Quelques indications sur la situation sanitaire
en Bélarus, Ukraine et Russie

Jusqu'à maintenant les experts internationaux ont toujours négligé, voire nié, les effets de morbidité apparaissant pour des doses de rayonnement relativement faibles. Aucune donnée expérimentale fiable pouvait justifier un tel jugement car l'étude des survivants japonais qui sert de référence pour l'évaluation des risques biologiques du rayonnement portait sur la mortalité et les effets de morbidité n'ont été introduits dans les études que très longtemps après les bombardements. D'autre part il s'agissait là essentiellement d'irradiation externe reçue pendant un temps court. Pour Tchernobyl en plus de l'irradiation externe (et interne par inhalation et ingestion) subie pendant les premiers mois de la phase initiale, s'ajoute une irradiation chronique essentiellement par contamination interne due à l'ingestion d'aliments contaminés éventuellement couplée à des polluants chimiques. Aucune considération théorique ne peut donc invalider a priori les observations faites sur le terrain. Il est regrettable que les autorités internationales ne semblent prêter que peu d'attention aux affections dont souffrent les populations locales et essentiellement les enfants, vivant ou ayant vécu sur les territoires contaminés.

Les problèmes sanitaires sont énormes et ne seront évoqués dans ce dossier qu'une infime partie des données disponibles actuellement dans l'indifférence générale des autorités sanitaires et des médias occidentaux.


Bélarus 

Nous résumons très succinctement quelques études montrant la dégradation de la santé des enfants qui est particulièrement manifeste en Bélarus. Or certains scientifiques de Bélarus se voient dans l'impossibilité de poursuivre leurs travaux pour cause de " réorganisation " des instituts ou d'autres motifs. Ce fait est très inquiétant car cela ressemble fort à une censure, acceptée (et peut-être même favorisée) par la communauté scientifique internationale.

 

Gastrites chroniques : états précancéreux ?

Dans certains districts les centres médicaux locaux ont observé dès 1988 une augmentation dramatique (multipliée par 15) des pathologies gastro-intestinales. Les études ont d'abord concerné la région de Brest [1], puis de Gomel et montrent une atrophie de la muqueuse gastrique et une métaplasie intestinale. Il pourrait s'agir d'une action conjuguée de l'irradiation et de polluants chimiques (plomb et nitrates). Outre l'irradiation interne par le Cs137 (la charge incorporée est 20 fois celle des enfants témoins) il y a dans ces districts, un niveau élevé de contamination par le plomb retrouvé dans le sang et l'urine des enfants examinés. Or ces villages sont sans usines. Le déversement par hélicoptères de plus de 2000 tonnes de plomb sur le réacteur de fin avril à début mai 1986 a entraîné, suite à l'incendie, la vaporisation d'une notable quantité de ce plomb qui ensuite s'est déposée en Bélarus [2].

L'inflammation chronique de la muqueuse gastrique (par la bactérie H. pylori) trouvée chez de nombreux enfants des zones contaminées est considérée comme très préoccupante car elle serait le signe d'un état précancéreux. Les médecins craignent l'émergence d'une épidémie de cancer dans les années à venir.

 

Des problèmes cardio-vasculaires liés à l'incorporation de radionucléides

A l'institut médical de Gomel [3] on a observé chez les enfants un développement des pathologies du système cardio-vasculaire dès que, selon leur poids, ils incorporent une charge en césium 137 dépassant 20 Bq/kg. Pour une charge incorporée de 20 à 50 Bq/kg on note une altération de la fonction de contraction du muscle cardiaque, des troubles du rythme cardiaque, une modification de la tension artérielle. Il y a une relation directe entre l'incorporation des radionucléides et la modification des électrocardiogrammes.

Les mécanismes de régulation neuro-hormonaux sont atteints avec une surexcitation du système nerveux sympathique qui augmente avec la charge incorporée par les enfants examinés âgés de 10 à 12 ans. Quant à la tension artérielle, si elle est normale pour 64% des enfants ayant une charge de 50 Bq/kg, la proportion tombe à 43,7% pour ceux qui dépassent 150 Bq/kg.

