La centrale nucléaire de Mochovce.

Bruxelles demande de renforcer la sécurité d'une centrale nucléaire slovaque

15/7/2008 - La Commission européenne a recommandé mardi au principal producteur d'électricité en Slovaquie, Slovenske Elektrarne, de renforcer les mesures de sécurité de son projet d'extension de la centrale nucléaire de Mochovce (ouest de la Slovaquie). Slovenske Elektrarne, détenu à 66% par l'italien Enel et à 33% par l'Etat slovaque, a prévu d'agrandir d'ici 2013 la centrale de Mochovce avec deux réacteurs nucléaires supplémentaires. Selon les règles du traité Euratom, la Commission doit donner son avis, uniquement consultatif, sur la construction d'installations nucléaires. Elle a estimé mardi que le projet respectait "la réglementation nationale en vigueur en Slovaquie ainsi que les recommandations internationales" en matière de sécurité. Mais "fondant son évaluation sur les meilleures pratiques existantes", elle a malgré tout "recommandé une série de mesures supplémentaires" et en particulier la mise en place d'un "niveau de protection équivalent à celui apporté par un confinement total". Les réacteurs prévus, de conception russe, ne disposent pas en effet d'une structure de "confinement total" semblable à celles utilisées dans les centrales nucléaires plus récentes dont la construction est prévue ou en cours en Europe, a noté la Commission dans un communiqué [Remarque: En France, l'enceinte de confinement pouvant être menacée par une surpression interne lors d'un accident grave, on l'a munie d'une soupape de sûreté. On y ajouta un filtre, sorte de gamelle remplie de sable qui fut baptisée "filtre rustique", non pas pour empêcher de contaminer l'environnement mais pour réduire cette contamination à un niveau dit "acceptable"...]. Elle suggère notamment de mettre en place des dispositifs pour que la structure de la centrale puisse "supporter, le cas échéant, un impact provoqué par une cause extérieure (par exemple l'écrasement volontaire d'un petit avion)". Interrogé sur les conséquences en cas de non mise en place de ces mesures de sécurité, un porte-parole de la Commission a souligné qu'il ne s'agissait que de "recommandations", et que la sécurité de la centrale restait de la "responsabilité" des autorités slovaques. La construction des deux réacteurs doit compenser la fermeture, prévue d'ici la fin de l'année, de deux tranches d'une autre centrale nucléaire, située à Jaslovske Bohunice, dans l'ouest du pays. La Slovaquie s'était engagée à démanteler ces deux réacteurs, de type soviétique, pour pouvoir entrer dans l'Union européenne en 2004.

 


Action de Greenpeace à Vienne contre le financement d'une centrale slovaque

6/3/2008 - Une trentaine de militants de Greenpeace ont bloqué jeudi matin une filiale de la banque autrichienne Erste Bank dans le centre de Vienne pour protester contre son financement de la centrale nucléaire de Mochovce en Slovaquie. Les militants ont errigé un mur de briques devant l'entrée principale de la banque sur l'une des principales avenues piétonnes commerciales de la capitale, en appelant Erste Bank à annuler le crédit accordé au producteur slovaque Slovenske Elektrarne qui projette d'agrandir la centrale de Mochovce. "Il faudrait arrêter le projet et aujourd'hui nous arrêtons les affaires de la banque" qui finance le projet, a souligné le porte-parole de Greenpeace Autriche, Jurrien Westerhof. La banque slovaque Slovenska Sporitelna, appartenant à Erste Bank, fait partie d'un consortium de banques européennes ayant accordé un crédit de 800 millions d'euros au premier producteur slovaque d'énergie, Slovenske Elektrarne. Ce dernier prévoit de construire deux réacteurs dans la centrale en question. Selon son porte-parole Michael Mauritz, Erste Bank exclut totalement de se retirer du contrat slovaque. L'obstruction de la banque par les militants a été interrompue au terme d'une heure trente de manifestation par l'arrivée des forces de l'ordre qui ont dégagé les briques devant l'entrée de l'établissement. Une seconde entrée avait été laissée libre pour permettre aux clients de s'y rendre, car un blocage total de l'accès à la banque aurait entraîné des conséquences juridiques sévères pour Greenpeace. L'Autriche est un ferme opposant à l'énergie nucléaire depuis l'adoption d'une loi en 1978 interdisant toute construction de centrale atomique sur son territoire.


