Le Professeur Youri Bandajevsky a été libéré le 5 août dernier

 

Un travail pionnier. Youri Bandajevsky, professeur à l'institut médical de Grono, a été nommé à 33 ans Recteur de l'Institut de médecine de Gomel nouvellement créé en 1990 dans une des régions du Bélarus (ex-Biélorussie) les plus contaminées par les retombées de Tchernobyl et désertée par le personnel médical. Sous sa direction l'Institut a rapidement formé des médecins dans de nombreuses disciplines. Parallèlement des recherches de première main, au sein même de la population, ont été menées sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl. La pluridisciplinarité a permis d'avoir une vue d'ensemble des pathologies et dérèglements fonctionnels. Le bilan sanitaire est sévère, surtout chez les enfants, (Gazette Nucléaire 197/198, mai 2002, Lettre d'information du Comité Stop-Nogent n°91/92, mars-juin 2002 et n° 96/97, janvier-avril 2003).
Deux particularités :

1) à l'examen habituel clinique complété par des actes spécialisés, des tests biochimiques, Bandajevsky a associé la mesure directe par spectrométrie gamma du nombre de désintégrations par seconde (becquerels Bq) révélant la contamination chronique irradiant en permanence l'organisme de l'intérieur. Les études montrent l'action nocive de la contamination interne chronique, surtout due au césium 137 (Cs137), via l'alimentation et qui s'ajoute à l'irradiation externe par les dépôts radioactifs sur le sol. La nourriture est contaminée car lorsque la terre est contaminée cela se répercute sur toute la chaîne alimentaire, dont le lait ce qui peut conduire à des charges corporelles élevées chez les enfants, nocives pour la santé. Ainsi il a été trouvé que la fréquence des anomalies cardiologiques des électrocardiogrammes augmente proportionnellement à l'activité spécifique (la concentration du corps en Cs137 exprimée en Bq/kg du poids de l'enfant). Quand la concentration est élevée, des états pathologiques irréversibles peuvent s'installer alors que, d'après les modèles utilisés par les experts internationaux en radioprotection, les doses calculées sont faibles. Il en est de même des opacités du cristallin dont le nombre augmente avec la concentration en Cs137 etc.

2) Des examens histologiques pratiqués par Bandajevsky tant par autopsie d'adultes et d'enfants que par expérimentation animale montrent que, contrairement à ce qui est admis, la répartition du Cs137 est très hétérogène dans l'organisme, il se concentre dans les organes et tissus vitaux (cur, reins, glandes endocrines). Il détériore les membranes cellulaires ce qui perturberait tous les processus métaboliques et conduirait à des troubles fonctionnels et pathologiques. Par expérimentation animale Bandajevsky a étudié le rôle de quelques entérosorbants dans le but d'éliminer le césium 137 sans créer d'effets secondaires nocifs.

1999 : après avoir critiqué publiquement la façon dont le ministre de la santé a conduit les recherches sur la santé après Tchernobyl et la façon dont l'argent a été dépensé, Bandajevsky a été arrêté le 13 juillet 1999. Le 18 juin 2001 il est condamné sans preuves par un tribunal militaire à 8 ans de détention à régime sévère, pour de soit disant pots de vins qu'il aurait reçus pour l'inscription d'étudiants. Il a été considéré comme prisonnier d'opinion par Amnesty International et les protestations pour sa libération ont démarré dès octobre 1999. Nous vous avons tenu au courant de toutes les péripéties de ces années noires -la prison, la relégation, séparées par une année en attente du procès où, rattaché au personnel de BELRAD par le Pr. Nesterenko, il a rédigé des monographies. Sa volonté de poursuivre ses recherches l'a sauvé du désespoir. Entre temps ses travaux ont commencé à être publiés dans des revues occidentales grâce au Pr. Michel Fernex.

Après deux amnisties le Pr. Youri Bandajevsky a été libéré le 5 août dernier. Il est encore sous contrôle policier pendant 6 mois, il peut circuler au Bélarus mais pas hors des frontières. Il n'a pas le droit d'exercer de responsabilités pendant 5 ans. Pour poursuivre ses recherches sur l'incorporation de produits radioactifs, sur les mécanismes des dérèglements menant aux pathologies et sur les possibilités d'y remédier, il a demandé à travailler avec la CRIIRAD qui a lancé le projet de création au Bélarus du laboratoire biomédical CRIIRAD-Bandajevsky, momentanément dirigé par Galina Bandajevskaya. Il devait payer une amende correspondant à 13 800 euros bien que n'ayant jamais reconnu sa culpabilité. La CRIIRAD a payé l'amende en avançant l'argent.

- Participer au remboursement de l'amende (reçu fiscal)
- Aider à la fondation du laboratoire CRIIRAD-Bandajevsky par « briques » de 50 euros (reçu fiscal pour les «co-fondateurs»).

CRIIRAD, 471 av. Victor Hugo, 26000 Valence.
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