Areva versera au Niger 22,9 millions d'euros - Niamey

6/8/2007 - Le groupe français Areva versera au Niger, où il exploite deux mines d'uranium, un acompte de 15 milliards de francs CFA (22,9 millions d'euros) sur des versements de dividendes, a annoncé dimanche soir le gouvernement nigérien. "Areva a accepté de nous payer une avance sur dividendes qui se monte à 15 milliards de francs CFA", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Aichatou Mindaoudou.
Les dividendes seront versés par deux filiales d'Areva au Niger, dans lesquelles Niamey a des participations. Areva a été accusé par le gouvernement nigérien de soutenir la rébellion touareg dans le nord du pays, région qui recèle parmi les plus importants gisements d'uranium au monde, ce que dément le groupe nucléaire.
Areva a signé la semaine dernière avec le Niger une convention annuelle sur les prix, portant le prix qu'il paye par kilo d'uranium à 40.000 francs CFA (60,50 euros) contre 27.300 l'an passé. L'accord est rétroactif au 1er janvier. Mindaoudou a précisé que cet accord n'était valide que pour l'année 2007 et qu'il était entendu qu'au 31 décembre 2007 des négociations seraient ouvertes pour réviser les prix.


Libération, 6/8/2007: 

L'Etat nigérien oblige Areva à partager sa rente de situation

Accusé d'aider la rébellion, le groupe perd son quasi-monopole.

Pour Areva, le groupe français de nucléaire civil, «plus rien ne sera comme avant» au Niger, son berceau historique, où il extrait près de la moitié de sa production annuelle d'uranium. C'est ce que proclament les plus hautes autorités de l'Etat à Niamey, qui entendent diversifier leurs partenaires étrangers pour valoriser leurs ressources minières. Durant près de quarante ans, le complexe militaro-industriel français a bénéficié de l'uranium du Nord-Niger en situation de quasi-monopole, pour un prix défiant toute concurrence. Un tiers des centrales d'EDF fonctionnent avec l'uranium du Niger.

Convoitises. Mais ce temps béni semble révolu. L'envolée des cours mondiaux, qui attise les convoitises, et les difficultés internes du régime de Niamey, en butte aux attaques de rebelles touaregs dans le Nord, ont remis en question cette confortable rente de situation. Et provoqué une crise sans précédent avec le Niger, que le secrétaire d'Etat à la Coopération, Jean-Marie Bockel, s'est employé à désamorcer, ce week-end : après une rencontre avec le président nigérien Mamadou Tandja, il a parlé d' «avancées». Et la France devrait organiser un sommet des ministres des Affaires étrangères du Sahel pour parler de la sécurité dans la région.

Quelques jours auparavant, le président nigérien avait accusé le groupe français d'avoir financé les rebelles du MNJ (Mouvement des Nigériens pour la Justice), qui, depuis février, ont infligé des revers humiliants aux troupes gouvernementales. Ces Touaregs ont pris les armes pour, disent-ils, obtenir une meilleure distribution des dividendes de l'uranium et des emplois pour les populations locales, qu'ils estiment marginalisées par Niamey. «Personne ne nous soutient : ni Areva ni aucune puissance étrangère, assure un porte-parole du MNJ, Mohamed el-Kontchi, par téléphone. Si tel était le cas, nous serions déjà à Niamey.» Areva, premier employeur privé du pays, a beau démentir, lui aussi, les accusations de collusion, rien n'y fait. Deux de ses responsables au Niger, dont son directeur, Dominique Pin, un ancien de la cellule Afrique de l'Elysée sous Mitterrand, ont été expulsés ces dernières semaines.

Comment a-t-on pu en arriver là ? Un concours de circonstances et de maladresses semble avoir convaincu l'entourage du président Tandja d'un double jeu de la part d'Areva. A la suite d'une attaque du MNJ contre l'un de ses sites, en avril, le groupe embauche Gilles de Namur, l'ancien attaché militaire de l'ambassade de France à Niamey. Il se rend immédiatement dans le Nord et prend des contacts avec les rebelles, sans en référer à l'Etat nigérien. Colère des autorités qui le renvoient au bercail. Peu après, des soldats d'origine touareg chargés d'assurer la sécurité d'un site d'Areva à Imouraren désertent, emportant avec eux les indemnités versées par la société française. A la télévision, le chef de l'Etat assure avoir la preuve de «virements bancaires d'Areva à des soldats qui ont déserté». Enfin, le responsable chinois d'un concurrent d'Areva est enlevé, en juillet, avant d'être relâché sain et sauf par le MNJ, qui reproche à Pékin d'armer le pouvoir de Niamey. Dès lors, la religion du président Tandja est faite : Areva fomente ces troubles pour conserver ses avantages.

