont négligé pendant près de 3 heures les alarmes signalant la formation de gaz explosifs dans les cuves de haute activité. Les gaz se sont accumulés dans les 21 cuves contenant chacune 100 tonnes de ces déchets mortels ". D'après les experts, 10 heures de plus et ces cuves auraient pu devenir explosives. L'autorité de sûreté a dépêché 4 inspecteurs des installations nucléaires à Sellafield et l'exploitant BNFL (British Nuclear Fuel Limited) doit fournir un rapport sur les procédures de sûreté d'ici 4 semaines.
Pour le représentant d'un groupe antinucléaire de Cumbria (le groupe CORE, Cumbrians Opposed to a Radioactive Environment) " le gouvernement et BNFL disent toujours qu'on n'a pas à s'inquiéter. Cet incident montre combien on peut être près d'une catastrophe ".
Du côté des politiques un responsable démocrate-libéral des questions énergétiques déclare " C'est une situation extrêmement alarmante qui démontre l'attitude cavalière qui a marqué l'industrie nucléaire depuis 50 ans ".
Pour BNFL il aurait fallu bien plus de 10 heures pour que la situation puisse mener à une explosion. Le personnel aurait ignoré les signaux d'alarme pendant 2h1/2. D'après l'Observer " l'incident s'est produit à 20h30 alors que des ingénieurs faisaient des essais d'amélioration des systèmes de ventilation chargés d'éviter la formation des gaz explosifs à l'intérieur des cuves. Les ingénieurs auraient connecté les circuits électriques des ventilateurs d'une façon incorrecte " [ !].
L'Observer cite l'opinion d'un ingénieur nucléaire parmi les plus qualifiés au monde (John Large) " Ces 21 cuves renferment des quantités énormes de produits les plus dangereux de ce site nucléaire si ce n'est de toute la planète ". Il rappelle qu'une cuve similaire de déchets nucléaires a explosé en Russie en 1957 dans la région de Tchéliabinsk et a dévasté une zone étendue, aussi étendue que Londres-Centre. " La seule fois où quelque chose d'analogue s'est produit en Europe c'est en France, dans les années 70 quand il a fallu foncer pour trouver d'urgence des générateurs électriques militaires pour assurer le refroidissement des cuves et prévenir leur explosion ".

www.guardian.co.uk/Archive/Article/0,4273,4134599,00.html

P. S.
A propos de cet article, une courte lettre d'un responsable de BNFL dans l'Observer du 18 février dit, comme on pouvait s'y attendre, que c'est irresponsable et faux, qu'il n'y avait pas de risque d'explosion compte tenu du temps écoulé entre l'alarme et la réaction qui a suivi.


Note Infonucléaire : un tel scénario catastrophe a failli arriver à l'usine de retraitement de La Hague dans le Cotentin, le refroidissement des cuves ayant été interrompu par perte simultanée du réseau et de l'alimentation de secours. Cet incident était dû à une grossière erreur de conception de l'alimentation électrique de l'installation. Il a fallu recourir d'urgence aux diesels de l'arsenal de Cherbourg.
Rappelons que le biologiste dissident soviétique Jaurès Medvedev exilé en Angleterre a révélé en 1976 dans une revue scientifique anglaise le désastre nucléaire survenu l'hiver 1957 à Kychtym dans l'Oural. En 1979 il publia en Angleterre Nuclear disaster in the Urals analysant d'une façon très détaillée les circonstances et les conséquences dramatiques des contaminations qui en ont résulté. Il décrivait les effets sur la faune et la flore de cette région contaminée sur plus d'un millier de kilomètres carrés, de nombreux villages ayant été évacués. La contamination de ces régions est encore aujourd'hui un grave problème sanitaire pour la population. Cet événement a été nié par les officiels occidentaux en accord avec les responsables soviétiques. L'ouvrage de Jaurès Medvedev fut traduit dans de nombreuses langues. Après avoir été boycotté par les éditeurs français il a finalement été édité en France 9 ans plus tard par les éditions Isoète, 16 rue Orange, Cherbourg, Manche. L'impact médiatique a été complètement inexistant.