Libération
17/01/02
Contre le silence de l'armée
française sur les cancers "éventuellement"
liés aux essais nucléaires.
LE RÉVEIL DES IRRADIÉS
Une association de «vétérans des essais
nucléaires», en contact avec 380 malades, dénonce
l'inertie de l'armée. Elle réclame une étude
épidémio-logique sur tous les personnels civils
et militaires qui ont été exposés depuis
1960.
Treize février 1960, dans le Sahara. Gerboise bleue,
la première bombe atomique française, vient d'être
testée avec succès. «Hourra pour la France!»
s'écrie le général de Gaulle. Gérard
Dellac effectue alors son service militaire au 620e groupement
des armes spéciales. Un officier lui demande de le conduire
en Jeep au «point zéro», à l'endroit
exact où l'explosion nucléaire a eu lieu quelques
heures auparavant. Pour y planter un drapeau tricolore ! A peine
arrivés sur place, un hélicoptère les survole
et leur ordonne de s'en aller immédiatement. De retour
à la base de Reggane, en Algérie, on les passe
au compteur Geiger et on découvre des poussières
radioactives dans les cheveux. Direction la douche, pour décontamination.
«Je ne suis même pas allé à l'infirmerie.
Rien !» raconte aujourd'hui Gérard Dellac. En 1991,
trente et un ans plus tard, un médecin diagnostique chez
lui un cancer de la peau (lésions spino-cellulaires) sur
le visage. Gérard Dellac subira au total neuf opérations,
dont l'une au cours de laquelle un chirurgien lui enlèvera
l'oreille droite. Ce plombier du Tarn demande alors réparation
à l'armée. L'affaire traîne. En janvier 2001,
la Cour des pensions le déboute. En ces termes: «Le
livret médical porte trace d'une irradiation. [...] Ce
facteur peut constituer un risque supplémentaire de cancer
de la peau au même titre que le soleil». Il est donc
«impossible de déterminer une relation directe et
certaine de cause à effet». L'affaire attend toujours
d'être jugée en appel.
Le cas de Gérard Dellac n'est pas unique. Créée
en juin 2001, l'association des Vétérans des essais
nucléaires (1) est en contact avec 380 malades anciens
militaires, salariés du CEA (Commissariat à l'énergie
atomique). Ou avec leur veuve... Aucune certitude scientifique,
mais beaucoup de questions. Et surtout la volonté de «faire
la lumière sur l'impact sanitaire des essais nucléaires»,
comme l'explique Bruno
Barrillot, l'un des animateurs de l'association et auteur
de l'Héritage de la bombe (2). Samedi 19 janvier, les
«Vétérans» organisent une conférence,
qui se tiendra au Sénat, à Paris. «Ceux qui
nous contactent sont évidemment ceux qui ont des problèmes.
Quatre cents cas, c'est important mais pas forcément significatif.
Mais une chose est certaine: il y a véritablement matière
à aller plus à fond dans les études médicales»,
affirme Jean-Louis Valatx, président de l'association
et ancien médecin militaire. Créée à
l'initiative de militants antinucléaires proches des milieux
chrétiens de gauche, l'association des Vétérans
est en contact étroit avec une organisation polynésienne,
«Mururoa e Tatou», qui rassemble environ 850 anciens
travailleurs du nucléaire. En Polynésie, les essais
ont duré de 1966 à 1996, les tests atmosphériques
ayant cessé dès 1974. Aucune information n'est
en revanche disponible sur l'état de santé des
populations touareg du Sahara, où les premiers essais
français ont eu lieu, entre 1960 et 1966.
Les yeux fermés
C'est pourtant en Algérie que les essais nucléaires
se sont le plus mal passés. Les conditions de l'époque
laissent songeur. Ainsi, une «note de service», classée
«secret», précisait la dotation en «lunettes
spéciales» pour le «jour J»: à
l'exception des «expérimentateurs appelés
par leurs fonctions à observer l'explosion», l'armée
prévoyait «une paire de lunettes pour 40 personnes
environ»... Mieux, «les membres des familles de militaires
ou fonctionnaires présents à Reggane sont autorisés
à assister à l'explosion». Suivent les consignes
de sécurité : «le personnel se tiendra assis
par terre, le dos tourné à l'explosion, les yeux
fermés et masqués par un bras replié [...]
