Note du Réseau "Sortir du nucléaire" : commentaires dithyrambiques, affirmations unilatérales sans contradiction, mise en cause des antinucléaires ("comportement criminel") sans réponse possible... le midi libre a été racheté, de toute évidence, par l'industrie nucléaire. Navrant. Une "brosse à reluire" d'or au dénommé philippe dagneaux, un supposé "journaliste"...

 
Midi Libre, 26 Mai 2006:

Iter, un démonstrateur sur la route des étoiles

Cette fois, c'est fait : mercredi soir, les représentants de sept entités étatiques (Union européenne, Chine, Etats-Unis, Fédération russe, Japon, Inde, Corée du Sud) ont officiellement signé l'acte de naissance d'Iter (1), le réacteur thermonucléaire international expérimental, qui sera construit dans le centre CEA de Cadarache (Bouches-du-Rhône).
Le coût de la construction est estimé à 4,5 milliards d'euros, avec des frais d'exploitation du même ordre de grandeur sur 40 ans. Ces dernières années, une âpre bataille avait opposé notamment l'Europe (donc la France) et le Japon sur l'implantation du site. Cadarache a donc gagné face à Rokkasho-Mura, mais au prix de concessions comme la nomination du directeur général du projet, Kaname Ikeda.
Dans un réacteur classique, qui consomme de l'uranium et du plutonium (MOX), c'est la fission (ou cassage) des noyaux d'uranium par des neutrons qui entraîne la fourniture d'énergie. Dans un réacteur comme Iter, au contraire, c'est la fusion de noyaux d'un hydrogène spécial (deutérium, tritium) qui libère des quantités colossales d'énergie. C'est cella qui fait briller les étoiles durant des milliards d'années.
La sûreté active des premiers est assurée par la montée ou la descente de barres absorbantes de neutrons. Dans le second, un anneau (tore) est chauffé à 150 millions de degrés. Mais il suffit de couper l'électricité pour que la réaction s'arrête.
Certes, le procédé produit de grandes quantités de neutrons rapides très dangereux. Mais une équipe internationale de l'université de San Diego semble avoir résolu le problème de leur confinement. «L'internationalisation de l'atome, non la mondialisation, débouche sur la richesse du croisement des cultures et des idée», explique ainsi Bernard Bigot.

(1) International Thermonuclear Experimental Reactor

Philippe Dagneaux
 

 
Midi Libre, 26 Mai 2006

Bernard Bigot (CEA) pour un « nucléaire durable»

Propos recueillis par Philippe Dagneaux

Haut-commissaire à l'énergie atomique depuis trois ans, donc «grand patron» du nucléaire en France, Bernard Bigot a fondé dans son passé de Normalien et sa pratique des responsabilités au plus haut niveau sa passion pour une mission à ses yeux primordiale : assurer l'indépendance énergétique de la France, ainsi que sa sécurité militaire, dans les prochains siècles. Rien de moins. Sources d'énergies actuelles et futures, écologistes, réacteurs de la fin du XXIesiècle, problèmes actuels du pétrole, sûreté nucléaire, déchets, Iran : Bernard Bigot n'a évité ni éludé aucune question, au cours de cet entretien qu'il nous a accordé en excluvisité.

La flambée du prix du pétrole est une véritable aubaine pour l'industrie nucléaire. Quels enseignements en tirez-vous?
L'énergie constitue une priorité absolue dans notre monde. Si les combustibles fossiles (pétrole, gaz) constituent 85% des ressources actuellement utilisées, il est indéniable que la hausse de leur coût et leur impact sur l'environnement entraînent une véritable renaissance du nucléaire, et pas seulement dans notre pays.

George W. Bush relance la construction de centrales nucléaires aux Etats-Unis. Qu'en pensez-vous?
L'idée est de déboucher sur un nucléaire durable. Les études montrent qu'en 2030, il pourrait y avoir plus de 3000 réacteurs nucléaires en activité dans le monde. Les Américains, longtemps rétifs à la séparation des produits fissiles, reviennent sur une politique établie après l'accident de la centrale de Three Miles Island, en 1979.

Le nucléaire constitue-t-il une voie inéluctable?
Dans sa conquête de l'énergie, l'homme s'est rapproché peu à peu de celle qui régit l'Univers. Il a d'abord utilisé le feu -le bois, les énergies fossiles-, puis la fission nucléaire dans les centrales actuelles -un phénomène qui n'existe pas dans la nature-, enfin la fusion -l'énergie des étoiles. Nous avons utilisé des sources d'énergie disponibles de quelques heures à quelques décennies, avant de disposer d'une source dont la durée d'utilisation se chiffrera en millénaires.

