Une centrale nucléaire britannique évacuée après un incendie

DUNGENESS (Angleterre), 19 mai - Une centrale nucléaire a été évacuée samedi à Dungeness (Kent, sud-est de l'Angleterre) après qu'un incendie eut éclaté près de l'un de ses réacteurs, a-t-on appris auprès des pompiers.

"Plusieurs centaines de personnes ont été évacuées, mais les pompiers ont éteint le feu en moins d'une heure", a déclaré une porte-parole des pompiers du Kent.

"Personne n'a été blessé", a-t-elle poursuivi. "Le réacteur et la turbine vont faire l'objet d'une inspection avant d'être remis en fonctionnement".

"La décision d'éteindre le réacteur a été prise comme mesure de précaution et les pompiers ont été appelés à 10H25 (09H25 GMT)", a-t-elle précisé.

"Nous allons examiner les dégâts provoqués à l'alternateur de la turbine au cours de la journée", a déclaré de son côté dans un communiqué British Nuclear Fuels.




Le risque incendie insuffisamment pris en compte dans les centrales nucléaires

PARIS, 5 sept - Le risque d'incendie, qui reste minime mais dont les conséquences pourraient être catastrophiques, est insuffisamment pris en compte dans les centrales et autres installations nucléaires françaises, selon les experts de l'Autorité de sûreté.

"On constate en moyenne un départ de feu tous les deux ans sur chaque installation, c'est donc un phénomène fréquent même si chaque départ de feu ne se traduit pas nécessairement par un incendie", a résumé Olivier Gupta, au cours d'une conférence de presse mardi de l'Autorité de sûreté.

Le "gendarme du nucléaire" consacre un dossier complet à ce sujet dans le numéro de septembre de sa revue "Contrôle".

Le risque incendie est plutôt moins important que dans d'autres secteurs de l'industrie, mais les conséquences peuvent être redoutables: dissémination de matières radioactives dans l'environnement, ou atteinte à la sûreté même de l'installation et fusion du réacteur, l'accident le plus grave qui puisse se produire dans une centrale nucléaire.

A l'origine de ces départs de feu constatés dans les installations nucléaires (centrales, usines de retraitement, installations de stockage ou de recherche), le plus souvent la présence de produits inflammables, des travaux effectués dans l'installation (soudure notamment) ou des courts-circuits électriques. Plus d'un départ de feu sur deux provient de matériels électriques (tableau électrique, transformateur...), selon les experts.


Plusieurs accidents

Considéré comme "fréquent" par rapport à d'autres risques comme les inondations ou les séismes, le risque d'incendie est à l'origine de plusieurs accidents dans le monde. Le plus grave s'est produit à Windscale (Grande-Bretagne) en octobre 1957 lorsqu'une pile de graphite a pris feu, entraînant des rejets radioactifs dans l'air. La consommation de lait a dû être interdite dans la région pendant une courte période, et les deux réacteurs ont été mis à l'arrêt définitif. Le site a depuis changé de nom et a été rebaptisé Sellafield...

"En France, aucune installation nucléaire n'a eu jusqu'à présent à faire face à un incendie ayant entraîné un grave problème de sûreté", rappelle le directeur de l'Autorité André-Claude Lacoste.

Pour faire face à ce risque, le principe de base consiste à découper l'installation en volumes parfaitement étanches, avec portes coupe-feu et systèmes de clapets dans les gaines de ventilation pour éviter toute propagation du sinistre.

Les systèmes de protection, calqués à l'origine sur ceux des premières centrales américaines, ont dû être revus. Un programme de réévaluation de la sûreté contre l'incendie a été engagé par EDF sur huit ans (1998 à 2006), pour un coût de 2,8 milliards de francs.

Mais le problème se pose moins sur le plan technique que sur le manque de "culture incendie" des personnels travaillant sur place, selon l'Autorité de sûreté. Outre la remise à niveau des dispositifs de sécurité, le "gendarme du nucléaire" souhaite que les exploitants donnent un coup de pouce à la formation de leurs agents, en première ligne en cas de sinistre avant l'arrivée des pompiers.


Début d'incendie dans un réacteur nucléaire de recherche belge

BRUXELLES, 22 nov - Un début d'incendie, rapidement maîtrisé, a été constaté mardi soir dans les circuits électriques d'un réacteur de recherche du Centre d'études nucléaires (CEN) de Mol (nord de la Belgique), a annoncé mercredi Paul Govaerts, son directeur général.
Vers 22h00 (21h00 GMT), l'incendie a engendré "un développement significatif de fumée dans la salle de contrôle du réacteur", au-dessus de la salle des relais électriques, mais "les systèmes de sûreté ont fonctionné comme prévu", a expliqué M. Govaerts dans un communiqué.

A leur arrivée, les pompiers du CEN et de la ville de Mol ont constaté que les flammes étaient déjà maîtrisées. Le réacteur de recherche "était à l'arrêt" au moment de l'incendie, a précisé à l'AFP Edgar Koonen, responsable adjoint du réacteur en cause.

"L'événement n'a pas eu d'impact sur la santé des employés ou de la population. Un examen préliminaire ne montre que des dommages restreints", a ajouté M. Govaerts dans son communiqué.

"Une analyse plus approfondie des causes et conséquences de l'incident sera continuée en concertation avec les services de sûreté compétents", a-t-il conclu.