Apaisement. Ces derniers mois, les autorités de Niamey ont accordé une cinquantaine de permis d'exploration à des sociétés étrangères, notamment chinoises. Areva en a obtenu quatre et annonce l'octroi de cinq autres. «Pendant des années, personne n'était intéressé par l'uranium du Niger. Avec le retour en grâce du nucléaire, tout le monde veut prospecter», note un expert. Chez Areva, on assure ne pas être gênés par l'arrivée de rivaux : «Nous sommes présents sur d'autres marchés très concurrentiels, comme le Canada.» Le groupe assure que la crise est en voie d'apaisement. Ses contrats miniers ont été renouvelés par les autorités, qui ont au passage relevé le prix de l'uranium : 40 000 francs CFA (61 euros) le kilo au lieu de 27 300 (42 euros), encore en deçà du prix du marché international. Tout ça pour ça ? A Paris, des sources informées accusent : «L'entourage du Président a été acheté par des intérêts étrangers, concurrents d'Areva.» Les nouveaux conflits en Afrique pourraient exhaler un parfum non plus de pétrole mais d'uranium.


 

Communiqué du réseau "Sortir du nucléaire", vendredi 30 juin 2006

Renouvellement du mandat de Mme Lauvergeon
Lancement de l'usine Georges Besse II

Areva / Lauvergeon : enrichissement de l'uranium et pillage du Niger
 
Areva menace le Président d'une ONG africaine
Manifestations anti-Areva au Niger

Alors que Mme Lauvgergeon vient d'être confirmée à la tête de la multinationale nucléaire Areva, et que celle-ci s'apprête à lancer à Pierrelatte (Drôme) le chantier d'une nouvelle usine d'enrichissement de l'uranium (usine Georges Besse II), le Réseau "Sortir du nucléaire" diffuse des documents qui montrent les pratiques injustifiables d'Areva et de ses filiales au Niger.

C'est en effet au Niger qu'est extrait une bonne part de l'uranium qui nourrit les centrales nucléaires françaises. Des manifestations populaires ont eu lieu ces dernières semaines à Arlit, comme en atteste le journal "Aïr-infos" qui titrait le 15 mai 2006 "Manifestation à Arlit contre Cogéma et Areva : les raisons de la colère"

La riposte d'Areva se concentre actuellement sur le Président de l'ONG nigérienne Aghirin'man, M. Almoustapha Alhacen. Ce dernier fait partie des milliers de personnes qui travaillent pour la Cogéma-Areva et vivent à Arlit, ville construite de toute pièce par l'industrie nucléaire française pour y parquer les nigériens qu'elle fait travailler dans ses mines. C'est une des illustrations de la continuation du colonialisme français en Afrique.

M. Alhacen, dans Aïr actualités du 15 mai 2006, a porté de fortes accusations contre la Cogéma-Areva et ses filiales (Somair et Cominak) spécialisées dans l'extraction de l'uranium du Niger. Quelques jours plus tard, Almoustapha Alhacen recevait de la part de la Somaïr une lettre de  "demande d'explication".

Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", cette lettre est une véritable tentative d'intimidation. En effet, la Somaïr, la Cogéma et Areva connaissent très bien les conditions intolérables dans lesquelles elles organisent l'extraction de l'uranium du Niger, comme cela a été montré par un rapport circonstancié de la Criirad, publié le 18 décembre 2003.

Le 16 novembre 2004, à la télévision française (émission France europe express), le porte parole du Réseau "Sortir du nucléaire" avait porté, déjà concernant l'extraction de l'uranium du Niger, de graves accusations à l'encontre de l'invitée principale, Mme Lauvergeon, sans pour autant que celle-ci ne réponde par un procès en diffamation, ce qui était une forme d'aveu.

On voit aujourd'hui que Mme Lauvergeon préfère s'en prendre aux travailleurs africains : il est vrai que c'est Areva qui détient le pouvoir économique au Niger, pays qu'elle pille consciencieusement de ses ressources en uranium, tout en contaminant l'environnement et en mettant en cause la santé des nigériens.
 
En fin de compte, il est logique que l'Etat français pronucléaire ait renouvelé sa confiance à Mme Lauvergeon, digne représentante du lobby nucléaire et de ses injustifiables méthodes
 

 
Extrait du journal "Aïr-infos":

 

 

COMMUNIQUÉ CRIIRAD du Lundi  26 juin 2006:

CRIIRAD
Commission de Recherche
et d'Information Indépendantes
sur la Radioactivité
Tel. : 04 75 41 82 50
Fax : 04 75 81 26 48
E-mail : contact@criirad.org
Internet : www.criirad.org

La CRIIRAD apporte son soutien au président de l'ONG Nigérienne AGHIRIN'MAN qui fait l'objet de pressions de son employeur la SOMAÏR

