Sauver Youri Bandajevsky,
nouvelles de prison, visite du 9 décembre 2002

Youri vient d'avoir 45 ans... et c'est à cette occasion que sa femme Galina, sa mère et une de ses filles ont pu avoir une visite de 4 heures.
Nous ne pouvons pas donner dans le Bulletin la très longue lettre de Wladimir Tchertkoff. Elle figure intégralement sur:
http://membres.lycos.fr/mat66/banda_4.html

(...) "Les derniers 6 mois ont été un cauchemar".
(...) "Pendant tout l'été, les "organes" [en russe, l'ensemble du système répressif du KGB] ont "travaillé" Youri, ils l'ont déstabilisé en jouant sur sa fragilité psychique et nerveuse, sur son angoisse, sur les crises "de panique qui le saisissaient, qu'ils alternaient avec des espoirs et des fantasmes prometteurs. Sans parler de la très vraisemblable utilisation de substances psychotropes dont nous n'avons pas la preuve, nous avons la certitude et les preuves que Youri a été manipulé par la désinformation et par la suggestion psychologique (...)".
"L'état général est le même que lors de la visite du 7 novembre. Galina lui avait demandé alors : "Que veux-tu transmettre à tes amis étrangers?" - "Qu'ils obtiennent une expertise médicale indépendante de mon état de santé. Je suis médecin, je connais notre monde, les nôtres ne diront que ce qu'on leur dira de dire."
Lors de la précédente visite l'aspect de Youri était amaigri, sec. Cette fois-ci il avait le visage bouffi, pâle, la peau molle. Galina dit qu'il se remplit de médicaments (Validol) pour le cur. La direction de la prison lui a permis de les avoir dans la chambre, parce qu'il est médecin. Douleurs fréquentes au coeur avec des élancements dans le bras. Douleurs à l'ulcère, renvois. Il mange peu ce qu'il arrive à digérer.
La présence du compagnon de cellule criminel pèse, il se sent constamment surveillé.
Instabilité psychique. Il parle de façon décousue, fébrile avec des tics nerveux, des appels répétés - "Ecoute-moi. Tu comprends ? Écoute-moi", avec des sauts du coq à l'âne. Il a pleuré devant le fonctionnaire du Comité d'Exécution des Peines, qui est venu s'enquérir sur son état de santé. : "Combien peut-on encore bafouer ainsi un homme?!". ­ "Nous comprenons tout" - a répondu l'autre avec compassion.
Galina confirme que tout le monde comprend, dans le pays et parmi les gardiens de son mari, qu'une injustice énorme a été commise. Mais la situation reste ce qu'elle est. La décision est et sera politique: Loukachenko. Faut-il attendre que le dictateur tombe politiquement, ou l'Occident libre sera capable de lui arracher cette victime, avant qu'il ne soit trop tard ? (...)"

 

Actions urgentes:

- lettre au Directeur de l'hôpital républicain du ministère de l'intérieur, M. Tuchinsky. C'est une action initiée par Amnesty International et ses groupes militants. A envoyer à : Amnesty International/ Coordination Biélorussie
76 Bd de la Villette 75940 Paris Cedex 19

- lettre au Président Loukachenko à envoyer à : M. Vladimir Senko
Ambassadeur du Bélarus en France
38 Avenue Suchet - 75016 Paris

 



TUCHINSKY M.A.
Directeur de l'Hôpital républicain
du ministère de l'Intérieur
Ul. Kalvarisjkaia, 36
MINSK
220600 BELARUS

 

Monsieur le Directeur,

Je voudrais insister sur les graves préoccupations que nous sommes nombreux à ressentir au sujet de la santé du Professeur Youri Bandajevsky.
Selon une règle universellement admise, les autorités de l'Etat du Bélarus sont responsables de la santé et de la vie des personnes privées de liberté sur leur territoire.
L'état de santé du professeur Bandajevsky semble nécessiter d'urgence des soins médicaux appropriés dans un hôpital authentiquement compétent.
Je me permets d'insister auprès de vous pour qu'un transfert dans un tel hôpital ait effectivement lieu.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de toute ma considération.




Aux bons soins de M. Vladimir Senko
Ambassadeur du Bélarus en France
38 Avenue Suchet, 75016 Paris
(Fax 0144146970)

Son Excellence Alexandre Loukachenko
Président de la République
de Bélarus
Administration présidentielle
38, Ul. Karla Marksa
MINSK
220016
BELARUS
Objet
Expertise médicale indépendante
Amnistie individuelle pour le
prisonnier d'opinion, le Pr. Bandajevsky

 

Monsieur le Président de la République du Bélarus,

Nous voulons attirer votre attention sur les graves préoccupations que nous sommes nombreux à partager concernant la situation du Professeur Youri Bandajevsky incarcéré à Minsk.

Selon une règle universellement admise, les autorités de l'Etat sont responsables de la santé et de la vie des personnes privées de liberté sur leur territoire.
Vous êtes, Monsieur le Président, la plus haute autorité de la République du Bélarus et à ce titre vous êtes le garant de la santé et de la vie du Professeur Youri Bandajevsky. Or, les nouvelles alarmantes qui nous parviennent indiquent une détérioration extrêmement rapide de la santé du Professeur Bandajevsky. Actuellement sa vie et son intégrité psychique sont en danger. Il paraît indispensable que soit diligentée une expertise médicale indépendante concernant son état de santé tant physique que psychique afin que puissent lui être donnés de toute urgence des soins appropriés.

Monsieur le Président, en ce début de nouvelle année que le monde essaie de fêter en famille dans la joie, nous formulons le souhait de vous voir accorder l'amnistie individuelle au Professeur Youri Bandajevsky, ce qui le rendrait, enfin, définitivement libre parmi les siens.

Dans l'espoir que vous voudrez bien accepter favorablement nos requêtes, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de notre haute considération.