Le « confinement » de 140 000 habitants depuis le 15 mars 2011 dans la zone des 20-30 km autour de la centrale de Fukushima Dai-ichi.
Analyse des débits de dose dans la zone de confinement, et au-delà de 30 km.

Les rejets des réacteurs accidentés ne se sont pas seulement dirigés vers l'Océan Pacifique. Ils ont changé de cap vers l'intérieur des terres après le 15 mars en se dirigeant vers l'Asie. C'est la raison pour laquelle, depuis le mercredi 16 mars, les autorités sud-coréennes renforcent le contrôle de la radioactivité des produits animaux et de la pêche en provenance du Japon.
Dans l'indifférence générale 140 000 habitants sont confinés dans la zone de 20 à 30 km autour de la centrale de Fukuchima Dai-ichi depuis cette date.
Bien évidemment aucune donnée n'existe sur la contamination des aliments qu'ils consomment, ni sur la contamination atmosphérique. Par contre des données existent sur les débits de dose relevés dans des stations de référence dépendant du MEXT, Ministère de l'éducation, Culture, Sports, Science et Technologie) et aussi de JAEA, agence de l'énergie atomique japonaise publiées par MEXT.
Nous analyserons ces données du 16 au 20 mars qui renseignent sur l'irradiation externe des habitants, et par défaut, peuvent servir d'indicateurs de leur exposition aux radiations.
Les débits de dose sont élevés dans la zone de confinement - entre 20 et 30 km, et au-delà de cette zone. Les zones d'évacuation et de confinement de la population auraient dû être plus étendues. Ces habitants auraient dû être évacués.

Rappel: Après une première évacuation sur 3 puis 10 km autour de la centrale de Fukushima Dai-ichi il a été décidé le 15 mars l'extension de l'évacuation à un rayon de 20 km et le confinement de la population pour les localités situées entre 20 et 30 km de la centrale. Le même jour l'ambassade américaine a conseillé à ses ressortissants de s'éloigner à 80 km de la centrale.

Répertoire et analyse des débits de dose (en microsievert par heure) relevés à partir du 16 mars 2011
Nous indiquerons les sites de mesure par [xx]. La carte des sites figure dans les références dénommées (1), (2), (3), (4), (5).

16 mars voir la carte (1).
Dans la zone de confinement les maxima culminent à 80 µSv/h pour deux sites, le site [21] où il neige, à 30 km au sud/ouest (JAEA) et le site [4] également avec neige à 25 km ouest-nord/ouest en plein milieu de la zone de confinement (référence MEXT).
Au nord/ouest 58,5 µSv/h sur le site [6] à 30 km. Les débits de dose de 5 sites à 25 km s'échelonnent entre 10 et 22 µSv/h.
Au delà de la zone de confinement, à 55 et 60 km au nord/ouest les débits de dose sont à 22,2 et 20,0 µSv/h pour les sites [A] et [B].

17 mars carte (2).
Pas de pluie. Les débits de doses les plus élevés atteignant 170 µSv/h sont relevés dans un éventail compris entre ouest-nord/ouest et nord ouest, englobant les sites [31], [32], [33] hors de la zone de confinement. A plus de 40 km et même 55 km les sites [62], [2] plus au nord/ouest sont à 20 µSv/h. Les sites éloignés [62] et [2] montrent-ils la « queue » de la retombée ?
Il y a un problème de carte. Dans celle du 16 mars les sites [31], [32], [33], étaient très en dehors de la zone de confinement dans celle du 17 mars ils sont juste en dehors de la zone, or c'est important car ce sont les sites les plus touchés et, qu'ils soient presque en bordure à l'extérieur de la zone ou plus éloignés comme sur la carte du 16 mars il aurait fallu confiner à des distances supérieures à 30 km.
- à « environ » 30 km

Les données du MEXT des sites de référence [31], [32], [33], indiquent à « environ » 30 km de Fukushima, en limite de zone de confinement, dans la direction ouest-nord/ouest. .
Les données sont les suivantes, en microsievert/heure :
[31] (13h10) 58,6 (13h45) 59,3 (14h30 et 14h44) 61,6 -
[32] (13h10) 167,0 (14h00) 170,0 (15,00) 158,0
[33]
(13h23) 91,8 (14h17) 95,1 (15h15) 78,2
- à 40 km
[62]
20 µSv/h (15h38) direction nord/ouest
- à 55 km
[2] 18,3
(14h50) nord/ouest