Le personnel devra éviter d'exposer la peau nue (mains
dans les poches, utilisation du chèche)». Ça,
c'était pour une explosion en temps normal.
Rien n'était prévu pour les fiascos. Comme celui
du 1er mai 1962, lors de l'essai «Béryl» à
In-Eker (Algérie). Un test sous-terrain pour lequel un
tunnel avait été creusé dans une montagne
granitique, la Taourirt Tan Afella, au nord de Tamanrasset. Au
moment du tir de l'arme atomique, les calculs des physiciens
se sont révélés faux. Plus forte que prévue,
l'explosion a fait sauter le bouchon du puits. Michel Dessoubrais,
appelé au 621e groupement des armes spéciales,
y était: «Avec ma patrouille, nous étions
à une dizaine de kilomètres. Le sol tremblait et
une très grande flamme horizontale est sortie de la montagne.
Puis un grand nuage de fumée noire. Ce n'était
pas normal, mais nous ne savions pas quoi faire. Nous avons mis
nos masques à gaz et nous sommes restés près
de trois heures sur place. Des gars en combinaison sont arrivés
pour faire des prélèvements et nous ont dit de
foutre le camp». Les neufs militaires sont décontaminés:
«Sous la douche, deux gars m'ont frotté pendant
plus de trois heures. Et on m'a rasé les cheveux.»
Une semaine plus tard, les soldats sont transférés
à l'hôpital Percy de Clamart, en région parisienne.
«On nous a mis dans le pavillon des officiers, avec des
gendarmes à l'entrée.» Pendant près
de trois mois, les examens se succèdent, jusqu'à
deux ou trois prises de sang quotidiennes. «On ne nous
a jamais donné aucun résultat», assure Michel
Dessoubrais, aujourd'hui retraité dans l'Indre.
Libéré, Michel Dessoubrais obtient une pension
d'invalidité temporaire (trois ans) à 10 %. «Des
séquelles? Ce que je sais, c'est que nos deux premiers
enfants sont morts à la naissance. Mais ce n'est peut-être
pas à cause de cela», dit-il. Michel Muller était
également sur place le 1er mai 1962, comme pilote d'hélicoptère.
Ilest aujourd'hui aveugle, mais le ministère de la Défense
estime que sa cécité «n'est pas imputable
au service». L'accident de l'essai «Béryl»
aurait pu tourner à l'affaire d'Etat: deux ministres assistaient
en effet au tir et ont directement été touchés
par les retombées: Pierre Messmer, ministre des Armées,
et Gaston Palewski, ministre de la Recherche scientifique. A
85 ans, le premier se porte bien; le second est mort d'un cancer
en 1984, convaincu d'être une victime d'In-Eker.
Plus de 76 000 personnes concernées
Comment savoir? «Il n'y a jamais eu aucune étude
sur les anciens militaires et civils des essais nucléaires»,
regrette Florent de Vathaire, épidémiologiste de
l'Inserm. Ce chercheur de Villejuif étudie leur impact
sur la santé de la population polynésienne, qui
aurait pu être victime de retombées radioactives
entre 1966 et 1974. «Nous avons pu
constater qu'il n'y a pas eu de gros problèmes, explique-t-il.
Mais maintenant nous voulons aller plus loin, avec une étude
plus fine sur les cancers de la thyroïde. Or, nous n'avons
aucun financement public pour le faire...». «Rien
n'autorise à dire que les vétérans n'ont
pas été contaminés lors des essais, mais
rien ne le prouve non plus. Ce qui est sûr, c'est que certains
sont psychologiquement traumatisés» (Comme d'habitude le nucléaire n'est
pas dangereux sauf pour la santé mentale, c'est une découverte
russe due à Tchernobyl), dit le député
(PS, Nord) Christian Bataille (il fait
partie du lobby pronucléaire), coauteur d'un rapport
parlementaire sur les essais nucléaires français,
qui doit être rendu public fin janvier. Cet élu
reconnaît qu'il «sera peut-être nécessaire
de procéder à une étude épidémiologique
sur l'ensemble de cette population». (Le
rapport parlementaire sur les essais nucléaires français
n'a pas étudié les effets sur la santé,
mais merde, pourquoi est-il payé ce con !)