APPEL ÀUX ONG FRANÇAISES
 
Contexte

Un article paru dans le journal « Aïr actualités » du 15 mai au 15 juin 2006 met en cause les conditions d'exploitation de l'uranium, au Niger, par les sociétés SOMAÏR et COMINAK, filiales de COGEMA-AREVA NC.
Cet article pose les problèmes de l'accès aux soins et à l'école, des conditions d'entreposage des résidus radioactifs à l'air libre, de la gestion des déchets et ferrailles, de la pollution des eaux souterraines et des risques liés à la radioactivité. Cet article cite monsieur Almoustapha Alhacen, président de l'ONG AGHIRIN'MAN.
Suite à la parution de cet article, Monsieur Alhacen a fait l'objet le 21 juin 2006, d'une demande d'explication écrite de la part de son employeur, la SOMAÏR. Il est en effet tout à la fois salarié de la compagnie minière et président d'une ONG créée à ARLIT, il y a  plus de 4 ans, pour améliorer les conditions de vie des populations.
 
Nécessité de soutenir Monsieur Alhacen
La CRIIRAD invite les associations de protection de l'environnement et des droits de l'homme à rester vigilantes quant à la situation de monsieur Alhacen. Il faut rappeler que c'est à sa demande que la CRIIRAD a pu conduire sur place, en décembre 2003, une mission préliminaire de contrôles radiologiques, alors que monsieur Alhacen avait déjà fait l'objet de pressions pour annuler son invitation.
Cette mission conduite par la CRIIRAD et SHERPA, a permis de constater de graves anomalies : présence de ferrailles contaminées en ville à ARLIT, stockage des résidus radioactifs à l'air libre, distribution d'eau dépassant les normes de l'OMS, mauvaise gestion des déchets ménagers.
Voir les rapports de mission CRIIRAD et SHERPA sur :
http://www.criirad.com/criirad/actualites/Dossiers2005/Niger/somNiger.html.
Les actions conjointes AGHIRIN'MAN-CRIIRAD-SHERPA semblent avoir permis des améliorations concrètes (fermeture des puits dont les eaux présentaient la plus forte contamination radiologique, retrait de ferrailles contaminées), mais beaucoup reste à faire.
Si la protection de l'environnement est véritablement une priorité du groupe COGEMA-AREVA, il ne peut qu'encourager l'action courageuse et responsable de l'un de ses salariés qui se bat pour améliorer les conditions de vie des populations d'ARLIT et faire passer la protection de l'Environnement au premier plan.
 
Renseignements : Bruno CHAREYRON / Laboratoire CRIIRAD : bruno.chareyron@criirad.org


 

Le Monde, 26/04/2005 : 

Areva est accusée de contaminer l'eau potable d'Arlit, au Niger

L'entreprise nucléaire française Areva ne respecterait pas, dans ses mines d'uranium au Niger, les normes sanitaires qu'impose en France la réglementation : c'est ce que devaient annoncer, lundi 25 avril, en s'appuyant sur des documents de sous-traitants de l'entreprise obtenus par une équipe de la chaîne de télévision Canal+, les associations Sherpa et CRII-Rad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité).

Cette accusation intervient alors qu'une polémique se poursuit depuis plus d'un an sur le comportement d'Areva, qui contrôle, par le biais de sa filiale Cogema, deux entreprises d'extraction de l'uranium dans le nord du Niger, la Somaïr et la Cominak. Lancée par une association locale, Aghir In'Man, elle met en cause le respect par Areva des normes de protection contre la radioactivité pour les travailleurs et la population de la ville (Le Monde daté 17-18 avril).

Sherpa et la CRII-Rad ont analysé des échantillons d'eau et constaté que les indices de deux types de radioactivité, alpha et bêta, dépassent les normes de l'Organisation mondiale de la santé. Selon la réglementation française, dans une telle situation la "dose totale indicative" (DTI, dose absorbée par les consommateurs d'eau) doit être inférieure à 100 microsieverts par an. Selon la CRII-Rad, la charge radioactive des eaux analysées "conduit à un dépassement des normes de potabilité internationales".

Cette information est confirmée par des lettres écrites à la Somaïr par le laboratoire d'analyse de l'eau utilisée par la Somaïr, Algade, filiale de la Cogema jusqu'en 2001. Dans ces lettres, parvenues à Canal+ qui les présentera lundi dans son émission "90 minutes", le chef du département radioprotection d'Algade, Sylvain Bernhard, écrit le 10 septembre 2004 que "les critères de potabilité des eaux retenus par la directive européenne du 3 novembre 1998 et repris dans la réglementation française (décret nº 2001-1220) ne sont pas respectés par les deux échantillons prélevés en surpression 2 et ZI". 2 et ZI désignent deux châteaux d'eau des villes minières.

