Le témoignage de Michel Chevalet, chef du service scientifique à TF1, est intéressant à signaler. Il explique comment l'événement Tchernobyl a pris les journalistes au dépourvu, incapables qu'ils étaient de « traiter » les informations qu'ils recevaient. « Dans ce cas-là toutes les lignes téléphoniques sont saturées et les responsables sont pratiquement impossibles à joindre. Heureusement en l'occurrence, l'un d'entre eux a eu l'excellent réflexe de prendre les devants et de m'appeler lui-même, c'est François Cogné, le directeur de l'IPSN. Nous avons travaillé ensemble afin d'essayer d'échafauder notre information. Et, pendant plusieurs jours, à propos de Tchernobyl, notre collaboration a été permanente. » L'IPSN (Institut de protection et de sûreté nucléaire) faisait partie du Commissariat à l'énergie atomique. Ainsi ce chef du service scientifique d'une chaîne de télévision nous apprend que toutes les informations que cette chaîne diffusa pendant la crise de Tchernobyl furent en fait élaborées, contrôlées par les autorités. Une situation analogue s'est retrouvée quelques années plus tard, pendant la guerre du Golfe. Toutes les informations diffusées sur la guerre provenaient des services de l'armée, les journalistes se bornant à réécrire les communiqués suivant le style des organes qui les employaient. Devant les conséquences désastreuses pour la crédibilité de leur activité, certains journalistes finirent par protester. Pour Tchernobyl, c'est volontairement et spontanément que la plupart des journalistes se sont tournés vers les autorités officielles.