------> Commission d'enquête sur les essais nucléaires
en Polynésie française
Une telle étude est l'une des principales revendications
de l'association des Vétérans», confirme
Bruno Barrillot. D'autres pays ont donné l'exemple. L'Australie
et la Nouvelle-Zélande, directement concernés par
les essais britanniques, ont entamé de vastes recherches.
En Grande-Bretagne, les militants de la British Nuclear Veterans
Association ont contraint le gouvernement à réexaminer
le dossier. Aux Etats-Unis, Washington reconnaît depuis
1988 le «principe de présomption», dispensant
les malades de faire la preuve que leur affection est due à
leur participation aux essais ou leur simple présence
à proximité. Mais dans la réalité
les vétérans atomiques sont rarement indemnisés.
L'association des Vétérans réclame que la
France se dote d'une législation similaire.
Combien d'hommes sont concernés? Le Commissariat à
l'énergie Atomique (CEA) possède des chiffres.
Anne Flüry-Hérard, médecin au cabinet du haut-commissaire:
«En nous basant sur les dosimétries, nous savons
qu'il y a environ 24 000 personnes au Sahara et 52 750 en Polynésie.»
Au total, 76 750 personnes ont donc participé aux essais:
des militaires, du personnel du CEA ou d'entreprises sous-traitantes,
comme Thomson. Parmi eux, des populations locales: les PELO (personnels
laborieux des oasis) en Algérie, puis les Polynésiens.
Selon le CEA, 26 % des personnels ont été en contact
avec des éléments radioactifs dans le Sahara et
seulement 7 % dans le Pacifique. «Il s'agit essentiellement
de doses extrêmement faibles, assure Anne Flüry-Hérard.
Si l'on prend le seuil de 100 millisiverts, à partir duquel
on peut commencer à avoir un risque de cancer (Non
il n'y a aucun seuil, cette personne en affirmant cela est en
contradiction avec tous les règlements internationaux
sur le nucléaire), nous avons deux cas en Polynésie
- des pilotes qui allaient faire des prélèvements
dans les nuages radioactifs - et quarante-neuf dans le Sahara,
la plupart liés à l'accident Béryl.»
------> La France aurait employé des adolescents
et des enfants sur les sites du Pacifique
«Bureaucratie un peu lourde»
Tout a-t-il été correctement enregistré
à l'époque? Ce n'est pas certain. «Nous avions
un dosimètre pour quatre ou cinq militaires. C'est le
chef qui l'avait», raconte Gérard Dellac. Au service
de santé des armées, on reconnaît qu'il peut
y avoir des trous. «Nous n'avons pas retrouvé la
trace de certains personnels qui ont pu aller dans le Sahara
pour une mission sans y être affecté», constate
le médecin chef Christian Estripeau, pour qui il y a «sûrement»
des affections liées au nucléaire.
Jean-Louis Valatx de l'association des Vétérans
demande un «accès aux dossiers médicaux militaires
en levant le secret-défense qui n'a pas lieu d'être».
Cet accès au dossier, qui permet d'appuyer une demande
de pension, est libre, à condition que la demande soit
faite par le médecin traitant. En revanche, les veuves
des vétérans rencontrent des difficultés
pour y accéder. La loi sur le droit des malades - qui
devrait être adoptée avant la fin de la session
parlementaire - devrait simplifier leurs démarches. Elle
autorisera les patients à demander directement leur dossier,
mais ce nouveau texte ne sera applicable en Polynésie
française - un territoire d'outre-mer - que si le gouvernement
le souhaite. «En Polynésie, nous n'avons aucune
demande de dossier médical», explique un officier
supérieur qui a été en poste à Tahiti.
«Aucun médecin ne peut fournir les dossiers médicaux
lorsque c'est une association qui les réclame,reconnaît
le chercheur Florent de Vathaire. En fait, les gens s'y prennent
mal.»
--------> Tahiti et la nécessité des enquêtes
épidémiologiques
En métropole, les dossiers des anciens militaires sont
conservés dans plusieurs endroits: les suivis dosimétriques
à Clamart, les dossiers médicaux à Pau et
les archives hospitalières à Limoges. Quant aux
demandes de pensions, c'est le secrétariat d'Etat aux
Anciens Combattants qui s'en charge. Mieux vaut frapper à
la bonne porte. Dans l'entourage du ministre de la Défense,
on reconnaît l'existence d'«une bureaucratie un peu
lourde» et l'on réfléchit à la création
d'une «interface» pour mieux répondre aux
«demandes légitimes». Après les élections.