18 mars carte (3)
On retrouve les sites [31], [32], [33].
[31] (11h20) 40,0 mesures JAEA, (12h20) 45,0 (13h20) 45,0
[32] (11h33) 140,0 (12h33) 140,0 (13h32) 150,0
[33] (11h47) 52,0 (12h47) 52,0 (13h45) 52,0

19 mars carte (4)
Les débits de dose redescendent en dessous de 0,1 µSv/h dans quelques localités de l'ouest, sont toujours élevés et quasiment inchangés depuis le 18 mars pour les sites [31], [32], [33] . avec un maximum à 136 µSv/h pour le site [32]; 42,1 pour le site [31] et 59,2 pour le site [33] (3 mesures à 1 heure d'intervalle).

20 mars carte (5)
La radioactivité diminue lentement, toujours au-dessus de 100 µSv/h pour le site [32] (110 à 13h03 et 14h03; 105 à 15h03). Trois mesures identiques à 45,0 µSv/h pour le site [31]
entre 11h48 et 14h15; deux mesures à 55,0 et une à 60 µSv/h pour le site [33].
A 40 km au nord/ouest de la centrale sur le site [79] 38,5 µSv/h.
A 55 km, toujours au nord/ouest, sur le site [2] 12,2 µSv/h.
Sur 81 mesures correspondant à 39 sites, il y a 13 mesures en dessous de 1 µSv/h correspondant à 5 sites.

Conclusion provisoire
La CRIIRAD nous informe samedi 19 mars que le lait et des épinards sont contaminés dans la préfecture d'Ibaraki au sud de Fukushima. La situation n'est pas normalisée ce 20 mars.
D'après l'OCDE alors que le débit de dose de référence à Ibaraki était de l'ordre de 0,038-0,056 µSv/h il était le 17 mars à 18h de 0,244 µSv/h. On ne sait pas de quelles localités
proviennent les épinards et le débit de dose peut varier beaucoup d'un point à un autre mais certainement pas de 600 fois si on compare celui du site [32] de la zone de confinement à celui d'Ibaraki ! (170 µSv/h relevés sur le site [32] divisé par 0,244 pour Ibaraki).
Finalement, si, à partir du 15 mars la production agricole des localités de la préfecture d'Ibaraki est contaminée, il faut, impérativement, contrôler la nourriture de toutes les localités de la préfecture de Fukushima, en particulier celles situées dans l'éventail ouest-nord/ouest et nord/ouest de Fukushima. Il faut assurer la surveillance médicale des habitants. Il serait prudent d' étendre le contrôle de contamination des aliments à d'autres préfectures, celles de l'ouest, Niigata et Yamagata et au nord Miyaji.
L'autre question concerne le confinement. Mais pendant combien de temps la population va-t-elle rester confinée dans la zone des 20-30 km ? Il paraît légitime de les évacuer et d'assurer leur contrôle médical
La population de la zone des 20-30 km a été abandonnée et c'est inadmissible !

Bella Belbéoch, 21 mars 2011.

 

Références:
-http://www.criirad.org
-BBC News- Japan earthquake : Anger over Fukushima
http://www.bbc.co.uk/news/world-asia-pacific--12763273
-Le site MEXT
La carte des stations de référence figure aux sites MEXT du 16 au 20 mars.
(1) 16 mars: http://www.mext.go.jp/component/english/__icsFiles/afieldfile/2011/03/20/1303972_1620.pdf
(2)17 mars
http://www.mext.go.jp/component/english/__icsFiles/afieldfile/2011/03/20/1303972_1719.pdf
(3)18 mars
http://www.mext..../2011/03/20/1816.pdf
(4) 19 mars
http://www.mext..../2011/03/20/1919.pdf
(5) 20 mars
http://www.mext...../2011/03/20/2019.pdf
-Le site OCDE
http://www.oecd.org/press/2011/radiological-protection-basics-japan.pdf

 

Complément :
Sur le site AIEA http://www.iaea.org/newscenter/news/tsunamiupdate01.html
« Des mesures de débits de dose gamma et de contamination beta-gamma ont été effectuées le 20 mars sur davantage de localités. Les débits de dose sont dans une fourchette 2-160 microsievert par heure. Des niveaux élevés de contamination ont été mesurés entre 16 et 58 km de la centrale. Les données disponibles montrent une contamination entre 0,2 et 0,9 mégabecquerels par mètre carré. »