27/9/2008 - Adossée à la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), la "Planète des crocodiles" permet de découvrir depuis août deux cents crocodiliens d'espèces variées, dans des bassins réchauffés par les calories des eaux de refroidissement du réacteur de la centrale. La "Planète", dont la construction a été financée en grande partie par la commune de Civaux (900 habitants), est installée sous une serre en polypropylène transparent de 5.000 mètres carrés, de 17 m de haut et 80 m de diamètre, une sorte d'ovni en forme de soucoupe posé au pied des tours aéroréfrigérantes.

"La Planète des crocodiles est un parc zoologique: ludique, pédagogique mais également scientifique, attaché à la conservation des espèces, le tout dans une politique de développement durable", souligne Thierry Bordat, le directeur du site. Les visiteurs plongés dans une ambiance tropicale - 23 degrés, 85% d'humidité - entourés d'espèces végétales, découvrent 200 crocodiliens qui grandiront de 50 cm par an, répartis en sept espèces dans six bassins dont l'eau affiche une trentaine de degrés.

En étant installée au pied de la centrale nucléaire, propriété d'EDF, la Planète des crocodiles bénéficie d'une source d'eau chaude en quantité importante. "Les eaux ne se mélangent pas", avertit M. Bordat. "La centrale pompe dans la Vienne l'eau pour son refroidissement. Ensuite, cette eau devenue chaude passe par sept échangeurs de calories qui chauffent des plaques. Ces plaques transmettent les calories à d'autres plaques qui, elles, vont chauffer l'eau des bassins. L'eau refroidie, retourne dans la Vienne", explique-t-il.

Pas besoin de fioul ni de gaz. "Notre activité ne génère aucun effet de serre", précise le responsable. Un centre aquatique, à côté de la serre, bénéficie lui aussi du même fonctionnement pour chauffer l'eau de ses bassins. Le projet de la Planète des crocodiles, d'un coût de huit millions d'euros, a été financé à 75% par la commune. Celle-ci utilise ainsi la taxe professionnelle générée par la centrale pour "agrandir l'offre touristique dans le Sud-Vienne, sinistré au niveau de l'emploi", selon le maire, Hervé Jaspart, qui espère entre 120.000 et 130.000 visiteurs par an.

"Ce projet va faire vivre des restaurants, des hôtels, des commerces et emploie une vingtaine de personnes", détaille le maire. Les crocodiles nains d'Afrique, les crocodiles du Nil, les alligators de Louisiane et de Chine, les caïmans à lunette, les gavials, les porosus d'Australie, selon leur origine, vivent dans un décor africain, égyptien, américain (Louisiane), chinois ou australien. Nés en captivité, ils proviennent de fermes d'élevage, en Tunisie, en Espagne, en Thaïlande.

Une nurserie a même été installée: "nous avons l'espoir de voir les animaux se reproduire et ainsi participer à la sauvegarde d'espèces menacées comme l'alligator de Chine. Cette démarche de protection fait partie des objectifs de ce site", conclut le directeur.

Voir: Aquaculture à Gravelines et culture d'algues à Cattenom et Tihange (en PDF, Science et Vie n°879, décembre 1990).