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lundi 17 mars
La situation des familles Roms
roumaines dans le Val de Marne après l'expulsion du 3
décembre 2002 à Choisy le Roi.
Les familles roms roumaines installées depuis de nombreux
mois, voire des années, dans le Val de Marne (comme dans
d'autres départements en Ile de France, en France et dans
d'autres pays d'Europe de l'ouest) aspirent à une vie
meilleure.
Ces familles ont quitté la Roumanie pour ne plus être
confrontées à des discriminations qui les maintenaient
dans la misère et les plaçaient en situation d'exclus.
Ces faits ont été maintes fois prouvés et
dénoncés par les grandes organisations internationales
des droits de l'homme et de la santé..
Elles sont venues en France avec un réel désir
de s'intégrer et de préparer un avenir meilleur
pour leurs enfants. La plupart des familles sont en attente d'un
examen de leur dossier soit dans le cadre de l'asile (conventionnel
ou territorial) soit dans le cadre de la loi de 1998 concernant
le droit au séjour .
Les conditions de vie qui leur sont proposées en France
ne sont guère meilleures qu'en Roumanie. Elles sont marginalisées
dans de véritables bidonvilles, sans hygiène, sans
pouvoir élaborer le moindre projet qui les aiderait à
s'intégrer. Pourtant elles préfèrent encore
la France car leur vie y est un peu moins pénible, les
discriminations moins violentes et qu'une partie de la population
peut les aider et soutenir des projets.
Maintenir ces familles sans droits (même ceux auxquels
elles peuvent prétendre et en particulier la loi contre
l'exclusion) c'est les mettre en situation de grande précarité
et cela entretient les discriminations et l'exclusion.
Après des années d'attentisme catastrophique,
les mesures d'expulsions sont désastreuses.
La grande indifférence manifestée par les pouvoirs
publics, en particulier de l'Etat, a maintenu des dizaines de
familles dans une précarité inacceptable et renforcé
les difficultés de cohabitation dans certains quartiers.
Depuis des mois les familles et le comité de soutien demandent
un plan d'intégration. L'absence de réponse a d'abord
amené un véritable pourrissement de la situation,
une fixation des bidonvilles et l'augmentation d'un sentiment
de rejet. Depuis les élections de Mai 2002, le nouveau
gouvernement a déclenché une véritable offensive
contre les familles roms, prenant comme situation d'exemple ce
qu'il compte faire pour cacher la pauvreté et la misère.
Tout en faisant mine de recevoir le Collectif ROMEUROPE, des
représentants des comités de soutien et des familles,
il organise des expulsions sans alternatives et aux conséquences
catastrophiques. Il annonce sa volonté de renvoyer les
roms en Roumanie alors que rien n'y est prévu actuellement
pour eux. Une ONG roumaine (Romani CRISS) a fait les mêmes
constats lors de sa mission en Janvier 2003 dans le cadre d'accords
entre la France et La Roumanie. Cette ONG critique même
la France pour discrimination !
L'expulsion des familles roms de Choisy le Roi et de Rungis
du 3 Décembre 2002 avait un double objectif: expulsion
des lieux de vie (terrains, bidonvilles et squats) et expulsion
vers la Roumanie.
A travers l'expulsion de Choisy, on voit mieux les choix politiques
de M. Sarkozy : cacher et expulser la pauvreté (même
si les autorités en savent l'impossibilité réelle
et peuvent en mesurer les effets négatifs). Ce choix politique
est le même pour tous les lieux où se sont installés
des familles roms, en Ile de France et au delà.
En prenant cette double option, les autorités ne sont
pas posés au préalable les questions des hébergements
décents et la suite des projets de vie des familles.
Les conditions de l'expulsion sont à dénoncer.
Conditions très dures que l'on a pu qualifier de rafle
(on peut citer entre autres le bâtonnier des avocats de
Créteil ) Le déploiement des forces était
immense et disproportionné. pour le nombre de familles
plutôt peu belliqueuses ! Réveiller des familles
tôt le matin en donnant des coups de pied dans les portes
des caravanes et des appartements. Ne pas permettre que des associations
soient présentes pour les assister. Tenir la presse à
l'écart. Mettre des menottes à des personnes en
situation irrégulières. Sortir les familles entre
les CRS. Ne leur donner que quelques instants pour prendre
quelques affaires, organiser un tri en fonction de situations
lié au séjour (avec en plus des erreurs), tout
cela relève de méthodes inacceptables.