RÉSULTATS CONFIRMÉS

Une lettre précédente de M. Bernhard, datée du 12 février 2004, notait déjà le dépassement, précisant que "les résultats du 2e semestre -2003- confirment les résultats du 1er semestre", ce qui indique que la contamination est pérenne. La lettre ajoute que, "pour la station Surpression ZI, les eaux ne respecteraient pas le critère de potabilité préconisé par la directive européenne et la réglementation française".

Ces documents contredisent un dossier de presse d'Areva qui, en février, affirmait que les analyses de l'eau "montrent une absence de contamination". La firme a par ailleurs commandité une étude à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Publiée le 15 avril, cette étude indique à propos de l'eau que les analyses "mettent en évidence des concentrations supérieures en certains points de mesure".

Hervé Kempf

 

 


Mines d'uranium au Niger : Un scandale nommé COGEMA

Le nucléaire, l'uranium et l' "indépendance énergétique" française

Sur le site internet de COGEMA [1] on trouve les précisions suivantes : "Le groupe COGEMA est l'un des leaders mondiaux pour la production d'uranium naturel, il en produit de l'ordre de 7 000 tonnes par an soit environ 20% de la production mondiale. (...) En France plus de 70 000 tonnes d'uranium ont été exploitées depuis 1946. Les principaux gisements se situaient dans le Limousin, le Forez, la Vendée et l'Hérault (...). Dès le début des années soixante, les équipes de prospection du groupe COGEMA ont engagé des recherches hors de France (...). Les succès les plus remarquables ont été rencontrés au Gabon (près de 27 000 tonnes d'uranium découvertes et exploitées de 1960 à 1999) et surtout au Niger (près de 80 000 tonnes d'uranium produites depuis l'origine) (...)".

L'année 1988 correspond à la production maximale des mines d'uranium en France mais à partir de cette date les fermetures de sièges miniers vont se succéder (a). Pourtant, huit ans plus tard, dans la publication CEA "Memento sur l'énergie 1996" il est indiqué au chapitre "Réserves énergétiques françaises" que le taux d'indépendance de la France vis-à-vis de l'uranium est de 100% alors que les mines françaises sont en fin de vie. Dans les publications ultérieures ce chapitre a disparu.

Notons que cette façon de voir l'indépendance de la France est parfaitement logique dans le système économique actuel. La production d'une entreprise n'appartient pas au pays où l'entreprise est implantée mais à son propriétaire. Si les mines d'uranium en Afrique ou ailleurs sont la propriété de COGEMA alors l'uranium produit est français. L'économie moderne nous a permis de récupérer des territoires coloniaux que nous avions perdus. Une façon moderne de gérer la colonisation ! Ainsi, notre soit disant "indépendance énergétique" qui serait due à l'uranium vient, en réalité, d'Afrique depuis bien des années déjà, mais aussi du Canada, d'Australie, et COGEMA développe désormais des activités minières en Asie centrale dans des républiques de l'ex-URSS (Kazakhstan et Mongolie).


La réalité Cogéma et ses mythes

Une plainte avec constitution de partie civile pour pollution, mise en danger de la vie d'autrui, abandon et dépôt de déchets concernant tous les sites miniers du Limousin a été déposée contre Cogéma en mars 1999 par l'association Sources et Rivières du Limousin, trois ans après que plusieurs associations aient dénoncé la radioactivité des eaux du Lac de St Pardoux [2]. La COGEMA, en tant que personne morale, a été effectivement mise en examen le 30 août 2002 pour "pollution, abandon et dépôt de déchets".

Comment est-ce possible ? Les habitants du Limousin et de tous les sites miniers ne doivent-ils pas être rassurés et heureux des activités menées par COGEMA - la prospection, l'activité minière et la réhabilitation après la fermeture des installations - si l'on en croit le panégyrique publicitaire de COGEMA qu'on peut trouver sur internet ? Citons quelques passages. Les activités minières Cogéma ce n'est pas seulement "Découvrir et produire" mais aussi : "Favoriser le développement durable (...) En fin d'exploitation, COGEMA réaménage les sites miniers pour les rendre au milieu naturel et maintient une surveillance sur les sites une fois réaménagés. Sans attendre la phase de réaménagement, COGEMA entreprend à chaque stade des opérations, des actions de précaution et de prévention, afin de minimiser les impacts et les risques environnementaux". "La sécurité et la santé des travailleurs, COGEMA a été pionnière dans la profession pour la protection des mineurs contre les radiations ionisantes (...)". "Les relations avec les populations locales, COGEMA est à leur écoute et contribue à la vie économique et sociale de façon adaptée à chaque situation : - Assistance médicale dans les pays ne disposant pas de système de santé publique (exemple de l'hôpital d'Arlit au Niger) (...) " Cette auto-complaisance a de quoi faire grincer les dents. Nous allons la confronter à deux réalités, celle du Limousin et celle d'Arlit au Niger.


