Résumé de l'éditorial de Jinzaburo Takagi, paru dans Nuke Info:

Superphénix et le Japon

C'est le 20 juin au matin que la nouvelle de la décision de fermeture de Superphénix a atteint le Japon et secoué le lobby nucléaire japonais. Riichiro Chikaoka, ministre de l'agence pour la Science et la Technologie (STA), et directeur du Commissariat à l'Energie atomique japonais (JAEC) a diffusé le communiqué intitulé : "A propos de la promotion du cycle du combustible nucléaire".

Il admet que la fuite de sodium de Monju de décembre 1995, ainsi que l'incendie et l'explosion survenus à l'usine de retraitement de Tokai ont provoqué une inquiétude nationale à propos de la sûreté des installations nucléaires, et que ces événements ont exercé une influence contraire à la promotion du programme japonais de cycle de combustible nucléaire. Mais il assure que l'importance de ce projet demeure, si le Japon poursuit son programme nucléaire. Il a souligné que le gouvernement japonais ne changerait pas sa politique fondée sur la construction de l'usine de retraitement de Rokkasho Mura, l'utilisation de Mox dans les réacteurs à eau légère, et les mesures renforcées pour le combustible usagé.

Pas un mot sur la décision française concernant Superphénix, bien que ce communiqué soit très probablement destiné à atténuer le choc que celle-ci a causé sur les gouvernements locaux concernés par le programme plutonium. Cela démontre a contrario l'ampleur du choc ressenti par le STA et la JAEC et leur incapacité à réagir à la nouvelle.

Les trois éléments mentionnés dans le communiqué concernent justement les aspects controversés sur lesquels le gouvernement est en difficulté, même avec les exécutifs locaux pronucléaires, et se trouve pour ainsi dire dans une impasse.

Après dix jours de silence du lobby pronucléaire, le Denki Shimbun (Journal Electricité) a fait le commentaire suivant :

"Les discussions actuellement en cours dans le conseil du JAEC sur le surgénérateur ne sont pas claires. L'argument initial du JAEC justifiant l'existence des surgénérateurs consistait à dire que la génération de plutonium était vitale pour un pays pauvre en ressources énergétiques naturelles comme le Japon. Il peut être mis en doute après la décision d'arrêt de Superphénix, puisque la France est également un pays pauvre en ressources énergétiques naturelles. Le JAEC doit à nouveau expliquer les raisons qu'aurait le Japon de se doter d'un programme de surgénérateurs".

Dans le même numéro du Denki Shimbun, Atsuyi Suzuki, professeur de l'université de Tokyo et l'une des figures centrales pro-plutonium, affirme que le Japon ne se retirera pas du développement des surgénérateurs, mais procédera à un réajustement important puisqu'il requiert trop de temps et d'argent.

Il semble désormais clair que l'industrie nucléaire considère comme indispensable une révision du programme de surgénérateurs, mais qu'elle ne sait absolument pas comment procéder à cette révision.

Lettre d'information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°77,
juillet-septembre 1997.