La justice a su mettre un point d'arrêt à ces pratiques
en libérant les familles en rétention, suite à
un travail remarquable des avocats. Ces derniers ont su montrer
que M. Sarkozy n'était pas au dessus des lois. Mais les
traumatismes restent forts. Mettre fin au bidonville pouvait
se faire (avec projets d'hébergements) avec la seule présence
de la croix rouge et des associations de soutiens. Quant à
l'immeuble réquisitionné, il pouvait encore être
utilisé (sa démolition n'est pas imminente) jusqu'à
des solutions solides !
Ensuite il y a la non préparation des hébergements
pour les familles qui ne relevaient pas d'une expulsion du territoire
(selon les critères des autorités). C'est dans
la précipitation que des hébergements provisoires
ont été trouvés. Même précipitation
pour les familles remises en liberté par le juge des libertés.
Ce qui est également inquiétant c'est le traitement
administratif de cette situation. Chaque action concernant les
conditions comme les objectifs de cette expulsion est justifiée
par des notes mettant en avant un aspect humanitaire. La présence
massive de la police? C'est pour la protection des personnes.
L'expulsion vers la Roumanie ? C'est pour une vie meilleure,
car un plan d'aide au retour est prévuOn peut multiplier
les exemples. Les hébergement précaires et sans
avenir ? Aucune famille ne doit être à la rue
On doit protester contre les conditions de vie dans
les bidonvilles et se battre contre de telles conditions. Les
mesures à prendre doivent être progressives et amener
la poursuite de projets en cours pour ces groupes. Mais les expulsions
sont toujours néfastes. Il faut distinguer une politique
d'expulsions et une politique fondée sur des projets d'intégration.
Cette dernière doit pouvoir prévoir la fin des
bidonvilles avec des hébergements organisés.
Les conséquences de l'expulsion sont terribles:
Les projets d'intégration ont été
stoppés nets. Ces projets étaient plus
développés sur le bâtiment réquisitionné
depuis décembre 2000, les conditions de vie étant
plus faciles.
Il a fallu toute l'énergie des familles et du comité
de soutien pour redonner un peu d'unité et de reconstruction
à ces projets. Lors des réunions du comité
ou de fêtes organisées par les familles, des liens
ont pu être retissés. Un goupe d'adultes et d'enfants
ont créé une scène de théatre mettant
en scène ce sinistre 3 décembre, comme pour tenter
d'évacuer cette peur qui demeure.
Il reste à reconstruire:
- la scolarisation des enfants est en danger. Même
là où les enfants ont pu être re scolarisés
assez vite (car hébergements proches) il faut à
présent que les familles prennent un bus (temps et argent
que les familles ont du mal à réunir). Certains
enfants (jeunes) mettent près de 45 mn pour rejoindre
leur école.
- Le travail d'insertion par l'alphabétisation et les
travaux économiques (ventes de journaux, fleurs, musique
orchestre )
- Les contact avec la population locale (commerçants,
parents d'élèves,)
- L'image dans les médias.
- la dynamique de solidarité entre familles
La précarité pour l'avenir reste identique.
Même si plusieurs familles sont au chaud pour l'hiver (foyer
et hôtels) la situation reste plus qu'incertaine. D'autres
familles n'ont pas eu la chance d'être hébergées;
elles avaient fui les lieux ayant peur de l'arrivée de
la police. Peu de familles ont le projet (malgré les difficultés)
de rentrer en Roumanie, la vie ne s'y étant pas amélioré
pour eux. Les conditions sont différentes en foyer (possibilité
de faire de la cuisine, soutien de travailleurs sociaux et espace
pour faire un peu d'alphabétisation et d'aides aux devoirs
pour les enfants) de celles en hôtel (pas de possibilité
de faire la cuisine, peu de place). Ajoutons qu'un nombre important
de familles n'a pu récupéré certaines de
leurs affaires qui ont été gardées par la
police quelques jours dans les caravanes ou le squat. Le squat
a été muré et l'escalier central démoli
! Les caravanes saisies ont été détruites.