Cogéma et les mines d'uranium en Limousin

Ne manquez pas de voir le film de Thierry Lamireau "Uranium en Limousin" en Realvideo 21Kb [3] qui raconte une autre histoire, moins triomphaliste et plus triste, de sites saccagés, d'opposants, de travailleurs malades. L'histoire racontée par un médecin, de son patient qui a ses mouchoirs toujours jaunes comme est jaune la couleur du "yellowcake" issu des traitements chimiques du minerai d'uranium (b), qui va mourir et être autopsié et dont les résultats ne seront jamais communiqués.

Les oppositions à COGEMA ont été nombreuses en Limousin comme en témoigne la dizaine d'associations [4] créées au cours des ans dans toute la région. Michèle Granier (CLADE) nous fait un bref résumé : "En Limousin, la Division Minière de la Crouzille exploite l'uranium depuis 1949. Au début des années 1970 la contestation naît dans la population et une plainte en justice est déposée lorsque les déchets et matériaux provenant du démantèlement de l'usine du Bouchet [5] en région parisienne sont déversés dans une mine à ciel ouvert, Le Brugeaud, où sont stockées les boues de concentration du minerai. (Il a été question de 40 - 50 curies de radium 226 provenant du Bouchet). Il y a eu une grande variété de luttes ponctuelles, par exemple contre les permis d'exploitation dans les secteurs miniers.

Dans les années 90 les opposants ont obtenu une pré-étude sur l'état radiologique des sites d'exploitation du Limousin, payée par les Conseils général et régional, effectuée par la CRIIRAD, association indépendante (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité), et la société ALGADE choisie par la COGEMA. Les deux séries de mesures ont été concordantes mais pas l'interprétation des résultats ! Les conclusions de la DRIRE (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) ont été celles d'ALGADE qui dédouanent la COGEMA, en bref : l'exploitation minière n'a eu aucun impact sanitaire en Limousin. L'inertie des élus et de la population aidant, les recommandations formulées par la CRIIRAD ont été enterrées. Mais cela n'empêche pas les problèmes de refaire surface très périodiquement : réservoirs d'eau potable de la ville de Limoges contaminés par les eaux d'exhaure des anciennes mines d'uranium "abandonnées ou délaissées". Lac touristique de Saint-Pardoux faisant de la "rétention" de radioactivité dans les sédiments ; maison à taux de radon record, vendue à des particuliers par COGEMA, que Kouchner - le ministre de la santé - fait évacuer, le tout avec procès à la clé (annulation de la vente au motif que COGEMA étant "expert en la matière" a réalisé une vente en connaissance du vice caché) ; plainte déposée par Sources et Rivières du Limousin pour empoisonnement des eaux du Limousin aboutissant en 2002 à la mise en examen de COGEMA (à suivre). Plainte le 2 octobre 2002 contre l'Etat français, Ministère de l'environnement chargé des installations classées, déposée par l'ADEPAL [5] auprès de la Commission des communautés européennes au sujet de l'autorisation préfectorale accordée à COGEMA de stockage de 199 900 tonnes d'oxyde d'uranium appauvri à Bessines, dans des hangars de surface (c). (Avec la réponse récente de la CCE l'Etat a gagnéA suivre). D'autres actions ont eu lieu au cours des ans, on ne peut les citer toutes (d).


Hors Limousin

Concernant la Division minière du Forez, l'étude mandatée par le collectif des Bois Noirs, la Mairie de Saint Priest la Prugne et les élus locaux sera rendue début 2003. (A noter que la fermeture du site date de 20 ans et que c'est l'état du site et les préoccupations de santé des populations qui obligent les élus à se pencher sur le problème (mesures de la contamination du site par la CRIIRAD et SUBATECH choisi par COGEMA).

Par ailleurs la Division minière de Vendée a, elle aussi, demandé à la CRIIRAD de faire une étude qui a obligé l'industriel à reprendre certains sites. Quant à la Division de Lodève (Hérault) elle sert de vitrine de "réaménagement modèle" mais il faut noter que jusqu'à présent la contestation ne s'est pas fait entendre. Il se pourrait que s'engage le même processus que sur tous les sites visités par COGEMA".

Le scandale d'Arlit.

COGEMA soit-disant : "pionnière pour la protection des mineurs d'uranium" !
Pour illustrer les "bonnes oeuvres" de la COGEMA en Afrique, le site minier d'Arlit au Niger est exemplaire et nous donnons ci-après la traduction par Anne-Marie Chenet (Stop Nogent) d'un article de Roger Moody publié par Wise-Amsterdam le 22 avril 1982 [6] :

"Scandale de l'uranium au Niger"

"Des gamins de quinze et seize ans se font irradier dans les mines sous contrôle français au Niger. Il n'y a quasiment aucune protection contre l'inhalation de gaz radon. La main d'oeuvre, presque exclusivement des nomades Touaregs, reste totalement ignorante des effets de l'exploitation minière. La détection des radiations et les contrôles sanitaires sont inexistants."

