TOKYO, 11 oct - La police japonaise a arrêté mercredi six dirigeants de la société de production de combustibles nucléaires JCO, soupçonnés de négligences dans le cadre de l'enquête sur le plus grave accident de l'industrie nucléaire nippone, à Tokaimura en septembre 1999, a-t-on appris auprès de la société.
C'est la première fois que des personnes sont arrêtées au Japon en relation avec un accident dans un établissement nucléaire.
Parmi les personnes qui étaient interrogées par la police, figure Kenzo Koshijima, 54 ans, l'ex-patron de l'usine de Tokaimura, à 120 km au nord de Tokyo. Les autres sont des anciens ou des actuels employés de la société privée JCO, filiale du groupe Sumitomo Metal Mining, a-t-on indiqué de source policière.
Le 30 septembre 1999, trois employés de JCO avaient provoqué involontairement un accident de criticité (réaction nucléaire incontrôlée) en utilisant une quantité d'uranium beaucoup plus importante que prévu au cours du processus de fabrication de combustible nucléaire.
Deux des trois techniciens, âgés de 35 et 40 ans, sont morts trois et six mois plus tard, très gravement irradiés, tandis qu'un total de 439 personnes, dont plus de 200 riverains, ont été exposées à des doses supérieures aux normes.
Le troisième employé, Yutaka Yokokawa, 55 ans, qui avait été hospitalisé plusieurs mois après l'accident et a récemment repris son travail, a également été arrêté mercredi, a précisé la police.
L'accident a été considéré comme "le plus important depuis celui de Tchernobyl" (1986) par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), qui l'a classé au niveau 4 sur l'échelle de gravité, qui en compte 7.
Après enquête, les autorités avaient conclu à l'erreur humaine commise par les employés et mis en cause le non-respect systématique des consignes de sécurité par JCO, désireuse de gagner du temps et de réduire les frais de fonctionnement.
La société, qui a de nouveau présenté ses excuses mercredi, a perdu en mars sa licence d'exploitation et a dû payer plus de 14 milliards de yens (150 millions d'euros) pour indemniser les riverains et couvrir les coûts relatifs à l'accident.
Le gouvernement a durci, en décembre 1999, sa législation afin d'éviter un nouvel accident de ce type et de renforcer ses capacités à y répondre.
TOKAIMURA (Japon), 30 sept - Des habitants de la ville japonaise de Tokaimura ont célébré symboliquement samedi le premier anniversaire du plus grave accident radioactif depuis Tchernobyl en manifestant en tenue de deuil pour demander l'arrêt de la politique pro-nucléaire de Tokyo.
Quelque 500 personnes, dont plusieurs dizaines habillées de noir, ont commémoré, avec une minute de silence à 10H35 (01H35 GMT), l'heure de la catastrophe, a constaté une journaliste de l'AFP.
A cette heure-là, le 30 septembre 1999, trois employés de la société privée JCO avaient provoqué un accident de criticité (réaction nucléaire incontrôlée) en maniant, en faisant fi des précautions élémentaires, de l'uranium au cours du processus de fabrication de combustible nucléaire.
Deux de ces techniciens, âgés de 35 et 40 ans, sont morts trois et six mois plus tard, très gravement irradiés, tandis qu'un total de 439 personnes a été exposé à des doses radioactives supérieures aux normes, selon les autorités.
Cet accident avait provoqué un énorme choc sur l'archipel, 54 ans après les deux bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, avec les images de maisons évacuées et de pompiers en spectaculaires combinaisons anti-radiations. 320.000 personnes avaient été confinées chez elles pendant près de 24 heures.
L'accident a été considéré comme "le plus important depuis celui de Tchernobyl" (1986) par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), qui l'a classé au niveau 4 sur l'échelle de gravité, qui en compte 7.
Un an après, Keiko Oizumi, une femme de 61 ans qui vivait à seulement 100 mètres du site explique avoir ressenti pendant plusieurs mois les effets des radiations. Après trois semaines à l'hôpital, "j'étais encore très faible", témoigne-t-elle. "Je me sentais continuellement fatiguée et ce n'est que sept mois plus tard qu'un docteur m'a expliqué qu'il s'agissait des symptômes typiques d'une exposion radioactive", selon elle.
Pour le docteur Saburo Murata, spécialisé dans le traitement des radiations, présent à la cérémonie, "il est faux d'affirmer, comme le fait le gouvernement, que l'accident n'a pas eu de répercution sur la santé des habitants".
"J'aurais dû réfléchir à deux fois avant de m'installer ici", a témoigné une autre manifestante, Tomoko Sudo, 49 ans. "J'ai réalisé que je vivais dans un endroit risqué".
Tokaïmura, située à 120 km au nord de Tokyo, est "la capitale du nucléaire japonais" puisqu'elle accueille treize sites spécialisés, dont des réacteurs de recherche, une usine pilote de traitement ainsi que des laboratoires.
Plus de cent personnes se sont également réunies samedi devant l'Agence (ministère) des Sciences et Technologies à Tokyo en appelant à "la vérité sur la catastrophe". Dans une lettre adressée au ministre, 52 associations ont dénoncé "le manque d'explications" données par les pouvoirs publics après l'accident.
Après enquête, les autorités avaient conclu à l'erreur humaine commise par les trois employés et mis en cause le non-respect des consignes de sécurité par la société JCO, qui a depuis perdu sa licence d'exploitation et dont les dirigeants font l'objet de poursuites judiciaires.
Parallèlement, le gouvernement a durci, en décembre 1999, sa législation afin d'éviter un nouvel accident de ce type et de renforcer ses capacités d'y répondre.
