Paris-Normandie, 9/4/2009: 

Mauvaise note pour Paluel

La centrale nucléaire de Paluel est montrée du doigt par l'autorité de sureté

NUCLEAIRE. La centrale normande figure parmi les cinq pointées du doigt par l'autorité de sûreté, qui sanctionne une série de dysfonctionnements et d'irrespect des procédures. Sept avertissements, sous la forme d'« avis d'incidents significatifs », pas moins, ont été adressés l'an dernier à l'exploitant de la centrale nucléaire de Paluel, près de Saint-Valery-en-Caux, pour une série de dysfonctionnements allant d'un « mauvais réglage des temps de fermeture de vannes », au dépassement durant deux heures de la température maximale du circuit primaire, celui qui est au contact direct du coeur du réacteur.

Répartis chronologiquement de janvier à octobre, ils valent au site haut-normand de figurer sur une liste noire de cinq noms établie par l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui pointe également dans son rapport annuel les moindres performances, au regard de l'ensemble du parc, des centrales de Belleville (Cher), Cruas-Meysse (Ardèche), Fessenheim (Haut-Rhin) et Flamanville (Manche). Ces deux dernières, d'ailleurs, arrivent en queue du « peloton » pour la deuxième année consécutive. [Lire: Les résultats du nouveau management dans le nucléaire]

Certes, aucun de ces incidents considérés isolément, ne paraissait en mesure de mettre en danger les installations sur le site haut-normand. Mais c'est leur répétition qui inquiète, et qui amène l'ASN à délivrer cette mauvaise note. Dans le même temps, l'autre centrale nucléaire implantée en Seine-Maritime, à Penly, n'a enregistré qu'un seul rappel à l'ordre. C'était le 18 juillet et pour l'envoi à Cruas de détecteurs d'incendie par un mode de transport non autorisé par la réglementation. Le précédent avertissement à la direction de Penly datait de plus d'un an. C'est dire.

Pour autant, rien n'est jamais acquis ni définitif en matière de sécurité nucléaire, et si l'autorité de sûreté juge que le niveau « reste satisfaisant » sur l'ensemble du parc français composé de cinquante-huit réacteurs répartis sur dix-neuf centrales, elle demande dans le même temps à EDF, en tant qu'exploitant, de ne pas relâcher son effort en matière de rigueur d'exploitation et de « propreté radiologique » de ses centrales.

[Lire:
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La sûreté nucléaire: Des principes à la réalité
- Sûreté des réacteurs: Le rapport Tanguy
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Qui pense encore que l'accident nucléaire est impossible en France alors que les autorités s'y préparent ?]

« La situation n'a rien de permanent », a déclaré André-Claude Lacoste, président de l'ASN lors d'une présentation du rapport à des parlementaires. Pour preuve, la centrale de Gravelines (Nord), la plus importante du pays avec six réacteurs en fonctionnement, avait enregistré la plus mauvaise performance l'an dernier et n'est plus pointée du doigt cette année.

L'ASN procède à des inspections planifiées mais aussi inopinées dans les centrales et donne son autorisation pour le redémarrage des unités lors des arrêts de tranche. Elle a aussi le pouvoir de retirer les licences d'exploitation en cas de manquement grave.