Ce ne sont là que quelques uns des faits rapportés par un réalisateur de télévision britannique qui, avec une équipe de caméramans de l'émission Panorama (UK) ont été les premiers étrangers à visiter Arlit dans la partie nord du Niger. [Le réalisateur] Christopher Olgiati est un jeune homme grand et mince, parlant avec aisance. Il n'exprime pas de griefs particuliers contre le gouvernement militaire du Président Kountché : de fait il le défend contre l'accusation qui s'est répandue selon laquelle le gouvernement aurait permis aux Lybiens de détourner le minerai d'uranium. (Olgiati pense que c'est peut-être une désinformation qu'a fait courir la CIA).

Pour ce que j'en sais Chris Olgiati peut très bien être un défenseur de l'énergie nucléaire. Mais ce qui l'a choqué lors de sa visite durant dix jours de cette région uranifère, une des plus importantes de la planète, ce sont les conditions de vie de la main d'oeuvre locale. Et le contraste avec celles des Français qui occupent les postes de direction.

"Arlit est absolument au milieu de nulle part" m'a-t-il dit dans une interview en exclusivité. " C'est une oasis artificielle construite selon le modèle colonial. Elle a sa propre ville-dortoir avec supermarchés, courses de chevaux, produits de luxe importés de la métropole. Un incroyable choc culturel si l'on compare avec les travailleurs nomades". Selon Olgiati c'est la main d'oeuvre nomade qui vient vers la compagnie plutôt que l'inverse. Souvent les nomades ne restent pas plus d'une semaine, prennent leur paie et s'en vont. Certains ne restent qu'une journée. "C'était la grande récrimination française" dit Olgiati, "les ouvriers ne font juste que passer".

"Il va de soi que les Français n'informent pas les indigènes qu'ils travaillent dans les mines les plus dangereuses du monde, ils n'entendent jamais parler de mesures dosimétriques des rayonnements et un suivi sanitaire quel qu'il soit est impensable".

"Un sympathique directeur d'Arlit nous a concédé que les nomades travaillaient dans l'ignorance absolue de ce qui pouvait leur arriver dans vingt ou trente ans". Il y a de grandes mines souterraines à Arlit que l'équipe de la télévision a visitées : "une journée sous terre était plus qu'assez" a commenté Olgiati. "Le renouvellement d'air semblait correct mais le bruit du forage était insupportable. Je n'ai vu personne porter de masque. Les mineurs remontent des galeries en fin de journée recouverts de poussière radioactive de la tête aux pieds". Arlit n'est pas la seule mine d'uranium du Niger mais elle a été la première et elle reste la deuxième en importance. La production commerciale a démarré en 1971 - la production a été de 1900 tonnes en 1980. La teneur moyenne en uranium est actuellement de 0,25% mais en 1978 elle atteignait les 3%. Si l'on se réfère au terrible taux de mortalité parmi les mineurs des mines de Kerr McGee dans les années 50-60 (et leurs conditions de travail étaient probablement meilleures qu'ici) cela signifie que les Français ont signé l'arrêt de mort de milliers de Nigériens dans les années à venir.

Seulement le tiers du consortium SOMAIR d'Arlit appartient au gouvernement nigérien. La COGEMA (filiale du CEA, Commissariat à l'énergie atomique) en détient 27% tandis que la société IMETAL en détient aujourd'hui 19% à travers la compagnie française MOKTA. L'autre géant français de l'uranium MINATOME détient 8% des actions. Des parts moindres sont détenues par Urangesellschaft (6,5%) ouest-allemande et la société italienne AGIP (6,5%) (e). Mais la direction est solidement tenue par les Français. "J'ai eu l'impression d'être en première ligne" dit Olgiati. "Arlit est très important pour les Français. Ils ont une station émettrice très puissante qui communique directement avec la France et ils ont littéralement haï qu'il y ait une équipe de télévision ici". L'uranium du Niger est non seulement indispensable au programme électronucléaire massif de la France mais aussi à sa production d'armement (...). L'uranium est transporté vers le monde extérieur par camions vers le Bénin et aussi vers la Lybie par Agadez à 250 km au sud-est d'Arlit où l'avion prend la relève. Chaque convoi est gardé sévèrement mais des accidents et des déversements de "yellowcake" sont chose courante. "Il y a toutes sortes d'histoires qui circulent au sujet de déversements d'uranium hors des camions et qui contaminent les réserves d'eau" dit Olgiati.

