Nogent : hydrazine et nitrates en prime

Le traitement biocide pour tender d'éradiquer les amibes naegleria fowleri (et autre légionella) des circuits de réfrigération des centrales nucléaires* ne cesse d'apporter son lot d'inconvénients. Le problème s'est accentué depuis le mois d'avril et pendant l'été à la suite d'un étiage bas malgré les relâchés d'eau des barrages amonts de la Seine et de l'Aube (25 à 40 m3/s) et la chaleur. Le tout favorisant la prolifération d'organismes pathogènes dans les circuits de refroidissement des tranches nucléaires, ainsi que leur concentration et celle de produits chimiques dans l'eau de rivière à l'aval. L'ensemble étant accentué par une médiocre qualité de l'eau prélevée en rivière. Ont ainsi été dépassées les autorisations de rejets en chlorures et sodium ; plus grave, des rejets non autorisés de nitrates (1 à 2mg/l sur une eau qui en contient 20 à 22 déjà à l'amont de la centrale de Nogent), issus du traitement biocide à la monochloramine. Ce produit est fabriqué sur le site avec de l'eau déminéralisée, eau de javel et de l'ammoniaque.

Mais en prime, il a été découvert de l'hydrazine dans les eaux de rejets en valeurs bien supérieures aux autorisations de rejets. L'hydrazine est autorisée en petite quantité comme inhibiteur de corrosion dans le circuit secondaire (avidité en oxygène). Dans le cas présent, il s'agirait d'une interférence avec la monochloramine et d'autres produits chimiques, peut-être présents dans l'eau amont ou un produit utilisé et rejeté par le site.
Ce produit (H2N-NH2) est un toxique de code de toxicité 3 (dommages au foie, destruction des cellules rouges, cancers du poumon, des reins, du foie, du système nerveux).
Il est explosif sous la chaleur, une flamme ou par réaction chimique avec des oxydants. Il est utilisé comme combustible dans les fusées, mais aussi dans des secteurs professionnels plus modestes comme les plombiers et chauffagistes. Sa forte capacité d'accélérateur de feu en fait le produit privilégié des pyromanes. A titre de curiosité, certains commencent à parler de cette saloperie comme alternative au pétrole dans les transports. (Prière d'enfiler la combinaison anti-g avant de tourner la clé de contact de la bagnole).

* Voir notre n° 89/90 de février 02

Claude Boyer

 

Harcèlement textuel

Le 12 novembre 2003, sous le titre " Colloques, la Société des lecteurs du Monde et le laboratoire d'économétrie de l'Ecole Polytechnique " Le Monde (le nec plus ultra de l'information !) annonce l'organisation " d'une démarche collective "expérimentale" sur le thème Risques, crises, ruptures ". Le journal précise ce que l'on doit entendre par " risques " : " intempéries exceptionnelles, vache folle, anthrax, SRAS, pannes de courant historiques [?], terrorisme ".
Ainsi, parmi les risques qui nous menacent, Le Monde de Colombani et de Plenel n'envisage pas le désastre dans l'un de nos sites nucléaires. Pour ces chefs du journal Le Monde, le nucléaire qu'est-ce que c'est ? Tout ce qu'il y a de rassurant, rien à signaler du côté des risques.
Les médias qui ne dénoncent pas certains risques particulièrement redoutables comme le risque de catastrophe nucléaire sur nos réacteurs doivent être considérés comme aussi responsables que les décideurs politiques. Ils sont complices et devront être jugés comme tels en cas de malheur.

 

Trouvé dans une poubelle médiatique

Dans Libération, un article sur le naufrage du Prestige et ses envois de boulettes de fioul sur nos côtes. Le journaliste Patrick Sabatier commente l'événement le mardi 11 novembre 2003 : " Il y aura d'autres Prestige, d'autres marées noires, d'autres Tchernobyls [sic] maritimes ". Pour ce journaliste Tchernobyl devient un nom commun que l'on peut utiliser au pluriel, mais dans ce cas, suivant les règles de notre grammaire, un nom commun ne peut pas être écrit avec une majuscule. Ainsi il s'agit pour ce personnage de " tchernobyls maritimes ". Ce qui est intéressant dans le texte de cet individu c'est qu'il insiste beaucoup, concernant les dégâts maritimes du Prestige, sur la perte financière correspondant aux touristes qui ne tiennent pas à venir sur des plages couvertes de boulettes " noires ". Concernant les désastres nucléaires on avait jusqu'alors fait le bilan financier à partir du " coût monétaire de l'homme-sievert " c'est à dire du coût des maladies et des morts radioinduits par la contamination résultant du désastre. On ne tenait pas compte des pertes financières de ces touristes qui aiment venir en France et qui, après un désastre sur un de nos réacteurs, iraient ailleurs :du fric perdu pour les entreprises de transport, les hôtels etc. Les morts prématurées des liquidateurs, les maladies qui affectent les enfants biélorusses tout ça est négligeable. En somme l'importance d'un " tchernobyl " chez nous c'est le fric des touristes qui file ailleurs.
Comparer les boulettes du Prestige sur nos côtes avec les conséquences sanitaires de la contamination radioactive au Bélarus qui condamne les enfants, c'est considérer la vie comme négligeable et le fric comme essentiel. Libération et son patron ont bien intégré l'importance du fric dans notre société. Les touristes évitent les côtes françaises par crainte de rencontrer des boulettes de fioul. Les touristes éviteraient le Bélarus de crainte de rencontrer des enfants malades sur les territoires contaminés ?