Plusieurs familles viennent de recevoir un avis du tribunal de
Créteil indiquant que l délai d'un mois était
passé et que les affaires non récupérées
ne pourraient plus l'être !
Mais ce qui est commun, c'est l'inéluctable fin annoncée
de ces projets d'hébergements. Qu'adviendront les familles
fin mars ?
Les arrestations individuelles se multiplient avec confiscation
des instruments de musique ou autres objets. La police sait exactement
où se trouve chaque personne qui doit dépasser
sa peur pour aller en dehors des lieux d'hébergements.
Les choix qui s'offrent aux familles sont restreints:
- se réinstaller sur de nouveaux terrains, avec tout
à recommencer et de nouvelles expulsions à craindre.
Recommencer l'errance avec tous les droits construits à
refaire (école, soins, domiciliations, )
- occuper de nouveaux immeubles vides
- être expulsé (et chercher trouver les moyens
de revenir)
Le constat est qu'en ne proposant rien à ces familles
(dont certaines sont en France depuis plusieurs années)
on les replace dans des circuits de précarité et
d'éventuelles exploitations.
L'analyse de l'exemple de Choisy le Roi comme traitement de
la situation pour les familles roms doit inciter les pouvoirs
publics à proposer d'autres moyens visant à ce
que ces familles puissent s'intégrer en France. En tout
cas, ce n'est pas en durcissant les règles des expulsions
(des lieux de vie et de France) que l'on trouvera la solution,
mais bien en organisant enfin des plans d'intégration
sur plusieurs communes.
POUR CONCLURE: ni l'attentisme (pourrissement des situations
et maintiens de familles sur des bidonvilles sordides ), ni la
répression (expulsions visant à faire "disparaître"
visuellement les problèmes) se seront des solutions d'avenir
pour des populations qui ont vocation à vivre en France
et dans la nouvelle Europe en construction. Il s'agit d'anticiper
sur la suite !
M FEVRE, pour le comité de soutien Choisy/Vitry
et le collectif Ile de France
Pourtant, pendant les expulsions, la lutte
se construit
Naissance d'un collectif des roms en France.
A force d'exclusions et de d'expulsions, les familles roms
décident de s'organiser. Réunis le 8 Février
2003 à Montreuil, les roms de Choisy le Roi, Vitry sur
Seine, Montreuil, Lieusaint, Saint Michel sur Orge, Saint Denis,
Achères, construisent leur collectif.
A l'instar d'autres communautés, les familles roms
soutenues par des collectifs locaux et régionaux, décident
de créer le COLLECTIF des ROMS en France et se donnent
des objectifs d'actions pour l'obtention de leurs droits et d'information
sur leur situation.
La prochaine réunion
du comité aura lieu
Mercredi 19 Mars 2003
A 20h30 à la Bourse du Travail de Choisy le Roi
27 Bd des Alliés - 94600
- Choisy le Roi
Cette réunion est ouverte
aux citoyens, aux associations, organisations politiques et syndicales,
aux élus, à tous ceux qui souhaitent faire avancer
les projets des familles roms en France et s'opposer aux logiques
et pratiques répressives du gouvernement en place
Les citoyens, associations, organisations
politiques et syndicales de CRETEIL sont invités afin
de renforcer les soutiens.
Voirle texte de l'appel en word (.doc)
|
Contacts:
Comité de soutien aux familles roms roumaines de Choisy
le Roi Vitry sur Seine.
Mosaique - LDH - 91 av d'Alfortville - 94600 - Choisy le Roi
Collectif Romeurope. Médecins du Monde - 62 rue Marcadet
- 75000 - PARIS
A lire:
- La Déclaration de la Délégation
des associations civiques de Roumanie "Romani CRISS"
et "Aven Amentza"
- Appel pour un véritable projet
de vie et d'intégration pour les familles roms roumaines
du Val de Marne en Word (.doc)
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