Soucis à Bure : l'EDZ

Antoine Godinot, géologue, nous fait parfois parvenir des informations sur Bure qui sont assez techniques. Voici un résumé d'un aspect très important de la problématique Bure. Les textes de Godinot sont en italiques.
Le sous-sol de Bure contient une couche d'argile censée être, grâce a son imperméabilité, une sorte de coffre-fort apte à contenir des déchets nucléaires à longue vie et haute activité. Mais cette couche d'argile est en sandwich entre deux couches de roches poreuses saturées d'eau (ce qu'on appelle des aquifères). Et l'eau, comme chacun sait, est un merveilleux véhicule pour la pollution quelle qu'elle soit. Cette argile, qui est une argilite raide friable, a une faiblesse mécanique : quant on y fore des trous, l'argile autour des trous se fissure et se microfissure. Cette zone fissurée s'appelle une EDZ : Excavation Damaged Zone ou Zone Endommagée par l'Excavation.
L'apparition de ce nouveau problème prend le dessus sur tous les autres tant cette faiblesse mécanique des argilites a des conséquences considérables sur la faisabilité ou non de l'enfouissement dans ce type de roche au sein d'un bassin alimentaire saturé d'eau. En gros il apparaît impossible en l'état de reconstituer l'imperméabilité, pas seulement à la place des anciens trous en eux-mêmes mais aussi et même surtout de la zone abîmée : fissurée et microfissurée parce qu'on a excavé la zone adjacente, et qui est appelée EDZ. Sa perméabilité est officiellement multipliée par 100, cela sur une distance d'un diamètre tout autour de chaque trou. Notez que la surface de l'EDZ est quatre à cinq fois plus grande que celle du trou qu'elle entoure. La conséquence est que le scénario présenté par l'ANDRA comme « normal » semble irréaliste en l'état (il repose sur une tricherie sur la perméabilité de l'EDZ des puits), que seuls les scénarios dits « altérés » semblent actuellement pertinents puisqu'on est impuissant à supprimer ces conduits perméables qu'on a créé en creusant.
L'ANDRA, l'agence chargée du devenir des déchets radioactifs s'est engagée « à ce que ne soit pas dépassé pour certains de nos successeurs la limite de 0,25mSv (milliSievert) chaque année de leur vie ».
Avec l'EDZ, les doses seront si hautes qu'elles seront inacceptables, quelque soit le critère que l'on utilise et ne peuvent être avouées.[...] Ça fuira, mais ça pourrait être incroyablement vite.

AMC.