 

Ne pas oublier les enfants du belarus des villages exclus

-Tout d'abord renouveler son adhésion à l'association enfants de Tchernobyl-Bélarus : la cotisation 2004 est de 20 euros
- les dons : le total des dons individuels s'est monté à 29 452 euros.
-Il faut continuer à aider les villages "exclus" car la situation des enfants est mauvaise (voir Bulletin 96/97, janvier-avril 2002)
Sur les 14 projets présentés par Vassili Nesterenko, directeur de l'Institut BELRAD, 9 projets ont été exécutés. Il reste encore des fonds à trouver pour 5 projets (67/10 à 67/14). Chaque projet représente environ 6500 euros.
Soyez généreux et précisez "pour les villages exclus".
Association Enfants de Tchernobyl-Bélarus, 20 rue Principale, 68480 Biederthal
s.m.fernex@wanadoo.fr

 

Où ont-ils été les chercher ?

La ministre de l'environnement, Roselyne Bachelot, a déjà montré son ignorance des problèmes concernant son ministère. Par exemple elle pensait il y a quelques mois qu'il y avait 58 sites nucléaires. Elle ne connaissait pas la différence entre un site nucléaire et le nombre de réacteurs qu'il contient. Dernièrement c'est la ministre déléguée à l'industrie, Nicole Fontaine, qui s'est révélée. Dans Libération du 26 mai 2003 cette ministre, en ouverture " à la Cité des sciences l'ultime rencontre du débat national sur les énergies " a déclaré " que la France devait choisir rapidement entre deux inconvénients, les risques d'accident ou de prolifération à des fins militaires [énergie nucléaire] et ceux que fait peser sur notre planète l'effet de serre ".
Ainsi suivant cette " responsable" pas de souci, que Nogent-sur-Seine explose ou que la glace des pôles fonde ce ne serait que des inconvénients.
Prendre un tel personnage pour organiser un débat national sur l'avenir énergétique paraît curieux. Elle semble d'une nullité assez étonnante et c'est cette nullité qu'il faut prendre en compte pour juger ses déclarations fracassantes concernant l'EPR.

R. B.

Bonne nouvelle pour les habitants du Limousin qui s'inquiètent du radon.
Le CEA s'est mis en branle !

Dans le nouvel organigramme l'IPSN fait désormais partie de l'IRSN, où il a été regroupé avec l'OPRI (ex-SCPRI). Qu'est devenu le programme PALOMA ?
Dans le bulletin de l'IPSN de janvier 2002 (numéro 29) on apprenait que le CEA s'intéressait activement au radon : " L'IPSN participe à la phase d'étude de l'expérience PALOMA qui associe le CNES, l'Université Pierre et Marie Curie et les laboratoires de l'Institut Paul - Simon Laplace ".
Dans ce bulletin le but de l'étude est précisé : " Cette expérience d'une durée de 2 ans constitue une étape préparatoire à la mission sur Mars de la NASA (souligné par nous) prévue en 2007 (). L'IPSN est en charge d'examiner la faisabilité d'un dispositif de mesure de la concentration en radon sur Mars et l'intérêt scientifique d'une telle mesure " (souligné par nous).
IPSN signifiait Institut de Protection et Sûreté Nucléaire. Que vient donc faire Mars dans la protection de nos installations nucléaires ?
Aucune explication n'est fournie. Une voie possible : si sur Mars il y a du radon il y a forcément de l'uranium. Un filon quand l'uranium sera épuisé sur la terre dans quelques décennies. En somme ce programme s'installe peut-être dans une perspective de développement (nucléaire) durable !
L'IPSN ne s'est guère intéressée à la contamination de l'air en Limousin suite à la décharge insouciante du CEA des déchets radioactifs, résidus de l'exploitation des mines d'uranium ou autres résidus (ceux de l'usine du Bouchet par exemple). Cela n'aurait bien sûr aucun intérêt scientifique. La protection des populations n'entre pas dans les objectifs scientifiques de cet Institut. Mars c'est bien plus gratifiant que le Limousin !