Cependant, le plus grand danger est la mine elle-même. Ici, des gens parmi les plus pauvres de la planète travaillent dans un environnement parmi les plus mortels qui soient pour fournir l'énergie aux norias de trains mus à l'électricité des nations les plus riches et alimenter leurs bombes en combustible. Ils sont maintenus dans l'ignorance totale des conséquences de leur travail et lorsqu'ils mourront leur corps ne sera même pas soumis à la formalité d'un examen post-mortem [autopsie]. Il serait difficile de trouver un exemple plus frappant de néo-colonialisme rampant" "

Remarque : Ce scandale des conditions de travail des mineurs d'uranium africains n'a jamais fait partie des préoccupations syndicales en France. Ni d'ailleurs des ONG comme Médecins du Monde que nous avons essayé de sensibiliser à ce problème, mais sans succès [7].

Ceci n'est pas étonnant puisque même en France les syndicats des mineurs d'uranium ne se sont guère intéressés à l'excès de mortalité par cancers chez les mineurs d'uranium en particulier par cancers du poumon. Bien plus, ils ont contribué à masquer le problème comme en témoigne le fait que la réunion sur le thème des déchets miniers et de la surmortalité par cancer chez les mineurs d'uranium [8] n'a pu se tenir à Bessines le 16 décembre 1993 que sous la protection des gendarmes pour empêcher l'intervention violente des dirigeants syndicaux (CGT) qui voulaient casser le matériel de projection de Thierry Lamireau.

Bella Belbéoch,
lettre d'information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°95.

 

A lire :

- Communiqué de la Criirad, 16/02/2005 : Areva - Niger - Uranium

- (format word) : Malgré l'opposition des filiales de la Cogéma, la CRIIRAD et SHERPA ont mis le pied au Niger et commencé les investigations autour des sites miniers (déc. 2003).

Le Limousin radioactif

Radon, un gaz mortel qui vient du sol


Action :

- "Sortir du nucléaire" décline l'offre d'Areva et lance une souscription pour une inspection indépendante.

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Références:

[1] COGEMA : compagnie générale des matières nucléaires, dont la présidente est Anne Lauvergeon (ancienne sherpa de François Mitterrand). Dans le cadre de la réorganisation de la filière nucléaire, création le 3 septembre 2001 par CEA-Industrie, Framatome et COGEMA, du groupe AREVA dont le directoire est présidé par Anne Lauvergeon. Dans AREVA : un pôle nucléaire avec COGEMA et Framatome ANP - Framatome Advanced Nuclear Power Inc.- (66% Framatome et 34% Siemens) et un pôle "technologie de l'information et de la communication" avec FCI (Framatome connections international) et STMicroelectronics. [Framatome ANP est très présent aux USA, entre autres pour assurer la maintenance des réacteurs]

[2] La Montagne, 7 sept. 2002 "La Cogéma mise en examen"

[3] Thierry Lamireau, 6, rue de l'Annonciade, Clos de la Sauge 74150 Rumilly . Uranium en Limousin, film/vidéo de 36 mn, 1ère version 1993, Copyright Thierry Lamireau 1995. Plusieurs fois primé : mai 1994 2ème prix au Festival audiovisuel des cultures minorisées d'Europe. Septembre 1994 "Meilleure uvre vidéo" 5èmes rencontres de l'image-nature et environnement, Martigues. Novembre 1994 1er prix catégorie "amateur", Rencontres documentaires traces de vie Vicle Comte/Clermont-Ferrand. Mars 1995, Prix du ministère de l'environnement au festival eurorégional du film d'environnement de Roubaix. Projeté dans plusieurs festivals dont le festival du film scientifique de Palaiseau (Novembre 1995) et le festival "territoires en images" (Institut de géographie, Paris, Mars 2002).

[4] Amis de la terre Limousin et Marche, APMA association de la protection des monts d'Ambazac, ALV les amis du Limousin vert, APPSP association pour la protection du pays de Saint-Pardoux, AICIN association intercommunale d'information sur le nucléaire, ADEMAU association de défense des monts d'Auriat, CRIIRAD Marche-Limousin, CLAN collectif limousin pour une alternative au nucléaire, CLADE coordination limousine anti-déchets radioactifs, ADEPAL association de défense du pays arédien en Limousin. Il en manque peut-être !

[5] En région parisienne, à l'usine du Bouchet (CEA) les murs de certains laboratoires étaient devenus jaunes-orangés, comme les poudres d'uranates traités... N'étant pas d'une santé florissante les travailleurs du Bouchet ont eu du mal à se recaser pour raisons médicales dans les centres CEA après la fermeture de l'usine en 1971 et certains devaient être licenciés ce qui est apparu comme le début d'une campagne plus générale de licenciements prévus par l'administration du CEA qui a entraîné une riposte du personnel ("Non à la politique du citron pressé, non aux licenciements"), les syndicats ont appelé à la grève le 5 mai 1971, largement suivie à Saclay.