Par Jean-Dominique MERCHET
(1)Vétérans des essais nucléaires-CDRPC,187,
montée de Choullans, 69005 Lyon. Tél.: 04 78 36
93 03. Sur le Net: cdrpc@obsarm.org
(2) L'Héritage de la bombe, éditions CDRPC,
320 pages, 18 a.
Méconnaissance ou négligence
?
Que savait-on dans les années 60 des risques liés
à la radioactivité ? Le caractère dérisoire
de certaines mesures de protection lors des essais nucléaires
est-il dû à l'ignorance ou à une certaine
légèreté ? Les effets aigus des rayonnements
ionisants ont été connus presque en même
temps que la radioactivité. Les pionniers Henri Becquerel,
Pierre et Marie Curie avaient constaté des brûlures
de la peau dès 1904. Marie Curie décédera
d'une leucémie. Très vite, des interrogations surgissent
sur la modification de la formule sanguine. Et une Commission
internationale de protection contre les radiations voit le jour
dès 1928. Les questions sur les effets liés à
des doses plus faibles sont apparues plus tard, notamment après
les pathologies apparues chez les survivants des deux bombes
américaines de Hiroshima et de Nagasaki. «D'après
les contacts que j'ai eus avec les "anciens", j'ai
le sentiment que l'idée prédominante dans les années
60 considérait encore les cancers comme une complication
à la suite d'une forte exposition», analyse Jean-LucPasquier,
directeur scientifique de l'Office de protection contre les rayonnements
ionisants. Autrement dit, pas de trace apparente de brûlure,
pas de suspicion de cancer. «Les connaissances n'étaient
pas traduites en termes de radioprotection», souligne le
scientifique qui rappelle que jusqu'à très récemment
les expérimentateurs avaient encore l'habitude de prélever
des liquides radioactifs ou toxiques par aspiration dans une
pipette. «On savait pratiquement tout à l'époque
des tirs atmosphériques, confirme Jean-Claude Nenot, de
l'Institut de protection et de sécurité nucléaire.
D'ailleurs les normes ont relativement peu évolué
depuis. Les effets aigus étaient bien connus et on savait
ce qu'il fallait faire pour se protéger des cancers.»
Pour lui, la protection des travailleurs du CEA était
satisfaisante au regard des normes de l'époque. «Mais
il est vrai qu'il y a beaucoup d'autres personnes qui ont travaillé
sur les tirs, en particulier les militaires. Ces derniers ont
une appréciation du risque différente de celle
des civils.»
Par Denis DELBECQ
En fait dès que les radiographies
ont commencé à être utilisées en grand
nombre (pendant la 1ère guerre mondiale), il a commencé
à y avoir beaucoup de décès parmi les médecins
radiologues (et quelques uns parmi certains cobayes radiographiés).
C'est pour protéger les toubibs que la réglementation
a été mise en place. La norme a beaucoup évolué
(actuellement 200 fois moins pour les travailleurs du nucléaire
qu'il y a 50 ans), et elle ne correspond pas à un seuil
en dessous duquel il n'y aurait pas de mort mais à un
seuil acceptable au niveau d'un calcul coût/bénéfice,
le rayonnement entraîne des morts mais aussi des bénéfices
car on sauve un certain nombre de patients en localisant les
balles ou éclats d'obus (pendant la guerre) ou les fractures...
-----> Voir: "Radioactivité : pour le meilleur
et pour le pire" 1er partie 50
mn en RealVidéo 21 kb
Evolution des normes de radioprotection
de la CIPR
Pour les travailleurs :
De 1934 à 1950 : 46 rem/an,
1950 : 15 rem/an,
1956 : 5 rem/an,
1990 : 2 rem/an (20 mSv/an).
Pour la population :
1959 : 0,5 rem/an (5 mSv/an),
1985 : 0,1 rem/an (1 mSv/an).
Nota : En France la réglementation fixe les limites
annuelles à 50 mSv (5 rem) pour les travailleurs et à
5 mSv (0,5 rem) pour la population. La réglementation
française ne respecte pas les recommandations de la CIPR.