Dans le rapport 1998 sur la radioprotection de la population [3] le Pr. Nestérenko en conclut qu'il faut absolument que les enfants aient une nourriture " propre " afin que leur dose efficace annuelle ne dépasse pas 0,3 millisievert  (30 millirem) qui est la limite annuelle actuellement en vigueur autour des sites nucléaires au Royaume-Uni, en Allemagne, aux États-Unis [4]. Il recommande l'utilisation de pectine pour aider à l'élimination du césium 137 et qui serait plus efficace que le bleu de prusse qui a été employé après l'accident de Goiânia (Brésil).

Dans ce rapport sont aussi décrits les problèmes de cataracte ou de turbidité du cristallin chez les enfants des zones contaminées, en particulier dans le district de Vietka, au nord-est de Gomel, de problèmes d'asthme et d'affections respiratoires, de malformations congénitales.

 

Atteintes du système immunitaire

Des modifications dans le système immunitaire des enfants qui résidaient dans les villages évacués en mai 1986 ont été enregistrées par le Pr. Titov [5] dès les premiers mois ayant suivi la catastrophe de Tchernobyl par des examens de sang périphérique et de salive à jeun. Ont été étudiés, pour plusieurs classes d'âge, les indicateurs du système immunitaire (B et T), l'état de la chaîne phagocytaire (neutrophiles) etc. Par rapport aux enfants témoins il a été observé une baisse initiale de la teneur en lymphocytes, dès le 45ème jour pour les lymphocytes B, avec remontée vers la normale ensuite. Le niveau le plus bas des lymphocytes T a été observé vers le 80ème-90ème jour et la remontée vers la normale est plus lente que pour les lymphocytes B. La variation des concentrations des différentes immunoglobulines (A, G, M), est très complexe et a été suivie en détail.

La modification des indicateurs dépend du district de résidence avant l'évacuation et la dose à la thyroïde des enfants semble jouer un rôle important. Lorsque la dose due à l'iode 131 augmente, la teneur en lymphocytes B a tendance à diminuer, celle des lymphocytes T a tendance à augmenter entraînant un déséquilibre des processus immunorégulateurs de l'organisme.

 

Morbidité des enfants

Un travail systématique de collecte de données concernant la santé des enfants a été entrepris en Biélorussie dès 1986 par A. Okeanov [6] (Centre des technologies médicales, Minsk) afin de créer une banque de données fiables. Ainsi 33 488 enfants sont répertoriés dans un registre spécial. Les enfants enregistrés correspondent à des évacués de la zone des 30 km (6,9%), à des enfants résidents de zones contaminées en césium 137 à plus de 15 Ci/km2 ou relogés hors de ces zones (81,4%), à des enfants nés de parents eux-même évacués ou résidents de zones contaminées ou relogés (11,7%). Ce registre comprend un nombre sensiblement égal de garçons et de filles. Des données de la contamination par l'iode 131 existent pour 21 976 enfants. Pour 2,61% d'entre eux le débit de dose à la thyroïde dépassait 1mR/heure.

 

 Morbidité pour 1000 enfants

 

Types de maladies

 

Enfants du registre (R)

 

Bélarus (B)

 

Rapport R/B

 

Néoplasmes

Dont : -cancers

-cancers thyroïde

 

4,08

1,84

0,82

 

1,75

0,35

0,05

 

2,3

5,3

16

 

Désordres endocriniens, du métabolisme, du système Immunitaire

 

133,78

 

33,66

 

4,0 

 

Maladies du sang et des tissus hématopoïétiques

 

56,46

 

12,00

 

4,7

 

Circulation du sang

 

39,58

 

12,92

 

3,1

 

Otolaryngologie

 

95,89

 

19,47

 

4,9

 

Organes digestifs

 

162,91

 

125,84

 

1,3

 

Maladies psychiques

 

27,64

 

24,49

 

1,1

Entre 1987 et 1992 la santé des enfants s'est dégradée, le taux d'enfants en bonne santé est passé de 61,3% en 1987 à 18,6% en 1992. Le tableau ci-dessus présenté par T. Imanaka [7} reprend les chiffres d'Okeanov qui comparait en 1992 la morbidité des enfants répertoriés dans le registre spécial (R) par rapport à celle observée pour les enfants de l'ensemble du Bélarus (B). Il montre clairement cette dégradation de la santé des enfants du registre comparés à ceux du Bélarus par le rapport R/B observé.