 

L'incendie de Windscale :
"Windscale 1957, l'hiver nucléaire" (Youtube), Un documentaire qui explique le rôle de l'usine et les circonstances de l'accident.

Pour en savoir plus sur le nombre de victimes lire l'article (
L'incendie de Windscale)
"l'accident de Windscale a fait au moins quelques dizaines de victimes, beaucoup plus si l'effet du polonium a été sous-estimé par le NRPB, il a fallu attendre un quart de siècle pour savoir qu'il y avait probablement eu des victimes. C'est vraisemblablement le polonium qui est la clé de l'énigme : les Britanniques ne voulaient pas que l'on sache qu'ils s'en servaient pour amorcer leurs bombes."


Sellafield (UK) : un accident raté de peu le 26 janvier dernier...

Décidément à Sellafield les incidents tous azimuts se suivent et ne se ressemblent pas. Après le scandale des combustibles MOX défectueux envoyés en Allemagne et au Japon c'est le centre de stockage qui cette fois est en cause.
Un article de Nick Paton Walsh dans l'Observer du dimanche 11 février épingle le laxisme des règles de sûreté au centre de stockage de déchets nucléaires de Sellafield en Cumbria où un désastre nucléaire a été évité de peu le 26 janvier alors que plus de 2000 tonnes de déchets de haute activité auraient pu exploser. " Les employés ont négligé pendant près de 3 heures les alarmes signalant la formation de gaz explosifs dans les cuves de haute activité. Les gaz se sont accumulés dans les 21 cuves contenant chacune 100 tonnes de ces déchets mortels ". D'après les experts, 10 heures de plus et ces cuves auraient pu devenir explosives. L'autorité de sûreté a dépêché 4 inspecteurs des installations nucléaires à Sellafield et l'exploitant BNFL (British Nuclear Fuel Limited) doit fournir un rapport sur les procédures de sûreté d'ici 4 semaines.
Pour le représentant d'un groupe antinucléaire de Cumbria (le groupe CORE, Cumbrians Opposed to a Radioactive Environment) " le gouvernement et BNFL disent toujours qu'on n'a pas à s'inquiéter. Cet incident montre combien on peut être près d'une catastrophe ".
Du côté des politiques un responsable démocrate-libéral des questions énergétiques déclare " C'est une situation extrêmement alarmante qui démontre l'attitude cavalière qui a marqué l'industrie nucléaire depuis 50 ans ".
Pour BNFL il aurait fallu bien plus de 10 heures pour que la situation puisse mener à une explosion. Le personnel aurait ignoré les signaux d'alarme pendant 2h1/2. D'après l'Observer " l'incident s'est produit à 20h30 alors que des ingénieurs faisaient des essais d'amélioration des systèmes de ventilation chargés d'éviter la formation des gaz explosifs à l'intérieur des cuves. Les ingénieurs auraient connecté les circuits électriques des ventilateurs d'une façon incorrecte " [ !].
L'Observer cite l'opinion d'un ingénieur nucléaire parmi les plus qualifiés au monde (John Large) " Ces 21 cuves renferment des quantités énormes de produits les plus dangereux de ce site nucléaire si ce n'est de toute la planète ". Il rappelle qu'une cuve similaire de déchets nucléaires a explosé en Russie en 1957 dans la région de Tchéliabinsk et a dévasté une zone étendue, aussi étendue que Londres-Centre. " La seule fois où quelque chose d'analogue s'est produit en Europe c'est en France, dans les années 70 quand il a fallu foncer pour trouver d'urgence des générateurs électriques militaires pour assurer le refroidissement des cuves et prévenir leur explosion ".

www.guardian.co.uk/Archive/Article/0,4273,4134599,00.html

P. S.
A propos de cet article, une courte lettre d'un responsable de BNFL dans l'Observer du 18 février dit, comme on pouvait s'y attendre, que c'est irresponsable et faux, qu'il n'y avait pas de risque d'explosion compte tenu du temps écoulé entre l'alarme et la réaction qui a suivi.


Note Infonucléaire : un tel scénario catastrophe a failli arriver à l'usine de retraitement de La Hague dans le Cotentin, le refroidissement des cuves ayant été interrompu par perte simultanée du réseau et de l'alimentation de secours. Cet incident était dû à une grossière erreur de conception de l'alimentation électrique de l'installation. Il a fallu recourir d'urgence aux diesels de l'arsenal de Cherbourg.
Rappelons que le biologiste dissident soviétique Jaurès Medvedev exilé en Angleterre a révélé en 1976 dans une revue scientifique anglaise le désastre nucléaire survenu l'hiver 1957 à Kychtym dans l'Oural. En 1979 il publia en Angleterre Nuclear disaster in the Urals analysant d'une façon très détaillée les circonstances et les conséquences dramatiques des contaminations qui en ont résulté. Il décrivait les effets sur la faune et la flore de cette région contaminée sur plus d'un millier de kilomètres carrés, de nombreux villages ayant été évacués. La contamination de ces régions est encore aujourd'hui un grave problème sanitaire pour la population. Cet événement a été nié par les officiels occidentaux en accord avec les responsables soviétiques. L'ouvrage de Jaurès Medvedev fut traduit dans de nombreuses langues. Après avoir été boycotté par les éditeurs français il a finalement été édité en France 9 ans plus tard par les éditions Isoète, 16 rue Orange, Cherbourg, Manche. L'impact médiatique a été complètement inexistant.