Boursorama, 6/6/2007:
EDF candidate au rachat de 49% d'une centrale nucléaire bulgare [future centrale de Belene]

 

 


Libération, 5/6/2007:

BNP Paribas électrise les associations écolos

Zoom Focus Nucléaire. La banque française finance une centrale en Bulgarie.

Sus à BNP Paribas le nucléocrate ! La banque française fait l'objet d'une campagne de plusieurs associations écologistes pour sa contribution à la construction controversée de la centrale de Belene, en Bulgarie. Après le lancement d'une cyberpétition, Les Amis de la Terre et Greenpeace ont prévu aujourd'hui de manifester devant plusieurs succursales de l'établissement, en France et dans treize autres pays européens, pour «sensibiliser les salariés et les clients» d'une banque qui s'apprête à «financer le projet nucléaire obsolète de Belene» . Tout en démentant cette accusation, BNP Paribas prend l'affaire très au sérieux. Après avoir refusé pendant plusieurs semaines de recevoir les associations écologistes, la banque leur a lancé hier une invitation.

Travaux.
L'idée de construire une centrale à Belene, dans le nord de la Bulgarie, près du Danube, a été relancée en 2003. Le projet avait été initié en 1981, mais abandonné après l'effondrement du régime communiste. Le gouvernement de Sofia veut accroître ses capacités de production pour pouvoir respecter son engagement pris auprès de l'Union européenne de fermer les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Koslodui, dont la sécurité était jugée défectueuse. Depuis, il cherche des financements. Il faut, au minimum, 4 milliards d'euros. En 2006, NEK, la compagnie électrique bulgare, a lancé un premier appel d'offres auprès des banques pour 250 millions d'euros, remporté par BNP Paribas. Selon NEK, cet argent servira à débuter les travaux de la centrale, en septembre. D'où la colère des ONG, qui accusent la banque française «d'être la seule à s'accrocher à ce dinosaure énergétique au mépris de l'environnement et des sociétés civiles» .

Mais du côté de la banque, on juge la polémique injuste. «Nous n'avons rien contre le nucléaire , explique Antoine Sire, le directeur de la communication de BNP Paribas. A partir du moment où nous jugeons que les conditions de sécurité sont respectées. Mais ici, nous n'avons participé qu'au financement des études préliminaires pour décider ou non de la construction de la centrale. Si la réponse est positive, un nouvel appel d'offres sera lancé.» Quid de la communication de NEK, alors ? «Pour des raisons qui lui appartiennent, la compagnie bulgare a fait passer cette ligne de crédit comme un préfinancement. Mais c'est faux , poursuit Sire. D'ailleurs, on s'en est plaint auprès d'eux.» BNP Paribas reconnaît en fait une seule erreur. Ne pas avoir invité plus tôt les ONG. «Sur le coup, on a été ballots» , conclut le responsable de la communication de l'établissement.

Illusion.
Du côté des ONG, on ne s'estime pas convaincu par cette mise au point. «BNP dit que la somme servira aux études préalables, mais de quelles études parle-t-on ? , réagit Sébastien Godinot, des Amis de la Terre. La construction a été déjà été décidée, ainsi que le choix de la technologie. Si BNP laisse entendre que des options restent ouvertes, elle s'illusionne, ou cherche à illusionner le public» .

Une technologie russe.
Belene devrait être une centrale de technologie russe de nouvelle génération, de type VVER-1000, dont des modèles équivalents sont construits en Chine. Le russe AtomStroyExport (AES) devrait assurer la construction. Le premier projet, lancé en 1981, avait été abandonné en 1990 alors que 40 % du premier réacteur était déjà construit. L'effondrement économique rendait inutile ces nouvelles capacités et, suite à l'accident de Tchernobyl, le nucléaire de conception russe n'inspirait plus confiance.