Informations IPSN
(Institut de Protection et Sûreté Nucléaire):

Le mardi 28 décembre 1999, le Plan d'Urgence Interne (PUI) de la centrale du Blayais a été déclenché vers 9 h du matin, compte tenu des difficultés rencontrées sur cette centrale, essentiellement la tranche 1.
A ce moment-là :
- Le réacteur est arrêté, mais il reste nécessaire d'évacuer la puissance résiduelle du coeur du réacteur due aux désintégrations radioactives. La puissance à évacuer est de l'ordre de 25 MW et le refroidissement est assuré par les générateurs de vapeur! (GV), alimentés en eau par le circuit d'alimentation de secours des GV (ASG) comme il est normal quand un réacteur est arrêté; le circuit ASG comporte une réserve d'eau de 625 m3, deux motopompes et une turbopompe (une seule pompe suffit pour assurer le débit de refroidissement nécessaire).
- L'alimentation électrique nécessaire au fonctionnement des matériels de la centrale est assurée par le réseau 400 kV, le réseau auxiliaire 225 kV n'est pas disponible.
- La voie A du circuit d'eau brute secouru (SEC) est indisponible, les moteurs des 2 pompes de cette voie étant noyés; les 2 pompes de la voie B sont disponibles (1 pompe suffit pour assurer les fonctions de ce circuit qui permet en particulier de refroidir les joints des pompes primaires mais aussi le circuit de refroidissement à l'arrêt (RRA) quand celui-ci est utilisé;
- Les pompes du circuit d'injection de sécurité à basse pression (RIS) et les pompes du circuit d'aspersion de l'enceinte (EAS), utilisés en particulier en cas de brèche du circuit primaire pour refroidir le coeur du réacteur et évacuer la puissance dégagée dans l'enceinte de confinement, sont noyées et donc indisponibles, le fond du bâtiment du combustible où se trouvent ces pompes étant noyés sous 1,5 mètres d'eau; La conduite du réacteur consiste alors à dépressuriser et à refroidir le circuit primaire pour le mettre dans des conditions permettant, le cas échéant, la connexion au RRA, soit une température inférieure à 177°C et une pression inférieur à 32 bars. Ces conditions seront atteintes aux environs de 11h, alors que la puissance résiduelle est encore de l'ordre de 20 MW. La période la plus critique de l'incident a donc duré plusieurs heures. Pendant cette période on pouvait envisager 2 voies d'aggravation importante de la situation :
1) La défaillance de la voie B du circuit SEC. Une telle défaillance aurait diminué les moyens de refroidissement des joints des pompes primaires mais l'injection aux joints de ces pompes par le circuit de contrôle volumétrique et chimique (RCV) restait suffisante pour assurer le refroidissement. Il faut imaginer une défaillance supplémentaire du réseau 400 kV, pour obtenir une situation conduisant rapidement à la dégradation du coeur du réacteur (la défaillance du 400 kV entraînerait la perte de la ventilation des pompes du circuit RCV et leur mise hors d'usage; il en résulterait un risque d'apparition d'une brèche du circuit primaire au niveau des joints des pompes primaires.)
2) La défaillance complète du refroidissement par le circuit ASG; dans ce cas, un refroidissement correct du coeur aurait pu être assuré pendant au moins une dizaine d'heures par l'ouverture des soupapes de sécurité du circuit primaire et l'introduction d'eau dans ce circuit par le circuit d'injection de sécurité haute pression (pompes RCV) (le délai de 10h résulte de la capacité de la bâche alimentant le circuit). Au 5 janvier 2000, la tranche est toujours refroidie par les GV alimentés par le circuit ASG. En cas de défaillance de ce circuit, la connexion au circuit RRA est possible et le circuit SEC a 2 voies disponibles, même si une seule pompe est disponible sur la voie A. Un programme de requalification des fonction du circuit RIS et de l'EAS est en cours mais ceci nécessitera plusieurs semaines.

A paraître dans la prochaine Gazette Nucléaire,
179/180, janvier 2000.
GSIEN
2, rue Francois Villon
91400 ORSAY
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fax 33 (0)1 60 14 34 96

Commentaire Gazette
BON, EN CLAIR ON A EU CHAUD...
Dans la prochaine gazette je ferai une analyse plus complète de cet accident, soldé par... beaucoup de chance ainsi que sur les problèmes de Civaux. Il y a maintenant la future grande marée qui risque de prolonger l'arrêt. D'où les crues millénaires, ça existe et les tempêtes aussi... [Monique Sené]

 

 

Conférence de presse DSIN le 14/1/99