 

Les cancers de la thyroïde

Le nombre des cancers de la thyroïde diminue chez les enfants de Bélarus âgés de moins de 14 ans puisque, aujourd'hui, seuls ceux qui avaient moins de 1 an en 1986 font encore partie de la catégorie des enfants. Par contre on observe désormais une augmentation du nombre de cancers de la thyroïde chez les adolescents et les jeunes adultes avec les mêmes caractéristiques que précédemment pour les enfants : 70% des patients opérés viennent des régions de Gomel et Brest, celles qui ont été les plus touchées par les iodes radioactifs [8].

 

Ukraine

La détérioration du système immunitaire

Donnons l'exemple du district de Louguiny, situé à 110-150 km de la centrale de Tchernobyl, au nord de l'Ukraine (région administrative de Jitomir). Il y vivait environ 30 000 personnes avant Tchernobyl et désormais y résident 22 500 personnes, la diminution de population étant due au départ d'habitants de zones très contaminées et aussi à la baisse de la natalité [9]. Le niveau de contamination en Cs137 dans ce district est pour la plus grande part compris entre 5 et 15 Ci/km2 (18 815 habitants auraient droit au relogement volontaire " garanti " par la loi ukrainienne de 1991).

D'après les données de l'hôpital central de Louguiny la dépression de l'état immunitaire de la population se manifeste par une augmentation tant du nombre que de la durée des maladies infectieuses, par l'augmentation de formes agressives de tuberculose, par un accroissement du nombre de maladies et de personnes fréquemment malades, par l'augmentation de la virulence des agents infectieux et des allergies.

En ce qui concerne les cancers on observe une réduction drastique de la durée de survie des patients entre le moment du diagnostic (cancer au stade III-IV) et la mort, comme l'indique le tableau de l'évolution en fonction de l'année de dépistage, de ce temps en mois pour les cancers de l'estomac et du poumon, avant et après Tchernobyl (1986). En 1996 2 mois de survie après détection d'un cancer du poumon ou de l'estomac...

 

 Évolution de la durée de la survie
 (cancers du poumon et de l'estomac)

 

 

Durée de la survie (mois)

 

Année

 

estomac

 

Poumon

 

1984

1985

--

1992

1993

1994

1995

1996

 

62

57

--

15,5

11

7,5

7,2

2,3

 

38

42

--

8

5,6

7,6

5,2

2,0

 

Situation démographique

Après Tchernobyl, la situation démographique est alarmante en Ukraine, en Bélarus et dans les régions russes de Toula, Briansk entre autres.

Donnons quelques valeurs numériques sur la situation en Ukraine, extraites d'un rapport de D. Grodzinsky [10], (généticien connu pour ses travaux sur les effets des radiations sur les plantes).

Si l'on compare l'évolution du taux de naissance et du taux de mortalité pour 1000 habitants entre 1990 et 1995 on constate un déficit qui s'accentue d'année en année comme le montre le tableau suivant :

 

 Taux de naissance et de mortalité en Ukraine pour 1000 habitants

 

Année

 

Taux de naissance

 

Taux de mortalité

 

Déficit

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

 

12,7

12,1

11,4

10,7

10,0

9,6

 

12,1

12,9

13,4

14,2

14,7

15,4

 

0,6

-0,8

-2,0

-3,5

-4,7

-5,8

Le taux de mortalité infantile a considérablement augmenté entre 1990 et 1993 et plafonne depuis à une valeur élevée. Pour 1000 enfants nés vivants, la dynamique de mortalité infantile est la suivante (enfants de moins d'1 an) :

1990 : 12,84 °/00

1991 : 13,90 °/00

1992 : 13,98 °/00

1993 : 14,93 °/00

1994 : 14,54 °/00

1995 : 14,68 °/00

Les principales causes de mortalité infantile sont dues à l'existence d'un état pathologique durant la grossesse (33% des cas), à des malformations (29%), des maladies du système respiratoire (9,9%), à des maladies infectieuses et parasitaires (7,6%), à des malformations (29%).