Effets cancérogènes
à long terme
Si 1 million de personnes reçoivent 1 rem (10 millisievert),
quel sera le nombre de cancers mortels radio-induits ? La
réponse dépend de l'institution qui effectue l'estimation.
CIPR-26
(1977) : 125 cancers mortels
UNSCEAR (1977) : 75 à 175 cancers mortels
BEIR III (1980) : 158 à 501 cancers mortels
MSK (1980) : 6 000 cancers mortels
RERF (1987) : 1740 cancers mortels
BEIR V (1990) : 800 cancers mortels
CIPR-60 (1990) : 500 cancers mortels
NRPB (1992) : 1000 cancers mortels
CIPR :
Commission Internationale de Protection Radiologique.
UNSCEAR : Comité scientifique des Nations Unies
pour les effets des rayonnements atomiques.
BEIR : Comité de l'Académie des Sciences
des Etats-Unis pour l'étude des effets biologiques du
rayonnement ionisant.
RERF : Fondation arnéricano-japonaise pour l'étude
du suivi des survivants japonais des bombes atomiques. (La valeur
indiquée correspond aux résultats bruts, avant
l'utilisation des coefficients de réduction).
MSK : Mancuso, Stewart et Kneale. Equipe de chercheurs
ayant étudié la mortalité par cancers parmi
les travailleurs de l'usine nucléaire américaine
de Hanford. (la valeur indiquée est déduite de
leur dose de doublement)
NRPB : National Radiological Protection Board (Agence
Nationale de Protection Radiologique du Royaume-Uni). D'après
le suivi de mortalité effectué sur les travailleurs
de l'industrie nucléaire du Royaume-Uni.)
-------> « J'ai été irradié
à In-Amguel » (base du Sahara, où
se sont déroulés les premiers essais atomiques
français)
-------> Un décès "politiquement non
correct"
-------> Les vétérans des essais nucléaires
français s'associent
-------> Cobayes
soviétiques aux Kazakhstan : 1ère, 2ème, 3ème partie
-------> des employés du privé exposés
à des radiations nucléaires
-------> Le scandale des cobayes humains
------->
"Hafelife" de Denis O'Rourk 1985: 80
mn en RealVidéo 21 kb. Lors
de l'essai "Bravo" les habitants de deux atolls sont
délibérément soumis aux radiations.
Enquête sur des tests nucléaires
britanniques dans les années 50 (Guardian)
LONDRES, 28 déc - Scotland Yard a entamé
une enquête sur le programme d'essais nucléaires
de la Grande-Bretagne dans les années 50 après
des allégations selon lesquelles un pilote de la Royal
Air Force a été délibérément
exposé à de dangereux niveaux de radiations, a
indiqué le Guardian vendredi.
La police a confirmé avoir commencé à enquêter
sur des accusations formulées dès le mois d'août
dernier par la veuve du commandant Eric Denson, qui s'est suicidé
en 1976 après une série de maladies respiratoires
et de dépressions nerveuses consécutives à
ces tests.
Shirley Denson affirme que les supérieurs hiérarchiques
de son mari lui ont demandé de traverser à plusieurs
reprises un "champignon" nucléaire pour y collecter
des données sur la radioactivité après une
explosion atomique.
La veuve du pilote, dont les propos ont été
rapportés par le quotidien, estime que le gouvernement
britannique "a sciemment et de façon malveillante"
exposé son mari à "des niveaux de radiations
mortels et interdits par la loi, qui l'ont à terme conduit
à la mort".
Selon Mme Denson, toujours citée par le Guardian, le
niveau de radiations subi par son mari était environ 20
fois supérieur à la limite de sécurité.
Avant les tests, en avril 1958, Eric Denson était âgé
de 26 ans et en "parfaite santé", selon sa veuve.
Après ces expériences, il a souffert de problèmes
respiratoires, de dépressions et a essayé plusieurs
fois de se suicider, y parvenant à la troisième
tentative.
Selon le Guardian, l'enquête de la police s'attachera
à savoir si les supérieurs hiérarchiques
du commandant Denson avaient ou non le droit de lui donner l'ordre
d'accomplir de telles missions compte tenu des risques encourus.
