Aujourd'hui la Chine, 3/02/2012:

Rumeurs japonaises sur un «accident» dans un réacteur nucléaire chinois

C'est une polémique dont les diplomates japonais auraient préféré se passer. Le 25 janvier, le journal nippon Sankei Shimbun affirmait que le China Experimental Fast Reactor (CEFR), avait cessé de générer de l'électricité en octobre suite à un accident.

Le CEFR est le premier réacteur nucléaire à neutrons rapides [neutrons rapides, ce qui veut dire un surgénérateur] de Chine, exploité à titre expérimental dans le district de Fangshan, à quelques dizaines de kilomètres de Pékin, rapporte The Telegraph.

Le journal affirme se baser sur un rapport de l'Agence japonaise de l'énergie atomique, qui soulignerait au passage d'inquiétantes défaillances de sécurité au sein du CIAE, l'Institut Chinois de l'Energie Atomique abritant le réacteur.

Le Sankei Shimbun affirme que les normes de sécurité « très faibles » seraient insuffisantes pour prévenir les fuites potentielles. Il critique en outre la présence de lits dans la salle de commande, sur lesquels les équipes se reposeraient durant leurs heures de service.

La nouvelle aurait provoqué des inquiétudes au Japon comme en Corée du Sud, rapporte le SCMP, deux pays marqués par la catastrophe nucléaire de Fukushima et son impact sur toute la région.

Démenti Officiel japonais et chinois

Pourtant, dès le lendemain de la parution de l'article, l'Agence Japonaise de l'Energie atomique émet un démenti : aucun rapport n'a été « officiellement » publié.

Dans un communiqué posté sur son site, l'agence précise « ne pas avoir d'information adéquate sur la situation du réacteur » chinois, et « regrette que de telles informations non confirmées parviennent aux médias », laissant tout de même sous-entendre que la question a été évoqué en interne.

Le 31 janvier, c'est au tour de Pékin de réfuter les accusations du Sankei Simbun. Wan Gang, directeur du CIAE, explique que « le réacteur à neutrons rapides n'est plus opérationnel depuis juillet », ce qui rend les allégations du journal nippon « extrêmement incompatibles avec les faits ».

A la China Network Television, il précise que la sécurité des installations est assurée par de « multiples technologies », et que cinq équipes se relaient pour surveiller le réacteur, arrêté à froid en juillet.

Manque de confiance

The Epoch Times, publication internationale proche de mouvements dissidents chinois, explique que quelques internautes du pays ont été alertés par la nouvelle et ne croient pas aux affirmations des autorités.

« Le Parti cache la vérité au public et il a la capacité de cacher toute la vérité », explique un « résident pékinois » à New Tang Dynasty Television, basée à New-York, et elle aussi réputée critique des autorités de Pékin.

Si l'information ne semble pas avoir convaincu à l'international, les inquiétudes japonaises ou coréennes sont alimentées par des doutes concernant la transparence de Pékin sur les questions nucléaires.

Bien que le pays n'ait jamais connu d'accident nucléaire majeur, des fuites radioactives ont déjà été observées aux abords des centrales du pays, rapporte The Telegraph.

En mai 2010, les responsables de la centrale de Daya Bay, à Shenzhen, avaient attendu trois semaines avant de révéler une fuite de l'un des réacteurs. Pékin avait ensuite démenti l'information, pourtant confirmée par une société hongkongaise, ayant des parts dans la centrale.