Humeur
nucléaristes, écologistes : plus délirant tu meurs !

Sur fond de conférence internationale sur l'effet de serre et pollution, nucléaristes et écologistes rivalisent d'idées totalement délirantes.
Offensive générale de l'AIEA(1) dans la plus immonde des propagandes, reprise en coeur par Bouchard, l'ineffable directeur de l'énergie nucléaire de CEA-Areva.
Et de nous étaler six projets : du réacteur refroidi au sodium liquide (avant on disait "surgénérateur" mais comme il ne surgénérait rien ils ont changé le nom complètement plombé par l'échec de Superphénix), un autre refroidi au plomb fondu (les russes ont essayé, ce qui nous vaut une paire de sous-marins par le fond des océans), un autre aux sels fondus, un hybride rapide refroidi au gaz (il n'est dit pas lequel), un autre à haute température (c'est génial pour altérer les gaines de combustible), enfin un autre refroidi par l'eau dans un état pas très stable mi-liquide mi-gazeux. En prime le Bouchard nous annonce des réacteurs plus complexes et plus durables dans le temps et générant moins de déchets. On peut le comprendre au prix que ça coûte, m'enfin on ne voit pas trop comment ils peuvent réduire les produits de fission étant donné qu'ils sont proportionnels à l'énergie produite.
Six options
"parce qu'aucun concept ne ressort comme le seul qui soit capable de tout faire, et compte tenu de l'enjeu, puisque la demande d'énergie va continuer à croître, il faut avoir plusieurs fers au feu" ; le tout parfaitement dans la ligne de l'AIEA qui nous vend ces "nouvelles technologies" une fois de plus garanties contre la prolifération et le terrorisme. Comme si l'on pouvait les croire, eux qui n'ont rien vu passer lors de la nucléarisation militaire par la France d'Israël, de l'Afrique du Sud, de l'Irak
À ces 6 projets se rajoute une énième version de la fusion thermonucléaire contrôlée, internationale cette fois, nommée ITER. Ceux qui ont suivi les épisodes précédents savent que l'on ne sait pas atteindre le huitième de l'énergie nécessaire à l'auto-entretien de la réaction et que l'essentiel de l'énergie est émise sous forme de neutrons incontrôlables et donc irrécupérables ; cela n'empêche pas le CEA de croire au financement international de cette très coûteuse recherche et de proposer le site de Cadarache pour l'héberger. On oublie au passage que les installations Mélox de ce site seront prochainement déplacées à Marcoule pour raison de risque sismique trop élevé. Nos diaboliques chercheurs n'en sont pas à cette incohérence près.
Pendant ce temps, privatisation oblige, Roussely le patron d'EDF n'hésite pas à promettre la construction d'un réacteur EPR, histoire de remonter le moral des troupes. Outre qu'EDF est en large surcapacité de production, plaçant notre électricien national parmi les pays ayant les plus bas ratio production annuelle sur puissance installée (coefficient de production Kp), sa situation financière internationale ne lui permet plus les excès de ce genre qui étaient garantis par le soutien de l'Etat.
Comble de l'ironie pour ces pollueurs, ils prétendent maintenant nucléariser les pays du tiers-monde pour leur assurer l'approvisionnement en eau ; ça risque de faire cher le litre d'eau d'irrigation à payer par les pauvres. Dans les pays riches, les voilà qu'ils se préoccupent de la pollution atmosphérique et de la santé des citadins et de nous vendre du nucléaire pour les futurs piles à hydrogène des voitures. Nous avions calculé par le passé qu'il serait nécessaire de construire une centaine de centrales nucléaires supplémentaires pour faire "rouler" la France à l'électricité avec des batteries ; au vu du médiocre rendement de l'électrolyse de l'eau pour produire l'hydrogène il en faudrait davantage.

Après la fausse pénurie d'électricité et la fraude boursière aux USA, managée par Enron et la faillite honteuse qui s'en est suivi, après la privatisation ratée du nucléaire anglais, BE sauvé de la faillite par les deniers publics et BNFL(2) endetté de 400 milliards de francs, on ne peut pas dire que le nucléaire mondial est au mieux de sa forme. Aussi, nous fait t-on grand tapage de déclarations sensationnelles autant qu'irrationnelles, pour masquer la triste réalité de l'effondrement de l'électronucléaire. Pour le CEA c'est la dernière ligne droite dans la course aux financements publics de projets déments ; à l'image du rafiot qui porte les couleurs de la France et d'Areva à Auckland, le "Défi" risque surtout d'être celui du cumul des défaites. Cela pourrait être risible si ces centaines de chercheurs bientôt chômeurs ne risquaient de s'investir sur le marché de ces nombreuses dictatures, qui, de par le monde, cherchent à acquérir la technologie de l'atome militaire. L'atome pour la paix nous disaient-ils ces savants fous nous lèguent un bien triste héritage.

Les charlatans ne sont malheureusement pas cantonnés au nucléaire ; on les retrouve en nombre chez leurs opposants écologistes. Ainsi ces derniers temps, la mode était, outre la voiture à hydrogène, à la voiture à air comprimé. Et de s'étonner que des râleurs de notre genre s'en prennent à eux au prétexte que pour faire tourner les compresseurs, il faudra des centrales nucléaires. Mais avec les éoliennes nous répondent-ils, on pourra faire tourner les compresseurs Mais avec ces éoliennes ils veulent aussi nous sortir du nucléaire dans 30 ans enfin peut-être ne pas renouveler quelques réacteurs. Même qu'ils voudraient aussi vendre des aérogénérateurs aux pays qui n'ont pas de vent pour pomper l'eau d'irrigation. Stupides ils sont, stupides ils resteront. Pendant ce temps là, ils en oublient que le principal responsable des maladies respiratoires et cardiovasculaire en ville par la pollution est la motorisation diesel et son gasoil sous taxé. À croire que l'on nous invite à regarder un petit peu d'énergie propre pour qu'on ne regarde pas le gros de la pollution au quotidien.
Quant ils sont las des éoliennes et des voitures à hydrogène ou à air comprimé, ils nous resservent une louche de bio-carburant, ignorant que pour faire "rouler" la France au diester de colza il faudrait cultiver une superficie supérieure à celle du pays. Après ils veulent vendre des fours solaires au tiers-monde au prétexte que le bois de chauffe pour la cuisine crée de la fumée qui n'est pas bonne pour la santé. Mais que peuvent penser ces pauvres qui n'ont déjà pas à manger à qui l'on voudrait apprendre à cuisiner propre ? La toute dernière étant le projet "d'hydroliennes", des turbines fixées au fond des mers actionnées par les courants marins. Les pêcheurs apprécieront lorsque leurs filets se prendront dedans.
Tous ignorent majestueusement que 70% des réserves énergétiques planétaires sont constituées par le charbon, contre 3% pour l'uranium, 6% pour le pétrole, 9% pour le gaz naturel, peu pour les renouvelables en puissance installable. Combien de fois faudra t-il répéter qu'une sortie rapide et cohérente du nucléaire ne peut se faire qu'avec du charbon.
Le public semble comprendre qu'il a à faire à des charlatans. Au vu des résultats électoraux, il semblerait en effet que l'électeur se lasse quelque peu et préfère déserter les isoloirs. L'ennui est qu'il confonde antinucléaires et écologistes et qu'en conséquence, notre mouvement s'en retrouve fortement plombé.

Claude Boyer

(1) AIEA : Agence Internationale de l'Energie Atomique
(2) BE : British Energie ; BNFL : équivalent anglais de Cogéma, aussi producteur d'électricité nucléaire (18 réacteurs pour un total de 2900 MWe)