MORONVILLIERS , 28 sept - La première grande installation du programme français de simulation des essais nucléaires a été inaugurée jeudi à Moronvilliers (Marne), où se déroulèrent des combats meurtriers lors de l'offensive alliée de 1917 en Champagne.
Cette installation, dénommée AIRIX (Accélérateur à induction de radiographie pour l'imagerie X), permettra d'observer le processus interne d'explosion de l'amorce, phase initiale de fonctionnement d'une arme nucléaire avant le début des réactions de fission.
En inaugurant AIRIX, "le plus puissant générateur de rayons X jamais construit", le ministre de la Défense Alain Richard a souligné que la France se dotait ainsi de moyens "à la mesure de l'enjeu de ce projet qui doit garantir" le futur de "notre dissuasion nucléaire qui reste au coeur de notre outil de défense".
La simulation, menée par la Direction des applications militaires (DAM) du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), doit en effet permettre de garantir la sûreté et la fiabilité des armes, embarquées dans les dix prochaines années sur les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins et les avions Rafale de la force de dissuasion.
Elle consiste à reproduire, par expériences ou par calculs, les mécanismes de fonctionnement de l'arme nucléaire, testée en grandeur réelle lors des 210 essais nucléaires, d'abord au Sahara puis en Polynésie, de 1960 à 1996.
L'un des points clés de la simulation passe par l'amélioration des moyens d'expérimentations "froides", c'est-à-dire sans matière nucléaire.
Un programme ambitieux
C'est le rôle dévolu à AIRIX, un appareil de radiographie éclair géant, installé dans un bâtiment bétonné de 74 mètres de long, pour radiographier avec un flash de rayons X d'une durée de quelques milliardièmes de secondes, l'explosion de matériaux lourds non nucléaires.
AIRIX fournit alors une puissance équivalente à cent mille appareils de radiographie médicale. Il a été développé, en coopération avec le laboratoire américain de Los Alamos qui possède un système analogue.
Après l'arrêt des essais, à l'issue de l'ultime essai du 27 février à Fangataufa (Polynésie), la France, a rappelé M. Richard, a signé en 1996 le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, démantelé l'ensemble de ses installations dans le Pacifique et abandonné définitivement la production de plutonium et d'uranium pour ses armes nucléaires.
Elle s'est alors lancée dans un ambitieux programme de simulation qui s'appuie sur trois systèmes, dont AIRIX mis en service avant la fin de l'année.
Le deuxième, un ensemble de logiciels de calculs extrêmement puissant (mille milliards d'opérations par seconde), reproduira par calculs les mécanismes de fonctionnement d'une charge nucléaire. Acheté à la société américaine Compaq et en cours d'installation à Bruyères-le-Châtel (Essonne), il sera opérationnel en 2001, devenant le centre de calculs le plus puissant d'Europe.
Le troisième, le Laser Mégajoule (LMJ), étudiera, à partir de 2008, les mécanismes physiques de la fission thermonucléaire en reproduisant ses conditions de température et de densité avec 240 faisceaux laser convergeant pour frapper un mélange de deutérium et de tritium, deux atomes de la famille de l'hydrogène. Un prototype, actuellement en construction au Barp, près de Bordeaux (Gironde), fonctionnera dès 2001.
Le coût global du programme de simulation s'élève à 15 milliards de francs (10 mds pour les investissements matériels, 5 mds pour le développement). Un millier de personnes de la DAM du CEA y travaillent.
------> Les essais nucléaires ne sont plus nécessaire
------> Arrêtons le laser Mégajoule !
------> Le CEA : sa raison d'être, la bombe son alibi, la recherche