La sûrete nucléaire aux abonnés absents

Durant des années, de la période post Tchernobyl, il existait une connivence entre l’autorité de sûreté nucléaire et les associations ; l’une se servant de la pression des autres pour tenter de remplir sa tâche et parfois en retour, d’essayer de se crédibiliser, les autres obtenant en échange des informations plus détaillées sur les incidents, les problèmes génériques des installations… Il était assez aisé de dialoguer au téléphone avec un responsable de la DSIN, de se faire transmettre copie de rapports.

La situation a subitement changé depuis le 11 septembre, avec l’aval du Conseil Supérieur de Sûreté et d’Information Nucléaire. Sous le fallacieux prétexte que communiquer des informations peut favoriser les actes terroristes, un frein a été placé dans la diffusion de l’information. Plus question d’avoir un responsable de la sûreté nucléaire au téléphone, c’est la préposée à la communication qui conseille d’envoyer un courrier auquel il sera fait réponse… une réponse qui ne vient jamais. Depuis peu, c’est encore plus clair, il n’y a plus d’interlocuteur au téléphone : la sûreté nucléaire est aux abonnés absents.

La minimisation du grave incident survenu en janvier sur la tranche 2 de Flamanville (perte de la plupart des circuits de sauvegarde du réacteur), l’absence de décision coercitive, sont la preuve de la déliquescence de l’autorité de sûreté. La menace de fermeture de Dampierre à la suite de nombreux incidents significatifs aura été le baroud d’honneur de la défunte DSIN.

Aussi, la création d’une nouvelle organisation regroupant sûreté nucléaire et radioprotection sous la principale tutelle du ministre de l’Economie et du sous-ministre de l’Industrie, ne doit pas être considérée comme une réorganisation de la protection nucléaire, mais comme une mise en conformité avec un état de fait. La DGSNR (Direction Générale de la Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection) dans son emballage flambant neuf ne sera jamais qu’une façade à disposition des intérêts économiques et du lobby nucléaire ; c’est la fin du mythe de la protection des populations et des personnels contre le risque nucléaire.

Le ministre de cotutelle à l’environnement, par sa couardise et son silence aura considérablement contribué à cet état de fait, préférant nous leurrer avec des discours de "transparence" et l’organisation de journées de "désinformation citoyenne" pour nous faire trembler devant un pseudo risque d’effet de serre et nous vendre des âneries renouvelables irréalistes. En politique, l’important c’est de " gagner " ; les populations on s’en moque.

C.B.