Réseau "Sortir du nucléaire"
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COMMUNIQUE DE PRESSE du 25 octobre 2000

SCANDALES A LA CENTRALE NUCLEAIRE DE ST-LAURENT-DES-EAUX

Deux événements, qualifiés pudiquement à l'époque d'incidents par EDF, alors qu'il s'agissait bien de véritables accidents nucléaires se sont produits à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) en 1969 et en 1980.

Les faits sont accablants : des rejets radioactifs d'émetteurs alpha (entre autres) c'est à dire les radioéléments les plus toxiques ont eu lieu de 1969 à 1985 Pour la seule année 1980, les rejets cumulés ont représenté plus d'un milliard de becquerels (GBq alpha) qui ont été rejetés directement dans la Loire. On peut en évaluer les proportions à 60 % de plutonium 239 (dont la demi-durée de vie est de 24 400 an) et 40 % d'américium. Ce chiffre est à comparer à la limite annuelle d'incorporation pour le public de 10 becquerels. Lorsque l'on sait qu'il suffit d'ingérer ou de respirer quelques micro-grammes de plutonium pourprovoquer un cancer, il y a de quoi être inquiet. Pourtant, à l'époque, EDF a passé sous silence toutes ces possibles conséquences pour la population.

La situation reste aujourd'hui très préoccupante. Deux silos de stockage, situés sur le périmètre de la centrale, contenant des déchets radioactifs ne répondent plus aux critères actuels de sûreté. Près de 2000 tonnes de graphite irradié, provenant de l'exploitation de deux anciens réacteurs nucléaires (de la filière uranium naturel - graphite gaz) ont été jetés en vrac dans ces silos. L'activité globale, de l'ordre du pétabecquerel soit un million de milliards de bécquerels, n'est pas signalée dans l'inventaire de l'ANDRA (Agence Nationale de gestion des Déchets Radioactifs). Les directions successives de la centrale annoncent la "vidange" de ces déchets depuis une quinzaine d'années sans que les promesses n'aient été tenues à ce jour.

EDF a indiqué récemment qu'une enceinte d'étanchéité allait être construite autour des silos afin de prolonger l'entreposage, sans jamais préciser quand commenceraient les travaux. Après 15 ans d'incurie, EDF préfère laisser ces déchets en l'état plutôt que de les mettre dans des conteneurs réglementaires. Datant de mai 1993, le dernier rapport de sûreté de ces silos d'entreposage de déchets nucléaires n'a pas été révisé au bout des cinq ans réglementaires. Ce rapport décrit toujours une installation exploitée par des agents d'un service qui n'existe plus depuis des années. La dernière manoeuvre datant de novembre 1994, il n'y a jamais eu de mise à l'arrêt définitif, comme si ces silos étaient toujours en exploitation. De plus, il n'y a jamais eu d'études sur le démantèlement des deux vieux réacteurs arretés en 1990 et 1992. Ils n'ont pas été construits en pensant au démontage. Aujourd'hui, il n'existe aucune solution d'évacuation pour le graphite radioactif, fortement contaminé en émetteurs alpha.

Bon courage à nos petits enfants qui s'occuperont du démantèlement, un jour peut être ...

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Contacts presse :
Michel BRUN (agent EDF, syndicaliste CGT à le centrale de Saint-Laurent-des-Eaux),
tél. : 02 54 44 81 41
Philippe BROUSSE (Réseau "Sortir du nucléaire"), tél. : 04 78 28 29 22
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Sur demande : photos en JPG de la centrale nucléaire de St-Laurent-des-Eaux et des deux silos contenant les déchets radioactifs.



Infonucléaire: EDF a menti pendant des années en déclarant comme impossible la fusion partielle ou totale du coeur d'une de ses centrales.

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Liste chronologique des accidents et incidents graves survenus sur un réacteur

17 octobre 1969 - Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher, France). Fusion de 50 kg d'uranium lors d'une opération de chargement du réacteur graphite-gaz Saint-Laurent 1 (480 MWé). La contamination serait restée limitée au site. Plus d'un an de réparations.

10 février 1980 - Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher, France). Surchauffe du combustible et fusion totale de deux éléments (soit 20 kg d'uranium irradié) lors d'une montée en puissance trop rapide du réacteur graphite-gaz Saint-Laurent 2 (515 MWé). Contamination importante dans la zone d'intervention pour réparation (10 rem/h au contact). Selon le SCPRI, l'irradiation des habitants du voisinage reste en dessous du maximum admissible. Plus d'un an de réparations.