Un carburant écologique néfaste

Le 24 février dernier, Ségolène Royal, ancien ministre et présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes, présentait un biocarburant expérimental à Melle dans les Deux-Sèvres (source AP) dont les tests de production industrielle viennent de débuter dans l'usine Rhodia située sur cette commune. Le "Multival" est un ester d'huiles de colza et de tournesol fabriqué par un procédé présenté comme moins polluant que celui des diesters classiques. L'usine devrait produire 200.000 tonnes par an à partir de 2008. Il nécessiterait la culture de 150.000 hectares d'oléagineux et entre 1.500 et 2.000 emplois, selon les initiateurs du projet. D'autres projets sont en cours dans les départements de la Loire-Atlantique, Oise, Marne, Pyrénées-Atlantiques et l'Aube près de Nogent-sur-Seine (biodiesel). Certains portent sur la fabrication d'éthanol à partir de cultures de maïs, de blé ou de betterave à inclure dans l'essence, d'autres, comme celui ci-dessus cité, portent sur des esters à partir d'oléagineux à inclure dans le gasoil.
Une directive européenne de mai 2003 stipule que les biocarburants devront représenter au minimum 2% de la consommation des carburants d'ici décembre 2005, 5,75% en 2010 et 20% en 2020.
En culture intensive, donc pas écolo avec beaucoup d'intrants chimiques puisque non alimentaire, la production du colza est de 30 quintaux à l'hectare dont on peut extraire 1.100 kg de diester (je n'ai pas effectué le calcul pour d'autres plantes). Il faut cependant déduire les intrants énergétiques, soit 500 kg à l'hectare (trituration, estérification, transport, agriculture, fabrication de fertilisants et autres produits phytosanitaires). La production nette est au final de 600 kg à l'hectare (60 tonnes au km2).
Pour produire 20% de la consommation routière de 2020 en supposant qu'elle reste identique à l'actuelle (80 Mtep), il faudrait cultiver 266.000 km2 d'oléagineux ; 48% de la superficie de la France.
Le carburant " écologique " qui pollue autant que le gasoil de pétrole en oxydes d'azote, ozone (par réaction avec les oxydes d'azote et le soleil), particules fines, contribuera non seulement à une pollution accrue des sols et de la nappe phréatique, mais laisse aussi présager d'une lourde menace sur l'alimentation des populations d'ici quinze ans. Pour favoriser ces projets, le gouvernement octroie un dégrèvement fiscal de 0,33 à 0,38 euros par litre ; taxe dont la finalité est de faire participer l'automobiliste aux coûts routiers (construction et entretien du réseau routier, etc.).
Ségolène Royal, le gouvernement, les écologistes et la directive européenne prennent les gens pour des demeurés !

Claude Boyer