Quelque 22.000 militaires britanniques ont été
impliqués dans la campagne de 21 essais nucléaires
conduits par la Grande-Bretagne entre 1952 et 1958 en Australie,
aux îles Christmas et sur d'autres archipels du Pacifique,
précisait encore le journal.
Appel à témoin aux cobayes
néo-zélandais d'essais nucléaires britanniques
WELLINGTON, 14 mai - Un appel a été
lancé en direction des familles de cinq soldats néo-zélandais,
utilisés comme cobayes lors d'essais nucléaires
britanniques en Australie dans les années 50, afin qu'elles
se joignent aux poursuites engagées contre le gouvernement
britannique.
L'Association des vétérans des tests nucléaires
de Nouvelle-Zélande veut prendre contact avec ces soldats
ou leur famille pour qu'ils puissent porter plainte, a indiqué
le président de l'association, Roy Sefton.
Plusieurs journaux de Grande-Bretagne ont indiqué vendredi
dernier que des officiers australiens, anglais et néo-zélandais
avaient pénétré des zones radioactives,
trois jours après un tir nucléaire à des
fins expérimentales.
Les journaux faisaient notamment référence à
quatre tirs atmosphériques, réalisés en
1956 par le gouvernement britannique, les essais Buffalo, qui
s'étaient déroulés à Maralinga, dans
une zone reculée de l'Australie.
Cinq officiers néo-zélandais, 70 soldats australiens
et un civil ont été répertoriés et
ont été exposés à des radiations
nucléaires afin de tester des vêtements, destinés
à protéger de la radioactivité.
John Crawford, historien de l'armée néo-zélandaise,
a indiqué à Radio Nouvelle-Zélande que des
jeunes officiers avaient été envoyés à
Maralinga en 1956 pour avoir une première expérience
des tirs nucléaires.
Il a précisé qu'il allait tenter de contacter
ces officiers pour savoir ce qu'ils avaient réellement
fait sur cette base et s'ils avaient testé des vêtements.
L'Australie envisage également de demander des explications
au gouvernement britannique dans les prochains jours pour déterminer
avec précision dans quelle mesure les soldats ont été
exposés à des taux de radioactivité dangereux,
durant les essais nucléaires des années 50.
Des soldats australiens cobayes des essais
nucléaires britanniques
SYDNEY, 11 mai - Des documents attestant que le
gouvernement britannique a eu recours à des soldats australiens,
pour les utiliser comme cobayes lors d'essais nucléaires,
ont été retrouvés en Australie par une historienne
écossaise.
Le professeur Sue Rabbitt Roff a indiqué vendredi que
ces preuves avaient été retrouvées dans
un document des Archives Nationales Australiennes.
Ce document montre que 24 militaires australiens ont été
utilisés comme cobayes dans les années 50 et 60,
à l'issue d'essais nucléaires atmosphériques
sur l'île de Monte Bello, au large de la côte ouest
australienne, et à Maralinga dans le sud de l'Australie.
En 1997, le gouvernement britannique avait affirmé
devant la Cour européenne des droits de l'Homme à
Strasbourg qu'aucun humain n'avait été utilisé
dans le cadre d'expérimentations lors d'essais d'armes
nucléaires.
"Le gouvernement britannique a menti sur la question
de savoir si des militaires ont été délibérément
utilisés pour des expériences humaines pendant
des essais nucléaires en Australie", a indiqué
Mme Rabbitt Roff, à la radio australienne ABC.
Elle a précisé que le document faisait état
d'une liste de 24 militaires australiens, qui avaient participé
à des expériences sur des vêtements.
"On leur avait demandé de mettre des vêtements
spécifiques puis de ramper et de marcher quelques jours
ou quelques heures après un tir nucléaire à
Maralinga, afin de voir si leurs vêtements procuraient
une quelconque protection à la radioactivité",
a-t-elle déclaré.
Selon elle, ce document doit aussi permettre de retrouver
les soldats cités dans ce document afin de savoir si ces
expériences ont eu des conséquences sur leur santé.
L'avocat Morris May, qui représente 30 Australiens
victimes de ces tests et qui réclame des dommages et interêts,
a indiqué que ses clients assuraient depuis longtemps
avoir été utilisés comme cobayes, mais que
le gouvernement de Canberra avait toujours rejeté leur
demande.
www.multimania.com/mat66/
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