Quel est le parcours prévu dans cette perspective?
Le premier exemplaire de l'EPR (1), réacteur de troisième génération, est en construction en Finlande. Electricité de France vient de décider d'en construire un sur le site normand de Flamanville. Il faudra passer par une quatrième génération, à l'horizon 2020-2050, avant de mettre en service les réacteurs à fusion, d'ici à la fin de ce siècle.

Le public vous suivra-t-il?
La mise à disposition d'une énergie électrique sûre, abondante, disponible, relativement bon marché, passe en effet par le stade de l'acceptabilité sociale. Une notion devenue un élément conditionnant dans de tels projets, en raison notamment des exigences de sûreté nucléaire, de gestion des déchets...

Le centre de Marcoule va participer au développement de la quatrième génération de réacteurs. Qu'auront-ils de révolutionnaire?
Nous allons d'abord bénéficier d'un retour d'expérience de plus de 30 ans, pour se diriger vers un nombre quasi-inexistant d'accidents ou d'icidents, ou avec un impact pratiquement nul sur l'environnement et l'homme. Des concepts de rupture sont à l'étude pour étendre la sûreté, pour que ces réacteurs consomment une part très importante des déchets radioactifs à vie très longue, les actinides. Ces réacteurs vont permettre une meilleure utilisation des 250000 tonnes d'uranium appauvri que la France stocke, pour assurer des millénaires d'indépendance énergétique.

Outre les accidents type Tchernobyl, les Français sont suspicieux en raison des ramifications militaires du nucléaire. Qu'en est-il actuellement?
Il faut élargir les possibilités de transparence, avec bien entendu des limitations en ce qui concerne la sûreté des sites. La diffusion de documents sur la protection de l'EPR, par exemple, relève quasiment du comportement criminel.

Les écologistes restent-ils des opposants absolus ou deviendront-ils un jour des partenaires?
Il en est une partie pour lesquels le nucléaire est totalement inenvisageable : c'est une doctrine. D'autres commencent à réfléchir, face aux problèmes environnementaux et aux tensions géopolitiques. Il n'existe pas le diable d'un côté et le bon Dieu de l'autre: il y a d'abord un choix de société.

Le choix semble fait en Iran. La République islamique cherche-t-elle la bombe?
Il n'y a pas d'illusion à avoir, ils en prennent le chemin. Ils n'ont aucune autre justification à leurs activités de séparation. L'Iran est déterminée à construire cette arme, mais il faut du temps, c'est difficile.

Laissons de côté le chercheur et le responsable national. Que pense l'homme?
Si l'on ne croit pas en l'homme, rien ne sera fait et seul le soleil noir nous attendra. Si l'on y croit, il faut alors impliquer tous les acteurs, quels qu'ils soient, dans une responsabilité collective au coeur d'un choix de société. Avancer sur la crête d'une montagne, entre des réalisations fabuleuses et des choses monstrueuses, tel est le destin des hommes.
 

 

Midi Libre - 26 Mai 2006

Marcoule, base chimique

Préparer les réacteurs nucléaires de quatrième génération implique un énorme effort, international, de recherche fondamentale. Par son savoir-faire, sa culture et sa vocation, le centre CEA de Marcoule (Gard) s'inscrit naturellement dans de telles recherches.
Le CEA, le CNRS, l'Ecole nationale supérieure de chimie de Montpellier et l'Université de Montpellier II ont créé, en collaboration, un Institut de chimie séparative qui sera implanté sur le site entre septembre 2007 et mars 2008.
Une centaine de chercheurs, dont la moitié à temps plein et l'autre composée de thésards et post-doctorants, disposera de 3 500 m2 de locaux, dont dix laboratoires, une bibliothèque, un amphithéâtre... Bref, un environnement complet pour étudier sept thématiques principales.
Tous ces travaux porteront en effet sur cette branche de la physique et de la chimie, qui étudie les interactions chimiques entre matériaux radioactifs, d'abord entre eux puis avec leur environnement. Des recherches porteront sur des nanomatériaux auto-réparants ou le tri des éléments par des systèmes moléculaires. Une chimie très fine, très innovante, pour relever les défis de l'industrie nucléaire du milieu de ce siècle.
Enfin, ces recherches seront combinées l'Institut des transuraniens de Karlsruhe, l'Institut Max-Planck de Potsdam, l'Institut de physico- chimie de Moscou et l'ANSTO de Sydney. Vous avez dit international ?