Fuites des gaines du combustible :

Lettre à l’autorité de sûreté nous espérons une réponse… un jour !

 

à Monsieur Jérôme GOELLNER
Directeur adjoint de l’ASN.

Monsieur,

J’apprends par un communiqué de presse de STOP-GOLFECH que la radioactivité du circuit primaire du réacteur 1 de Golfech aurait augmenté depuis le 2è trimestre 99 d’un facteur important (de 2 MBq à 1,6 GBQ pour l’iode 131, de quelques dizaines à 14 Gbq pour les gaz rares).
Cette variation est à l’évidence due à une dégradation des gaines de combustible, reste à savoir s’il s’agit du cas détecté à Nogent en août 2000 (contrôle défectueux des gaines par Cézus), ou du cas de Cattenom détecté en mars de cette année sur le réacteur 3.
Dans ce cas, d’où viennent ces phénomènes vibratoires ?
J’ai tenté pendant plusieurs années d’obtenir de Michèle Rousseau un état de la puissance de fonctionnement des réacteurs 1300 MWe. Ces réacteurs ont été construits pour produire à puissance nominale 1270 MWe (version rivière avec aéroréfrigérants), et les courbes de production de la centrale de Nogent font apparaître un fonctionnement le plus souvent à 1330 Mwe net.
En 1989, suite au problème de corrosion sous tension de l’alliage Inconel 600 décelé à Nogent, la température primaire est passée de 328°C à 322°C, provoquant, d’après un rapport préliminaire du SCSIN au CSSIN (février 89) une perte de rendement de 1% par degrés perdu.
Ceci laisse supposer une augmentation du flux neutronique et de la puissance thermique ; ce qui impose une augmentation du débit des pompes primaires pour ne pas augmenter la température au-delà des 320°C.
Augmenter le débit des pompes primaires augmente aussi les turbulences hydrauliques, donc les vibrations dans l’ensemble du circuit primaire, la cuve, les tuyauteries, mais aussi plus particulièrement les éléments les plus fins, crayons de combustibles, tubes en " U" des générateurs de vapeur.
L’Autorité de sûreté a t-elle accordé à l’exploitant une autorisation d’augmentation de la puissance ?
Les dépôts qui se sont formés à l’intérieur des tuyauteries primaires augmentent-ils les turbulences ?
Les modifications de combustible de 3,1% à 4% d’U235 ainsi que l’augmentation de taux de combustion ont-ils un impact sur les gaines de combustible ?
Enfin, les variations de puissance en suivi de réseau ne sont-elles pas plus importantes aujourd’hui qu’il y a une décennie ? Et quel est alors l’impact sur le vieillissement métallurgique du primaire et les gaines de combustible ?

Je vous remercie de bien vouloir satisfaire ma curiosité.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération la meilleure.


Paris le 24 juin 2001
Pour le Comité Stop-Nogent-Sur-Seine

Claude Boyer