Au moment de l'accident de Tchernobyl, le parc des RBMK comptait 16 réacteurs en fonctionnement :
- 11 en Russie, de puissance 1000 MWe chacun, répartis sur trois centrales :
Leningrad (4 réacteurs), Koursk (4 réacteurs) et Smolensk (3 réacteurs)
- 4 en Ukraine (Centrale de Tchernobyl), 1000 MWe chacun
- 1 en Lituanie (
Centrale d'Ignalina), 1500 MWe.
(Le second réacteur d'Ignalina, 1500 MWe, n'était pas encore en fonctionnement au moment de l'accident de Tchernobyl. Il a été mis en service en décembre 1986).

Depuis, tous les réacteurs de Tchernobyl ont été mis à l'arrêt définitif, ainsi que le réacteur n° 1 de la centrale d'Ignalina (Lithuanie). Il reste donc, à ce jour, 12 réacteurs RBMK en exploitation : 11 en Russie et 1 en Lituanie.

Le réacteur n° 2 de la centrale d'Ignalina est appelé à être mis à l'arrêt définitif vers 2009, sur la base des accords conclus lors des discussions d'adhésion de la Lituanie à l'union européenne. L'exploitation des 11 réacteurs russes sera très vraisemblablement poursuivie.

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Extrait de "Tchernobyl: Contrainte majeure de la Perestroïka" par Yves Lenoir, 9 juin 1989:

Par ailleurs, le réacteur détruit de Tchernobyl appartenait à la plus ancienne des filières productrices d'électricité exploitées en URSS. Dans un article de synthèse publié en 1983 dans le bulletin n° 2, volume 25 de l'AIEA, B.A. Sémionov, alors chef du Département de Sûreté Nucléaire, expliquait la confiance en laquelle l'énergie nucléaire et notamment la filière RBMK étaient tenue en URSS:
"Un autre facteur important, à savoir le fait que l'énergie nucléaire soir moins dommageable à l'environnement que les énergies conventionnelles, a conduit l'Union Soviétique à favoriser l'énergie nucléaire comme une source d'énergie principale."
"Le développement des réacteurs RBMK commença avec la mise en service de la première centrale nucléaire à Obninsk en 1954..."
"De nombreux facteurs plaidant en faveur des RBMK ont été considérés durant les travaux de conception et de développement. Ils ont été pleinement confirmés lors des phases de construction et d'exploitation:
...le principe structurel consistant à avoir plus de 1000 circuits primaires individuels augmente la sûreté de ce type de réacteur -
un grave accident de perte de réfrigérant est notamment pratiquement impossible."

Mises à part les questions de qualité de construction et de gestion des centrales, soulevées dans la presse soviétique avant l'accident mais passées inaperçues à l'Ouest, l'impression de sûreté était à première vue fondée, et justifiée par trente deux ans d'expérience. D'ailleurs, lorsque les spécialistes se sont penchés sans parti pris sur la sûreté des RBMK 1000, après l'accident, ils ont reconnus que les dispositifs mis en place étaient dans leur principe équivalents, pour le risque majeur normalement pris en compte dans le dimensionnement des installations - la perte de réfrigérant -, à ceux dont sont pourvus les filières développées en Occident. Le physicien Victor Gilinsky, qui était l'un des cinq commissaires de la NRC au moment de l'accident de TMI en 1979, déclara notamment à ce sujet que "les résultats d'une comparaison détaillée peuvent être extrêmement favorables à nos réacteurs, mais ils peuvent aussi être très défavorables." (Int. Herald Tribune, May 20, 1986). Analysant l'ensemble de l'installation après que la cause de la catastrophe eut été révélée, une explosion nucléaire, le physicien suisse André Gsponer pouvait ajouter que "la puissance de l'explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl a été si considérable que même si ce réacteur avait été entouré par une enceinte de confinement supplémentaire de type "PWR", cette enceinte n'aurait résistée. De surcroît, dans le cas particulier, un tel confinement aurait probablement entravé l'ascension des gaz chauds et la formation du "champignon atomique" qui a rapidement entrainé la plus grande partie de la radioactivité dans la haute atmosphère. L'accident de Tchernobyl est donc comparable à un accident de PWR avec perte totale de confinement, mais dont les effets ont été considérablement réduits par des circonstances et une météorologie favorables ."