Autriche et Slovaquie s'affrontent sur l'avenir de l'énergie nucléaire

BRATISLAVA (26 mai 2004) - A peine achevées les célébrations à la gloire de l'unité de l'UE élargie, Autrichiens et Slovaques se livrent depuis le début de la semaine à une violente polémique sur l'avenir de l'énergie nucléaire en Europe centrale. C'est le ministre slovaque de l'Economie Pavol Rusko, qui a mis dimanche le feu aux poudres, en répétant qu'il souhaitait achever la construction de deux nouveaux réacteurs dans la centrale de Mochovce, située dans le centre de la Slovaquie, à seulement 140 km de Vienne. Ses propos n'étaient pas nouveaux mais ils ont soudain eu un grand retentissement car le ministre les a tenus au micro de la radio publique autrichienne. En pleine campagne électorale pour le scrutin européen de la mi-juin, tous les partis autrichiens ont immédiatement critiqué avec force les projets slovaques. L'Autriche a totalement renoncé à utiliser l'énergie nucléaire et mis un terme à la construction d'une centrale, après un référendum perdu par le gouvernement en 1978. Elle accepte donc difficilement que ses voisins fassent marcher, pratiquement à ses portes, des centrales sur lesquelles elle n'a de surcroît aucun contrôle. "Les projets de développement du nucléaire en Slovaquie sont un affront à l'Autriche et ses partenaires européens", a par exemple affirmé lundi la tête de liste du parti social-démocrate (opposition) aux élections européennes, Hannes Swoboda. Le parti conservateur (OeVP) au pouvoir n'a pas été en reste. "Ce n'est pas un beau cadeau de bienvenue de la part du voisin slovaque, quelques semaines seulement après l'élargissement de l'UE", a jugé Ursula Stenzel, qui est la tête de liste européenne de l'OeVP. Mais de l'autre côté de la frontière, la campagne pour les premières élections européennes de Slovaquie est également bien lancée. Et là, au contraire, la plupart des partis veulent développer l'énergie nucléaire afin de continuer à exporter de l'électricité. Et dans ce pays, qui n'a gagné son indépendance qu'en 1993, il est facile de jouer avec la fibre nationaliste. "La Slovaquie est un pays souverain, elle a le droit de décider selon ses propres intérêts", a insisté mercredi Pavol Rusko. "Il est dans notre intérêt stratégique de construire les tranches 3 et 4 de la centrale de Mochovce". Le principal dirigeant de l'opposition, le populiste Robert Fico, dont le parti est en tête des sondages, va même jusqu'à dire que renoncer à développer l'énergie nucléaire serait "une haute trahison" contre le pays. Et il appelle à une "guerre diplomatique" contre Vienne, en soulignant que l'Autriche n'avait pas réussi à empêcher la mise en service de la centrale nucléaire tchèque de Temelin, une autre pomme de discorde dans la région. M. Rusko, qui dirige le petit parti libéral ANO, a renchéri en faisant mine de revenir sur l'engagement de la Slovaquie à fermer en 2006 et 2008 les deux plus vieux réacteurs de l'autre centrale slovaque de Jaslovske-Bohunice (qui en compte quatre), construits avec l'URSS dans les années 70. La colère en Autriche s'est ravivée de plus belle. "Bohunice est l'une des centrales les plus dangereuses du monde", ont tonné les Verts autrichiens. Le chancelier Wolfgang Schuessel est intervenu mercredi pour rappeler à la Slovaquie que la fermeture des tranches 1 et 2 de Bohunice était incluse dans le Traité d'adhésion à l'Union européenne. "Pour nous, il est clair que le Traité doit être mis en oeuvre, il ne doit pas y avoir de doute", a-t-il dit. Mais, dans un souci d'apaisement, il a défendu le droit pour les autres pays de recourir à l'énergie nucléaire. En Slovaquie, aussi, certaines voix appellent au calme. "La phobie des Autrichiens contre l'énergie nucléaire peut nous paraître ridicule mais si un réacteur explose, le nuage radioactif ne se dissipera pas avant Vienne", expliquait mercredi le quotidien slovaque Sme, en prônant davantage de tact à l'égard de l'Autriche.