A l'école Marie Curie de Nogent-sur-Marne les normes sont dépassées

XIX siècle: Joachim Armet de Lisle fonde à Nogent-Sur-Marne une usine de traitement des quinquinas.

L'usine en 1904.

1904: Emile Armet de Lisle, sur le même site, crée et développe la fabrication du radium avec l'aide des époux Curie. C'est ainsi que divers minerais seront traités jusqu'en 1928 desquels seront extraits le radium, l'uranium, le thorium, l'actinium, le polonium... Ce fut la première usine du monde d'extraction du radium à partir de l'uranium.

Publicité dans la revue Le Radium n°4, de mars 1904.

 

A propos du prix du Radium...

Extrait de "Naissance d'un fléau", Patrice Pinell, 1992.

 


CRIIRAD: Ecole Marie Curie à Nogent-sur-Marne, la démolition a commencé


Falsification des mesures de radioactivité effectuées à l'école Marie Curie de Nogent-sur-Marne
[Voir: L'historique du site de l'école Marie Curie sur le site de l'association des anciens élèves de l'Ecole Marie Curie. Lire: Ecole radioactive: le maire de Nogent porte plainte]

Les normes sont dépassées

Dans les années 60, la municipalité de Nogent-sur-Marne (département du Val de Marne, près de Paris) décidait de construire un groupe scolaire (primaire et maternelle) sur un terrain précédemment occupé par un laboratoire pharmaceutique. Au début du siècle, sur ce même terrain, fonctionnait une usine destinée à extraire le radium du minerai d'uranium.

A l'époque, le SCPRI avait émis des réserves, mais le projet avait quand même vu le jour et l'école fut inaugurée en 1969. En 86, la FCPE avait exigé plus d'informations sur la radioactivité du site, et des mesures avaient été effectuées. L'affaire rebondit en 91 avec une action commune des écolos du coin et de la CRII-Rad. De nouvelles mesures sont demandées par la municipalité.

Par décision du 9 juillet 1992, la Commission d'Accès aux Documents Administratifs a contraint la mairie à transmettre une copie de l'ensemble des mesures de radioactivité aux Verts de Nogent. Nous avons ainsi pu en avoir copie.

Quatre laboratoires se sont succédés pour mesurer les niveaux de rayonnements ionisants sur site : la SOCOTEC en juin 1986, la STMI en avril 1987, le Laboratoire Central de la Préfecture de Police, et le Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI du ministère de la Santé) en mars 1992. Tous ont mesuré les niveaux de radioactivité en rayonnement "gamma", et à partir de ces résultats, tous ont déclaré qu'il n'y avait aucun dépassement des limites réglementaires d'exposition au niveau des salles de classe ou des locaux administratifs.

Et pourtant, lors d'une pollution due au radium engendrant du radon (gaz rare radioactif), la radiotoxicité est provoquée par des rayonnements "alpha", 20 fois plus dangereux que les "gamma". Sur les 6 premiers descendants à vie courte du radon, seul le plomb 214 émet des rayonnements "gamma". En convertissant le niveau de radon mesuré par le SCPRI en rem, d'après les directives Euratom 84-466 et 467, on arrive à calculer une exposition par inhalation dans les salles de la maternelle, de 0,9 à 1,26 rem/an pour 2000 heures de présence; le double de la norme limite française, soit 10 fois plus que la limite préconisée par l'Organisation Mondiale de la Santé. En ne prenant en considération que les rayonnements "gamma" (0,05 rem/an pour 2000 heures), les quatre laboratoires ont donc négligé l'essentiel de la radioactivité du site, bien qu'ils ne puissent ignorer les dangers des descendants du radon.

Il semble à l'évidence que chacun des laboratoires se soit efforcé de mesurer un niveau de radioactivité conforme à ce qu'on lui demandait, à savoir inférieur aux normes, c'est-à-dire 20 fois plus faible que la réalité. Il y a donc volonté de dissimulation.

La municipalité a fait procéder récemment à des mesures de radon par le procédé "Kodalpha" (Kodak). Les résultats sont inférieurs à ceux du SCPRI de mars 92. Il est difficile de les tenir pour fiables, dans la mesure où on ignore à quelle hauteur ils ont été posés (le radon est un gaz très lourd), si les fenêtres étaient ouvertes, combien de temps ils sont restés en place, etc...

Lettre d'information du comité Stop Nogent-sur-Seine n°57,
juillet-septembre 1992.