Tchernobyl: aider les villages "exclus" au Belarus (ex-Bielorussie)

26 avril 2003, 17 ans après l'explosion du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl, le césium 137 (Cs137) est toujours dans les couches superficielles de la terre et contamine la chaîne alimentaire, en particulier les baies sauvages des forêts, les champignons, le gibier. Mais aussi des aliments fondamentaux comme le lait. Le strontium 90, dont on parle peu, est présent au sud-est du Bélarus et il y a des taches de contamination dans des zones lointaines au-delà de Gomel le long des rivières Ipout, Soj, Bessed. C'est un radioélément difficile à détecter car c'est un émetteur bêta pur. Il va se fixer préférentiellement dans les tissus osseux et irradier les cellules sanguino-formatrices. Des taches de contamination par plutonium existent en dehors de la zone interdite dont certaines loin de Tchernobyl.
Ainsi, contrairement aux affirmations officielles, Tchernobyl ce n'est pas fini
Rappelons que les doses admissibles ont été 100 mSv en 1986 puis respectivement 30, 25, 25 mSv pour 1987, 1988, 1989. Outre les évacuations effectuées en 1986 (la phase d'urgence), un "zonage" de la Biélorussie a été effectué quand les retombées radioactives se sont stabilisées : des zones sous contrôle radiologique plus ou moins sévère selon la contamination surfacique ont été créées. En février 1989 les cartes de contamination sont publiées et seront mises à jour progressivement. D'autres évacuations s'avèrent nécessaires qu'on intitule "relogement" hors des zones contaminées. Les "relogements" planifiés en 1989 pour les années 1990-1995 en application du concept de dose-vie (voir l'article La Croix-Rouge et Tchernobyl ) seront retardés. En 1991 des lois définissent d'une part le régime légal des zones contaminées par les retombées radioactives et d'autre part réglementent la protection sociale des citoyens victimes de la catastrophe de Tchernobyl (22 février 1991). Après l'implosion de l'URSS elles sont adoptées par la nouvelle République du Bélarus (11 déc. 1991). Ainsi en 1991 la limite annuelle admissible devient 1 mSv (en plus du rayonnement naturel) mais on ne tient plus compte des doses passées. Ces lois de 1991 concernaient environ 2.200.000 habitants (plus de 500.000 enfants).
Le tableau résume les caractéristiques des 5 zones de contamination définies par les lois :
Il y avait une certaine souplesse dans ces définitions ; par exemple des habitants de villages contaminés à moins de 5 Ci/km2 mais avec une dose efficace annuelle comprise entre 1 et 5 mSv avaient le droit d'être relogés (avec les compensations correspondantes).
Or la volonté politique est actuellement non seulement de faire revenir dans leurs villages d'origine les habitants qui ont été relogés mais aussi de réduire le nombre d'habitants bénéficiant des avantages de la loi sur la protection sociale. C'est dans ce contexte qu'au mois de juillet 2001 la loi a été "complétée" en modifiant les critères de la zone de résidence sous contrôle radiologique périodique (la zone 5 sur le tableau). La loi de 1991 indique pour cette zone : territoire à contamination surfacique par le Cs137 de 1 à 5 Ci/km2, ou par Sr90 de 0,15 à 0,5 Ci/km2 ou par le Pu 238,239,240, 241 de 0,01 à 0,02 Ci/km2 , où la dose efficace annuelle doit être inférieure à 1 mSv.
Désormais la limite est toujours 1 mSv/an mais un seuil de 0,1 mSv est introduit :
-Si la dose efficace moyenne dépasse 1 mSv/an (au-dessus du rayonnement naturel) des mesures de protection radiologique sont mises en place.
-Si elle est comprise entre 1 et 0,1 mSv/an les mesures de protection radiologique ne sont pas annulées, leur ampleur et leur nature sont réglementées par le Conseil des ministres.
-Si elle est inférieure à 0,1 mSv/an il n'y a plus de mesures de protection radiologique, les territoires et leurs habitants sont considérés comme sortis des conditions radiologiques accidentelles.

Classification des différentes zones de contamination

 

 

Dose efficace

mSv/an

 

 

Contamination surfacique, kBq/m2
(Ci/km2)

Cs137

Sr90

Pu238,239

240, 241
5-Zone de résidence avec contrôle radiologique périodique

<1

37-185

(1-5)

5,55-18,5

(0,15-0,5)

0,37-0,74

(0,01-0,02)
4-Zone donnant droit au relogement

1-5

185-555

(5-15)

18,5-74

(0,5-2)

0,74-1,85

(0,02-0,05)
3-Zone de relogement ultérieur

>5

555-1480

(15-40)

74-111

(2-3)

1,85-3,7

(0,05-0,1)
2-Zone de relogement prioritaire

>5

>1480

(>40)

>111

(>3)

>3,7

(>0,1)
1-Zone d’évacuation (1986)

Territoires aux alentours de Tchernobyl d’où la population a été évacuée en 1986


Un arrêté d'août 2002 a ainsi "exclu" de la protection radiologique 146 localités comprenant 74.290 habitants dont 24.000 enfants. Pour les enfants cela signifie : ne plus avoir de repas gratuits "propres", ni compléments nutritionnels venant de l'étranger, ni séjour en sanatorium un mois par an, ni visite médicale annuelle approfondie etc.
Pour la première fois la société civile réagit au Bélarus. Une association s'est créée "La Société et Nous" représentant 9 villages et la ville de Kalinkovitch qui ont été exclus de la protection radiologique et elle demande l'aide de l'institut BELRAD dirigé par le Pr. Nesterenko.
Pour tous les villages exclus il est important de contrôler la contamination de la nourriture afin de déterminer la dose efficace annuelle réelle qui dépend du régime alimentaire, de contrôler la contamination surfacique et aussi de mesurer la charge corporelle des enfants en Cs137 dont le Pr. Bandajevsky a montré l'influence nocive sur leur santé. Selon le Pr. Nesterenko des mesures de protection radiologique doivent intervenir dès que la charge corporelle dépasse 15 à 20 Bq par kilo de poids de l'enfant.

B. B

Il faut aider les habitants des villages exclus.
Dons à l'association "Enfants de Tchernobyl-Bélarus". 20 rue Principale, 68480, Biederthal
(Préciser "Appel des villages exclus")