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TCHERNOBYL :

EFFETS SUR LA SANTÉ (SUITE)

 

Dans la revue Viva de janvier 1998 est paru un long article intitulé : " De plus en plus de maladies de la thyroïde. Tchernobyl a t-elle fait des victimes en France ? "

Nous souhaiterions reprendre et souligner certains points de cet article.

Il semble bien que depuis 1986, année de la catastrophe de Tchernobyl, des médecins aient constaté un accroissement des troubles de la thyroïde.

Ainsi, il existe en France un " registre véritablement fiable des cancers de la thyroïde concernant la région Champagne-Ardenne. Entre 1975 et 1992, il met en évidence un accroissement du nombre des cancers de la thyroïde de l'ordre de 1,75 nouveaux cas par an pour 100 000 habitants chez l'homme et de 6,38 chez la femme. Chez les enfants âgés de 10 à 13 ans, la fréquence des cancers a triplé. "

Annie Sugier, directrice déléguée chargée de la radioprotection à l'IPSN a " décelé une hausse des cancers de la thyroïde chez l'enfant depuis 1991 en région PACA (Provence-Alpes Côte d'Azur)-Corse : 3 cas entre 1984 et 1991 contre 14 entre 1992 et 1994. Révélés à la presse le 29 mars 1996, ces chiffres plus que troublants ont été très vite démentis. Les cancers de la thyroïde sont toujours là mais on en compterait 12 entre 1984 et 1991 (et non 3).

Volatilisé le pic pouvant correspondre aux retombées de Tchernobyl ! Etrange

Le Dr Fauconnier, actuellement généraliste à la Réunion était installé en Corse en 1986 : " j'ai constaté que de plus en plus de patients me consultaient pour des problèmes thyroïdiens. Inquiet, j'ai fait mon enquête. J'ai demandé au Dr Vellutini, seul endocrinologue de Bastia à l'époque de chiffrer ses consultations sur plusieurs mois, secteur par secteur. Il l'a fait et quand j'ai voulu avoir les résultats, il m'a dit : " je ne peux rien te donner, tu as soulevé un gros lièvre ". Les chiffres collectés par le Dr Fauconnier sont accablants. Ainsi, en Haute-Corse, le nombre de personnes ayant consulté pour des problèmes thyroïdiens aurait fait un bond de 172 % en 1987. La même année, alors que sa clientèle reste stable, on relève une hausse significative des cas d'hyperthyroïdie et de présence de nodules. Autre fait marquant : ingéré par une femme enceinte, l'iode 131 traverse le placenta et se fixe sur la thyroïde du bébé (plus la thyroïde est petite, plus elle est radiosensible et plus les effets sont importants). Or, après le mois de mai 1986, on dénombre 23 cas d'hyperthyroïdies néonatales en PACA-Corse au lieu de 9 en moyenne.

Directrice de recherche sur la cartographie du génome humain à l'INSERM, Ségolène Aymé déclare : " j'avais vu cet excédent mais, à l'époque, c'était tabou de se pencher sur ces problèmes ".

L'étude qui vient d'être commandée au centre anticancéreux Lacassagne à Nice par Jean-Claude Pastorelli, conseiller général des Alpes Maritimes nous en dira peut-être un peu plus long : " cela fait deux ans que je me bats pour obtenir cette enquête. A l'origine, ce sont des amis médecins qui m'ont alerté sur l'augmentation des cas d'affections thyroïdiennes dans la région. Je me suis dit que c'était certainement dû à Tchernobyl. C'est pourquoi j'ai demandé qu'un recensement des troubles depuis 1982 soit effectué. " Jean-Claude Pastorelli a reçu, en réponse à une lettre adressée à plusieurs spécialistes des Alpes-Maritimes, cette réponse du Dr Ferrari en date du 28/2/1997 : " il me paraît évident que cette radioactivité de passage a eu une incidence évidente sur la pathologie thyroïdienne tumorale dans la population des Alpes-Maritimes. J'en veux pour preuve le nombre croissant de nodules thyroïdiens que je suis amené à opérer à titre personnel. Cette augmentation très importante ne peut être due à la seule augmentation d'activité d'un praticien donné mais correspond de toute évidence à une augmentation réelle de l'incidence de la pathologie thyroïdienne "

Ainsi se trouve réfuté l'argument de certains médecins considérant que ces augmentations résultent d'un meilleur dépistage. D'ailleurs, à ce propos, le Dr Schlienger, généraliste ayant participé à l'enquête pour la Champagne-Ardenne, s'exprimait en ces termes sur Radio France International en avril 1996 : " en 1986, mes souvenirs de médecin me permettent de le dire, nous avions des échographistes compétents, il y avait des gamma caméras et des scintigraphies tout à fait valables, il y avait des scanners, il y avait des médecins qui n'étaient pas des manchots, qui savaient palper des thyroïdes. Nous avions la possibilité de faire des dépistages de cancers comme nous l'avons actuellement. Avec les mêmes moyens techniques et humains. Rattacher une augmentation éventuelle des cancers thyroïdiens au dépistage est complètement fou, c'est débile "

Mais ainsi que l'exprime Roland Desbordes, président de la CRII-RAD : " il n'y a pas de volonté politique de chercher une possible causalité entre les maladies de la thyroïde et Tchernobyl ".

On comprend cette absence de volonté politique quand on sait que : " les essais nucléaires pratiqués par les Américains entre 1951 et 1962 au Nevada auraient provoqué entre 25 000 et 50 000 cancers de la thyroïde chez les enfants de moins de 15 ans (Conclusions de l'Institut national américain du cancer). Quant aux essais nucléaires français réalisés en Polynésie, ils ne sont pas sans conséquences : " des études montrent que le taux de cancers de la thyroïde est beaucoup plus élevé à Mururoa que dans les autres Etats du Pacifique ".

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