Il n'y a pas eu d'étude épidémiologique sérieuse des travailleurs du Bouchet. Obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle de ceux morts par cancer est un véritable parcours du combattant. En 1990 la décontamination du site n'était toujours pas terminée et suscita de multiples protestations d'habitants du voisinage (Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit) en particulier des Amis de la Terre. Le Parisien des 28-29 avril 1990 titrait "Essonne : 20 000 tonnes de déchets nucléaires dorment près de Paris".

[6] WISE-Amsterdam, Number 134.967, 22.4.82 (WISE, World Information Service on Energy). Nous remercions Wise-Amsterdam pour nous avoir retrouvé ce document de 1982. (En 1982 Roger Moody habitait Londres. Militant très actif il a, entre autres, fondé un groupe de recherche et d'action en faveur des minorités indigènes coloniales, il collaborait à Wise-Amsterdam, et devait se rendre en Australie visiter une mine appartenant à COGEMA).Wise publie désormais un bulletin Nuclear Monitor conjointement avec Nuclear Information and Resource Service (NIRS, Washington- USA). Contact : WISE Amsterdam, PO Box 59636, 1040 LC Amsterdam, http://www.antenna.nl/wise

[7] Lors de cette rencontre le 12 mai 1987 avec plusieurs membres de Médecins du Monde (le président était à l'époque Bernard Kouchner) nous avons expliqué les problèmes liés aux mines d'uranium, l'importance des mesures de radioprotection (évidemment ces mesures ont un coût qui se répercute sur le prix de l'uranium), signalé ce témoignage paru dans le bulletin de WISE sur l'emploi d'adolescents Touareg. Nous leur avons suggéré de faire une enquête sur les conditions de travail à Arlit. Cela ne devait pas poser de problèmes car des médecins de MdM sont présents en Afrique. Aucun écho, si ce n'est qu'au cours de la discussion il est apparu qu'une des femmes présentes était descendue dans une mine souterraine d'Arlit (il y a aussi à Arlit des mines à ciel ouvert). Elle ne s'était pas inquiétée des conditions de travail mais a pali quand on a expliqué l'importance du radon etdes poussières d'uranium sur l'incidence des cancers du poumon.

[8] Roger Belbéoch, "Les risques de cancer chez les mineurs d'uranium français" La Gazette Nucléaire 129/130, décembre 1993, p.10-15. Colloque Uranium et santé, Limoges novembre 1993.


Notes
:

a) Dossier : l'uranium, par Pierre-Christian GUIOLLARD http://www.minerapole.com/f_/fi_01_1.html. Jouac, la toute dernière mine d'uranium française non loin de Limoges, a fermé le 31 mai 2001. D'après la publication CEA Informations utiles, Edition 2001, la répartition de la production d'uranium en 1999 par les compagnies du groupe COGEMA (5528 tonnes) était la suivante : Afrique 58% ; Canada 32% ; Jouac 8% ; divers (USA) 2%.

b) Le "yellowcake" est un concentré issu du traitement chimique du minerai. C'est un diuranate de couleur jaune. A Bessines ces traitements étaient effectués à l'usine SIMO (société industrielle des minerais de l'ouest). C'est sous forme de "yellowcake" que l'uranium est ensuite envoyé aux différentes usines de conversion.

c) La présence d'un tel tonnage d'oxyde d'uranium appauvri sous forme de poudre n'a guère mobilisé les antinucléaires hors Limousin. Et pourtant si un avion s'écrasait sur les hangars ou si un incendie se déclarait (acte malveillant, amorçage de réaction chimique transformant UO2 résiduel en U3O8 etc.) ce serait pire que la dispersion des oxydes formés par l'impact des obus utilisés dans la guerre du Golfe et au Kosovo car, dans les hangars, c'est déjà de l'oxyde d'uranium sous forme de poudre qui se disperserait.

d) Action collective symbolique réussie à Auriat : deux forages destinés à l'étude de l'enfouissement en couche géologique profonde de déchets radioactifs sont définitivement bouchés. Il ne s'agissait pas de la Cogéma mais de forages de l'Institut de Protection et de la Sûreté Nucléaire (IPSN).

e) D'après Wise-Amsterdam (mise à jour 2 août 2002) deux groupes SOMAIR et COMINAK se partagent l'exploitation de l'uranium au Niger dans les sites respectifs d'Arlit et Akouta et COGEMA est majoritaire : SOMAIR : 56,86% COGEMA, 6,54% Urangeselschaft Allemagne, 36,6% ONAREM Niger. COMINAK : 34% COGEMA, 31% ONAREM Niger, 25% OURD Japon, 10% ENUSA Espagne http://www.antenna.nl/wise/uranium/uoafr.html