Nota : En 1990 les données de l'INSERM indiquaient pour la France une mortalité infantile de 839,2 pour 100 000 bébés de sexe masculin et 623,8 pour les bébés de sexe féminin ce qui correspond en moyenne à un taux de 7,3 °/00. La mortalité infantile en Ukraine était donc 1,8 fois celle de la France en 1990 et double de celle de la France en 1995.

Une dégradation nette de la santé se dégage du rapport présenté par Grodzinsky avec une morbidité supérieure à celle de la population ukrainienne prise dans son ensemble pour les personnes considérées légalement comme des victimes de Tchernobyl : les liquidateurs, les évacués de 1986, les habitants de zones contaminées et les enfants de ces différentes catégories. La morbidité s'accentue au fil du temps comme le montre le tableau suivant relatif au pourcentage de personnes en bonne santé pour 3 groupes différents de victimes :

 

 Taux de personnes en bonne santé (en %)

 

 

Différents groupes de victimes

 

Année

 

Liquidateurs

 

Evacués de la zone des 30 km

 

Enfants nés de parents irradiés

 

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

 

82

73

66

58

43

34

25

19

 

59

48

38

29

25

20

16

18

 

86

78

72

82

53

45

38

26

 

Russie

Les régions administratives de Bryansk, Toula, Kalouga, Orel ont été contaminées avec des taches dépassant 15 Ci/km2 en Cs 137. Il y a beaucoup moins de renseignements provenant de sources indépendantes des organismes officiels que pour l'Ukraine et le Bélarus. Ceci a été une constante depuis 1986. Il est probable que la proximité des autorités politiques du pouvoir central et des responsables de la radioprotection a joué un rôle (comme D. Popov lorsqu'il disait que dans les régions contaminées par les radionucléides, des conditions favorables s'étaient créées d'elles-mêmes où les gens reçoivent gratuitement des cures de césium curatives, Gazette Nucléaire 109/110, juin 1991) bien qu'il y ait eu des problèmes soulevés par des vétérinaires et des médecins dès octobre 1989. Radiophobie ont rétorqué les responsables sanitaires.

 

Maladies du sang dans la région de Briansk

Sur la région administrative de Briansk, la plus touchée en Russie par les retombées radioactives et qui prolonge au-delà de la frontière la grande tache de contamination de la région administrative de Moguilev en Bélarus (on y trouve des endroits où le sol est contaminé en Pu) il existe des données concernant l'augmentation de leucémie lymphoïde aiguë et de l'ensemble des hémoblastoses [11] mais le registre des maladies du sang de la région de Briansk n'existe que depuis 1987.

Dans la ville de Briansk (485 000 habitants environ) on a observé 37 cas de leucémie lymphoïde aiguë entre 1986 et 1990 ce qui correspond annuellement à une fréquence de 1,59 ± 0,27 pour 100 000 personnes. Pour la période 1991-1993 elle est passée à 1,86 ± 0,36. (C'est dans la marge d'erreur)

Dans les 6 districts les plus contaminés (environ 250 000 habitants) la fréquence a diminué pour cette même période passant de 1,55 ± 0,34 à 1,33 ± 0,42 (c'est dans la marge d'erreur).

