Né en 1934, en Ukraine dans le village
Krasny Kout de la province de Lugansk, V.B. Nesterenko s'est diplômé
en 1958 à l'Université technologique de Moscou "N.E.
Bauman".
Après avoir terminé les études d'aspirant
à l'Institut des moteurs de l'Académie Nationale
de l'URSS, il a été invité à travailler
à l'Académie des Sciences du Belarus.
En 1963-1965 il est directeur de laboratoire;
en 1965-77 il est vice-directeur des travaux scientifiques;
en 1977-87 il est directeur de l'Institut de l'énergie
nucléaire de l'Académie des Sciences du Belarus.
En 1963 il a soutenu la thèse de candidat au doctorat;
en 1968 il a soutenu la thèse de doctorat. Depuis
1969 il est professeur, depuis 1972 il est membre correspondant
de l'Académie des Sciences du Belarus.
Le Professeur V.B. Nesterenko est titulaire de plus de 300 brevets
scientifiques dans le secteur de l'énergie nucléaire
et de la sécurité radiologique. Il a dirigé
40 doctorats scientifiques.
Savant émérite en sciences et technologies du Belarus,
il est lauréat du Prix de l'Etat du Belarus.
Depuis 1990, V.B. Nesterenko est directeur de l'institut Indépendant
biélorusse de protection radiologique "Belrad"
Vassili Nesterenko, révèle que Moscou avait
mis au point, dans les années 1980, des réacteurs très légers
et mobiles "Pamir" pour alimenter les pas de tir
de missiles SS-20 et SS-25 (Le Monde du 23/04/04).
Voilà ce qu'en dit le journal "Le Monde" du
20 mai 2000:
"C'est l'écrivain biélorusse Svetlana Alexievitch,
grande exploratrice des tourments de "l'âme soviétique",
qui l'a, en quelque sorte découvert. Elle préparait
son livre sur le "peuple de Tchernobyl", c'est
à dire ces deux millions de Biélorusses pris au
piège de la radiation (La Supplication", Lattès),
lorsqu'un ancien fonctionnaire soviétique lui relata la
scène suivante : quelque temps après la catastrophe
nucléaire, lors d'une conférence d'experts soviétiques,
un homme avait pris la parole pour souligner l'urgence d'évacuer
la population à au moins 100 kilomètres à
la ronde, de distribuer des dosimètres et des tablettes
d'iode, de sauver les enfants. La salle était restée
inerte, chacun jugeait qu'il exagérait. L'homme avait insisté,
bataillé. L'audience était restée sceptique.
Quand l'orateur avait vu que ses efforts étaient vains,
que chacun faisait mine de croire à une situation "normale"
, comme le proclamait la propagande, des larmes de rage s'étaient
mises à couler sur son visage... "Cet homme, il
fallait que je le rencontre", conclut Svetlana Alexievitch.
... Physicien, ancien membre du Parti, il a participé au
lancement des premiers satellites Spoutnik avant de devenir directeur
de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie
des sciences de Biélorussie. Il a été déchu
de son rang pour avoir osé dire la vérité
sur Tchernobyl. Cité dans "La Supplication",
il raconte ces heures où il tomba en disgrâce : "Le
29 avril 1986, à 8 heures du matin, j'attendais déjà
dans l'antichambre de Sliounkov [le premier secrétaire
du Parti communiste de Biélorussie]. A 5 h 30 du soir,
un célèbre poète biélorusse est sorti
du bureau. Nous nous connaissions bien. Il me dit : "Avec
le camarade Sliounkov, nous avons abordé les problèmes
de la culture biélorusse". J'ai explosé
: "Mais bientôt il n'y aura plus personne pour
développer cette culture. Il n'y aura plus de lecteurs
pour vos livres, si nous n'évacuons pas d'urgence les habitants
des environs de Tchernobyl. Si nous ne les sauvons pas!""
Vassili Nesterenko a perdu son emploi et subi les pressions
du KGB, qui l'a menacé d'internement en asile psychiatrique,
dans le plus pur style de répression contre les dissidents.
Plus récemment les autorités biélorusses
ont tenté de l'amadouer en lui proposant de réintégrer
un institut d'Etat "mais à condition de ne plus
s'occuper de Tchernobyl". Ce qu'il ne peut concevoir."...
(Natalie Nougayrède)
... Le Prof. Nesterenko est un physicien qui est intervenu immédiatement
vers la centrale atomique en feu. En tant qu'expert, mais aussi
pompier pour l'occasion, il a, du haut d'un hélicoptère,
largué des containers d'azote liquide sur le coeur du réacteur,
au milieu des fumées radioactives. Il est incroyable qu'il
ait survécu; sur les 4 passagers de son hélicoptère,
trois sont morts des suites de cette irradiation et contamination
radioactives. Avec les membres de son institut, Nesterenko a établi
une carte de la radioactivité sur l'ensemble du territoire
et rédigé des propositions pour la protection des
populations. (Prof. Michel Fernex)