Un exercice limité, avec 200 personnes, a été organisé samedi à Tokaimura, où était simulée une fuite radioactive dans une installation nucléaire. Un test grandeur-nature sera organisé en octobre avec l'implication du Premier ministre.
TOKYO, 28 sept - L'accident du 30 septembre 1999 a coûté cher à la société privée propriétaire de l'usine de Tokaïmura, qui a perdu sa licence d'exploitant nucléaire, a dû payer d'importantes compensations et risque des sanctions judiciaires.
Le retrait de la licence de la société JCO (Japan Nuclear Fuels Conversion Company), la sanction administrative la plus importante, a été décidé le 28 mars par le gouvernement japonais, qui a estimé ne pas avoir eu le choix. "L'accident est arrivé parce que JCO a suivi des procédures illégales", a-t-il expliqué.
Depuis lors, la totalité de l'usine, qui produisait plus d'un tiers du combustible nucléaire de l'archipel, ne fonctionne plus. Le petit atelier dans lequel s'est produit l'accident a été totalement nettoyé.
JCO, filiale du groupe Sumitomo Metal Mining, a estimé à 14,5 milliards de yens (150 millions d'euros) la perte exceptionnelle liée aux coûts relatifs à l'accident. Elle a notamment indemnisé plus de 6.000 riverains, en particulier de nombreux maraîchers, dont les légumes n'ont plus trouvé preneurs.
A moyen terme, l'impact de l'accident menace aussi le développement de Tokaïmura comme "capitale du nucléaire" au Japon. La ville de 34.000 habitants, située à 120 km au nord de Tokyo, accueille treize sites, dont des réacteurs de recherche, une usine pilote de traitement ainsi que des laboratoires.
Or, "les relations entre les habitants et la communauté nucléaire se sont tendues depuis l'accident. Il sera difficile de faire accepter de nouvelles activités", explique Shojiro Matsuura, président de la Commission de sûreté nucléaire.
Selon un sondage publié mercredi par l'agence Kyodo, 60% des habitants de Tokaïmura craignent un nouvel accident, tout en reconnaissant que le nucléaire les fait vivre.
TOKYO, 28 sept - Un an après l'accident nucléaire de Tokaïmura, le plus grave depuis celui de Tchernobyl, le Japon n'a pas changé le cap de sa politique énergétique en dépit de la méfiance accrue de sa population vis-à-vis de l'atome.
Le 30 septembre 1999, l'industrie nucléaire japonaise a vacillé à cause d'une erreur humaine considérée comme inimaginable.
A 10h35 (01H35 GMT) ce jour-là, deux employés de la société privée JCO provoquent involontairement un accident de criticité (réaction nucléaire incontrôlée) en utilisant une quantité d'uranium beaucoup plus importante que prévu au cours du processus de fabrication de combustible nucléaire.
Les deux techniciens, âgés de 35 et 40 ans, sont morts trois et six mois plus tard, le premier ayant reçu une dose de radiation estimée à 17.000 fois l'exposition moyenne annuelle. Au total, 439 personnes, dont 209 habitants, ont été exposées à des doses supérieures aux normes, mais à des niveaux insuffisants pour mettre en danger leur santé, selon les autorités.
L'accident a été qualifié "de plus important depuis celui de Tchernobyl" (1986) par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), qui l'a classé au niveau 4 sur l'échelle de gravité, cette dernière en comptant 7.
"Le 30 septembre 1999 est une date charnière pour le nucléaire japonais", a affirmé cette semaine Shojiro Matsuura, le président de la Commission de sûreté nucléaire. Car la catastrophe a mis en pleine lumière les lacunes criantes du nucléaire civil japonais.
Pour remédier au "manque de culture de sûreté", selon M. Matsuura, le Japon a révisé sa législation en décembre 1999 dans deux directions : un contrôle renforcé de toutes les installations liées au nucléaire et une amélioration de la gestion des situations de crise.
Il s'agit ainsi d'éviter la confusion créée à Tokaïmura, le gouvernement ayant minimisé l'accident avant de former une cellule de crise dix heures plus tard et de prendre des mesures spectaculaires, dont l'utilité a été mise en doute par les experts : évacuation des environs proches et confinement de 320.000 habitants chez eux.
Le nouveau dispositif sera testé samedi à Tokaïmura avec un exercice grandeur nature fondé sur une fuite radioactive sur l'un des treize sites nucléaires de la ville. Un exercice plus ambitieux, avec l'implication du Premier ministre, sera mené en octobre.
L'objectif des pouvoirs publics est de "restaurer la confiance de la population dans le nucléaire", a souligné M. Matsuura. Car le Japon n'a pas, comme l'Allemagne récemment, l'intention d'abandonner cette industrie qui lui fournit 36% de son électricité. "Le cap reste inchangé et le nucléaire va rester un pilier de notre politique", a précisé jeudi Toshiyuki Oshima, un porte-parole de l'Agence (ministère) des Sciences et Technologies.
Tokyo a cependant revu à la baisse ses ambitions en réduisant à treize le nombre de réacteurs qui devraient entrer en service d'ici 2011, contre vingt auparavant.
Le gouvernement est prudent car Tokaïmura a fortement réduit sa marge de manoeuvre face à l'opinion, devenue majoritairement méfiante vis-à-vis du nucléaire, selon les sondages, et qui pourrait ne pas accepter un nouveau dérapage.
"Un accident pire que Tokaïmura ne serait pas une surprise", prévient le professeur Jinzaburo Takagi, un expert du Centre d'Information des Citoyens sur le nucléaire. Comme tous les opposants au nucléaire, il regrette que le Japon n'ait pas profité de Tokaïmura pour engager "un véritable débat sur le bien-fondé de cette énergie".
------> Tokaï-Mura 1999