Par contre pour le reste de la région administrative (environ 730 000 habitants) la fréquence est passée de 1,14 ± 0,18 à 2,56 ± 0,34 ce qui est plus qu'un doublement, avec 56 cas observés en 3 ans. On ne connaît pas la fréquence antérieurement à Tchernobyl faute de registre. D'après le Pr. T. Imanaka [11] une analyse rétrospective indique une fréquence annuelle de 0,70 ± 0,11 entre 1979 et 1985 ce qui donnerait une fréquence multipliée par 3,6 pour les années 1991-1993. Sans être aussi spectaculaire que cette augmentation de leucémie on a aussi observé une augmentation des hémoblastoses, avec une fréquence 13,17 ± 0,60 (485 cas sur 5 ans) entre 1986 et 1990 qui passe à 19,23 ± 0,94 (421 cas sur 3 ans) entre 1991 et 1993.

L'augmentation des maladies du sang est donc nette dans cette région administrative de Briansk et est un bio-indicateur précoce des effets biologiques du rayonnement dont la totalité ne s'est pas encore " exprimée ".

 

Conséquences démographiques dans la région de Toula

Dans la région administrative de Toula (rappelons que Toula est à 180 km de Moscou) la dynamique démographique s'est inversée depuis Tchernobyl, avec des changements de signe de la pente de la natalité et de la mortalité en fonction du temps. Ainsi la mortalité qui était décroissante avant 1986 croît continûment depuis. Elle est passée de 12,5°/00 en 1986 à 20°/00 en 1994 et 1995. La natalité a continué à augmenter jusqu'en 1987 (14°/00) et s'est effondrée depuis pour s'abaisser à 10°/00 en 1989 et 7,5°/00 en 1994-1995 [12]. Il en est résulté un déficit démographique enregistré à partir de 1987-1988. Cette tendance a été reliée à un changement de la structure d'âge de la population car beaucoup de jeunes auraient quitté les zones contaminées avec pour résultat un vieillissement de la population restante.

Cette région est très industrialisée et cumule donc polluants chimiques et contamination radioactive. Les statistiques indiquent que globalement la morbidité des enfants a doublé entre 1985 et 1996. On note une grande disparité entre districts. Dans le district d'Ouzlovaïa la morbidité des enfants par anémie est passée de 5°/00 en 1985 à 18°/00 en 1994 et est restée à cette valeur en 1995 et 1996. Le nombre de malformations congénitales a été multiplié par 5 entre 1988 et 1996 (dans ce district résident plus de 84 000 habitants sur des sols contaminés entre 5 et 15 Ci/km2 et plus de 18 000 entre 1 et 5 Ci/km2. Le nombre d'enfants n'est pas précisé).

 

Conclusion

Étant donné le grand nombre d'habitants en Russie (145 millions d'habitants dans l'ancienne RSFSR), la dose collective russe représente une composante essentielle de la dose collective globale de l'ex-URSS pour estimer l'impact sanitaire à long terme de la catastrophe de Tchernobyl. Non seulement directement par la contamination de territoires sur lesquels ont vécu ou vivent les habitants mais aussi indirectement par la nourriture contaminée en provenance des républiques les plus touchées par Tchernobyl. Souvenons-nous que des milliers de tonnes de viande contaminée sont sortis de Biélorussie, que toute la production de thé (géorgien ou autre) contaminé jusqu'à des teneurs en Cs 137 de 185 000 Bq/kg a été complètement " dispatchée " dans toute l'URSS. Il en a été de même de la quasi-totalité de la production agricole contaminée. Le lait contaminé a été consommé en dehors des territoires très touchés par la pollution radioactive, après transformation en beurre lorsqu'il n'a pas été bu directement. Cette " démocratisation" des doses d'irradiation est désormais complètement négligée alors qu'elle faisait encore partie des préoccupations des experts il y a quelques années. Par exemple, lors du colloque tenu au Luxembourg en octobre 1990, sur l'Évaluation de l'impact des rejets de radionucléides lors des accidents nucléaires majeurs de Kychtym, Windscale, Tchernobyl, le Pr. A. Aarkrog (Danemark) alors qu'il présidait une séance avait fait remarquer que le bilan global serait aussi lourd si la production de nourriture contaminée était disséminée dans les populations au lieu d'être consommée sur place.

Bella Belbéoch,
La Gazette Nucléaire n°173/174, mai 1999.

