"Atomic Annie", l'automoteur M68 de 280mm.

 

Une bombe atomique tirée par un canon...

Date : 25 mai 1953
Opération : Upshot

Le 25 mai 1953 le canon (M68 de 280mm) n°9 tire un obus atomique de 15 Kilotonnes sur le site d'essai du Nevada, voir une vidéo (en petit mp4) de l'essai ou une autre vidéo (en QuickTime).

Test : Grable
Lieu : Knothole, Nevada Test Site, Frenchman Flat


Charge : 15 kT
Altitude : 157 m




Photo du canon Atomic Annie lors des tests Upshot-Knothole en 1953.

Le 25 mai 1953 le canon n°9 réalisa le seul tir opérationnel d'un obus atomique de 15 Kilotonnes sur le site d'essai atomique du Nevada. Au total une vingtaine de canons furent produits et quelques canons manoeuvrèrent en Allemagne de 1953 à 1960 mais peu d'obus d'entraînement furent tirés à cause de l'usure rapide des tubes. Le canon fut surtout utilisé pour familiariser l'équipage de transport à la manoeuvre du convoi sur les routes sinueuses et étroites d'Allemagne ; d'ailleurs certaines maisons allemandes mal placées dans des virages étroits en gardent encore les stigmates. Quelques manoeuvres furent également exécutées dans l'Est de la France. Aujourd'hui retirés du service la plupart des canons sont dans des musées ou forment des monuments un peut partout aux US.

Lire: "Le canon atomique et son projectile", Science et Vie n°423, décembre 1952 (en PDF).

Publicité dans American Aviation en 1956.

 

Libération, 2/7/90:

Obus nucléaires: Washington propose de réduire son arsenal

D'après le "Washington Post" du 1/7/90, les Etats-Unis proposent d'enlever 1 400 des obus [probablement de 155] nucléaires américains d'Europe (40% de l'arsenal de l'OTAN). Les Etats-Unis pourraient exiger un retrait correspondant du côté du Pacte de Varsovie. La raison officielle avancée : doutes sur l'efficacité et la "sûreté d'emploi" de l'artillerie nucléaire dont la portée est de 15 à 30 km. [Cette formulation permet de faire allusion, sans le dire explicitement, aux graves et dangereux défauts que les américains ont découvert depuis plusieurs mois sur leurs "obus". Ces bombes atomiques menacent tout simplement d'exploser accidentellement. Que n'aurait-on entendu s'il s'agissait d'armes "soviétiques" !]

 

International Herald Tribune, 23/5/90:
[Photos rajoutées à l'article par Infonucléaire]

U.S. Secretly Repairs Defects in Nuclear Artillery in Europe
Les E.U. réparent en secret les défauts de l'artillerie nucléaire basée en Europe

Le gouvernement des Etats-Unis a découvert et réparé en secret des ogives nucléaires défectueuses, stockées en Europe. Elles auraient pu exploser accidentellement (par suite d'une chute de camion par exemple). Ces ogives, en utilisation militaire, ont une puissance de dix kilotonnes (deux tiers de la puissance d'Hiroshima). Des équipes de réparation ont été envoyées en 1989 pour désamorcer quelques centaines d'ogives, qui auraient pu exploser sous l'impact d'une balle ou d'un éclair les frappant en un certain point. L'affaire n'a pas été rendue publique pour "ne pas inquiéter les populations".

Un canon atomique défile (vers 1954) dans une ville allemande sur les rails du tramway.

Le Département de l'Energie américain a accédé la semaine dernière à une requête secrète du Congrès (après un troisième incident de sûreté sur les ogives) : une enquête scientifique indépendante aura lieu pour savoir si un missile à bord des sous-marins Trident ne pourrait pas exploser accidentellement au cours d'une manipulation.

Franchissement de la Moselle dans la région de Trèves en Allemagne sur un pont établi par le génie français en 1954.

La crainte est de voir se disperser le plutonium de ces têtes nucléaires... Le Secrétaire à l'Energie, James Watkins, a récemment ordonné d'autres enquêtes scientifiques, qui pourraient mettre à jour de nouvelles difficultés du même type. Malgré la résistance du Département de la Défense, l'agence de M. Watkins a obtenu de présider la commission d'enquête, et celle-ci rendra un rapport en même temps que M. Watkins et le Secrétaire à la Défense, R. Cheney.

Franchissement du Rhin sur un pont établi par le génie français.

Le présent article résulte de discussions avec plus de deux douzaines de militaires, de scientifiques et de responsables civils, dont aucun n'a voulu être nommément cité.

Jeffrey R. Smith

 

 

Encore plus fort !

Le Davy Crockett
(la plus petite arme nucléaire des États-Unis)


L'armée américaine poussa la miniaturisation de l'arme atomique jusqu'à l'intégrer dans des projectiles d'un canon sans recul de 106 mm à faible portée appelé Davy Crockett.


Les servants de cette pièce devaient être aussi courageux que Davy Crockett (l'homme qui n'a jamais peur) car l'inconvénient de cette arme est d'être dans le souffle de l'explosion atomique quelle provoque. Les servants doivent se précipiter dans un trou après avoir tiré pour se mettre à l'abri.

Les progrès rapides de miniaturisation des armes atomiques permirent de fabriquer des obus de 155mm utilisables par les canons standards de l'armée américaine. Les huit millions de canons de 155 déployés un peu partout par l'armée américaine devenaient des canons atomiques potentiels, ce qui rendit très vite le M68 de 280mm obsolète. Ces perfectionnements des bombes ont demandé des années et, surtout, des dizaines et des dizaines d'essais, entre 1949 et 1957. Les ingénieurs en matière de détonation ont progressé empiriquement en jouant sur tous les facteurs un à un et en améliorant ainsi le rendement de proche en proche. Les deux premières bombes faisaient près de quatre mètres de long et entre 0,75 et 1,50 m de diamètre or la même gamme de puissance est passée progressivement à des engins de plus en plus petits, jusqu'à « Davy Crockett», qui fait 60 cm de long et 30 cm de diamètre, la partie centrale active (charge et réflecteur) étant grosse comme un melon ! Ceci pour le système à implosion. Quant au système à percussion, il est devenu un obus (de 90 cm de longueur) tiré par un canon de 155 mm. Les charges proprement dites, dans Davy Crockett comme dans l'obus, sont grosses comme une boule de billard.