 

Références:

[1] A. N. Arichin et al, (Institut de recherches en médecine radiologique, Minsk), The role of peripheral blood circulation in the pathogenesis of chronic gastritis in children affected by combined radiation-chemical influence, Actes du symposium Belarus-Japon, Minsk, 3-5 oct. 1994 Acute and Late Consequences of Nuclear Catastrophes : Hiroshima-Nagasaki and Chernobyl. Ce symposium était organisé conjointement par l'académie des sciences de Belarus et les scientifiques japonais du Centre d'information des citoyens sur le nucléaire (Citizens' Nuclear Information Center qui édite Nuke-info)

[2] Tribunal Permanent des Peuples, Vienne 12-15 avril 1996 : Tchernobyl, Conséquences sur l'environnement, la santé et les droits de la personne (Éd. Ecodif, 107 av. Parmentier, 75011 Paris), Témoignage de Nika Gres, co-auteur de la référence 1.

[3] Pr. Yu Bandazhevsky, A. I. Kienya et al (1997) Structural-functional effects of radionuclides incorporated in the organism. Cité dans le rapport Radioprotection de la population publié par le Pr. Nestérenko, Institut de sûreté des radiations " Belrad ", (Pravo i economica, Minsk, 1998) qui résume les recherches effectuées sur les conséquences de l'accident de Tchernobyl en Bélarus. Il indique aussi les résultats des mesures de contrôle radiologique de la nourriture et du suivi de la population et donne des recommandations pour tenter d'améliorer la situation.

[4] Aux USA selon l'EPA, agence de protection de l'environnement, ce serait 0,25 mSv.

[5] Pr Leonid Titov, Dr du Département d'immunologie et bactériologie de l'Institut de médecine de Minsk. Conférence donnée le 13/5/1994 au Centre Oscar Lambret, Lille (données communiquées au GSIEN par le Dr. Marie-Hélène Montaigne, association Avicenne, Ronchain, France). Témoignage du Pr.Titov au Tribunal permanent des peuples, Vienne 12-15 avril 1996.

[6] Okeanov et al, Actes du symposium Belarus-Japon, 1994, ibid. p. 345-350

[7] T. Imanaka, KURRI-KR-21, Research Reactor Institute, Kyoto University, March 1998. Research Activities about the Radiological Consequences of the Chernobyl NPS Accident and Social Activities to Assist the Sufferers by the Accident. Collection of interesting data published in various documents, p. 276.

Le Pr. T. Imanaka de l'Université de Kyoto coordonne les recherches, dans le cadre d'une collaboration internationale, sur les conséquences radiologiques de l'accident du réacteur de Tchernobyl et sur les actions sociales d'assistance aux victimes de l'accident. Ces recherches sont effectuées grâce à une bourse de la Fondation Toyota.

Le rapport publié en mars 1998 comprend 32 articles de chercheurs japonais, bélarusses, ukrainiens, russes. C'est un ensemble de données scientifiques et d'analyses juridiques, politiques.

Pr. Tetsuji IMANAKA ; Research Reactor Institute, Kyoto University ; Kumatori-cho, Sennan-gun, Osaka 590-0494, Japan ; imanaka@rri.kyoto-u.ac.jp

[8] Akira Sugenoya, Yuri Demidchik, Evgeny P. Demidchik, Present Status of Childhood Thyroid Carcinoma in Belarus following the Chernobyl Accident, KURRI-KR-21, p. 165

[9] Ivan Godlevsky, Oleg Nasvit, Dynamics of Health Status of Residents in the Lugyny District after the Accident at the ChNPS, KURRI-KR-21, Ibid. p. 149.

[10] Dmytro Grodzinsky, General Situation of the Radiological Consequences of the Chernobyl Accident in Ukraine, KURRI-KR-21, ibid.

[11] T. Imanaka, Ibid. p. 275

[12] J. Socorro Delgado Andia Radiation Situation and Health Statistics of the People in the Tula Region of Russia after the Chernobyl Catastrophe, KURRI-KR-21, p. 157